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Par berosia le 16 Décembre 2007 à 20:58
François Hollande : Les socialistes et le marché discours de clôture du forum
Le premier secrétaire, François Hollande, a clôturé le deuxième forum de la Rénovation, les socialistes et le marché, le samedi 15 décembre à la Cité des sciences et de lindustrie, à Paris.
Chers Amis, Chers Camarades,
Tout le charme du Parti socialiste est dapplaudir, dans le même moment, celui qui nous dit quil faut reconnaître une bonne fois pour toute léconomie de marché et ne plus y revenir dans notre congrès et celui qui nous dit que nous devons éviter le retour vers lhomme de Cro-Magnon en luttant contre le capitalisme tel quil est.
La rénovation a été regardée de manière narquoise il est vrai que nous en parlons depuis tant dannées, depuis sans doute la création du Parti socialiste. Elle a été regardée de manière sceptique : quallait-il en sortir ? Quelle serait la forme des débats ? Quelles seraient les conclusions ? Toujours cette tentation, pour les socialistes, à douter deux-mêmes ! Nous avons commencé ce processus qui permettra de préparer notre congrès qui viendra après les élections municipales et cantonales. Ce processus se poursuivra bien au-delà du congrès, car nous nen avons pas fini si nous voulons régler les grandes questions qui nous sont adressées.
Celle dabord de la mondialisation, du marché. Nous lavons abordée aujourdhui ; celle de lavenir de la Nation : lorsquà Avignon, lon sest interrogé sur la pertinence de parler de la Nation quand le sujet et il est encore dactualité- était celui du pouvoir dachat, il sest produit une crise de la Nation à Villiers-le-bel. Nous sommes devant le défi du vivre ensemble dans notre société.
Nous aurons à régler les questions de lindividu, de son émancipation, de son épanouissement, mais dans le cadre dune société solidaire.
Si nous affrontons correctement ces défis-là, si nous y apportons les réponses appropriées, alors, au-delà même de nos orientations, nous pourrons trouver les réponses concrètes pour les prochaines échéances si nous sommes conscients de notre identité et fiers de la porter.
LE MARCHE
Il est vrai quil existe un paradoxe : les socialistes ont toujours agi en économie de marché et ils lont plutôt bien gérée chaque fois quils ont eu la responsabilité du pouvoir. Ils ont même fait en sorte délargir le champ du marché ; et ce fut notamment sous le premier septennat de François Mitterrand.
Nous avons réussi dans cette économie de marché et nous ne le disons jamais suffisamment- à obtenir de biens meilleurs résultats que la droite sur la croissance, sur les comptes publics, sur la compétitivité, sur le commerce extérieur. Ne nous laissons pas faire la leçon par la droite ou par les biens pensants sur la capacité quont les socialistes à diriger léconomie française ou, en tout cas, à lui donner une orientation qui lui permet dêtre plus productive et plus redistributive.
Il y a ce paradoxe qui fait que, aussitôt revenus dans lopposition, nous sommes interpellés. Alors, avez-vous accepté, une bonne fois, léconomie de marché vous, les socialistes ! Vous êtes pour ou contre léconomie de marché ? Vous êtes pour ! Vous vous êtes reniés ! Vous êtes contre ! Vous êtes des archaïques ! Pas facile Alors, on dit que lon est ni pour ni contre, on fait avec. Ce serait donc la synthèse ! Il faut la refuser. Dites que vous êtes pour léconomie de marché, mais que vous êtes des socialistes qui veulent agir dans léconomie de marché.
Et, sil y a parfois ce malaise, cette ambivalence, cest parce que lon confond les termes. Léconomie de marché est là, nous la reconnaissons et nous savons quelle est sans doute la forme la plus efficace pour produire de la richesse. Mais nous ne la confondons pas avec le capitalisme lui-même et ses évolutions : capitalisme industriel, capitalisme financier et aujourdhui capitalisme mondialisé. Nous ne confondons pas non plus léconomie de marché avec le libéralisme, cest un piège !
Nous sommes pour léconomie de marché ; nous avons un rapport critique au capitalisme et nous sommes contre le libéralisme économique. Voilà notre identité. Et sil y a effectivement un aggiornamento à faire, cest-à-dire une déclaration de principe à écrire, nous devons reconnaître léconomie de marché, le rapport critique au capitalisme et la volonté de combattre le libéralisme. Et, cet aggiornamento doit se faire par les textes et pas simplement par les faits. Cest pourquoi le travail que nous avons initié à travers ces forums de la rénovation est de marquer toutes les convergences qui sont apparues encore aujourdhui, de les écrire (cest la tâche de la commission présidée par Anne Hidalgo), de lécrire dans la déclaration de principe qui devra être adoptée lors de notre prochain congrès. Et, en même temps, de pointer aussi les divergences, les contradictions, ce qui fait que nous ne sommes pas tous daccord, même si nous sommes tous socialistes, et ce sont ces questions-là qui devront être délibérées à loccasion de notre congrès et tranchées.
Voilà le processus de rénovation que nous avons engagé : clarification, unité des socialistes autour dune déclaration de principes et délibération collective sur ce qui nous sépare.
Si le débat est revenu sur le marché, cest que la mondialisation a changé le débat de nature.
En changeant de taille, le marché a changé aussi de règles ou, plus exactement, il a perdu ses règles. Jusque-là, lEtat Nation pouvait réguler léconomie de marché. LEtat Nation pouvait maîtriser le capitalisme par la démocratie. LEtat Nation pouvait fixer des limites à la domination de largent. Il se trouve quavec la mondialisation, nous sommes obligés à la coopération, obligés à linternationalisation des politiques, obligés à la création dune Europe forte, dune Europe politique. Dans ces conditions-là, nous avons par rapport à la question du marché à changer de taille, de rôle et dintervention. Mais, pour autant, nous ne perdons pas, dans lEtat Nation, notre capacité à agir. Ce serait une erreur considérable de penser quau prétexte quil faut maintenant mondialiser les politiques, organiser lEurope, il ny aurait rien à faire, rien à penser dans le cadre de lEtat Nation.
TROIS CONVERGENCES SORTIES DE CE DEBAT
1/ - Le capitalisme ne permet pas datteindre loptimum économique, social et écologique
Nous sommes daccord pour placer le socialisme dans un rapport critique au capitalisme.
Le capitalisme est forcément organisé autour de la rentabilité immédiate, ce qui nest pas la rentabilité sociale, ce qui nest pas la rentabilité de long terme que nous devons donner à lorganisation de léconomie. Il ne permet pas non plus datteindre loptimum social, car il crée des inégalités. Et il nappartient pas non plus au capitalisme de régler ce qui fait, précisément, son mal premier : il porte nécessairement la crise. Il ny a pas dans lhistoire du capitalisme de moments où il ny ait pas eu des crises et des crises cycliques. Et le rôle que nous devons donner la politique dans ce rapport critique au capitalisme, cest déviter les crises et de les dominer.
Le capitalisme a toujours connu des crises, et encore récemment : crise immobilière, crise financière, les bulles spéculatives. Cest parce que le capitalisme produit de la crise quil faut un Etat et un service dintérêt général, quil faut une régulation conçue dans lEtat nation, à léchelle européenne et à léchelle mondiale.
Nous sommes également au clair dans le rapport critique au capitalisme pour dire quil y a des domaines qui appartiennent pleinement au marché, quil y en a dautres qui sont, en revanche, hors marché : que ce soit la santé, léducation, le vivant. Et quil y a des domaines où le marché et la puissance publique doivent former un compromis. Cest en ce sens quil faut éviter cette coupure simpliste entre ce qui est le marché et ce qui relève de lEtat.
Il y a le domaine propre du marché, le domaine propre de la puissance publique et le domaine où la régulation, lintervention, la redistribution doivent exister. Sil y a un concept à retenir sur ce que nous voulons en matière déconomie avec le marché, avec le compromis, avec lintervention de la puissance publique, cest léconomie de besoins. Le rôle de léconomie, cest de satisfaire les besoins. Tantôt cest le marché qui permet darriver à cette satisfaction, tantôt cest le bien public qui doit être la seule forme de réponse et, tantôt, cest la régulation. Lidée étant, à chaque fois, de créer de la valeur pour lensemble de la société.
2/ - La stratégie de croissance
Les socialistes sont pour la croissance ; une croissance durable, une croissance sociale, une croissance écologique. Ils sont pour la création de richesses. Nous devons pointer, là, que la droite a échoué sur le plan économique depuis cinq ans et sept mois. Nous avons aujourdhui le plus faible niveau de croissance de toute la zone euro ; notre endettement public est celui qui progresse le plus de toute la zone euro ; le déficit de notre balance commerciale atteint 32 milliards deuros en 2007, sans doute 35 en 2008 et ce ne sont pas les contrats commerciaux quannonce Nicolas Sarkozy au mépris dailleurs des droits de lHomme- qui feront que le commerce extérieur se trouvera équilibré en 2008.
Cest trois maux essentiels : faible croissance, niveau élevé de lendettement, dégradation de la compétitivité de léconomie française, témoignent quil ny a pas eu de stratégie de croissance cohérente, voulue par la droite depuis 2002.
Nous devons donc opposer une stratégie. Cest dabord de redresser la compétitivité des entreprises. Le premier problème aujourdhui, cest la spécialisation industrielle, cest la compétitivité des entreprises, cest la qualité de notre commerce extérieur.
Faudrait-il pour autant abandonner la politique de la demande ? Sûrement pas. Mais, sil ny a pas un appareil productif, sil ny a pas les services financiers efficaces, sil ny a pas des infrastructures qui nous donnent justement la garantie dune croissance durable, nous ne pourrons pas satisfaire la demande comme nous le souhaitons.
Notre premier enjeu, donc, cest la compétitivité, lefficacité des entreprises. Ce qui suppose une politique de la Recherche, une politique dEducation, une politique de qualification, une politique de lenvironnement. Tout se tient.
La stratégie de croissance est aussi une stratégie de redistribution. Ne laissons pas penser que la justice sociale serait un frein au développement et à la croissance.
Cest un facteur de croissance : une meilleure consommation, une meilleure organisation du travail, une meilleure qualification des salariés, une plus juste rémunération du travail, une contrainte posée à la rémunération du capital Tout cela permet délever le taux de croissance.
La stratégie de croissance doit servir lintérêt général. Cest en ce sens que le développement durable, lenvironnement, les services publics sont une condition, un facteur de croissance.
3/ - Le mode de développement
Les socialistes portent une utopie ; cest de considérer que lévolution du monde, de la société doit forcément être portée par lidée de progrès. Cest une belle utopie qui est, en plus, une grande réalité depuis que nous travaillons à changer la société.
Certes, il y a aujourdhui du chômage, un creusement des inégalités. Mais, lEtat du monde, lEtat de la France sont meilleurs quils ne lont été il y a 20, 30 ou 50 ans. Il faut en terminer avec cette idée quil y aurait eu un « âge dor », que le meilleur serait dans le passé ! Pour nous, socialistes, le meilleur cest lavenir, à condition que nous le construisions, que nous lorganisions.
Le modèle de développement que nous devons porter, cest une économie de marché écologique et sociale fondée sur la Recherche, léducation, la qualification, la connaissance, lenvironnement. Fondée aussi sur une autre organisation des politiques : ce qui relève de lEtat il doit y avoir une politique industrielle-, ce qui relève aussi des acteurs locaux qui portent également des instruments de croissance et de développement.
Le modèle de développement, cest aussi une démocratie sociale reconnue et pas simplement une convocation des acteurs sociaux dans une conférence à lElysée. La démocratie sociale, ce sont des syndicats respectés, cest le principe des accords majoritaires, cest la représentation des syndicats en fonction de leur influence réelle dans le monde de lentreprise, cest un financement des organisations syndicales qui soit clair et transparent ; cest aussi la lutte contre une répression patronale dans les entreprises. Cest aussi cela un mode de développement.
Nous avons enfin à porter lutopie qui est celle de légalité, de lépanouissement, de laccomplissement par un mode de développement.
TROIS SUJETS DE DEBAT
Ils devront être tranchés entre nous.
1/- Ce qui relève du rôle de lEtat
Pour certains, lEtat ne devrait être quun régulateur, un organisateur, un facilitateur, même si nous partageons tous lidée dun Etat social, dun Etat prévoyant.
Certains dentre nous voudraient un Etat plus distend, dautres le voudraient plus présent. Certains disent quils voudraient renvoyer sur les acteurs locaux lessentiel de la politique industrielle ou de localisation des activités, comme il a été décentralisé les politiques de formation.
Il y a aussi un débat entre nous sur le rôle de lEtat dans la fiscalité. À la fois sur le niveau de la fiscalité pour financer les dépenses collectives, et sur la structure de cette fiscalité. Certains imaginent que cest par la fiscalité de consommation, dautres sur le capital, dautres pensent quil faut changer même les modes de prélèvement. Ces sujets qui nont pas été abordés aujourdhui devront être réglés à loccasion de notre congrès.
2/ - Libre-échange et idée de protection
Je ne crois pas quil y ait ici un seul socialiste qui considère que le libre-échange serait sans règles et sans principes le contexte dans lequel nous devrions inscrire notre action. Pas plus quil ny a un seul socialiste qui pense quen élevant les barrières douanières, en établissant je ne sais quel protectionnisme, nous pourrions avoir une stratégie de croissance autonome. Mais, quand même ! Entre le libre-échange et le protectionnisme, il y a toutes les graduations de ce que doit être une politique commerciale extérieure.
Il faut en débattre, mais sans caricature, sans faux-semblant. Et il faut en débattre avec nos amis socialistes européens, car cest avec lEurope que nous aurons à fixer les règles du jeu, les normes.
Nous ne sommes pas loin comme souvent- de la position déquilibre. Il y a deux règles qui devraient pour nous être les conditions dune politique de protection. Cest la règle du juste commerce pour que les inégalités de développement soient corrigées et que nous puissions, en même temps, garder, préserver nos spécialisations industrielles. La deuxième règle, cest le travail décent.
Cest dailleurs la norme que porte lOrganisation Internationale du Travail (OIT) : accepter léchange autant quil est possible, mais ne jamais accepter que cet échange puisse être obtenu sur le travail des enfants ou sur lexploitation de la misère, ou sur la sous-rémunération des hommes et des femmes qui y contribuent.
Il y a aussi la question des fonds souverains. Là aussi, nous devons poser des règles. Jusquà quel point les Etats peuvent-ils constituer des fonds financiers qui leur permettent dacheter les grandes entreprises du reste du monde ? Jusquà quel point pouvons-nous accepter à la fois lultra-libéralisme sur le plan de léchange international et le souverainisme sur le plan de lappropriation des moyens de production ?
Nous avons donc à évoquer cette question de la limitation du rôle des fonds et, en même temps, ne faudrait-il pas que lEtat en France, à travers des instruments financiers ou des organismes (caisse des dépôts notamment), constitue des fonds de capitaux qui permettent dinvestir y compris dans notre appareil productif et au plan européen. Ces fonds seraient contrôlés démocratiquement par le Parlement, y associeraient réellement les partenaires sociaux car il existe aussi des fonds salariaux notamment dans les pays scandinaves- qui permettent aux salariés et à leurs représentants de sorganiser dans le capitalisme pour sapproprier une part du capital productif.
Il ne faudrait pas, là non plus, par une espèce de cécité considérer quil ny aurait plus de place pour des fonds venant de lEtat, de la puissance publique ou des partenaires sociaux pour sapproprier une part du capital productif. Il ne sagit pas de revenir aux nationalisations. Il sagit davoir des instruments financiers qui nous permettent dêtre partie prenante de la politique industrielle et de lintervention publique.
3/ - Quel rôle conférons-nous à lEurope ?
Certains pensent que lEurope en tant que marché, en tant quentité, est en soi un moyen de peser sur léconomie de marché et dengager les régulations indispensables.
Dautres pensent, au contraire, que lEurope nest quun cheval de Troie de la mondialisation et que loin dériger des normes, elle les sacrifie. Là aussi, gardons-nous des caricatures. LEurope est forcément à la fois un marché et une régulation. Mais à quel niveau fixons-nous les curseurs ? Nous aurons de nouveau ce débat.
Ce que je crois, néanmoins, cest quil nous faut partir de ce qui nous unit. Nous sommes conscients que lEurope est un levier indispensable dans la maîtrise du capitalisme et de léconomie de marché. À condition quil y ait un véritable gouvernement économique et à la condition que la Banque Centrale Européenne ait à rendre compte de ses interventions.
CONCLUSION
Nous avons, grâce à ce forum, avancé. Avancé sur des concepts difficiles, avancé pour être plus clairs vis-à-vis des Français, avancé pour être plus lucides sur nous-mêmes.
Je crois au Parti socialiste et je ne suis pas le seul. Je crois que cest le seul instrument politique possible pour permettre lalternance dans notre pays. Je nai pas le patriotisme de parti au cur même si jaime le Parti socialiste. Je vois bien que lorsquil est rallié, moqué, lorsque lon veut atteindre ce qui fait notre identité, ce nest pas pour servir la gauche.
Cela nempêche pas de renouveler tout ce qui doit lêtre, à la fois nos modes de décisions, notre pensée et nos dirigeants. Faisons tous les changements possibles, mais noublions jamais que cest le Parti socialiste qui permet, aujourdhui, à la gauche dêtre ce quelle est. Cest le PS qui permet de donner une espérance ; cest le PS qui permet de donner une opposition forte à la politique gouvernementale.
Je ne laisserai pas le Parti socialiste soumis à la moquerie, la caricature. Aujourdhui, la France a besoin dun grand Parti socialiste. Il nous appartient, mais aussi à nos électeurs qui nen peuvent plus, qui sinquiètent, qui sinterrogent.
Nous sommes dans cette bataille qui doit être une bataille didée car on ne reconquiert rien, dans une société démocratique, sans idée. On doit être dans une bataille au jour le jour car, face à ce pouvoir qui ne renonce à rien, nous devons être une opposition forte, crédible, présente autant quil est possible. Nous devons être fiers de nous-mêmes.
Lidentité du Parti socialiste, cest le changement, le changement par la réforme, cest la réforme par le changement. Cest mettre le changement en mouvement, cest lorganiser. Cest de faire en sorte que nul ne soit inquiet pour son avenir. Cest de faire en sorte que les transitions indispensables dun monde à lautre, dune société à lautre, soient organisées, préparées, facilitées par nous.
Nous avons cette belle idée de progrès en partage. À nous de faire quelle redevienne une espérance commune. Sur le plan économique, nous devons assumer ce que nous sommes : pour la croissance, pour une économie de marché où lEtat joue son rôle et où les besoins sont notre seule référence, pour une redistribution, pour un partage différent entre ce qui revient au capital et ce qui revient au travail. Nous sommes pour une redistribution efficace. Nous sommes pour un mode de développement durable qui permet effectivement de donner aux générations futures un monde meilleur. Nous sommes pour une société émancipatrice qui fait de lindividu un citoyen.
Si nous sommes conscients que cest cette politique que nous voulons, cette stratégie que nous voulons offrir au pays, cette doctrine que nous voulons proposer (économie de marché sociale et écologique), il faut les porter avec fierté et arrêter de nous excuser dêtre trop réalistes pour les uns, trop idéalistes pour les autres, trop volontaristes pour certains, trop pragmatiques pour les autres, trop tièdes, trop timides, trop frileux Trop tout.
On ne sera jamais trop socialistes. On doit dabord être socialistes. Cest en étant justement conscients de ce que nous portons, fiers de ce que nous pensons et capables doffrir une alternance au pays que nous pourrons susciter la confiance.
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Par berosia le 14 Décembre 2007 à 11:06
La gauche rassemblée pour augmenter le pouvoir dachat des Français
Le « groupe de liaison de la gauche et des écologistes » composé de représentants du Mouvement Républicain et Citoyen, du Parti Communiste Français, du Parti Radical de Gauche, du Parti Socialiste et et des Verts sest réuni le 11 décembre pour aborder les sujets dactualité. A la sortie, ils ont présenté une déclaration commune dans laquelle le collectif formule un grand nombre de propositions pour augmenter le pouvoir dachat des Français.
DÉCLARATION COMMUNE
Le « groupe de liaison de la gauche et des écologistes » créé lors de la réunion du 13 novembre dernier et comprenant le Mouvement Républicain et Citoyen, le Parti Communiste Français, le Parti Radical de Gauche, le Parti Socialiste et Les Verts sest réuni comme prévu le 11 décembre pour aborder les sujets dactualité.
Les partis présents ont fait le constat commun dun échec du président de la république et de sa majorité, dont la politique se caractérise sur la forme par une grande brutalité et une absence de concertation, par exemple sur la carte judiciaire, et sur le fond par la mise en cause de notre modèle social, par exemple sur la fiscalité ou les retraites, et la remise en cause du temps et du droit du travail.
Nicolas Sarkozy sétait autoproclamé « président du pouvoir dachat. » Il en avait fait un axe de sa campagne électorale. Aujourdhui, plus de six mois après son élection, cette promesse na été tenue que pour une poignée de Français : les plus favorisés, au travers du « bouclier fiscal » et de la suppression de la quasi-totalité des droits de succession qui bénéficie surtout au 5% des plus riches.
Pour tous les autres, tout a augmenté, sauf les revenus. La grande majorité des salariés a été privée de toute progression de pouvoir dachat, le SMIC na pas été relevé pour la première fois depuis de nombreuses années. Les retraites naugmenteront que de 1,1% en 2008, soit deux fois moins que linflation. Les précaires, les chômeurs, les allocataires des minima sociaux et les handicapés ont vu leur situation se dégrader depuis sept mois. Le MEDEF continue à faire pression sur les rémunérations et à précariser toujours plus les contrats de travail. La détaxation des heures supplémentaires ne règle en rien la question du niveau des salaires et ne concernera quune petite minorité. La politique de Nicolas Sarkozy, cest gagner moins pour payer plus.
Dans le même temps, la qualité de la vie est dégradée par la hausse du poids des dépenses fixes (logement, assurance, remboursements de crédit), qui grève le pouvoir dachat et détériore la qualité de la vie.
Pour la majorité des Français, le pire reste à venir : le gouvernement ne prévoit rien pour les salaires, rien pour les pensions de retraite, rien contre la flambée des prix. Par contre, il prépare une nouvelle aggravation de la précarité, la suppression des 35 heures et la remise en cause de la réduction du temps de travail et une série de hausse de taxes : franchises médicales et redevance télévisuelle pour les personnes pour lheure exonérées. Le Chef de lÉtat a fait des annonces pourtant sur des mesures dont les effets seront lointains et aléatoires, donc incertains.
Face à cette situation, les partis de gauche et écologistes demandent la mise en uvre de mesures durgences et structurelles destinées à améliorer rapidement le pouvoir dachat.
Pour augmenter les revenus, ils proposent laugmentation immédiate de la prime pour lemploi de 50 %, une augmentation immédiate du SMIC, louverture dune conférence nationale sur les salaires visant une augmentation générale des rémunérations, à une lute contre le temps partiel subi et un progrès significatif de légalité salariale hommes/femmes, la sécurisation des parcours professionnels la mise en uvre dun plan de rattrapage des traitements dans la fonction publique, la revalorisation immédiate des petites retraites et lamélioration des conditions de travail et contractuelles des salariés précaires.
Pour faire baisser les prix des produits alimentaires, ils proposent de répercuter les marges obtenues par la grande distribution sur les producteurs en faveur des consommateurs te ladoption dune incitation fiscale pour faire baisser les prix des produits alimentaires de première nécessité et rapprocher les lieux de production des consommateurs.
Pour diminuer le coût du logement, ils proposent un encadrement des loyers pour lannée 2008 en indexant sur le seul coût de la vie, une politique disolation énergétique des logements, la création dun service public de la caution, le respect de la loi obligeant les communes à avoir 20% de logement sociaux.
Pour maîtriser le coût de lénergie, ils proposent de maintenir lévolution des tarifs du gaz et de lélectricité dans le cadre de linflation, de généraliser le « chèque transport » pour aider les salariés dans leurs déplacements, financé par une taxe sur les superprofits des compagnies pétrolières.
Les partis de gauche et écologistes demandent que des incitations fermes soient prises en faveur dun gouvernement économique de la zone euro et dune initiative européenne pour le financement dinvestissement de long terme (rechercher, formation, ferroutage, économie dénergie et énergie renouvelable) et dune baisse des taux dintérêts de la BCE comme cest le cas aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Avec les leviers dont la gauche dispose aujourdhui, elle sengage sans se substituer à lEtat à prendre des initiatives pour le pouvoir dachat et améliorer la qualité de vie.
Sagissant de la réforme constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne, ceux des partis de gauche et écologistes qui ont exigé un référendum rappellent leur position.
Les élections municipales et cantonales de mars 2008 vont être un rendez-vous essentiel pour donner plus de force à lopposition à la politique menée par le président de la République et sa majorité et pour faire barrage à sa mise en uvre dans les communes et départements. Les partis présents travaillent dans le respect des positions de chacun au rassemblement le plus large des forces de gauche et écologistes, autour de projets politiques clairs pour battre la droite, faire gagner la gauche et permettre des gestions favorables aux intérêts des citoyens.
Réunion du 11 décembre 2007
du « Groupe de liaison et déchange de la gauche et des écologistes »
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Par berosia le 15 Novembre 2007 à 08:25
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Colonisation : quand les socialistes assumeront-ils cet héritage ?
Pour lhistorien Pascal Blanchard, loccultation par le Parti socialiste du rôle historique de la gauche française dans le processus colonial pèse sur son approche de limmigration et sur sa capacité à conceptualiser la diversité.
Loccultation du fait colonial est-elle une spécificité française ? La question vaut dêtre posée. Deux pays éprouvent de ce point de vue une réelle difficulté à se pencher sur leur passé colonial: le Japon et la France. Tous les deux sont encore piégés par ce passé et connaissent des mémoires en conflit. À léchelle de lEurope, la plupart des nations ex-colonisatrices ont pourtant eu des réactions spécifiques, et elles ont, pour lessentiel, mieux appréhendé que la France ce passé. Partout, les gauches européennes ont été partie prenante de ces prises de conscience, à lexception de la France.
Au Japon comme en France, lhistoire coloniale renvoie à des enjeux politiques contemporains et à lidentité même de nos deux nations,à « lidentité nationale » en quelque sorte. Pour la France,cest de toute évidence le rôle de la République qui est interpellé dans ce débat, et au Japon la place de lempereur dans cette expansion ultramarine. Dans les deux pays, enfin, les différentes gauches narrivent pas à faire émerger une réflexion sur ce passé capable doffrir une alternative à la pensée dominante et aux aveuglements du présent face au passé. Néanmoins,cinquante ans après la défaite de Diên Biên Phû et le début du conflit algérien, cette politique de la non-mémoire semble se fissurer. Le silence nest plus possible; du moins cette absence de prise de parole commence à interroger lopinion et en particulier les partis de gauche. Une page est sans doute aujourdhui tournée(1), et depuis, la «mémoire coloniale» semble investir de toutes parts la société française et fait débat dans notre présent. Pour autant, lenjeu politique nest pas encore relayé avec force par les partis de gauche en France, comme si ce débat faisait « peur ».De fait, lhistoire des socialistes français est intimement liée à la question coloniale, il faut une fois pour toute laccepter.Elle fut clairement une idée de gauche à la fin du XIXe siècle, ce qui ne signifie pas que la droite monarchiste ou nationaliste ny ait pas pensé antérieurement, mais lengagement colonial de la IIIe, puis de la IVe République est une réalité qui sinscrit aussi dans lhistoire de la gauche française, avec ses débats, ses oppositions, mais aussi ses engagements sans ambiguïté et ses égarements par rapport à ses valeurs les plus fondamentales.
Quon le veuille ou non, limpérialisme et le colonialisme contemporains sont étroitement associés à lhistoire de notre République.Lécole,larmée et la colonie formaient les trois piliers de la IIIe République. Jules Ferry ne fut pas seulement lhomme de lécole, il fut aussi celui de la coloniale! La gauche doit assumer lambiguïté de cet engagement qui a perduré jusquàGuy Mollet.Elle doit aussi rappeler quau moment où Jules Ferry, à la Chambre des députés, en juillet 1885, affirmait: « Il faut le dire nettement: oui, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Comment justifier, sinon, notre présence aux colonies », il a existé, au même moment, un autre élu de cette assemblée, et de gauche, Jules Maigne, pour lui couper la parole et lui rétorquer : « Vous osez dire cela dans le pays où ont été proclamés les droits de lhomme!»
Nest-il pas temps, pour la gauche, et le Parti socialiste, de sinterroger sur le principe même de diversité et la manière dont elle appréhende la «différence»? On ne peut faire léconomie des questions propres au colonialisme et se pencher sur la question de la diversité en occultant les questions du passé. Nous ne pouvons vivre sans héritage, nous le savons, mais forts des combats menés par nos aïeux, il nous faut aussi savoir être critique là où des engagements sont paradoxaux face aux valeurs que nous défendions, ici, en métropole. À cet égard, nous sommes les héritiers des regards dhier. Certains, au sein de la gauche socialiste, ont ouvert ce débat depuis une dizaine dannées, sans pour autant être suffisamment relayés à lintérieur du parti. On pense à Pierre Joxe qui, en 1998, écrivait : «Il y a encore chez nous lhabitude davoir des sujets, de coexister avec des individus de statut inférieur, de faire travailler à notre profit des hommes nayant pas tous les droits de lhomme et encore moins ceux de citoyens. ( ) Dune certaine façon, il manque à la France une prise de conscience sur les crimes commis en son nom durant la période coloniale et durant la décolonisation(2). » Pour en sortir, poursuivait-il, il faut faire appel à une « culture historique, qui existe chez une fraction de la gauche et de lintelligentsia,mais qui na pas été présente dans le débat politique, qui a été occultée, alors quelle serait nécessaire pour comprendre certaines difficultés actuelles ».
Dans ce contexte, comment la complexité de lhistoire de limmigration et de notre passé colonial peut-elle être intégrée à notre héritage commun? En refusant de construire le musée de limmigration, il y a quelques années, le gouvernement de Lionel Jospin a démontré lincapacité de la gauche à apporter une réponse concrète à une demande sociale simple de reconnaissance dune histoire «commune ».En quoi construire un lieu de savoirs aurait-il été en contradiction avec le message de la gauche ? La gauche française a sans doute manqué loccasion de réfléchir sur un discours cohérent face à limmigration. Dailleurs, la droite en 2002, a su semparer dune telle question. À un niveau similaire, la gauche, après des années dans laction gouvernementale,na pu mettre en oeuvre un véritable projet pour bâtir un lieu de savoirs sur la colonisation, lesclavage et les outre-mers. Ces deux espaces de «savoirs» et de connaissance auraient pu être de véritables projets « forts » de la gauche au pouvoir ; au lieu de cela, elle ne laisse que lhéritage des commémorations de lesclavage, de la traite et des abolitions comme traces de son action gouvernementale.
Pascal Blanchard,
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Par berosia le 12 Novembre 2007 à 06:48
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Des députés socialistes appellent à l'union
Eric Feferberg AFP/Archives ¦ Le logo du Parti socialiste
Une cinquantaine de parlementaires socialistes ont cosigné un appel contre les divisions de leur parti et pour que celui-ci assume son «devoir d'opposition», selon un communiqué reçu dimanche à l'AFP.
«Dans tout le pays, écrivent les signataires, on proteste, on manifeste y compris dans l'actuelle majorité! Et c'est précisément à ce moment-là que l'on tente de faire revivre la division des socialistes et de la gauche à propos du débat européen.»
«Nous nous respectons», poursuivent-ils: «Nous refusons la stigmatisation ou la revanche. Nous voulons tourner la page, nous voulons l'union. Nous lançons un appel: assez de divisions! Retrouvons notre devoir d'opposition et de reconstruction!»
Bartolone, Cambadélis, Hamon, Tasca
«Partout, la contestation s'installe», énumèrent-ils: «Parmi les salariés et les retraités en difficulté avec leur pouvoir d'achat, dans les professions libérales avec la nouvelle carte judiciaire, chez les jeunes avec les étudiants, les pêcheurs, les agriculteurs, les fonctionnaires, mais aussi dans la culture sans oublier le tollé éthique à propos du recours à l'ADN pour maîtrise de l'immigration.»
Parmi les signataires figurent notamment les députés Claude Bartolone, Philippe Martin, Jean-Christophe Cambadélis, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Christian Paul, Jean-Marie Le Guen et Sandrine Mazetier, la sénatrice Catherine Tasca et le député européen Benoît Hamon.Eric Feferberg AFP/Archives ¦ Le logo du Parti socialiste
20Minutes.fr, éditions du 11/11/2007 - 20h36
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Par berosia le 7 Novembre 2007 à 18:38
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PS : une démission qui trouble l'unité sur le traité européen
Vincent Nguyen AFP/archives ¦ Le dirigeant socialiste Benoît Hamon, le 22 mai 2007 à Bezons
Il joue les trouble-fêtes. En démissionnant de son poste de secrétaire national au projet européen, le socialiste Benoît Hamon a troublé la sensation d'unité que le PS entendait mettre en avant après que son bureau national a voté en faveur du traité européen simplifié.
Pour lui, le parti a commis une «erreur» en refusant d'opter pour l'abstention, qui aurait permis de faire la synthèse des positions. «Je ne veux pas être l'interprète de cette cacophonie ou de cette polyphonie», lance-t-il dans un couloir de la rue de Solferino, entouré d'une nuée de journalistes. Et de dénoncer le «retour des vieux réflexes et des arguments lapidaires» au parti. «C'est une drôle de manie de retomber dans le piège du clivage tendu par Nicolas Sarkozy», dénonce celui qui aurait aimé que le parti se contente d'exiger un référendum, une «obligation démocratique comme l'avait martelé Ségolène Royal pendant la campagne».
«Nous avons une position»
De son côté, François Hollande se réjouit devant les micros que la question soit «derrière nous». «Nous avons désormais une position», proclame-t-il.
Même le turbulent noniste Jean-Luc Mélenchon, souriant, se dit «content» à la sortie du bureau national. «Le débat a été digne et dense», fait-il valoir.
Mais si l'ancien noniste Vincent Peillon vante la «position claire» du parti et si Claude Bartolone, proche de Laurent Fabius, se félicite que le PS «mette fin à la discussion», certaines questions restent en suspens. Notamment: le parti devra-t-il encore trancher quelle position adopter lors de la réforme constitutionnelle permettant la ratification par voie parlementaire du traité? En clair, les parlementaires socialistes voteront-ils en faveur de l'amendement constitutionnel ou s'abstiendront-ils car ils auraient préféré la voie référendaire? «Nous n'avons pas abordé aujourd'hui les modalités du scrutin, ça vaut mieux comme ça», glisse depuis un ascenseur l'ancien ministre aux Affaires européennes, Pierre Moscovici.
Le PS «regrette» qu'il n'y ait pas de référendum
Officiellement, François Hollande se contente de «regretter» que Nicolas Sarkozy ne consulte pas les Français par référendum. «Mais cela ne devait pas nous empêcher de nous prononcer sur le contenu du traité.» Vincent Peillon se montre lui aussi prudent et dit attendre «de voir précisément en quoi consistera la réforme constitutionnelle».
Quant à Benoît Hamon, interrogé par 20minutes.fr, il ne semble pas croire qu'un PS, favorable sur le fond au contenu du traité, puisse s'abstenir de voter pour contester le mode de ratification. «Oui, c'est oui, non, c'est non, l'abstention, c'est l'abstention», tranche-t-il.
Dernier doute: les parlementaires socialistes opposés au traité pourront-ils voter contre? «Chacun devra assumer les positions du parti mais on va être tolérant», répond François Hollande sur un mode un peu elliptique. Benoît Hamon a là encore sur cette question un avis divergent: «Il va être très dur de leur demander de s'aligner.»Vincent Nguyen AFP/archives ¦ Le dirigeant socialiste Benoît Hamon, le 22 mai 2007 à Bezons
Alexandre Sulzer
20Minutes.fr, éditions du 06/11/2007 - 21h15
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