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Pourquoi Nicolas Sarkozy en veut tant à l'ancien patron des RG
Pourquoi Nicolas Sarkozy en veut tant à l'ancien patron des RG
Le match Sarkozy-Bertrand a commencé il y a bien longtemps. Sarkozy a toujours considéré le patron des RG comme un affidé de Jacques Chirac et de lElysée. Une vraie menace, distillant vraies ou fausses informations pour lui nuire. Il a réclamé plusieurs fois sa tête, lobtenant finalement en janvier 2004. Atteint par la limite dâge, Bertrand, qui avait résisté à huit ministres de lIntérieur et deux cohabitations, est alors placardisé à lInspection générale de ladministration.
Grâce aux révélations du «Point» du 9 octobre, voici le résumé de laffrontement en six chapitres:
1995, quand Bertrand traque le balladurien
La guéguerre Chirac-Balladur fait rage, les clans saffrontent. Sarkozy, alors ministre du Budget, fait l'objet d'une enquête sur son patrimoine par la section financière des RG.
2002, larrivée à Beauvau
En mai, Sarkozy souhaite le départ immédiat de Bertrand, Jacques Chirac refuse catégoriquement. En octobre, il sen prend aux «notes blanches» des RG, en signant un décret supprimant ces papiers sans en-tête ni signature, sur lesquels les agents du renseignement livrent une multitude informations sensibles, loin d'être toutes vérifiées. La lecture d'un «blanc» particulièrement honteux sur un candidat présenté par le ministre des Sports pour prendre la tête de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie a provoqué la colère de Sarkozy.
Sarkozy, star des carnets de Bertrand
Dans les 23 carnets saisis par la justice, Yves Bertrand, de son écriture ronde, fait la part belle à celui désigné par «Sarko» ou par l'abréviation «N.S». Par exemple, fin mai 2002, le ministre de lIntérieur est, selon lui, impliqué dans lAngolagate. «Sarko: un mec le tient. Tassez.» Jean-Noël Tassez est l'un des prévenus du trafic darmes. Le nom de lancien directeur de Radio Monte-Carlo va revenir plusieurs fois. Juin 2002 : «Tassez a reçu du fric de Falcone pour Sarko, de Jean-Christophe (Mitterrand, ndlr) et de chefs d'Etat africains.» Le 2 juillet 2003, il est encore question de gros sous. Le patron des RG: «Sarko 150.000 francs en liquide dans son cabinet.»
Nicolas Sarkozy ne sera jamais impliqué dans lAngolagate, ni dans le dossier dinstruction de 170 tomes, ni dans les travaux dinvestigation journalistique les plus fouillés.
Notre belle famille Sarkozy
Yves Bertrand a toujours eu un penchant despion quand il s'agit de la famille Sarkozy. Et dabord pour le frère aîné du ministre, Guillaume, vice-président du Medef en 2002, qui ferait l'objet d'un «chantage». Le directeur des RG va même jusquà rédiger que Nicolas Sarkozy «couche» avec la femme d'un député, lequel est aujourd'hui ministre... Lundi 27 janvier 2003, Bertrand, inspiré, débriefe sur près de deux pages de carnet le mariage de Nicolas Sarkozy avec sa première femme, ainsi que leur séparation. On apprend notamment que «N.S.» a acheté pour sa première femme un appartement au château de Madrid à Neuilly. Surtout, un carnet dévoile le récit d'une conversation téléphonique entre l'épouse et la meilleure amie de celle-ci, où il est question d'adultère. Les deux amies parlent entre autres de Cécilia.
Cécila, la «fêtarde»
La seconde épouse de Nicolas Sarkozy est aussi une habituée des carnets. Bertrand sétend sur lépoque où elle nest pas encore mariée avec Nicolas Sarkozy. Elle est décrite comme «une fêtarde», ses parents ont «un immeuble rue Marbeuf à Paris face au restaurant Chez Edgar», et il expose par le menu les conditions de sa séparation avec Jacques Martin.
En première ligne dans Clearstream
Last but not least, Sarkozy voit en Bertrand un des piliers de laffaire Clearstream, le soupçonnant de travailler dans un cabinet noir sous les ordres de Dominique de Villepin (que Bertrand rencontre régulièrement). Les proches de Sarkozy pensent que Bertrand trempe dans la falsification des listings. C'est dailleurs dans le cadre de cette affaire que les vingt-trois carnets d'Yves Bertrand ont été saisis au domicile de l'ancien directeur des RG en janvier dernier, par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, chargés de l'instruction.
Et ils ont découvert une jolie annotation, en date du 8 mai 2001: «Un Libanais riche, 90, avenue Niel, Imad Lahoud né le 7 août 1967 à Beyrouth, gendre fr Heilbronner, s'est converti au Judaïsme pour épouser la fille d'Heilbronner.» Yves Bertrand connaissait donc Lahoud, le truqueur présumé des fameux listings, trois ans avant que n'éclate l'affaire Clearstream. L'ex-patron des RG a pourtant toujours confié avoir découvert le nom de Lahoud dans la presse..Jean-Pierre Muller AFP/Archives ¦ Yves Bertrand, directeur des Renseignements Généraux, assiste, le 5 juillet 2003 place Beauvau à Paris
20minutes.fr
20Minutes.fr, éditions du 16/10/2008 - 20h48
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