• Pourquoi Nicolas Sarkozy en veut tant à l'ancien patron des RG

    Pourquoi Nicolas Sarkozy en veut tant à l'ancien patron des RG

    Yves Bertrand, directeur des Renseignements Généraux, assiste, le 5 juillet 2003 place Beauvau à Paris

     

    25 octobre 2002, page délicatement noircie. «Sarkozy fait construire une villa à côté de Sartrouville, fait venir des entreprises de Neuilly. Tout au black.» Une accusation fallacieuse, gratuite, mais précieuse pour Yves Bertrand. Pour discréditer, une belle rumeur vaut bien une petite vérité.

    Le match Sarkozy-Bertrand a commencé il y a bien longtemps. Sarkozy a toujours considéré le patron des RG comme un affidé de Jacques Chirac et de l’Elysée. Une vraie menace, distillant vraies ou fausses informations pour lui nuire. Il a réclamé plusieurs fois sa tête, l’obtenant finalement en janvier 2004. Atteint par la limite d’âge, Bertrand, qui avait résisté à huit ministres de l’Intérieur et deux cohabitations, est alors placardisé à l’Inspection générale de l’administration.

    Grâce aux révélations du «Point» du 9 octobre, voici le résumé de l’affrontement en six chapitres:

    1995, quand Bertrand traque le balladurien
    La guéguerre Chirac-Balladur fait rage, les clans s’affrontent. Sarkozy, alors ministre du Budget, fait l'objet d'une enquête sur son patrimoine par la section financière des RG.

    2002, l’arrivée à Beauvau
    En mai, Sarkozy souhaite le départ immédiat de Bertrand, Jacques Chirac refuse catégoriquement. En octobre, il s’en prend aux «notes blanches» des RG, en signant un décret supprimant ces papiers sans en-tête ni signature, sur lesquels les agents du renseignement livrent une multitude informations sensibles, loin d'être toutes vérifiées. La lecture d'un «blanc» particulièrement honteux sur un candidat présenté par le ministre des Sports pour prendre la tête de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie a provoqué la colère de Sarkozy.

    Sarkozy, star des carnets de Bertrand
    Dans les 23 carnets saisis par la justice, Yves Bertrand, de son écriture ronde, fait la part belle à celui désigné par «Sarko» ou par l'abréviation «N.S». Par exemple, fin mai 2002, le ministre de l’Intérieur est, selon lui, impliqué dans… l’Angolagate. «Sarko: un mec le tient. Tassez.» Jean-Noël Tassez est l'un des prévenus du trafic d’armes. Le nom de l’ancien directeur de Radio Monte-Carlo va revenir plusieurs fois. Juin 2002 : «Tassez a reçu du fric de Falcone pour Sarko, de Jean-Christophe (Mitterrand, ndlr) et de chefs d'Etat africains.» Le 2 juillet 2003, il est encore question de gros sous. Le patron des RG: «Sarko 150.000 francs en liquide dans son cabinet.»

    Nicolas Sarkozy ne sera jamais impliqué dans l’Angolagate, ni dans le dossier d’instruction de 170 tomes, ni dans les travaux d’investigation journalistique les plus fouillés.

    Notre belle famille Sarkozy
    Yves Bertrand a toujours eu un penchant d’espion quand il s'agit de la famille Sarkozy. Et d’abord pour le frère aîné du ministre, Guillaume, vice-président du Medef en 2002, qui ferait l'objet d'un «chantage». Le directeur des RG va même jusqu’à rédiger que Nicolas Sarkozy «couche» avec la femme d'un député, lequel est aujourd'hui ministre... Lundi 27 janvier 2003, Bertrand, inspiré, débriefe sur près de deux pages de carnet le mariage de Nicolas Sarkozy avec sa première femme, ainsi que leur séparation. On apprend notamment que «N.S.» a acheté pour sa première femme un appartement au château de Madrid à Neuilly. Surtout, un carnet dévoile le récit d'une conversation téléphonique entre l'épouse et la meilleure amie de celle-ci, où il est question d'adultère. Les deux amies parlent entre autres de… Cécilia.

    Cécila, la «fêtarde»
    La seconde épouse de Nicolas Sarkozy est aussi une habituée des carnets. Bertrand s’étend sur l’époque où elle n’est pas encore mariée avec Nicolas Sarkozy. Elle est décrite comme «une fêtarde», ses parents ont «un immeuble rue Marbeuf à Paris face au restaurant Chez Edgar», et il expose par le menu les conditions de sa séparation avec Jacques Martin.

    En première ligne dans Clearstream
    Last but not least, Sarkozy voit en Bertrand un des piliers de l’affaire Clearstream, le soupçonnant de travailler dans un cabinet noir sous les ordres de Dominique de Villepin (que Bertrand rencontre régulièrement). Les proches de Sarkozy pensent que Bertrand trempe dans la falsification des listings. C'est d’ailleurs dans le cadre de cette affaire que les vingt-trois carnets d'Yves Bertrand ont été saisis au domicile de l'ancien directeur des RG en janvier dernier, par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, chargés de l'instruction.

    Et ils ont découvert une jolie annotation, en date du 8 mai 2001: «Un Libanais riche, 90, avenue Niel, Imad Lahoud né le 7 août 1967 à Beyrouth, gendre fr Heilbronner, s'est converti au Judaïsme pour épouser la fille d'Heilbronner.» Yves Bertrand connaissait donc Lahoud, le truqueur présumé des fameux listings, trois ans avant que n'éclate l'affaire Clearstream. L'ex-patron des RG a pourtant toujours confié avoir découvert le nom de Lahoud dans la presse..

    Jean-Pierre Muller AFP/Archives ¦ Yves Bertrand, directeur des Renseignements Généraux, assiste, le 5 juillet 2003 place Beauvau à Paris

     
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    20Minutes.fr, éditions du 16/10/2008 - 20h48


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