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     INTERVIEW : Anne Hidalgo

    Intervention d’Anne Hidalgo - Président de la commission “Les socialistes et le marché”

    Anne Hidalgo, présidente de la commission de la rénovation sur “Les socialistes et le marche” présentait un point d’étape du travail de sa commission à l’occasion du conseil national du 27 octobre à la Maison de la mutualité.

    Chers camarades,

    Merci, j’ai l’honneur de présider la commission qui s’appelle « les socialistes et le marché : quel modèle de croissance, de redistribution juste et durable aujourd’hui, une stratégie nationale et européenne pour un socialisme moderne », voilà l’intitulé de notre commission et je remercie Harlem Désir et Guillaume Bachelay qui en sont les rapporteurs. Je remercie aussi tous les membres de cette commission.
    Notre forum se situera le 15 décembre, donc nous avons un petit décalage par rapport au travail qu’a présenté Jean-Jacques et bien sûr, aujourd’hui, je suis en mesure de présenter l’état de notre questionnement, plus que l’état d’un texte qui serait validé par l’ensemble des membres de cette commission.

    Peut-être quelques mots en introduction avant de vous dire quelles sont les grandes problématiques et puis la méthode sur laquelle nous avançons.
    Je pense que je ne choquerai personne, en tout cas, j’en suis convaincue, en disant qu’il y a longtemps que nous, socialistes, avons pris en compte l’existence du marché comme une réalité, et que cette réalité, nous essayons de la modifier, de la bouleverser à travers des politiques publiques, lorsque nous sommes en situation de gouverner, ou à travers des propositions lorsque nous sommes dans l’opposition.
    Je pense aussi que je ne choquerai personne en rappelant que l’échec de toutes les tentatives de substituer au marché une économie totalement administrée, quelle qu’en soit la forme, ne fait que nous confirmer dans cette idée et dans ce choix. Et d’ailleurs, si certains, lorsqu’on évoque ce thème, nous renvoient à l’idée que, effectivement, les socialistes ne seraient pas clairs dans leur rapport au marché, ne soyons pas dupes. Ceux qui nous mettent en demeure d’accepter le marché, ce qui n’est pas notre débat, ont un autre objectif : c’est sans doute nous faire accepter avec résignation des logiques économiques qui dominent aujourd’hui le monde.

    Nous sommes aujourd’hui dans une situation où le capitalisme circule partout à la recherche de rentabilité et du profit maximal à court terme, et met en concurrence, ce capitalisme financier, j’y reviendrai tout à l’heure, met en concurrence à l’échelle mondiale, non seulement les systèmes fiscaux et sociaux mais aussi met en concurrence ou plutôt tente de mettre en échec les systèmes démocratiques. Puisque sa logique, sa volonté, à ce capitalisme financiarisé auquel nous sommes aujourd’hui confrontés, c’est de considérer que les démocraties n’ont pas de rôle et pas d’espace, que l’essentiel doit se passer au niveau de ce marché mondialisé de la finance.
    Nous ne sommes donc pas aujourd’hui en présence d’un marché en général, ni même d’un capitalisme en général, mais bien d’un capitalisme dominé par les marchés financiers dans un espace mondialisé et cette financiarisation qui déshumanise, qui cherche aussi à dépolitiser et ce sur quoi nous devons nous interroger, et nous interroger sur les politiques publiques à mettre en œuvre, bien sûr à l’échelle nationale, c’est un des espaces de notre réflexion, mais aussi bien évidemment à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale.

    Donc en gros, entre soumission béate et négation du marché, il y a place pour ce qui est notre combat politique, à nous socialistes français et socialistes européens, à se voir réguler, maîtriser, civiliser le marché par la mise en œuvre de politiques de gauche, progressistes ; des politiques de justice sociale, mais des politiques qui rétablissent le fait démocratique comme le fait qui doit être le fait dominant dans nos sociétés en rapport au fait dominant des marchés financiers que certains essaient d’opposer. Donc ceci est le combat moderne dans lequel nous devons nous situer.
    Alors ce forum, il a bien sûr plusieurs enjeux : des enjeux lourds d’abord caractérisés clairement de capitalisme contemporain, je l’ai dit, fondamentalement financiers dans une économie de marché mondialisée. Ce forum a aussi pour fonction de réfléchir aux régulations nécessaires à mettre en place au niveau microéconomique, niveau de l’entreprise, niveau national, niveau européen et bien sûr, niveau mondial. Nous devons nous interroger et parler, dire, affirmer un certain nombre de principes quant au rôle des Etats, cela bien sûr nous amènera aussi à nous interroger et à faire des propositions sur le système productif et sur la participation de nos politiques à la réduction des inégalités au lieu de ce à quoi nous assistons aujourd’hui.

    Nous devrons aussi mener une réflexion claire sur la question des services publics et sur le rapport entre secteur public et secteur privé. Dans ce domaine, il faut nettement poser des bases, ce que nous essaierons de faire, de ce qui doit être un modèle de développement socialiste, intégrant l’efficacité économique, mais aussi la responsabilité écologique, et bien sûr le développement social.
    D’ailleurs, sur cette question, secteur public, secteur privé, on le verra, est-ce qu’il faut définir des frontières étanches ? Est-ce qu’il n’y a pas sur plusieurs types de biens des espaces de secteur privé et des espaces de secteur plus protégé ? Ce sont des questions qui sont évoquées aujourd’hui par un certain nombre de contributeurs dans notre commission.
    Nous devrons bien sûr aussi intégrer la problématique de la répartition des rôles et notamment ce qui concerne les différents acteurs : les collectivités locales, l’Etat, les partenaires sociaux.
    Parallèlement à ces enjeux sur lesquels nous devons travailler, nous avons, nous, au sein de la commission, défini une méthode assez voisine d’ailleurs de celle que Jean-Jacques a évoquée tout à l’heure, méthode qui a été d’abord de procéder à des auditions, des auditions d’économistes mais nous espérons aussi pouvoir auditionner des partenaires sociaux et puis un temps de travail de cette commission sur un texte et nous voudrions que ce texte, qui serait le rendu de notre travail collectif, soit disponible aux alentours du 20 novembre pour qu’il nous laisse encore le temps d’arriver jusqu’au 15 décembre, lors de l’organisation de notre forum.

    Nous avons besoin aussi, et là, je fais appel aux Premiers fédéraux, nous avons aussi besoin des contributions des fédérations sur ce sujet, et bien sûr, nous sommes disponibles, les membres de la commission, pour soit animer - malgré les difficultés évoquées tout à l’heure - soit en tous les cas, accueillir et recevoir un certain nombre de contributions sur ce sujet.
    Nous nous sommes, dans cette méthode, entendus. Le mot « entendus » ne vaut pas une validation ferme et définitive, mais quand même, sur des éléments d’un diagnostic. Nous nous sommes dit : partons de ce qui a changé depuis dix ou quinze ans. D’ailleurs les derniers travaux du Parti socialiste, les dernières expressions du Parti sur ces questions-là datent d’il y a une bonne dizaine d’années (les conventions sur l’entreprise, conventions sur la mondialisation), donc nous nous sommes dit : que s’est-il passé ? Quelles sont les évolutions marquantes de ces dix, quinze dernières années qui nous amènent à nous requestionner sur le sujet ?

    D’abord, le monde a changé, c’est une évidence. L’organisation planétaire de la production, la répartition des richesses, tout cela a profondément évolué. La financiarisation du capitalisme, je l’ai dit tout à l’heure, mais aussi l’émergence des émergents, je pense bien évidemment à la Chine et à l’Inde, qui ont explosé dans leur modèle de développement, sans pour autant à l’intérieur de ces états, avoir profité d’une croissance économique absolument record pour diminuer les inégalités sociales dans ces pays. Donc cela, c’est un élément que nous devons absolument prendre en considération dans notre réflexion.
    Autre élément également de profonde évolution du monde, c’est qu’à côté de ces émergents qui émergent et qui réussissent au moins sur le plan économique parce que bien évidemment, sur le plan social et démocratique, les choses en vont autrement, il y a aussi des Etats, des continents qui s’enlisent. On pense bien évidemment à l’Afrique qui ne profite pas non plus de cette croissance mondiale et de cette émergence.

    Alors par rapport à ces situations et ces bouleversements du monde, nous aurons bien sûr à nous interroger sur le rôle des institutions internationales, à formuler des propositions mais aussi, et surtout, à nous interroger sur nos stratégies par rapport aux émergents, je pense à la Chine et à l’Inde. L’idée, par exemple, que l’Europe puisse être aussi un espace non seulement de coopération, mais aussi de protection par rapport à ce qui se passe provenant de ces pays, est une question que nous avons évoquée, et aussi, nous aurons à nous interroger : sur quelle aide au développement des autres, de ceux qui ne sont pas dans l’émergence ?
    L’Europe aussi a changé, c’est un deuxième élément de notre constat, il faut mieux partir de formulations simples sur lesquelles on s’entend, elle s’est élargie cette Europe, elle est passée de douze à vingt-sept, posant bien évidemment des problèmes de fonctionnement, mais de convergence, de solidarité, d’intérêts communs, de moins en moins identifiés et d’intérêts de chacun de plus en plus présents. Il y a eu la réunification allemande, il y a eu la réduction aussi des écarts de développement d’un certain nombre de pays de l’Europe du sud, je pense bien sûr à la situation de l’Espagne, du Portugal ou de l’Irlande ; le passage à l’euro et l’existence désormais de l’euro, qui à la fois sur le plan de nos rapports à l’extérieur de l’Europe peut pour certains poser problème, si l’on considère le niveau de l’euro par rapport notamment au dollar, mais on peut aussi considérer que le passage à l’euro et le fait d’avoir une monnaie comme l’euro aujourd’hui constitue aussi un rempart à l’évidence qui nous a protégés de la crise financière internationale.

    Et puis il y a cette panne, cette panne politique et sociale de la construction européenne qui est aussi un des éléments forts, marquants de ces dix, quinze dernières années et donc là aussi, question à se poser : nous avons reçu, notamment Stephan Collignon, qui est un économiste, camarade au SPD et qui travaille à Londres, à la London School of Economy je crois, qui a émis un certain nombre d’idées partant de l’analyse économique de la situation de l’Europe pour arriver à des propositions qui relèvent de la construction d’une Europe politique, passage obligé si nous voulons que l’Europe soit effectivement un élément fort pour nos Etats et pour le modèle auquel nous sommes attachés dans cette compétition internationale.
    Troisième élément très fort de ces changements intervenus ces dix, quinze dernières années, à l’évidence, le choc écologique. Aujourd’hui, on ne peut plus considérer qu’une politique de développement économique, de développement social ne doit pas en même temps prendre en cause la question écologique et la question de la planète que nous léguons aux générations futures.
    A l’évidence, la fin des énergies fossiles, à l’évidence l’accroissement de la population mondiale posent des questions sur le type de modèle de développement que nous voulons assumer et promouvoir.
    Nous socialistes, nous considérons bien évidemment que la décroissance ne peut pas être une alternative. Ce n’est pas cela, la piste, la voie vers laquelle nous devons aller. C’est un modèle de développement durable, fondé sur une croissance parce que sans croissance, il n’y a pas de production de richesses et donc il n’y a pas de possibilités de financer des systèmes sociaux qui permettent justement de prémunir, de rattraper ceux qui se trouvent être les laissés pour compte de la mondialisation.
    Donc nous devons absolument intégrer cette donne dans les propositions de politique économique que nous aurons à faire, c’est un élément aujourd’hui clé.

    Face à ces changements sur lesquels nous nous sommes entendus pour les constater et qu’on devra analyser de façon un peu plus profonde, il y a des défis qui sont posés à la France et une des premières questions que l’on peut se poser, c’est : pourquoi dans ces mutations extrêmement fortes, d’autres pays y compris en Europe, s’en sortent beaucoup mieux que nous ?
    On pourrait être amené, comme certains le pensent, à considérer que tout cela ne relève pas de la responsabilité des politiques et des politiques nationales, mais si l’on regarde ce qui s’est passé entre 1997 et 2002, une situation où la croissance mondiale, la croissance en Europe était forte, la France, sans doute grâce à des politiques économiques, des politiques de redistribution sociale à cette époque-là, a réussi à capter et à profiter de cette croissance internationale et n’a pas été dans les laissés pour compte.
    Aujourd’hui et depuis 2002, la situation est tout autre. Il y a une situation économique mondiale de croissance qui profite à beaucoup et dans laquelle la France n’arrive pas à s’en sortir.
    Bien sûr, la droite a des réponses très simples. Les réponses simples de la droite, c’est : la rigidité du marché du travail. Bien évidemment, cette réponse ne peut pas nous satisfaire. Elle ne peut pas nous satisfaire, nous socialistes, parce que qu’est-ce qui est rigide sur le marché du travail ? Est-ce que c’est le droit social, le droit du travail qui serait trop protecteur ? Ou est-ce que c’est par exemple la faiblesse du taux d’emploi des plus de 50 ans qui ne constituerait pas la faiblesse majeure de notre marché du travail ? N’est-ce pas la faiblesse du niveau de qualification de la main-d’œuvre française, je ne parle pas des jeunes qui sortent de plus en plus qualifiés mais parle des actifs, des gens qui ont aujourd’hui entre 30 et 50 ans, qui sont engagés dans la vie professionnelle, et qui, pour en gros 35 % de cette classe d’âge, n’ont pas pu accéder au niveau bac ?

    Est-ce que ce n’est pas cela, une des faiblesses de notre marché du travail, plutôt que de pointer les rigidités comme le fait la droite ? La protection sociale, est-ce un haut niveau de protection sociale qui constitue un frein à la compétitivité française ? Là encore, bien évidemment, cela ne peut pas être notre réponse.
    Nous sommes conscients, et je crois que là aussi, nous pouvons nous retrouver là-dessus, qu’il y a un besoin à réformer notre système de protection sociale et notamment à le financer en trouvant des ressources financières qui ne peuvent pas être uniquement fondées sur la taxation du travail, cela, je crois que nous le partageons, mais pour autant, il suffit d’aller voir le film de Michael Moore qui n’est pas caricatural, contrairement à ce que certains disent, pour voir que l’attractivité, je vais conclure, l’attractivité de notre pays, c’est aussi son système de protection sociale.
    Politique fiscale au service de la redistribution, le rôle de l’Etat et la pérennité des services publics, autant de sujets qui, sur les leviers que la France doit pouvoir trouver pour être engagée dans cette compétition internationale et que nous, socialistes, devons nous réapproprier avec une formulation de propositions fortes, voilà les sujets que nous aurons à évoquer.
    Je m’arrête là, nous aurons à l’évidence beaucoup de convergences de fond. Nous aurons sans doute aussi quelques divergences de fond, mais je pense qu’il y aura beaucoup de débats sémantiques. Alors mes camarades, à un moment donné, entre la sémantique et la politique, il faudra choisir.

    Je vous remercie.


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    Qui vote quoi au PS sur l’Europe

    Laurent Fabius, Ségolène Royal, le maire de Lens Guy Delcourt, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande le  16 septembre 2006 à Lens

    Laurent Lamacz AFP/Archives ¦ Laurent Fabius, Ségolène Royal, le maire de Lens Guy Delcourt, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande le 16 septembre 2006 à Lens

     

    Ils ont voté oui, ils continuent.
    C’est la position du premier secrétaire, François Hollande, qui «déplore» qu'il n'y ait pas de référendum, mais qui votera oui «personnellement».
    Il ne sera pas seul. Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, ou Pierre Moscovici, partisan d'un «oui critique» ont déjà annoncé qu’ils voteraient oui aussi.

    Ils ont voté non, mais maintenant ils disent oui.
    Une position un peu acrobatique expliquée par Vincent Peillon à 20minutes.fr. «Je crois que la bonne solution, et je le dis en tant que partisan du non, c’est de dire oui, aux conditions du oui socialiste, qui n’est pas le même que le oui de Sarkozy.»

    Non c’est non.
    Jean-Luc Mélenchon n’est pas du genre à changer d’avis. Il avait voté non, il va continuer. «Je voterai contre sa ratification et je ne serai pas le seul. Il faut respecter le Non exprimé le 29 mai 2005. Ce nouveau traité ne répond à aucune des préoccupations exprimées alors par les Français. Ce nouveau traité n’est en effet ni simplifié, ni plus social, ni plus démocratique. Il conforte le cours libéral de la construction européenne rejeté par notre peuple.»

    Ils ont voté non, et maintenant, ils ne veulent plus voter.
    Laurent Fabius, ancien chef de file des nonistes, plaide maintenant pour une non participation au vote, expliquant que «c'est la solution la plus logique qui permettrait de rassembler les socialistes»: «Si le président décide que ce ne sont pas les Français qui seront consultés, ça me paraît un déni de démocratie et donc je refuserai de participer au vote».

    Même position pour Henri Emmanuelli, qui refuse de participer au vote du Parlement, «un mauvais coup contre la démocratie». Il a rappelé que les socialistes avaient promis pendant la campagne, s'ils étaient élus, d'organiser un référendum sur un nouveau traité.

    Au fait, quelle est la position officielle du parti?
    Elle ne sera connue que le 6 novembre. Pour l’instant, les socialistes ont surtout décidé de… ne pas en parler. Seule indication de Stéphane Le Foll, bras droit du premier secrétaire François Hollande: le PS est «toujours favorable à un référendum» mais «ne s'opposera pas à l'adoption» lors du Congrès déjà prévu par Nicolas Sarkozy.

    Laurent Lamacz AFP/Archives ¦ Laurent Fabius, Ségolène Royal, le maire de Lens Guy Delcourt, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande le 16 septembre 2006 à Lens

     
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    Pierre Koetschet


    20Minutes.fr, éditions du 30/10/2007 - 14h02


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    Derniers jours à Buenos Aires 

    rencontre au siège de la Centrale des Travailleurs Argentins

    Derniers jours à Buenos Aires

    Aujourd’hui, je rencontre la direction nationale de la CTA, syndicat indépendant, pluraliste et combatif qui se bat pour sa reconnaissance légale. En Argentine, en effet, le syndicalisme a historiquement pris la forme d’une organisation unique, pilier du régime péroniste. Après la fin de la dictature et durant les années ultra-libérales du gouvernement Menem, un mouvement syndical indépendant s’est peu à eu affirmé et a donné naissance, en 1992, à la CTA. Ce syndicat se bat aujourd’hui pour être habilité, lui aussi, à conclure des accords avec le patronat et l’Etat. Leur priorité : la juste redistribution des fruits de la vigoureuse croissance argentine. Ses responsables m’expliquent sur quelles bases ils ont constitué leur organisation qui entretient des relations fraternelles avec les syndicats français et participe activement à la Confédération Internationale des Syndicats : autonomie par rapport aux partis et à l’Etat, démocratie syndicale, recherche d’un syndicalisme adapté aux formes actuelles du capitalisme globalisé.

    Je leur fais part de ma conviction que la qualité du dialogue social et des relations dans l’entreprise est un facteur de compétitivité et de mobilisation efficace de la richesse humaine. Au fil de nos échanges, je suis frappée de voir combien, malgré la différence des contextes, les problèmes se ressemblent : quelles sécurités face à la précarité grandissante ? Quel modèle de croissance profitant au plus grand nombre ? Quel rapport de force avec quel syndicalisme représentatif et de masse pour rééquilibrer les relations entre le capital et le travail ?

    Ils me parlent aussi des spécificités de la société argentine et notamment de l’importance de l’économie informelle qui les a conduits à ce parti-pris novateur : pour syndiquer celles et ceux qui n’ont que le travail au noir pour subvenir à leurs besoins (40% de la main d’œuvre) ainsi que les salariés précaires, la CTA développe, à côté des sections d’entreprise, l’affiliation individuelle des salariés sans statut, des chômeurs et des handicapés, comme me l’explique un de leurs responsables lui-même handicapé.

    L’un des dirigeants de la CTA parle français et se présente comme « un métallo CFDT » : exilé chez nous pendant les années de dictature, il a travaillé et milité chez Alstom. Alexandra, responsable du secteur femmes, me dit combien elles ont été actives dans la construction de la CTA car les salariées sont les plus assignées au travail précaire et aux salaires les plus bas : « derrière chaque enfant pauvre, il y a une femme pauvre » me dit-elle. C’est sous leur impulsion que la CTA a intégré dans ses revendications la nécessité d’équipements d’accueil de la petite enfance (crèches, maternelles) accessibles aux plus pauvres.

    Ils me parlent aussi de leur combat contre ce qu’ils appellent « la criminalisation de la protestation sociale » (3000 militants syndicaux actuellement concernés) et pour l’universalisation de la protection sociale, avec un salaire minimum garanti à tous alors qu’aujourd’hui 5,8 millions de salariés sur 12 millions n’y ont pas accès. Ils évoquent aussi le lourd tribut payé (67% des victimes) par les militants ouvriers et leur fierté d’être aujourd’hui parties civiles dans les procès intentés aux tortionnaires.

    Cette rencontre a donné lieu à de nombreuses reprises dans la presse écrite et audiovisuelle et notamment à une pleine page dans « Clarin », l’un des principaux journaux argentins. Le Ministre du Travail, que je rencontrerai le soir de l’élection de Cristina, m’en parlera longuement.

    Dimanche 28 octobre avec les Mères de la Place de Mai

    Ce matin, j’ai rendez-vous avec Josefina « Pepa » de Noia, l’une des fondatrices des mères de la place de mai, l’une des 14 femmes qui, en pleine dictature, eurent les premières le courage d’exiger la vérité sur les « disparus ». Alors que la terreur s’abattait sur le peuple argentin, on les vit braver la répression avec leur fichu blanc sur lequel était brodé le nom de leurs enfants emprisonnés dont elles étaient sans nouvelles. Lors de ma campagne, l’une d’elles était venue à Grenoble m’apporter le soutien de ces femmes courageuses, hier résistantes et aujourd’hui toujours militantes pour que justice soit faite. Les mères sont aussi des grands-mères qui recherchent inlassablement les enfants arrachés à la naissance à leur mère emprisonnée et assassinée.

    J’ai beaucoup d’admiration pour ces femmes debout qui ont défié un régime fondé sur la peur et s’investissent aujourd’hui dans la consolidation de la démocratie. En ce jour d’élection présidentielle, j’accompagne Pepa au bureau de vote et nous poursuivons en chemin notre conversation sur le combat de ces femmes auxquelles le président Kirchner a rendu l’hommage qu’elles méritent. Le gouvernement argentin a d’ailleurs prouvé sa détermination à ne pas laisser impunis les crimes de cette sinistre période et défère les tortionnaires à la justice.

    Chez Anibal Ibarra



    J’ai rendez-vous chez Anibal Ibarra, l’ancien maire de Buenos Aires nouvellement élu député, pour un « asado », un barbecue traditionnel argentin. Il a réuni pour la circonstance quelques élus de gauche (Susanna Rinaldi, Gabriele Alegre, Raul Puy) et artistes amis. Il m’accueille chaleureusement et déclare à la presse que, pour lui, ma visite témoigne du renforcement des liens entre les femmes politiques qui, en Argentine, au Chili et en France, « doivent batailler ferme pour tracer leur route dans des sociétés machistes ». Susanna Rinaldi déclare aux journalistes que j’ai eu « l’audace d’entamer une actualisation d’un socialisme français qui, depuis François Mitterrand, s’était un peu assoupi ». Nous parlons de ce nouveau défi que l’Argentine doit relever : un partage plus équitable des fruits de sa croissance et une politique volontaire de réduction des inégalités.

        

        

    A l’hôpital public Posadas



    Cet après-midi, je visite avec Carlos Schwartz, qui y exerce comme chirurgien des enfants, l’hôpital public Posadas, immense équipement qui accueille tous ceux qui n’ont pas les moyens de se soigner dans le secteur privé. Le paradoxe saute aux yeux : des personnels très qualifiés, un service de néonatologie très moderne mais des bâtiments mal entretenus et, en particulier, un service des urgences qu’il tient à me montrer et dont le délabrement est inimaginable avec des malades entassés sur des paillasses, un chien errant dans les couloirs… Le combat de ce médecin socialiste pour que le service public fonctionne mérite d’être salué.

      Signature Ségolène Royal

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    Résolution du conseil national - Les trois échecs du Président Sarkozy et les trois engagements que réclament les socialistes

    Voté par le conseil national du PS du 27 octobre, cette résolution pointe du doigt les trois échecs du Président Sarkozy et les trois engagements que réclament les socialistes au Président de la République.

    Nicolas Sarkozy, qui avait inscrit son élection dans le volontarisme politique et la rupture, mène sa politique dans la continuité de celle conduite par la droite depuis 5 ans, en servant les plus fortunés par des cadeaux fiscaux et en demandant à tous les autres Français des efforts douloureux.

    L’austérité que nous avions dénoncée dès cet été est maintenant établie.

    La politique conduite depuis six mois aboutit aujourd’hui à trois échecs :


    • Echec économique d’abord avec une croissance en berne et qui ne dépassera pas 1,8 % pour 2007, et dont les prévisions les plus réalistes pour 2008 oscillent autour de 1,5 %. La conséquence de cette faible croissance, après les 15 milliards de cadeaux faits au printemps, se traduit par le creusement du déficit public à 42 milliards d’euros en 2008 et l’explosion de la dette de la France (plus de 32 milliards au cours du second semestre 2007).

    • Echec social : dans le contexte d’aujourd’hui, les Français subissent de plein fouet la baisse de leur pouvoir d’achat, avec la conjugaison de deux facteurs majeurs : l’augmentation de tous les prix de consommation courante –alimentation, énergie, loyers- et la stagnation des salaires dans la fonction publique et pour l’ensemble des salariés. Aucun coup de pouce n’aura été donné au SMIC, aucune mesure n’aura été prise pour la rentrée scolaire ; rien n’est fait pour maîtriser les prix de l’énergie et rien n’est prévu pour l’encadrement de l’augmentation des loyers qui pèsent de plus en plus lourd dans le budget des Français. S’ajoutent à cela, les annonces faites sur la politique de la santé où l’on demandera demain aux malades, avec les franchises, de financer les mesures prises pour d’autres malades et de combler le déficit de la Sécurité Sociale qui s’élève à 6 milliards d’euros.

    • Echec sur l’emploi : le taux de chômage, la précarité dans l’emploi ne cessent de s’accroître. Et la seule mesure évoquée est le fameux slogan « travailler plus pour gagner plus » qui vise à favoriser le recours aux heures supplémentaires. Dans un contexte de croissance faible, ce sera sans aucun effet d’autant que la complexité des mesures rend impossible son application dans les entreprises. De plus, l’objectif affiché par le Medef de modifier le contrat de travail aura pour conséquence d’accélérer la précarité dans l’emploi qui est déjà, pourtant, extrêmement forte aujourd’hui dans notre pays.

    Face à ce constat, le gouvernement s’engage dans une fuite en avant de plus en plus douloureuse pour les Français : diminution des crédits budgétaires pour l’investissement dans l’entreprise, l’Education, l’environnement, la santé ; diminution drastique du nombre de postes dans la fonction publique –et en particulier dans l’Education nationale ce qui conduit d’ores et déjà à de grandes difficultés pour cette rentrée ; augmentation des prélèvements obligatoires, avec en perspective une hausse de la CRDS, des franchises médicales, de la redevance télé et un relèvement de la TVA.
    Après les cadeaux pour les plus aisés, c’est l’austérité pour tous les Français.

    Devant cette situation, les Français se mobilisent pour leur pouvoir d’achat et les appels unitaires se multiplient comme l’appel dans la fonction publique du 20 novembre prochain. Preuve que les Français n’acceptent ni la méthode ni les projets du gouvernement.
    Les socialistes condamnent cette politique et en dénoncent les conséquences en termes économique et social.

    Pour les socialistes, il faut changer de politique en mettant l’accent sur trois engagements clairs :

    • Le premier est de favoriser la croissance en soutenant les entreprises qui investissent et qui innovent –en particulier en termes écologiques- au détriment de celles qui rémunèrent le capital financier.

    • Le deuxième est de conditionner les baisses de cotisations sociales accordées aux entreprises –notamment aux PME/PMI- à la création d’emplois et à l’augmentation des salaires.

    • Le troisième est de mettre en place une politique de justice sociale qui passe par un effort partagé sur la fiscalité (revenir sur les baisses d’impôts) et faire contribuer de manière plus large l’ensemble des revenus –en particulier les revenus financiers- à la solidarité pour financer la santé et les retraites.

    Le Parti socialiste, dès les élections municipales, cherchera à assurer le plus large rassemblement à gauche pour être utile aux Français pour une politique juste socialement, efficace économiquement et durable écologiquement.


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    Cristina Kirchner, élue présidente de l'Argentine, le dimanche 28 octobre. | AP/Jorge Saenz

    Victoire de Cristina Kirchner en Argentine, Réaction de Ségolène Royal.

    Victoire de Cristina Kirchner en Argentine

    Je suis heureuse de vivre en direct et de saluer la victoire de Cristina Kirchner dès le premier tour de cette élection présidentielle qui marque, je le crois, une date historique dans ce grand pays qu’est l’Argentine, cher au coeur de beaucoup de Français.

    Une femme volontaire, déterminée, y est aujourd’hui élue à la magistrature suprême. Je salue son courage car je sais combien, sous toutes les latitudes, c’est toujours plus dur pour les femmes. Elles sont, dans le monde, encore très peu nombreuses à exercer des fonctions de premier plan.

    Les électeurs argentins, en accordant leur confiance à celle que tous, ici, appellent Cristina, confirment que leur pays est un des laboratoires de notre modernité.

    Un pays qui a su reprendre ses affaires en main alors que les dogmes néo-libéraux lui avaient fait tant de mal.

    Un pays qui a su retrouver par lui-même le chemin de la croissance, et qui saura, s’il le veut, en partager équitablement les fruits.

    Un pays qui, en élisant une femme, donne au monde une belle leçon d’égalité.

    Michelle au Chili, Cristina en Argentine: après l’épreuve des dictatures et la consolidation de la démocratie, voici venu le temps d’un partage plus égal des responsabilités gouvernementales entre les hommes et les femmes.
     
    Signature Ségolène Royal


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