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Vux de Francois Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, à la presse, jeudi 10 janvier 200
Vux de Francois Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, à la presse, jeudi 10 janvier 2008
Je veux vous présenter, au nom de lensemble du Parti socialiste, nos meilleurs vux pour lannée 2008.
En ce début dannée 2008, en entendant les uns ou les autres ou, plus exactement, toujours le même, je me disais que ce qui nous menaçait cétait en définitive la confusion des enjeux, le tourbillon des images, la perte de sens des mots qui sont utilisés ou proférés, linstrumentalisation des peurs et, pour tout dire, la résultante de tout cela qui peut être le fatalisme ou la résignation.
Face à ces menaces, je veux former le souhait quen 2008 nous marquions deux volontés : la lucidité et lengagement. La lucidité est indispensable, elle est au cur de tout. Elle ne vaut pas simplement pour un parti, pour des hommes et des femmes eux-mêmes engagés. Elle vaut pour une société, elle vaut pour des citoyens.
Lucidité de létat du monde qui est grave, préoccupant
Les tensions internationales sont encore lourdes. Ce qui se passe en Irak tous les jours, en Afghanistan, ce qui sest produit au Pakistan avec les conséquences que lon ne sait pas encore, ce qui est à luvre en Iran, le conflit en Palestine même sil nous est dit aujourdhui par Bush quil voudrait un traité de paix dici la fin de son mandat (il reste très peu de temps).
Il y a là toutes les causes dun embrasement toujours possible. Et il nen reste pas moins, même sil peut y avoir ici ou là une espérance aujourdhui peut-être de libération des otages en Colombie et demain le retour dIngrid Betancourt, que sil ny a pas un travail sur les causes mêmes des phénomènes qui sont là au cur de toutes ces tensions, il y a toujours la crainte du pire.
Il faut aussi juger létat du monde à travers les déséquilibres économiques mondiaux considérables : le prix du pétrole qui dépasse 100 dollars le baril, une montée de linflation et donc sans doute une remontée des taux dintérêts, la récession possible aux USA, linstabilité des monnaies ($ - Euro), et les délocalisations toujours présentes.
Il faut avoir cette lucidité, sinon nous sommes dans la peur ou la béatitude.
Lucidité de létat de la France
Létat de notre économie est tout à fait inquiétant. Aucune des prévisions associées à la loi de finances qui a été votée à lautomne dernier nest aujourdhui réaliste.
La croissance de léconomie française pour 2008 sera sans doute plus proche des 1,5 % que des 2,25 % espérés. Elle sera lune des plus faibles de la zone euro et est essentiellement due à latonie de linvestissement.
Lendettement public dépasse 65 % de la richesse nationale et le déficit de lensemble des administrations excédera les fameux critères européens et obligera à un plan de rigueur au lendemain des élections municipales.
Le troisième indicateur, et il est en définitive le plus révélateur de la faiblesse de notre économie depuis maintenant près de 6 ans, est le déficit du commerce extérieur. Nous venons dapprendre quil atteindra sans doute 40 milliards deuros en 2007. Pour la première fois depuis 1991, le déficit sur un mois de notre balance commerciale sera constaté hors énergie, cest-à-dire hors du phénomène que nous connaissons aujourdhui de montée du prix du pétrole. Cela en dit long sur lampleur de la dégradation de la compétitivité de léconomie française.
Il nous faut en pointer la responsabilité. Ce nest pas un phénomène qui vient de lextérieur. Ce nest pas le défaut de travail des salariés. Cest lincapacité quont eue les gouvernants depuis 2002 de soutenir linvestissement privé, de faire un effort pour la Recherche, pour la qualification, pour la formation ; cest labsence de toute politique industrielle. Nous en voyons maintenant le prix.
Il faut le dire aux Français : on ne peut pas vivre avec une économie qui importe plus quelle nexporte. Et ce nest pas un phénomène européen. Au moment où nous allons avoir 40 milliards de déficits de notre commerce extérieur record historique- lAllemagne va dégager 200 milliards deuros dexcédents. Là se trouve linsuffisance de la croissance. Là se trouvent aussi les problèmes de pouvoir dachat que rencontrent aujourdhui nos concitoyens.
Voilà létat de notre économie. Mais quel est aussi létat social après 6 ans de droite au pouvoir et 8 mois de présidence Sarkozy ?
Le pouvoir dachat et il faut que nous en parlions puisque dautres ont omis de le faire dans une conférence de presse. Le pouvoir dachat qui avait été le thème majeur de lélection présidentielle est annoncé par les statistiques officielles comme devant être inférieur pour 2008 à ce quil a été faible au demeurant- en 2007. Les Français nont rien à attendre des dispositions qui viennent dêtre votées puisque, de laveu même de ceux qui les ont présentées, il ny aura pas dimpact sur le pouvoir dachat quand, dans le même temps, se creusent les inégalités entre les revenus du travail et les revenus du capital.
Létat de la France, cest aussi ce que certains ont appelé une société de défiance : défiance à légard des pouvoirs publics, défiance à légard des entreprises, défiance même à légard des autres, de nous-mêmes, tellement nous doutons de notre capacité collective à agir, à produire et à vivre ensemble.
Ce nest donc pas un problème de civilisation, mais tout simplement un problème de société dont les causes tiennent à létat de notre démocratie et à la forme du pouvoir. Un exemple : il a fallu attendre le travail dune rédaction pour que lon apprenne le vrai chiffre des voitures brûlées la nuit de la Saint Sylvestre. Sil ny avait pas eu ce travail, la Ministre de lIntérieur serait encore en train de nous dire que cela a été une amélioration quand le travail journalistique permet de démontrer le contraire. Comment peut-on espérer du côté des citoyens une confiance dans les pouvoirs publics, dans linformation si, précisément, elle est sapée par ceux qui en ont la responsabilité.
Lucidité sur létat de notre démocratie
Le problème nest pas nouveau. La concentration des pouvoirs ne date pas dil y a 8 mois ; lopacité dans la décentralisation est aussi vieille que la décentralisation elle-même. Je reconnais bien volontiers que les partis politiques comme les syndicats existent avec des légitimités trop étroites. Je sais ce quil en est depuis trop longtemps du dialogue social dans notre pays, de la fragilité de la presse écrite, du considérable poids des médias audiovisuels détenus par quelques-uns. Mais, convenons quand même que, même dans ce contexte déjà préoccupant, depuis lélection de Nicolas Sarkozy, les défauts du système sont devenus le système lui-même.
Nous sommes devant un pouvoir personnel. Et, paradoxalement, celui qui veut tout le pouvoir, exerce tout le pouvoir fait aveu dimpuissance. Le pouvoir est personnel parce que nous sommes tombés dans lomniprésidence. Le Président décide de tout, mais aussi sur tout ; au-delà même de lEtat, il est Chef de lEtat, Chef de gouvernement, Chef de la majorité, Chef de lUMP, Chef de campagne il présentera bientôt les éléments de campagne pour les élections municipales devant lUMP.
Nous sommes dans une confusion des genres. Cette position institutionnelle est aussi une posture personnelle : cest le « Président moi-je ».
LEtat, cest « moi-je ». Cest « moi-je » par rapport aux institutions : dérive ultime de la Vè République. Il convoque hier le Parlement, comme sil en avait le droit. Il voudrait même changer la Constitution pour sinviter en permanence à lAssemblée nationale et au Sénat. Ce serait plus commode. Méfiez-vous, il va sinviter chez vous aussi, dans vos rédactions et peut-être à votre domicile ! Un de ses lointains prédécesseurs sy était essayé, il venait déjeuner, dîner Espérons quil nen demandera pas davantage !
Président « moi-je » par rapport aux médias : il est votre invité dhonneur. Vous ny pouvez plus rien ! Le pire, même ! Cest que le temps de parole qui est le sien nest pas compté dans le temps gouvernemental et dans le temps majoritaire. Le Conseil Supérieur de lAudiovisuel que nous avons saisi se prétend lié par une décision du Conseil dEtat ; les chaînes de télévision liées par le CSA. Et Nicolas Sarkozy nest lié par rien, sauf à ses relations avec les propriétaires des grands médias. De la même manière, la fin de la publicité à la télévision publique nest pas une mesure comme on la dit- pour conforter le Service public. Il y faudrait là bien plus que des recettes exceptionnelles sur la publicité, mais laugmentation de la redevance qui en termes de pouvoir dachat naurait pas que des effets heureux. Cette annonce-là dont je ne sais ce quelle sera, nest quun pourboire, une récompense, une compensation à je ne sais quel système de transport !
Et il y a le rapport à lui-même. Le sarkozysme nest pas une doctrine, cest un narcissisme. Un narcissisme compassionnel parce que le pire, cest quil se plaint. Il nous parle de lui à satiété et ce que je demande aujourdhui, cest le droit de ne pas savoir. Mais, même quand on parle de lui, et quil a fait tout pour cela, il finit par sen plaindre. Ce Président « mas-tu vu » nous installe tous, citoyens, responsables publics, journalistes, en voyeurs. Nous ne voulons pas voir, nous connaître les résultats.
Un pouvoir impuissant
Le Président parle avec ses mots, avec ceux des autres mais les mots appartiennent à tous et cest dailleurs leur valeur. Nous sommes-là dans un régime du verbe. Nicolas Sarkozy capte, capture, picore ses références, concepts. Lessentiel pour lui est dêtre dans le coup déclat permanent. Il multiplie les commissions on en a recensé près de 100 ! commande des rapports, annonce des grenelle, convoque des prix Nobel. Cest lillusion du mouvement , cest lart de la diversion, le sens du contre-pied qui peut aussi le faire trébucher ; on la vu sur les 35 heures.
Cette profusion révèle une impuissance . On lui parle aujourdhui de relance de la consommation et il nous fait laveu : les caisses sont vides. Mais qui a donc vidé les caisses depuis 8 mois et peut-être davantage, si ce nest une majorité qui a voté 15 milliards de cadeaux fiscaux et dexonération de cotisations sociale ?
On lui parle de pouvoir dachat et il sen offusque. Comment ! Le débat politique se réduirait à la subalterne question, dérisoire affaire, médiocre revendication du pouvoir dachat ! Il faut avoir une vision plus haute ! La civilisation ! Mais, la civilisation, cela rapporte combien au 1 er janvier 2008 ? Et, quand on sest proclamé le « candidat du pouvoir dachat », le « Président du pouvoir dachat », on doit rendre des comptes.
On lui parle de croissance et il répond comme dautres à dautres époques quelle ne dépend pas de lui, que lenvironnement international décide de tout. Mais, nétait-ce pas le même Nicolas Sarkozy qui disait formule audacieuse- quil irait « la chercher avec les dents » ? Je ne sais plus combien il lui en reste vu le résultat !
On lui parle de rupture et il précise quelle ne peut être faite en 8 mois. Nous en convenons. Mais, en même temps, nous rappelons que Nicolas Sarkozy avait été ministre pendant plus de 4 ans et demi avec la même majorité.
Je ne lui reproche pas dagir, mais dagir mal.
Un pouvoir inquiétant
Inquiétant dabord sur le Droit du travail.
Sur la durée légale du travail : Nicolas Sarkozy vient de se contredire. Avant-hier, il en avait sonné la fin avec une formule gourmande, rapide, lespoir de la fin des 35 heures à la fin de lannée 2008. Hier, il les a rétablies. Sa majesté a bien voulu concéder quil y aurait toujours les 35 heures, en précisant quil navait rien dit de différent.
Mais, lintention demeure, car la lettre de François Fillon, Premier ministre, aux partenaires sociaux ouvre bien la possibilité daccords dérogatoires non pour des assouplissements des 35 heures, mais pour le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Ce qui veut dire que dans les entreprises, si la formule du Premier ministre lemporte et il faudra une loi, qui aurait un accord majoritaire, il serait possible de fixer une durée du travail supérieure aux 35 heures pour déclencher le paiement des heures supplémentaires.
Et il ne sagit pas dassouplissements qui ont déjà eu lieu à trois reprises : en 2003, le premier assouplissement avait porté le nombre dheures supplémentaires de 130 à 180 h/an ; en 2004, le contingent dheures supplémentaires avait été porté de 180 à 220 h. Et il est même possible, toujours selon un texte pris postérieurement de déroger par accord dentreprise à ce contingent dheures supplémentaires. On peut donc aller au-delà des 220 heures. Il y a néanmoins une limite ; la limite étant le droit européen : impossible de travailler sur une semaine plus de 48 h ; et le droit français : impossible de travailler plus de 44 heures par semaine sur 12 semaines consécutives.
Sil doit donc y avoir des accords dentreprise après la lettre de François Fillon, ce ne sera pas sur les assouplissements, mais sur la dérogation à la durée légale de travail.
Lintention de Nicolas Sarkozy et du gouvernement nest pas lassouplissement, mais la fin de la durée légale du travail qui, certes, existera toujours dans le Code du travail, mais à laquelle il sera possible de déroger par des accords dentreprise.
Sur le Contrat de travail : je souhaite que les partenaires sociaux trouvent un accord. Mais, sil ny avait pas daccord, on connaît déjà ce quest la volonté gouvernementale. Cest la période dessai qui, pour les cadres, pourrait aller jusquà un an pas loin du CNE- et pour les autres salariés, une période dessai de trois mois renouvelable. Sajoute à cela le retour du contrat de mission. Cest-à-dire, dans une certaine mesure, la fin aussi du contrat à durée indéterminée.
Inquiétant, ensuite, sur le pouvoir dachat
Les franchises médicales sappliquent depuis le 1 er janvier et ne sont quune première étape, compte tenu de lampleur des déficits.
Le plan de rigueur : il y aura une augmentation elle est mécanique- de la Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) et le retour de la TVA qui nest même plus habillée de social. Nous savons bien que, compte tenu de lampleur des déficits, compte tenu de la faible croissance, compte tenu des cadeaux fiscaux qui ont été accordés, compte tenu du fait que les caisses sont vides, cest bien dune augmentation de la TVA dont il sagit. On lappellera autrement peut-être : charge sur la consommation plutôt que sur la production. Leffet sera direct sur les Français.
Inquiétant aussi sur les principes
En matière de Droit pénal : un texte vient dêtre voté à lAssemblée nationale et il permettra, sans décision de justice, de prolonger un enfermement. Même sil faut traiter cette question insupportable pour les victimes et leur famille des criminels récidivistes, la réponse ne peut pas être simplement des mesures denfermement au-delà de la peine ; faut-il aussi quil y ait traitement médical. On ne peut pas remettre en cause des principes du droit pénal, alors que ne sont pas aujourdhui fournis les instruments du traitement médical dans les prisons françaises.
En matière de Laïcité : Dans le discours que Nicolas Sarkozy a prononcé le 20 décembre 2007, il y a eu là des conceptions qui ne sont pas celles qui ne sont pas seulement les nôtres car nous ne sommes pas propriétaires de la laïcité, mais qui sont les principes de toute la République, et notamment de tous ceux qui se sont succédés aux responsabilités du pays hormis la période de Vichy- après le vote de la loi de 1905. Il y tient des propos sur la reconnaissance de la religion qui ne sont pas pour nous ceux dune laïcité républicaine.
Quand Nicolas Sarkozy dit qu un homme qui croit est un homme qui espère et lintérêt de la République, cest quil y ait beaucoup dhommes et de femmes qui espèrent », cest laisser penser que, pour être de bons citoyens, il faut être dabord des croyants. Je ne dénie pas aux croyants le fait dêtre de bons citoyens, mais il a y aussi ceux qui ne croient pas ! Et qui espèrent pourtant, qui espèrent pour la vie daujourdhui et pas forcément pour la vie au-delà de la vie.
Il ajoute : « La morale laïque risque toujours de se changer en fanatisme quand elle nest pas adossée à une espérance qui comble linspiration à linfini ». Cela voudrait-il dire que lorsque lon na pas une aspiration à linfini, on aurait une morale laïque qui pourrait tourner au fanatisme ? Mais, ny a-t-il pas de la part de ceux pas tous, une toute petite minorité- qui ont justement cette aspiration à linfini le risque de tomber dans le fanatisme, parce que la vie ici-bas naurait pas de sens ?
Il poursuit : « Dans la transmission des valeurs, linstituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé ». Je remarque que, dans cette formule, limam et le rabbin ont été oubliés. Parce que, ajoute Nicolas Sarkozy « Il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme dun engagement porté par lespérance ».
Il faudrait donc, pour transmettre une morale, pour transmettre des valeurs, avoir le souci du sacrifice de sa vie ? Je ne dénie à aucun représentant religieux la capacité de fournir cette morale ; mais je ne lui reconnais pas cette capacité au nom de cette aspiration à linfini, mais au nom de sa croyance, de sa valeur propre.
La laïcité na jamais été pour nous la négation des religions, au contraire, mais leur séparation dans lespace public. Pour nous, la construction de la citoyenneté obéit dabord à des principes fondés sur la laïcité.
Cest pourquoi, jamais la loi de 1905 na été aussi actuelle et précieuse. Et, je demande au Président de la République de clore définitivement le débat sur la remise en cause de cette grande loi républicaine.
Tel est le pouvoir aujourdhui : pouvoir personnel, pouvoir impuissant, pouvoir inquiétant.
Face au « tout pouvoir », je veux faire du Parti socialiste en 2008 un contre-pouvoir. Pas simplement être contre le pouvoir, mais un autre pouvoir au service des Français.
Je fixe deux objectifs pour lannée prochaine :
Le PS doit être le premier parti de France à loccasion des élections municipales et cantonales en termes de suffrage comme de collectivités dont nous aurions, si les électeurs nous donnent leur confiance, la responsabilité. Si nous voulons être un contre-pouvoir, il faut être le premier parti en France. Cest possible.
Le second objectif est que le PS doit devenir le parti de toute la France, en termes de génération, de diversité, de territoire, de catégories sociales. Ce sera lenjeu de son Congrès au lendemain des élections municipales.
Etre un contre-pouvoir, cest être une force à quatre dimensions :
- Une force dopposition : à un système économique déséquilibré et à un ordre politique injuste .
Une telle opposition exige bien plus quune critique ou une dénonciation, mais une déconstruction des mécanismes économiques et politiques et une réflexion sur la mondialisation, la Nation, lindividu, et une imagination sur les outils des politiques publiques. Il faut faire le choix de la raison sur lémotion, de lintelligence collective sur les intuitions dun seul, de la démocratie sur la dictature des circonstances et de lurgence.
- Une force de proposition :
Dabord sur lEconomie : compte tenu de ce nous décrivons de létat de léconomie française, la première priorité est une politique qui renforce loffre productive dans notre pays avec un investissement massif dans la Recherche, dans linnovation, dans la qualification, dans la formation. Dans cette politique-là, il faudra aussi faire des choix industriels et avoir les outils correspondants. Il y a un débat sur la caisse des dépôts dont certains signes peuvent annoncer sa privatisation. Ou lon en fait un fonds public à capacité dinvestissement et pas simplement de protection cest parfois nécessaire face aux fonds souverains car il ny a pas de raison que la France nen dispose pas. Mais aussi avec une capacité danticipation, dinnovation. Voilà ce que doit être un instrument public et la Caisse de dépôts doit être cet instrument-là.
La deuxième priorité, cest le désendettement public. Les allègements dimpôts, quand un pays connaît un déficit public proche de 3 %, un endettement public de 65 % de la richesse nationale, sont une augmentation demprunts. Tout allègement dimpôts qui a été consenti sera payé par les générations futures. Donc, le premier devoir même sil nest pas plaisant à entendre- cest déviter quil y ait des allègements fiscaux tels quils ont été pratiqués depuis 6 ans et encore davantage depuis 8 mois.
La troisième priorité en matière déconomie, cest la maîtrise des prix. Nous avons fait plusieurs propositions : la mise en place du chèque transport, la diminution de la TVA sur les produits de première nécessité et le respect de la loi sur le logement social. Et il faudra bien sûr une politique de revenus à travers la prime pour lemploi et les conditionnalités des exonérations de cotisations sociales, non pas la négociation, mais la conclusion daccords salariés.
Sur la réforme des institutions : nous proposons une réforme des institutions fondée sur quatre principes :
Des droits du Parlement (maîtrise de lordre du jour, capacité à voter la loi sans entrave )
Décentralisation : clarification des compétences, des responsabilités, des financements
Démocratie sociale : reconnaissance des accords majoritaires fondés sur la représentativité réelle des organisations syndicales
Droits des citoyens : capacité pour les citoyens de saisir le Conseil constitutionnel pour les exceptions dinconstitutionnalité, mais aussi le vote des étrangers aux élections locales. On parle du changement du préambule de la Constitution, de la lutte pour la discrimination positive, mais avant de faire ces changements dont on parle et lon verra lesquels, faisons au moins que ceux qui vivent sur notre territoire depuis longtemps, qui y travaillent, qui payent des impôts puissent voter.
Sur la Diplomatie : Nicolas Sarkozy a évoqué une diplomatie de la réconciliation. Cela ne peut pas fonder une action politique extérieure. Se réconcilier avec qui, sur quoi, pour quoi, au nom de quoi ? La politique extérieure doit être, pour nous, fondée sur trois principes :
Le premier : la paix, la recherche de la paix, et nous avons là suffisamment de sollicitation pour ne pas perdre notre temps.
Le deuxième : ce sont les droits de lHomme et les valeurs universelles. Cela nappartient pas à un continent, à quelques pays privilégiés ! Cest le droit de tous.
Le troisième : cest le multilatéralisme et lONU. Il ny a pas besoin de créer je ne sais quelle institution parallèle à lONU. Il faut revenir au cur même des décisions qui se prennent au niveau du Conseil de sécurité et de lassemblée de lONU.
- Une force daction :
Nous revendiquons un pouvoir ; celui qui est à notre portée, celui des territoires de France, non pour faire des villes, des départements, des régions, des lieux de résistance ou de revanche par rapport à lélection présidentielle, mais pour être utiles à nos concitoyens. Et les élections municipales et cantonales porteront aussi sur la question du pouvoir dachat : transports publics, laccès au logement, les gardes des enfants, laccompagnement des personnes dépendantes, laccompagnement scolaire, la fiscalité locale. Nous allons faire de la question du pouvoir dachat, question secondaire maintenant pour Nicolas Sarkozy et principale pour nous, et du développement durable double exigences de satisfaction de besoins immédiats et de préparation de lavenir- le fondement de laction publique.
Au lendemain des scrutins de mars, si la gauche qui sest largement rassemblée à loccasion de ces élections municipales peut être en capacité de gérer en plus des 20 régions métropolitaines (et des 4 de loutre-mer), une majorité des départements et de nombreuses villes, rien quen termes dinvestissements publics, elle sera en mesure de mobiliser plus de financement, plus dactions structurelles que lEtat lui-même en termes déquipement civil. Cela veut dire que le pouvoir nest pas seulement le pouvoir dun seul, le pouvoir dune famille politique, il nest pas le pouvoir dun camp qui a gagné lélection présidentielle. Il est à prendre aussi, à revendiquer, à exercer à loccasion des élections municipales. Il faut le dire aux Français pour quils ne se découragent pas, quils ne se désespèrent pas. La gauche peut exercer non pas simplement une parcelle du pouvoir, mais une part de la responsabilité publique et de lutilisation des fonds dintérêt général.
- Une force de rénovation : ce sera lobjet de notre Congrès qui portera sur tous les aspects de la vie du PS : Déclaration de principes, statuts, orientations, stratégies et leadership. Ce sera au lendemain des élections municipales que nous ouvrirons ce processus. Pas avant. Nous devons là être tournés vers les Français plutôt que vers nous-mêmes. Dici là, le 20 janvier, aura lieu le rassemblement annuel de nos secrétaires de sections qui coïncidera avec le troisième forum de la rénovation sur lindividu et la solidarité et qui marquera le lancement de notre campagne pour les élections municipales et cantonales.
Une réunion du comité de liaison de la gauche la troisième en trois mois- se tiendra le 22 janvier et une rencontre avec lensemble des organisations syndicales se tiendra fin janvier, début février.
CONCLUSION
Lannée 2008 sera difficile pour les Français. Ils ne seront pas seuls face aux épreuves, réduits au silence de leur déception ou à lexpression de leur colère. Là est le rôle dune force politique : offrir une traduction concrète dune attente et dune espérance. Permettre le changement partout où la possibilité daction nous est offerte. Fournir une explication du monde et des choses.
Si jai un vu personnel à formuler, cest celui que les valeurs comme la raison, le respect, lintérêt général lemportent sur lémotion, la facilité, largent et lesbroufe.
Si la lucidité et la volonté lemportent, jai confiance dans lissue de cette confrontation. Elle est autant morale que sociale. Et peut-être jamais en ce début dannée nous navons eu autant besoin de rigueur morale et de justice sociale.
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