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    Une journée à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

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    J’étais ce samedi 29 septembre 2007 à l’institut d’Etudes Politiques de Paris appelée communément  Sciences Po, pour une journée nationale d’échanges et de réflexions.

    L’ouverture des travaux a débutée par Claude Bartolone, qui a prôné pour une unité de la gauche afin de faire face à Sarkozy quel que soit le candidat, en donnant la parole aux militants. Aussi en adoptant avec la rénovation du parti socialiste, une idéologie et une stratégie commune. Il a en outre critiqué quelques mesures gouvernementales actuelles et est revenu sur les fameux tests d’ADN en disant que cela illustrait bien une différence entre un gouvernement de droite et de gauche.<o:p></o:p>

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    Par la suite, il y avait la première table ronde qui avait pour thématique : Face au nouveau pouvoir, réinvestir la question économique et sociale. Le premier intervenant était Stéphane Rozès, directeur de l’institut du CSA. Il a développé ce que c’est d’être de gauche de nos jours, face à ces questions économiques et sociales. Pour nombre de français selon lui, le pays est à gauche pour le souhaitable mais à droite sur le possible. Il est revenu sur l’échec de la gauche à la présidentielle, qui selon lui a relativisé sur la question du social en se dessaisissant de ses outils (logements, pouvoir d’achat…), la gauche s’est déporté à la marche du système dans sa représentation. Aussi elle était consensuelle pour dire ce qui n’allait pas mais sans les propositions concrètes. <o:p></o:p>

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    Puis est venu le tour de Jean-Christophe Cambadélis qui a débuté son allocution en disant que la présidentielle était derrière nous, qu’il fallait plus un esprit de camaraderie car tous les présidentiables ont leur chance. En ce qui le concerne, l’on doit passer du socialisme passif au socialisme actif, aussi de préserver les services publics en harmonisant la protection sociale.<o:p></o:p>

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     Par la suite, c’est la vice-présidente du conseil général du Cher en charge des solidarités, qui a insisté sur le fait que nous cotisons tous pour les autres et que les autres aussi cotisent pour nous. Il faut éviter selon elle de culpabiliser les personnes âgées et les chômeurs, le terme d’assistanat devra être proscrit. Puis est venu le tour du secrétaire national du PS aux entreprises qui a insisté sur le fait de porter un regard sur les avantages et les inconvénients de l’économie mondiale et non de se limiter sur la franco-française. Il a pris pour exemple quelques pays qui ont des taux de chômage moins élevés que la France, mais dont la plus part des emplois se limitent à la précarité. Il a terminé sur davantage de représentativité syndicale au près des salariés.<o:p></o:p>

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    Par ailleurs, il y avait une deuxième table ronde avec pour thématique : Etre socialiste dans l’Europe et face à la mondialisation. Le premier intervenant à cette table fut Huber Védrine qui a commencé par donner les raisons de son refus à intégrer le gouvernement de Sarkozy. En effet, il a dit qu’il était disponible pour rédiger un rapport qui pouvait être utile à la Nation mais non d’intégrer un gouvernement qui ne prônait ses valeurs. Concernant la mondialisation, il a dit que la France était le seul pays à avoir un aspect négatif sur la mondialisation et que les Français n’étaient pas assez préparés. D’ailleurs pour beaucoup, l’économie de marché est dogmatique. <o:p></o:p>

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    L’adjointe du Maire de Paris Anne Hidalgo a insisté sur l’immigration dans la mondialisation. Elle a commencé par dire que la France était un pays de migrations et a insisté sur la richesse culturelle des migrations et des bienfaits que les immigrés qui sont stigmatisés de nos jours ont apporté à la France.<o:p></o:p>

    Elle a ensuite dit qu’elle était elle-même fille d’immigrés, qu’il fallait surtout se focaliser sur les raisons qui poussent des personnes à partir de leurs pays, de trouver les moyens pour y remédier et non de se focaliser sur des quotas afin de satisfaire un électorat. En suite est venu le tour d’Arnaud Montebourg qui a surtout parlé de l’outil démocratique dans la mondialisation et Benoît Hamon qui est revenu sur la nomination de DSK au FMI comme président. Selon lui, l’élection d’un socialiste à la présidence de cette institution est une bonne chose surtout pour les pays en voie de développement.<o:p></o:p>

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    Enfin, la journée s’est terminée par un discours de Laurent Fabius qui a commencé par  critiquer la politique du gouvernement en place, notamment les cadeaux fiscaux donnés aux plus aisés qu’il a qualifié de transferts fiscaux puisque c’est pris à la population. Selon Fabius, Cinq mois après la victoire de N. Sarkozy et la défaite de S. Royal, le pays voudrait croire à une amélioration, mais les Français commencent à constater les faits et doutent en profondeur. Les médias jouent un rôle majeur dans la stratégie présidentielle. Le pouvoir sélectionne divers thèmes, en fonction notamment des sondages, pour que le Président les investisse. Deuxième temps : un des thèmes est retenu, on met alors en scène l’implication personnelle du chef de l’Etat, on mesure l’impact sur l’opinion, on poursuit si c’est positif, sinon on change aussitôt de thème. Le bombardement médiatique est si puissant et le tournoiement des thèmes si rapide que, malgré le courage de beaucoup de journalistes, les médias et l’opinion sont réduits au rôle de suiveurs. Le but est d’éviter à tout prix le temps de l’analyse critique des faits.

    L’utilisation systématique de l’émotionnel et du compassionnel vient en renfort. La compassion d’Etat est érigée en méthode de gouvernement. Après chaque fait divers retentissant, un ministre annonce une nouvelle loi alors qu’il devrait d’abord faire appliquer celles qui existent. Pendant ce temps, l’opium fait son effet : on ne s’interroge ni sur les causes, ni sur les vraies solutions. Déjà, on zappe et on passe à autre chose. Seuls comptent les images et les sondages.

    Fabius souhaiterait que le temps d’intervention audiovisuelle du Président et celui de ses collaborateurs soit désormais comptabilisé, et que soit accordé un temps équivalent à la majorité et à l’opposition. Un texte devrait le prévoir, ce texte court qu’il a déjà commencé à écrire. « L’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion est une des conditions de la démocratie. Afin d’en assurer le respect, les radios et les télévisions doivent comporter dans leur programme un équilibre entre trois temps d’intervention et assurer des conditions de programmation comparables : celui du Président de la République, de ses collaborateurs et des membres du gouvernement, celui des personnalités appartenant à la majorité parlementaire, celui des personnalités de l’opposition », il souhaite qu’un article de ce type sur la démocratie médiatique soit inscrit dans la Constitution.

    En conclusion, Laurent Fabius a insisté sur le fait que la solidarité était une des valeurs fondatrices de la gauche, qu’il ne fallait pas en avoir honte. Il faut selon lui une gauche décomplexée qui tienne compte de l’évolution du monde.

    Bertrand Kissangou.

    http://bertrand.over-blog.fr/

    Extrait vidéo de la Table ronde n°2

    Être socialiste dans l'Europe et face à la mondialisation

     
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    A lire : Interview parue dans le journal « 20 Minutes », vendredi 28 septembre.

     

    « Je serai un reconstructeur. »

     
    Pourquoi avoir si peu parlé jusqu'à présent ?
     

    Un nouveau pouvoir s'est installé, j'ai trouvé normal de le laisser faire ses armes. Et puis, après nos défaites à la présidentielle et aux législatives, un temps de latence me semblait nécessaire.

     

    Que comptez-vous dire ?

     

    Je ne veux pas me mêler des disputes internes au PS. Ce qui m'intéresse, ce sont les analyses et les propositions de fond. Je serai donc un « actif sage ». Un reconstructeur.

     

    Prônez-vous, comme d'autres, la refondation du PS ?

     

    J'utilise le terme de reconstruction. Les valeurs de la gauche, comme l'égalité, la laïcité, l'internationalisme sont modernes et doivent être conservées. En revanche, certaines de nos propositions, dans un monde qui a changé, doivent être modifiées. Et notre stratégie doit être clarifiée, car elle a été plutôt floue dans la dernière période.

     

    Reconstruction, mais pas droitisation ?

     

    Non, le PS doit rester le grand parti de la gauche. Je n'exclus pas qu'à terme s'opère un rassemblement encore plus large, dans une formation socialiste et progressiste, des différentes sensibilités de la gauche. Pour le moment, si l'on doit discuter avec d'autres, il faut que ce soit sur des bases claires. Je n'envisage d'accord aux municipales que national et sur une cohérence de projets.

     

    Donnez-nous quelques exemples de propositions...

     

    Pour financer durablement les retraites et la protection sociale, nous devons proposer de soumettre les revenus financiers à cotisation sociale. En matière d'environnement, il faut aller rapidement vers une « pollutaxe » décourageant les émissions de carbone. Je propose également de lancer le projet d'une Communauté européenne de la recherche et de l'innovation, avec les pays de la zone euro. Sur le terrain de la démocratie, je propose d'inscrire dans la Constitution l'exigence d'équilibre des temps de parole dans les médias audiovisuels, en y intégrant le chef de l'Etat.

     

    Le débat budgétaire, un bon moment pour l'opposition ?

     

    En tout cas, c'est une occasion perdue pour redresser en profondeur la situation. Beaucoup de Français connaissent des difficultés de pouvoir d'achat, ils voient arriver les reculs sociaux, ils vont s'apercevoir que le slogan « Travailler plus pour gagner plus », c'est en réalité « Travailler plus pour ne pas gagner plus » et même souvent gagner moins. Le Premier ministre parle de faillite de l'Etat mais il décide de transférer près de 15 milliards d'euros par an aux plus aisés ! L'injustice est patente. Le réveil risque d'être pénible.

     

    Fabius, c'est toujours une ligne de gauche au PS ?

     

    Je ne m'enferme pas dans des carcans idéologiques. Je regarde les principaux problèmes - l'environnement, l'allongement de la durée de la vie, le financement de la solidarité. Ils ne peuvent être résolus que par la régulation, que propose la gauche, et non par la démolition des règles. Ces dernières années, plusieurs de mes positions ont été anticipatrices. J'ai parlé le premier de social-écologie, j'ai réclamé une loi sur les signes religieux à l'école, j'ai posé en amont la question des délocalisations, j'ai soulevé le lièvre de la TVA dite « sociale »... Il y a une cohérence dans ces positions.

     

    Comment le PS doit-il aborder son congrès en 2008 ?

     

    En essayant de clarifier les questions de fond et de dépasser certaines fractures. C'est une bonne chose que la réunion de demain convie toutes les sensibilités du PS.

     

    Y aura-t-il une motion Fabius ?

     

    Je ne me pose pas ce genre de question aujourd'hui.

     

    Comment jugez-vous les premiers mois de la présidence Sarkozy ?

     

    Beaucoup d'énergie est déployée, et même parfois une certaine fébrilité, mais on n'observe pas de résultat positif sur le plan économique et social, au contraire. Sur le plan international, je suis préoccupé : le discours présidentiel sur l'Afrique n'était pas pertinent, la tension est dommageable avec nos voisins allemands. Nous devons aussi éviter un flirt inopportun avec le président Bush. Enfin j'ai trouvé légères les déclarations récentes à l'emporte-pièce contre l'Iran. Au total, si les résultats ne sont pas au rendez-vous, le prétendu choc de confiance risque d'aboutir à un contre-choc de méfiance.


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  • Ségolène Royal était l'invitée du grand journal de Canal+, ce vendredi 28 septembre 2007, voir la vidéo en cliquant ici.

     

    Dans son carnet d’actu du 27 septembre, François Hollande aborde les thèmes suivants :
    - la présentation du budget de l'État
    - sa rencontre avec François Bayrou sur le thème de la réforme des institutions
    - le non-prise en compte du temps de parole du Président de la République dans le décomptage CSA
    - la prestation de de Nicolas Sarkozy à l'ONU



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  • L'hebdo des socialistes 459

     

    Modèle social : le pire est à venir

    Entre le 17 et le 20 septembre, le président de la République s’est adressé trois fois aux Français. Il a précisé les contours de son « contrat social » puis « refondé » la fonction publique,avant de venir à la télévision,faussement pédagogue,presque doucereux,expliquer « simplement,tranquillement » le sens de ses réformes.

    En trois jours et deux discours,le chef de l’État a dessiné un vrai projet social.En trois jours et deux discours, Nicolas Sarkozy a refait le monde. Son monde à lui est peuplé de salariés du privé aux horaires élastiques,bien portants et dépensiers.

    Dans le monde présidentiel,on ne prend pas sa retraite avant 65 ans, qu’on ait travaillé dans une usine ou dans les bureaux feutrés d’une grande entreprise.On évite d’être malade :entre les franchises, les déremboursements et les hausses de tarifs,la maladie est ruineuse. Et ce sont les assurances et non plus le système solidaire qui prennent en charge les soins de la dépendance. Dans le monde de Nicolas Sarkozy, la fonction publique est allégée,ses agents sont payés au mérite, et disposent d’un contrat de droit privé.Ceux qui travaillent doivent travailler de plus en plus,tant pis pour les chômeurs.

    Ces derniers ne sont toutefois pas oubliés :même s’il est inadapté ou à une grande distance, un emploi ne peut pas être refusé sous peine de sanctions ! Et comme dans son monde à lui,le rôle des syndicats se limite à celui d’une caisse enregistreuse de décisions prises à l’Élysée,le chef de l’État peut dormir « simplement,tranquillement ».

    Dépendance :Des assurances privées pour le risque vieillesse ?

    L’évolution démographique du pays nécessite la mise en place d’un cinquième «risque» couvert par la Sécurité sociale :celui de la vieillesse. La création d’une cinquième branche de la Sécu avait été évoquée aussi bien par Ségolène Royal que par Nicolas Sarkozy. « Seulement, ce qui était présenté comme un grand chantier présidentiel apparaît désormais comme un immense chantier de démolition », explique Pascal Terrasse, secrétaire national du PS à la Santé.

    Dans le prolongement de l’Allocation personnalisée à l’autonomie (APA) créée par le gouvernement Jospin,la couverture de ce cinquième risque est annoncée comme une étape marquant un progrès pour les seniors. Mais aucun euro supplémentaire pour la prise en charge de la dépendance ne sera mis à l’actif de cette réforme.«Le développement de l’assurance individuelle contre le risque de dépendance» semble être la voie choisie par le président pour en assurer le financement.

    Cela signifie en clair que les Français n’auront d’autre recours face à la dépendance que leurs propres moyens : soit en utilisant leur patrimoine, soit en contractant des assurances privées. Nicolas Sarkozy sonne le glas de toute perspective de prise en charge solidaire de la dépendance dans notre pays.

    Smic : Fin du salaire minimum garanti ?

    Dans son discours sur « la refondation du pacte social » Nicolas Sarkozy a appelé à sortir de « la contradiction insupportable » qui permet au smic d’être réévalué chaque année en fonction de l’augmentation du coût de la vie tandis qu’il existe des minima de branche qui lui sont inférieurs.

    L’indexation automatique du smic serait purement et simplement abandonnée au bénéfice d’une commission qui n’aurait d’indépendante que le nom et servirait en fait de caution au gouvernement pour ne pas revaloriser un smic qui selon les dires même du président aurait déjà trop « fortement augmenté ». Il est bien connu que les smicards ont un niveau de vie largement suffisant…

    Temps de travail : Plus de durée légale ?

    « Travailler plus pour gagner plus» avait affirmé Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle. Et bien les Français vont travailler beaucoup plus… mais sans garantie de gagner plus. «Nicolas Sarkozy est prêt à aller jusqu’au bout dans la remise en cause des 35 heures, son but étant la réglementation européenne et ses 48 heures par semaine que l’Union avait instaurées comme ultime filet de sécurité pour les sociétés les plus rétrogrades », explique Michel Sapin, secrétaire national du Parti socialiste à l’économie et à la fiscalité. Ce que Nicolas Sarkozy souhaite mettre en oeuvre, c’est la fin d’une référence légale au temps de travail pour privilégier la négociation individuelle entre salariés et entreprises, où sera décidé (ou imposé) un temps de travail pouvant aller jusqu’à 48 heures hebdomadaires. «Le droit du travail disparaît au profit du droit civil au nom de la liberté individuelle et du consentement mutuel, comme c’est le cas en Angleterre », déplore Alain Vidalies,secrétaire national du PS aux entreprises.

    Pour Michel Sapin, l’avenir est pourtant plus que jamais aux 35 heures : « Les 35 heures ont apporté un vrai plus là où il y a eu un véritable dialogue social et se sont mal passées lorsque le dialogue n’a pas eu lieu. La meilleure réponse au temps de travail, c’est de reprendre ce dialogue branche par branche, entreprise par entreprise. Le seul préalable est l’existence de forces syndicales qui soient suffisamment bien implantées et suffisamment bien représentées dans l’ensemble des entreprises pour que le dialogue est un sens. »

    Santé : Les malades seront-ils les seuls à payer?

    L’assurance maladie affiche un déficit record : 12 milliards d’euros ! Quand on sait que Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand, alors en charge du dossier, avaient promis en 2004 un retour à l’équilibre à l’horizon 2007,on peut rester perplexe sur les résultats de leurs réformes. « Les solutions que propose Nicolas Sarkozy n’aboutiront à rien sinon à rompre avec les mécanismes fondamentaux de solidarité sociale, puisque désormais avec ce principe, ce sont les malades qui paieront pour d’autres malades » s’inquiète Pascal Terrasse, secrétaire national du PS à la santé. Il est vrai que la franchise sur les boîtes de médicaments et sur les transports sanitaires coûtera cher aux assurés pour ne rapporter finalement que 850 millions d’euros dans le meilleur des cas.

    Aucun écho dans les discours du président Sarkozy de la proposition de la Cour des comptes qui, par la voix de Philippe Seguin, suggérait de taxer les stock-options pour aider à l’équilibre des comptes sociaux. La manne s’élèverait à 3 ou 4 milliards d’euros. « On a parlé de moralisation de ces formules, voilà une piste toute trouvée », ajoutait-il, dans un registre où on l’attendait peu.

    Dialogue social : Quelle concertation avec les syndicats ?

    Nicolas Sarkozy, défendant ses réformes, a affirmé ne pas vouloir « transiger » face à des syndicats qui ont lancé un premier appel à une grève des transports. L’annonce par François Fillon d’une réforme sur les régimes spéciaux « prête » avant même que les organisations salariales n’en aient été prévenues était déjà cocasse, mais depuis, l’exécutif ne montre qu’un intérêt mineur, voire cosmétique, pour le dialogue social.

    Pour Michel Sapin, secrétaire national du PS en charge de l’économie, il y a contradiction entre le langage et les faits. Le langage valorise le dialogue social, la volonté de se soumettre à la concertation. Les faits, par contre, nient ce qu’est l’échange avec les organisations. « Le dialogue social ne doit pas être un alibi à l’inaction », répétait Nicolas Sarkozy après son discours. Le gouvernement parle de concertation mais donne des délais incompatibles avec un dialogue sincère et approfondi : quinze jours pour les régimes spéciaux, trois mois pour aboutir sur le contrat de travail…

    Pour le député socialiste, « lorsqu’il est sur la ligne de départ, le président fixe lui-même la ligne d’arrivée et déclare à l’avance que si, à l’arrivée, le résultat du dialogue n’est pas conforme à ce qu’il pense, il ne le retiendra pas ».

    Retraites : Travailler jusqu’à quand ?

    Après la loi Fillon de 2003, la droite se penche une nouvelle fois sur les régimes de retraites. Mais par le «petit bout de la lorgnette ». Les socialistes ont été clairs : «les régimes spéciaux ne sont pas tabous, leur évolution est nécessaire, ce qui a fondé leur légitimité a évolué et donc il est normal qu’il y ait des négociations, entreprises par entreprises, sur l’évolution de ces régimes spéciaux. Il faut mieux prendre en compte les pénibilités et respecter un principe d’équité ».

    Cependant, Michel Sapin rappelle que le gouvernement veut faire croire qu’en réformant les régimes spéciaux, on va sauver les régimes de retraites: « Cela n’a aucun rapport. » L’enjeu financier de la réforme des régimes spéciaux est dérisoire par rapport à celui de l’ensemble du régime des retraites. « Séparer les deux sujets, c’est une manoeuvre : occuper la scène avec la réforme des régimes spéciaux pour faire oublier l’enjeu considérable du financement des retraites des Français.»

    Le financement de l’assurance maladie et celui de l’assurance vieillesse, sujets reportés au lendemain des élections municipales, rendront nécessaires des décisions profondément douloureuses pour l’ensemble de la population. « Nous commençons à en voir les principes avec les franchises, mais ce n’est que la partie cachée de l’iceberg », rappelle Michel Sapin, soulignant que le chef de l’État a assuré que la réforme des retraites de 2008, qui devrait aboutir à un nouvel allongement de la durée de cotisation, serait « conclue au cours du premier semestre ».

    Chômage : Les chômeurs, tous des fraudeurs ?

    C’est un des grands classiques de la droite : prendre un fait divers, ici quelques anecdotes sur des fraudeurs, pour une réalité générale. Pour Alain Vidalies, secrétaire national du PS aux entreprises, « dès lors qu’on parle de sanctions, c’est qu’on admet l’existence d’une fraude de masse ».

    Le député socialiste rappelle que la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés et qu’il n’y a donc rien à frauder pour eux. Quant à ceux qui sont indemnisés, ils touchent en moyenne moins de 70 % du smic. « C’est beaucoup plus facile pour un responsable politique de sanctionner des chômeurs que de créer des emplois. » Les personnes à la recherche d’un emploi sont ainsi largement stigmatisées, le terme de chômeur devenant synonyme de paresse. Pour Michel Sapin, le gouvernement persiste à vouloir faire croire que le chômeur ne fait rien parce qu’il ne veut rien faire. « Il faut lutter contre les fraudes mais ne jamais laisser penser que les chômeurs sont dans cette situation parce qu’ils l’ont souhaité ».

    Service public : La fin de la fonction publique ?

    Nicolas Sarkozy a promis de « refonder la fonction publique ». Pour cela, il a dû dresser un tableau sombre de la situation, « le malaise est partout », réaffirmant vouloir « moins de fonctionnaires, mieux payés ». Le chef de l’État confirme sa volonté de ne pas remplacer à terme un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique, propose d’introduire une rémunération au mérite et que les « nouveaux entrants » puissent choisir « entre le statut de fonctionnaire et un contrat de droit privé négocié de gré à gré ».

    Cette innovation revient, pour Christian Martin, le spécialiste de la question au PS, à « en finir avec les principes mêmes de la fonction publique : neutralité, indépendance et recrutement par concours ». De plus, la négociation des contrats, laissant le fonctionnaire « seul face à la machine administrative », aura pour but d’individualiser les rapports sociaux. Au nom d’un soidisant pragmatisme, Nicolas Sarkozy veut faire « exploser » les principes du statut général de la fonction publique, source selon lui, de tous les maux de l’administration.

    Pour Christian Martin, cette réforme n’est qu’une illusion. Pour la réduction des dépenses de l’État,les chiffres parlent d’euxmêmes. Selon ÉricWoerth, ministre de la Fonction publique, les économies à attendre du non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite « rapporteront de 700 à 800 millions d’euros en année pleine ». Sachant qu’en théorie, la moitié sera affectée aux rémunérations des fonctionnaires (sous la forme de mesures catégorielles), l’économie nette est de 400 millions, soit près de 40 fois moins que ce coûte le paquet fiscal. Le secrétaire national du PS à la fonction publique dénonce « un manque clair de vision pour l’avenir ». « Nous devons repenser notre système, et moderniser l’État sans a priori, et pour cela nous devons être à l’écoute des fonctionnaires et des usagers».

    Dossier réalisé par Damien Ranger et Ariane Vincent


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    Voyage en Chine de Ségolène Royal : Réponse de Me Jean-Pierre MIGNARD, Avocat à la Cour, à Lionel Jospin

     

    Dans son livre l’Impasse M. Lionel Jospin stigmatise « les propos de touriste » de Ségolène Royal lors de son voyage en Chine, qui aurait vanté les mérites de la justice chinoise.

    Accompagnant, en qualité d’avocat de nombreux étudiants poursuivis après les évènements de la place Tien An Men, Ségolène Royal lors de ce voyage, et sur sa demande, je me dois d’apporter les précisions suivantes puisque cette mise en cause concerne directement ou indirectement tous ceux qui faisaient partie de sa délégation.

    Ségolène Royal a dès ses premiers pas à l’aéroport de Pékin demandé aux autorités chinoises à rencontrer des détenus ou condamnés, dont trois journalistes et deux avocats, dont un dit « aux pieds nus ».

    Elle m’a demandé, ainsi qu’à un parlementaire français de porter une lettre aux présidents de l’association des journalistes chinois et à l’association des avocats chinois pour les interroger sur le sort de ces professionnels dissidents réprimés. Nous avons accompli ensemble avec M. Bruno Le Roux député de Seine Saint Denis cette mission, en compagnie de M. Jean Luc Domenach, avec un relatif succès auprès de l’Association des journalistes et sans résultat apparent en direction de l’association des avocats.

    Elle a remis copie de cette lettre à un représentant du comité central du PCC.

    Plus tard elle a interrogé à maintes reprises le ministre du commerce extérieur en présence d’une nombreuse délégation sur l’avenir du Tibet et elle a protesté contre le refus du dialogue opposé au Dalai Lama.

    Dans sa conférence de presse elle a notamment indiqué que si elle était élue Présidente de la République elle suspendrait la signature de la convention d’extradition franco chinoise à la ratification des instruments du Pacte relatif aux droits civils et politiques de 1966 de l’ONU par la Chine, ce que ce pays n’a toujours pas fait. Ceci en contradiction avec le choix du gouvernement français de l’époque. C’était évidemment cela l’information.

    Ouvertement solidaire des démarches identiques effectuées par Mme Merkel, Ségolène Royal a fait informer les autorités allemandes de ce qu’elle avait entrepris durant ce voyage pour que dans l’avenir puissent se coordonner leurs démarches respectives.

    La campagne lançée contre Ségolene Royal, suite à un de ses propos détaché de son contexte, l’a été, avec un talent consommé, par Mme Myriam Levy, journaliste au Figaro, devenue depuis membre du cabinet de M. François Fillon.

    Voilà les faits et rien d’autre qui ressemble à une soumission quelconque de Mme Royal vis-à-vis de la justice chinoise.

    Que 9 mois après M. Jospin se joigne à une contre information de nature aussi orientée et partiale, sans avoir même tenté d’en vérifier le bien fondé, est consternant. Qu’il puisse penser que les personnalités nombreuses qui accompagnaient Ségolène Royal, dont trois présidents de Région, auraient pu cautionner une quelconque complaisance vis-à-vis de l’arbitraire est tout simplement humiliant.


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