• La gauche appelle les manifestants au calme

    Manifestation anti-Sarkozy le 7 mai 2007 à Nantes 

    André Durand AFP ¦ Pour la deuxième soirée consécutive, des manifestations anti-Sarkozy ont eu lieu lundi à Paris et dans d'autres villes, accompagnées parfois d'affrontements avec la police et de dégradations, des violences condamnées par le PS qui a appelé ces opposants à s'exprimer dans les urnes.

     
    «La démocratie implique le respect du suffrage universel et la défense pacifique des idées.» Après François Hollande, c’était au tour de Bertrand Delanoë, d’appeler les manifestants au calme mardi. Exprimant «sa solidarité avec les victimes de ces violences», le maire PS de Paris fait valoir que «ces comportements n'ont rien à voir avec l'expression des convictions».

    «Prendre des bulletins de vote»


    Le Parti communiste français a également condamné «absolument» les violences perpétrées, fustigeant «des actes nuisibles et sans signification politique». «Celles et ceux qui contestent la politique proposée par le nouveau président de la République auront la possibilité de s'exprimer et d'agir par leur vote les 10 et 17 juin prochain», aux législatives, a relevé le PCF.

    «Il peut y avoir de la déception, de la colère, de la frustration, mais le seul moyen de réagir, c'est de prendre des bulletins de vote», avait également déclaré un peu plus tôt le premier secrétaire du PS François Hollande.

    L'appel aura peut-être été entendu. Les deux manifestations anti-Sarkozy qui ont eu lieu mardi à Caen (500 personnes) et à Lyon (400 personnes) se sont déroulées dans le calme.

    La soirée de lundi avait été plus houleuse à Paris et dans d'autres villes, avec des affrontements avec la police et des dégradations. Au total, 365 voitures ont été brûlées, selon un bilan obtenu mardi auprès de la direction générale de la police nationale. La DGPN fait également état de 160 interpellations.

    Scénario similaire

    Le scénario semble avoir été similaire à Paris, Lille, Toulouse, Nantes ou Rennes: des manifestations de militants d'extrême gauche, libertaires ou anarchistes, qui dégénèrent et, parallèlement, des incidents dans les «quartiers» qui se sont poursuivis dans la nuit.


    Selon la Préfecture de police, 15 personnes étaient en garde à vue mardi à Paris, au lendemain d'une manifestation place de la Bastille qui s'est soldée par des affrontements, comme la veille. Un policier a été blessé, dix véhicules incendiés, deux magasins - dont un supermarché - pillés, et 17 vitrines brisées, a-t-on précisé de même source.

    A Toulouse, une centaine de manifestants se sont réunis place du Capitole, mettant le feu à des poubelles. Ailleurs dans la ville et ses quartiers dits «sensibles», 66 véhicules ont été incendiés, selon le Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (Codis). Trois membres des forces de l'ordre ont été blessés légèrement par des jets de projectiles et 22 personne interpellées, selon la police.

    Des heurts ont aussi opposé des manifestants aux forces de l'ordre à Lille. Selon la préfecture, une crèche a en outre été incendiée à Wattrelos. Dans l'ensemble du Nord, au moins 61 voitures ont été brûlées et 46 personnes interpellées. A Nantes, quelque 150 manifestants ont cherché la confrontation dans le centre. Une vingtaine de voitures ont été brûlées.

    98 voitures brûlées dans le Rhône

    A Rennes, environ 300 personnes, selon la police, ont affronté en fin de soirée les forces de l'ordre, dans le centre-ville. Neuf voitures ont été incendiées et des vitrines brisées, selon la Préfecture. Dans le Rhône, 98 voitures brûlées ont été recensées, deux fois plus que dimanche soir (52).

    Pendant ce temps, en banlieue parisienne, les incendies de voitures étaient aussi à plusieurs endroits supérieurs «à la moyenne». Dans le Val-de-Marne, 45 voitures ont brûlé selon la préfecture. Dans l'Essonne, 31 véhicules ont été incendiés, contre une dizaine en moyenne, et la préfecture a rapporté des affrontements «sporadiques» entre «bandes» et forces de l'ordre.

    Avec AFP


    20Minutes.fr, éditions du 08/05/2007 - 14h20

    dernière mise à jour : 08/05/2007 - 19h22


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  • Quelle refondation pour la gauche?

    Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et Laurent Fabius le 9 novembre 2006 à Labège, près de Toulouse 

    Rémy Gabalda AFP/Pool/Archives ¦ A deux mois de l'élection présidentielle, la candidate socialiste a annoncé la nomination d'une "équipe du pacte présidentiel", dont font partie ses deux anciens rivaux dans la primaire socialiste, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, mais également l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, qui se cantonnait jusque-là dans un soutien réservé à la candidate.

     
    C’est la troisième défaite de la gauche d’affilée. Selon les estimations, Ségolène Royal a recueilli entre 46,7 et 47% des voix. C'est un peu moins que Lionel Jospin en 1995, mais dans un contexte autrement plus favorable pour la gauche cette fois, avec une droite au pouvoir depuis cinq ans.

    Alternative

    Deux voies s’offrent au PS: soit un recentrage «blairiste», appelé par DSK, soit une «gauchisation» du parti. Jean-Luc Mélenchon, de l’aile gauche du PS, a attaqué sur Europe1 la campagne de Ségolène Royal, estimant que «quand il n’y a pas de parti, on ne peut pas gagner». Et de réclamer une «unité de commandement» pour les législatives à venir. «On doit s’adresser à ceux qui font vivre la gauche, du PCF à la LCR en passant par les Verts, a expliqué Benoît Hamon. Il nous faut mettre de la clarté dans tout ça, dans nos débats et relancer les bases d’un grand projet de gauche.» Une ligne qui conduirait à écarter toute alliance avec le centre: «Franchement, si nos candidats doivent se traîner un débat sur les alliances avec l’UDF durant toute la campagne, on ne s’en sortira pas. Je n’imagine pas DSK vouloir faire émerger un centre fort, car il sait comme moi que le parti de Bayrou n’a comme seul objectif d’être présent au second tour en 2012 face à Sarkozy. A notre place. On va quand même pas lui donner un coup de pouce pour ça…»

    Pique à la direction

    Laurent Fabius, a pour sa part réclamé une gauche «qui n'hésite pas sur sa stratégie» lors des prochaines législatives. Il a demandé à ce que la campagne soit menée «collégialement», une pique à la direction du PS et à la candidate, accusée à de multiples reprises de faire sa campagne seule, sans se soucier de l'avis des dirigeants du PS. Les jospinistes, Daniel Vaillant en tête, ont également réclamé «un nouveau dispositif pour conduire cette campagne».

    Ségolène Royal n’a pourtant pas donné l’impression de vouloir passer la main: «Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas (...) J'assumerai la responsabilité qui m'incombe désormais, je continue avec vous». Ce travail de rénovation «doit être poursuivi, approfondi, amplifié», ajoute Jean-Marc Ayrault, un proche de la candidate. «Ségolène Royal devra jouer un rôle primordial.»

    «Je continue avec vous»

    Le tenant d’une ligne sociale-démocrate, Dominique Strauss-Kahn, a tiré violemment sur la direction du PS: «Nos concitoyens ne veulent plus des solutions du passé. Ils voient bien que la gauche doit apporter autre chose que ce qu’elle a toujours dit. J’ai tenté une révolution social-démocrate pendant la primaire socialiste. Elle n’a pas abouti. Ce renouveau est aujourd’hui nécessaire.»

    «Rénovation-révolution idéologique»

    Même son de cloche chez François Rebsamen, numéro 2 du PS et co-directeur de la campagne de Ségolène Royal. Pour le maire de Dijon, il faut faire du PS «un grand parti social-démocrate moderne dès le lendemain des élections législatives, en faire une formation ouverte sur les réalités du monde». Cette «rénovation-révolution idéologique aurait dû être commencé plus tôt», reconnaît François Rebsamen.

    S’il refuse d’extrapoler les propos de la candidate, l’UDF Didier Bariani juge cependant que la candidate, qui a lancé de nombreuses idées «à rebrousse-poil de la pensée traditionnelle socialiste», peut mener la «chirurgie dont a besoin le PS». Reste à convaincre tout le monde dans le parti.


    P. K.


    20Minutes.fr, éditions du 07/05/2007 - 00h38

    dernière mise à jour : 07/05/2007 - 01h20 


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  • Verbatim de Ségolène Royal, dimanche 6 mai 2007 <?XML:NAMESPACE PREFIX = O /><O:P></O:P>


    "Le suffrage universel a parlé. Je souhaite au prochain président de la République d'accomplir sa mission au service de tous les Français".
    "Je remercie du fond du coeur les près de 17 millions d'électeurs, de citoyens, de citoyennes, qui m'ont accordé leur confiance. Je mesure leur déception et leur peine. Mais je leur dis que quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas. J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous".
    "Je remercie tous les militants qui ont porté ce grand moment démocratique. Bien sûr les militants socialistes mais aussi tous les autres militants de la gauche et de l'écologie, ceux de Désirs d'avenir, et au-delà toutes celles et ceux qui se sont unis dans le mouvement".
    "Gardons intactes l'énergie et la joie de l'immense rassemblement populaire vibrant de ferveur qui m'ont accompagnée tout au long de cette campagne, ici et dans les outre-mers".
    "J'ai engagé un renouvellement profond de la vie politique, de ses méthodes et de <?XML:NAMESPACE PREFIX = ST1 /><ST1:PERSONNAME ProductID="la gauche. La" w:st="on">la gauche. La</ST1:PERSONNAME> forte participation traduit un renouveau de notre démocratie, et notamment pour les jeunes, partout dans le pays et en particulier dans les quartiers, qui se sont massivement inscrits pour voter. Bravo à tous ces jeunes pour cet engagement civique qui rappelle à la République le devoir de respect et d'égalité qu'elle a envers eux".
    "
    Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le continuer ensemble
    . Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C'est la condition de nos victoires futures".
    "Je serai au rendez vous de ce travail indispensable et j'assumerai la responsabilité qui m'incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l'idéal qui nous a rassemblé et nous rassemble et qui va, j'en suis sûre, nous rassembler demain pour d'autres victoires". 
     

    Déclaration de S. Royal - 6 mai 2007

     
    A l'issue de la soirée électorale, le premier secrétaire analyse la situation. "Il n'y a pas de résignation à avoir, nous avons réussi à mobiliser des énergies formidables tout au long de cette campagne." Il se tourne d'ores et déjà vers les élections législatives : "Tout dépend de nous maintenant, les gens n'attendent pas des resistants mais des conquérents."

    F. Hollande : "Pas de résignation"


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  • « Je m'appuierai sur la majorité la plus large possible »

    Au lendemain de son débat télévisé musclé avec Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a reçu « le Parisien » et « Aujourd'hui en France ». Elle explique ce qu'elle fera si elle est élue dimanche soir.


    AU LENDEMAIN de son face-à-face télévisé avec Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal apparaît hier matin, dans son quartier général du boulevard Saint-Germain à Paris (VIIe arrondissement), tranquille et déterminée. Tranquille comme une candidate qui, non contente d'avoir le 22 avril accédé au second tour, a fait mercredi soir devant tous la démonstration de sa pugnacité, elle que beaucoup jugeaient incompétente et d'abord fragile. Déterminée comme une femme qui se sent, au final, poussée par une « vraie ferveur populaire » et croit toujours, n'en déplaise aux sondages, qu'elle peut gagner sur le fil dimanche. Alors que François Bayrou a confirmé hier qu'il ne voterait pas Sarkozy, elle rêve de disposer à l'Assemblée, au-delà des clivages habituels, de « la majorité la plus large possible ». « Avec moi, martèle-t-elle, visant implicitement son rival, il n'y a aucun risque. Vous avez tout à gagner... » Réponse dimanche à 20 heures.

    Quel est, chez vous, le sentiment dominant après le débat télévisé de jeudi soir ?
    Ségolène Royal.
    J'ai défendu mes idées.

    Vous n'avez aucun regret ?
    On a toujours des regrets après un débat, parce qu'on n'a pas dit tout ce qu'on aurait voulu dire.
    Mais, globalement, ce débat a été éclairant sur le choix qui s'offre dimanche aux Français entre deux projets de société, deux visions de la France.

    Comment vous est apparu Nicolas Sarkozy ?
    Sur la défensive. Et, parfois, j'ai eu l'impression qu'il était en difficulté. Je pense notamment à nos échanges sur la sécurité, l'environnement, le nucléaire, la scolarisation des enfants handicapés. Ce dernier sujet est, pour moi, révélateur d'un certain comportement politique dont les Français ne veulent plus.

    Nicolas Sarkozy dit qu'il vous a trouvée agressive...
    C'est son habitude de se sentir agressé dès qu'on n'est pas d'accord avec lui. Or, c'est simplement le débat politique qui doit être mené avec conviction et passion. Car je crois profondément à la politique.

    Vous, vous n'estimez pas avoir été agressive ?
    Non, j'ai rempli mon rôle. Avec la volonté qu'on comprenne qu'avec moi, les intérêts des Français seront bien défendus et que je ne me laisserai pas faire.

    Votre stratégie était, à vos yeux, la bonne ?
    Je voulais que ce débat montre clairement quel est l'enjeu de dimanche et notamment en quoi Nicolas Sarkozy est responsable du bilan du gouvernement actuel. Je voulais aussi montrer la démagogie de certaines de ses propositions. Ainsi, après avoir visité un foyer de femmes battues sans papiers, il leur a promis la régularisation. Comme je n'imagine pas que le propos ne valait que pour ce foyer-là - ou alors l'impartialité de l'Etat serait remise en cause - ,vous imaginez jusqu'où sa promesse peut conduire ! D'autant qu'il a promis aussi un autre jour la nationalité française à toutes les femmes martyrisées du monde. Ce qui doit représenter au moins 200 millions de personnes ! Soit Nicolas Sarkozy promet n'importe quoi, soit il n'est pas responsable. Combien de promesses, en réalité, pourrait-il tenir ? Sûrement pas ses promesses d'allègements fiscaux, qui dépassent de loin ce que Margaret Thatcher a fait en dix ans de pouvoir et qui conduirait à la ruine des services publics. Et puis son programme est rempli d'injustices. Je ne citerai que le bouclier fiscal, qui consiste à rembourser une partie de l'impôt des plus riches contribuables, comme cette riche héritière qui vient de récupérer plus de 7 millions d'euros.

    Un échange a beaucoup frappé. Nicolas Sarkozy vous a reproché de perdre vos nerfs et vous lui avez répondu qu'il y a des indignations, même pour un chef d'Etat, sincères et saines...

    C'était un temps fort, oui. Je porte des convictions. Je ne suis pas dans le calcul. Le sort réservé aux élèves handicapés à l'école ne peut laisser personne indifférent. J'avais imposé l'accueil des enfants trisomiques à l'école maternelle et, aujourd'hui, le gouvernement est revenu en arrière et on ne veut plus d'eux : est-ce que cette situation scandaleuse, cette souffrance des familles ne méritent pas du coeur et de l'indignation ?


    « On n'imposera pas d'en haut, par la loi, une extension des 35 heures »

    Mercredi soir, l'échange sur le nucléaire a été plutôt confus...

    J'apporte une précision : le pourcentage de 17 % que j'ai évoqué représente la part du nucléaire dans la totalité de l'énergie consommée, et non la part de l'électricité produite par le nucléaire. Quant aux 50 % que Nicolas Sarkozy a cités, cela ne correspond à rien. Sur le fond, il ne sait ni que l'EPR, c'est la troisième génération du nucléaire, ni que les gisements d'uranium risquent d'être épuisés d'ici quelques dizaines d'années. Même sur le nucléaire iranien, il n'a pas maîtrisé le sujet, car, aujourd'hui, ce n'est pas le nucléaire militaire qui est en cause : la prolifération s'organise à partir du nucléaire civil.

    Sur les 35 heures, vous avez dit qu'il n'y aurait pas généralisation automatique...

    Une des révélations du débat a été l'acceptation par Nicolas Sarkozy de ce que les 35 heures constituent désormais en France la durée légale du travail, sur laquelle il ne reviendrait pas. Soit les 35 heures sont nocives à l'économie, comme le disent le Medef et le candidat sortant, et il faut qu'il ait le courage politique de les supprimer. Soit c'est un acquis social et une mesure qui a créé de l'emploi, comme je le crois, et il faut les défendre, même s'il faut tirer des leçons pour mieux faire.

    Vous, vous avez admis que la deuxième loi sur les 35 heures avait été, pour le moins, brutale...

    J'ai dit que la deuxième loi avait été précipitée et qu'il n'y aurait pas demain de généralisation des 35 heures aux PME sans accord des partenaires sociaux, branche par branche.

    Cela veut dire quoi ?

    Cela veut dire que le débat sera ouvert et que, s'il n'y pas d'accord, on n'imposera pas d'en haut, par la loi, une extension des 35 heures.

    Y a-t-il encore aujourd'hui un vrai clivage droite-gauche sur les 35 heures ?

    Non, puisque Nicolas Sarkozy s'est aligné sur ma position !

    Vous avez aussi indiqué qu'il n'y aurait pas de régularisation systématique des sans-papiers...

    Je le confirme. Les régularisations auront lieu sur des critères. Mais dans des conditions honnêtes : nous ne dirons pas, nous, avant l'examen des dossiers, combien il y aura, à l'arrivée, de personnes régularisées en créant autant de drames humains. Avec moi, les règles seront claires.

    « J'ai trouvé Nicolas Sarkozy désinvolte »

    Vous avez évoqué le cas de cette policière violée en Seine-Saint-Denis alors qu'elle regagnait son domicile après son service. Vous auriez souhaité qu'elle soit raccompagnée...

    J'ai trouvé Nicolas Sarkozy désinvolte. D'autant que ce viol atroce avait été précédé, en mars, au même endroit, d'un autre viol. Et aucune disposition concrète de protection n'avait été prise entre-temps. Dans les quartiers ultrasensibles, je considère qu'il faut raccompagner la nuit les femmes policières - et peut-être même tous les policiers -, comme cela se fait déjà au Québec. On peut imaginer qu'une patrouille puisse faire un détour pour les redéposer chez elles.

    Certains vous reprochent, à propos des enfants handicapés, d'avoir surjoué la colère...

    La capacité d'indignation d'un responsable politique sur une telle question est une qualité et non pas un défaut. Je ne veux pas qu'on exploite la misère des gens pour faire de la commisération. Or, Nicolas Sarkozy donne de plus en plus dans ce registre. Il imite George W. Bush dans cette technique du compassionnel conservateur. On pleure sur les gens. On utilise les faits divers et, lorsqu'on est aux responsabilités, on n'agit pas pour le présent et on promet pour demain. Voyez les campagnes électorales de Bush, mais, quand il y a eu la catastrophe de La Nouvelle-Orléans, on ne l'a pas vu sur le terrain !

    Il y aurait un parallèle entre Bush et Sarkozy ?

    Il porte la même idéologie néoconservatrice. Il n'hésite pas à envisager de démanteler les services publics, alors qu'on a tant besoin d'infirmières, d'enseignants. Moi, je suis pour redéployer, pour bouger, mais pas pour supprimer.

    Qu'auriez-vous envie de dire à ceux qui hésitent encore ?

    Depuis des mois, il y a eu une campagne orchestrée par la droite mettant en doute ma compétence, voire m'accusant de fragilité. Je pense que le débat a permis de rétablir la vérité aux yeux de tous les Français. Tous ceux qui me connaissent le savent : je suis une femme solide, au clair sur mes convictions, capable de défendre les intérêts de la France. Aux indécis, je dis donc : « Ayez confiance. La France sera bien présidée et ses intérêts défendus. »

    « Le seul sondage qui vaille, c'est le vote des Français »

    Vous insistez sur le fait que vous souhaitez être la présidente d'une France apaisée. Vous suggérez qu'avec Nicolas Sarkozy, le pays connaîtrait des turbulences, voire des troubles ?

    Je souhaite rassembler une majorité de Françaises et de Français sur mon pacte présidentiel et sur les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. Je ne fais pas, comme Nicolas Sarkozy, de procès d'intention. Je pense, en effet, que ses propositions - qui consistent à privilégier toujours une catégorie au détriment des autres, à chercher en permanence un bouc émissaire, à ne pas être respectueux des Françaises et des Français, bref à jeter de l'huile sur le feu comme on l'a vu avec l'emploi de mots violents comme Kärcher - divisent et ne peuvent pas ramener la sérénité et la confiance dont nous avons besoin. La fermeté, ce n'est pas des mots, mais des actes !

    Votre première décision dimanche si vous êtes élue ?

    Ma première décision sera de constituer la meilleure équipe gouvernementale pour la France. Et, après, d'agir vite.

    Le Premier ministre sera-t-il, comme l'assure François Hollande, socialiste ?

    C'est l'hypothèse la plus probable, mais je ne m'interdis rien.

    Quel sera votre premier chantier ?

    Celui des emplois tremplins pour les jeunes. Je réunirai tout de suite les présidents de région et je leur dirai de mettre en place tout de suite, en concertation avec l'Etat et les chefs d'entreprise, le premier volet du plan prévu pour cinq ans et qui doit conduire à la création de 500 000 emplois. Sans oublier les contrats première chance pour les jeunes sans qualification. Et puis nous réunirons très vite la conférence nationale sur les salaires pour décider rapidement de la revalorisation du smic, des petites retraites et aussi des bas salaires afin que la hiérarchie des salaires ne soit pas écrasée. Il faut redonner confiance aux acteurs économiques de notre pays et faire repartir la croissance. Je m'y engage. Et puis je préparerai la rentrée scolaire pour que, dès septembre, la priorité éducative soit une réalité.

    « Avec moi, vous avez tout à gagner »

    Tous les sondages disent que Nicolas Sarkozy va gagner...

    Ah, les sondages ! Pour moi, le seul qui vaille, c'est le vote des Français. A ceux qui n'ont pas encore choisi, je dis : « Avec moi, il n'y a aucun risque, vous avez tout à gagner. » La France, si je suis élue, sera une France rayonnante et confiante dans son avenir. Je m'appuierai sur la majorité la plus large possible, car il faut sortir de l'affrontement bloc contre bloc. Je travaillerai avec tous ceux qui m'ont soutenue ou dont les idées convergent largement avec mon projet. Je tiendrai compte du vote des Français. Et notamment de celui qui s'est exprimé au premier tour. On ne peut pas faire comme si François Bayrou n'avait pas réuni sur son nom plusieurs millions d'électeurs. Une démocratie moderne, c'est aussi cette capacité à sortir de l'affrontement systématique.

    Si vous êtes élue, avec quel partenaire européen souhaitez-vous établir en premier le contact ?

    Tout de suite, avec la chancelière allemande Angela Merkel. A cause de l'Europe qu'il faut relancer.

     

    Interview réalisée par Philippe Martinat, Dominique de Montvalon et Nathalie Segaunes Photos : Philippe de Poulpiquet
    Le Parisien , vendredi 04 mai 2007



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  • "Je vote Ségolène" : Yannick Noah

     

    "Venez massivement aux urnes et venez faire mentir les sondages"


    Ségolène Royal sur RTL

    Sur RTL, Ségolène Royal a appelé les Français à voter massivement dimanche.

    "Venez massivement aux urnes et venez faire mentir les sondages".

    Interrogée par un journaliste sur ses projets en cas de défaite, elle a répondu : "Arrêtez de conditionner vos électeurs sans arrêt, arrêtez de vous laisser formater par les sondages, laissez les électeurs choisir !

    J'espère que je vais gagner, je crois que les choses ne sont pas faites, il ne faut pas que les électeurs se laissent assommer par les sondages.

    Moi, je leur demande d'abord de venir voter massivement et aussi de se révolter contre cette façon de faire qui consiste à dire que puisque les sondages ont parlé, les urnes ont parlé.

    Il reste deux jours, il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer, les Français réfléchissent encore, il y a des gens encore indécis, des électeurs encore qui s'interrogent.

    Dans la part d'électeurs qui se disent indécis ou hésitants, il y a là une marge de manoeuvre pour faire gagner la France et je veux que la France gagne avec les valeurs que je défends.

    Aujourd'hui, je vous demande de vous mobiliser, d'ouvrir les yeux, de regarder la confrontation d'un projet contre un autre.

    La France n'a pas besoin de plus de violence, de Français opposés les uns contre les autres, la France a besoin de se redresser en mobilisant ce qu'il y a de meilleur dans l'être humain".

    Ayez confiance. La France sera bien présidée et ses intérêts défendus.
    Ségolène Royal dans Le Parisien.
    >Lire l'article
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    Communiqué de Bruno Rebelle / Déclarations de Nicolas Sarkozy sur le nucléaire
    >Lire l'article

    Dressez-vous contre tous les systèmes, contre tous les pouvoirs concentrés, dressez-vous pour la morale publique, dressez-vous pour une France forte.
    Ségolène Royal à Lorient.
    >Lire l'article


     



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