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    Une rentrée politique réussie pour Ségolène  Royal. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

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    La Fête de la Rose de ce samedi 25 août qui a concidée avec la rentrée politique de Ségolène Royal a été un succès. Avec plus de trois milles personnes, l’on a  retrouvé la ferveur populaire de la campagne présidentielle. C’était un rassemblement amical pour les socialistes, les sympathisants de la gauche, et bien sûr Désirs d'Avenir. Il y avait au programme, outre la partie politique, un grand pique-nique, un marché de produits locaux et des concerts. Des navettes en car ont été  organisées au départ de la gare TGV de Poitiers toute la matinée et dans bien d’autres villes de France.

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    Après plusieures interventions des militants associatifs et des députés socialistes, parmi les quels : Jean Louis Bianco, Michelle Delaunay,  Gilles Savary…. L’on a pu constater que le discours de tous convergeait vers la rénovation. C’est en ce sens que Ségolène Royal a terminé par un discours d’environ 1h30 avec comme postulat de départ une auto critique concernant sa défaite à la présidentielle et a prôner pour une gauche unie et rassemblée avec un programme tenant compte de l’économie de marché pour les échéances électorales à venir, et une opposition constructive. Elle ne tient d’ailleurs pas rigueur à ceux qui ont rejoint la majorité présidentielle, en disant que la porte leur était toujours ouverte. La gauche a en effet besoin de tout le monde pour sa rénovation et même les centristes. Elle a insisté sur le fait qu’elle n’était en compétition avec personne, mais que les socialistes pouvaient compter sur elle pour la rénovation du parti avec un socialisme du 21è siècle.

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     Ségolène Royal a enfin terminé par l’immense désir d’avancer des français, en signifiant que le pays était prêt pour les réformes qui à ses yeux sont indispensables pour éviter la régression à l’échelle planétaire, et a insisté sur le fait que la mission historique de la gauche et des socialistes était de moderniser la France à la lumière de la justice et du progrès en étant la voix des sans voix.

    bertrand Kissangou.

     


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  • Discours de Ségolène Royal à Melle "Une nouvelle étape dans la façon de penser et d’agir"

    Merci pour ces retrouvailles, pour votre confiance, votre fidélité, votre engagement intact.

    Certains se demandent pourquoi je prends la parole aujourd’hui à quelques jours de l’université d’été du parti socialiste. J’ai lu certains commentaires : lorsque que les socialistes se taisent, ils n’ont rien à dire, lorsqu’ils parlent, ils sont en compétition. Je vais vous faire une confidence : j’ai quelque chose à vous dire et je ne suis en compétition avec personne et ne recherche rien d’autre que d’assumer mes responsabilités dans le débat d’idées. De toute façon, c’est un travail collectif de longue haleine qui commence. Et, même, ce que je vais vous dire aujourd’hui est le fruit d’un travail collectif, c’est le début d’un processus au long cours.Comme je m’y étais engagée et forte ce que j’ai compris durant cette campagne, je commence aujourd’hui, comme viennent de le faire tous les amis qui se sont exprimés, à mettre ce que j’ai appris au service de tous les socialistes, simplement et sérieusement et, au-delà, de l’action au service de la France. Je souhaite aussi faire monter les nouvelles générations, renouveler celles et ceux qui participent au débat.

    Je ne vais pas vous faire un grand discours grandiloquent, un discours de campagne, mais vous présenter quelques idées fortes en complément de ce qui a été dit tout à l’heure. J’ai retrouvé ici une ambiance de travail propice à la réflexion.

    Cette réflexion devra déboucher sur une rénovation profonde de nos méthodes et de certaines de nos idées dans la fidélité à nos valeurs.

    Je me sens entièrement mobilisée et animée d’une volonté très solide et du bonheur qui nous rassemble. Contrairement à ce que je lis ici ou là, je n’ai aucun esprit de rancune, de revanche, aucune amertume, y compris envers ceux dont la chaude affection littéraire m’entoure dans cette rentrée. Je ne suis animée que par une énergie positive, plus renforcée par les épreuves et les bonheurs vécus au cours de cette année écoulée.

    Le renouveau, ce sera aussi une nouvelle manière pour nous les socialistes de travailler ensemble entre nous et une nouvelle manière de dialoguer avec les autres forces politiques parce que les besoins sont urgents et que les solutions ne peuvent pas attendre, que les Français sont impatients. Nous sommes aujourd’hui dans l’opposition mais ce qu’attendent de nous des millions de gens c’est que nous nous comportions comme si nous étions en responsabilité pour nous mettre, là où nous sommes, parti, parlement, syndicats, laboratoires, entreprises, associations, régions, départements communes, au service de la nécessaire transformation des structures économiques et sociales du pays en agissant pour que ces mutations indispensables et difficiles ne se fassent pas au profit de quelques-uns uns et aux dépends du plus grand nombre.

    Nous devons avoir la même attitude intellectuelle que celle d’un chercheur devant un problème nouveau : modestie mais obstination, esprit de curiosité et d’inventivité, rassemblement des intelligences, invention de nouvelles façons de faire, de se parler et de réfléchir.

    Quelques leçons de l’élection présidentielle

    L’élection présidentielle nous a fourni des leçons précieuses. Je ne serai pas exhaustive ici, bien sûr, ce serait trop long.

    Tout d’abord, quelle année riche d’expériences, de rencontres, d’espérances, avec ses joies et bien sûr ses peines, sa déception dans le résultat mais quelle année formatrice pour les prochaines batailles et nos prochaines victoires !

    Qu’avons-nous fait ensemble ?

    A la fin de ces campagnes présidentielle et législative, nous avons commencé à inventer le socialisme du 21ème siècle, nous avons fait vivre à une échelle inédite et avec intensité, cette démocratie qui rend aux Français la parole et, avec elle, le pouvoir de proposer et de peser.

    Nous avons redonné à nos concitoyens le goût de la chose publique et du débat politique, et notamment aux jeunes.

    Nous n’avons abandonné à la droite aucun terrain, car il n’y a pas des sujets de gauche et des sujets de droite mais des problèmes que vivent les Français, notamment la baisse du pouvoir d’achat en cette rentrée. Par contre, il y a des manières de gauche et des manières de droite d’apporter des réponses à ces problèmes et aussi des dépassements et des convergences au-delà de l’affrontement bloc contre bloc.

    Nous avons rencontré tant de gens dans tout le pays qui ont soif de progrès.

    Tant de gens qui refusent l’assistanat mais veulent des solidarités vraies, efficaces, respectueuses de la dignité due à chacun.

    Et pourtant, nous avons perdu.

    Pourquoi ?

    Il y a, en effet, parmi d’autres raisons, deux chantiers essentiels que nous n’avons pas eu le temps de conduire à leur terme et pour lesquels il faut reprendre l’ouvrage :

    * actualiser complètement nos réponses, nos propositions pour qu’elles soient en prise directe sur la société et les attentes d’aujourd’hui. Il nous faut voir le monde tel qu’il est et moi-même je l’avoue, j’ai parfois improvisé à cause du temps qui était compté.Mais regarder les choses en face ne suffit pas : il nous faut aussi être inventifs, créatifs, ne pas déplorer ce qui n’est plus : repérer et comprendre les prémisses d’autres possibles, penser les menaces mais aussi les opportunités nouvelles du monde d’aujourd’hui, pour mieux protéger de ses risques et se saisir de ses chances.

    * le temps nous a aussi manqué collectivement pour nous organiser en un grand parti moderne, portes et fenêtres largement ouvertes sur la société, efficace, tirant dans le même sens, mobilisant au mieux les réserves d’intelligence collective et d’engagement de ses militants et de ses sympathisants dont j’ai pris la mesure pendant cette campagne. Un grand parti moderne qui prenne pleinement appui sur cette force de propositions dont les milliers de contributions ont montré la richesse, de l’entreprise à l’école en passant par l’excellence écologique, le logement, les retraites et tous ces grands chantiers que nous allons prendre à bras le corps en partant d’une analyse sans œillères des choses telles qu’elles sont et des attentes fondamentales que partagent les Français quels qu’aient été leurs votes.

    La bonne nouvelle = ce temps qui nous a manqué, nous allons le prendre.

    Je vous en fais la promesse.

    Et nous achèverons le travail.

    Collectivement. Fraternellement. Obstinément. Et surtout, tous ensemble.

    Mais ce que nous avons été nombreux, dans les étapes, à voir c’est qu’il faut se méfier des faux débats qui déconcertent nos électeurs. Je prendrai deux exemples. Le marché et la place de l’individu dans notre société.

    Est-on pour ou contre le marché ? Question singulière pour un parti qui ne professe plus depuis bien longtemps l’étatisation des moyens de production.

    Le marché nous est aussi naturel que l’air que l’on respire ou que l’eau que l’on boit. Il s’agit là d’un jeu d’enfoncement de portes ouvertes. Mais l’eau peut être polluée et l’air vicié et c’est là que le débat politique trouve sa pertinence.

    Nous inscrivons bien évidement notre action dans le cadre des économies de marché et s’il faut l’écrire, écrivons-le une fois pour toutes. Mais nous ne faisons pas confiance au marché pour assurer la justice sociale et la cohésion démocratique des sociétés, et s’il faut le dire disons-le. Le marché se dirige spontanément vers là où il y a du pouvoir d’achat. Il n’est pas, contrairement à une gentille comptine des théoriciens libéraux, lucides sur les nouvelles demandes sociales, les souffrances, les carences. Il s’y engouffrera quand l’action politique et les évolutions de la société auront créé le mouvement et le mouvement, le besoin. Par exemple, l’industrie pharmaceutique et l’industrie du tourisme ont connu hier un boom grâce aux lois sur les congés payés et la sécurité sociale. Cette même logique se vérifiera demain avec la sécurité environnementale. Le marché doit avoir sa place, toute sa place, rien que sa place. Les socialistes allemands ont une devise, le marché chaque fois que cela est possible, l’Etat chaque fois que cela est nécessaire. Nous, socialistes français, nous pouvons y ajouter la juste place des services publics.

    Je suis convaincue qu’un Etat et des collectivités locales en symbiose avec la société sont la canne d’aveugle du marché. Ce qui veut dire des pouvoirs publics performants et une société agissante, participative, et par-dessus le marché une économie dynamique.

    Seconde leçon et autre faux débat,l’individualisme.

    Nous, socialistes, ne serions pas au clair quant à la place de l’individu. Je suis assez sidérée que nous ayons peur de l’affirmation de l’individu qui est dans nos textes juridiques fondateurs celle de la personne humaine. Depuis l’Habeas corpus, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la convention européenne des droits de l’homme, la liberté de conscience et d’expression de chaque être humain, et je n’oublie pas les droits de la femme et de l’enfant, tout le progrès de la civilisation fut d’attribuer des droits nouveaux à chaque humain : le droit à un travail, à une famille à un logement, au savoir, à la santé. Le rôle éminent de l’individu a commencé là et soyons en fiers d’y avoir contribué.

    Notre objectif est donc de favoriser le plein épanouissement de chacun et nous sommes de gauche précisément en ce que nous affirmons que chacun recèle des talents propres et que chaque être humain est singulier dans l’humanité plurielle.

    La confusion réside ailleurs. Cette charge contre l’individualisme révèle notre difficulté à élaborer des formes nouvelles et adaptées de délibération collective.

    Nos concitoyens sont informés et ils demandent encore plus d’information, ils cherchent les lieux de confrontation, comment prétendre le contraire après ce que nous avons vécu durant la campagne présidentielle ?

    La Parti Socialiste du 21ème siècle doit être à la fois un lieu de connaissance, un lieu de délibération, d’élaboration, enfin un outil de combat collectif. Il ne peut l’être que s’il vit en osmose avec les citoyens dont il est une des représentations.

    Ses réunions doivent être ouvertes, les mouvements de société doivent lui être associés, les forums doivent nourrir ses propositions en amont, l’usage d’Internet doivent lui permettre d’être en contact quotidien avec ses millions d’électeurs.

    Nos congrès doivent obéir à cette nouvelle logique. Plutôt que d’être le camp clos d’affrontements parfois obscurs, les positions des uns et des autres doivent avoir été validées par des débats qui leur donneront leur légitimité. Il faut que notre fonctionnement favorise les vrais débats et pas la prolifération des motions qui donnent souvent lieu à des règlements de compte inutilement brutaux suivis de synthèse parfaitement illisibles. Les Français se détournent de cette manière de faire de la politique. Ils sont au-delà et pas en deçà, Ne nous y trompons pas ce malentendu sera fatal au Ps s’il n’est pas levé, et vite.

    Enfin, si nous sommes ensemble, c’est pour ne pas se désunir à la première contrariété d’ambitions. Notre nouveau fonctionnement devra être clair là dessus aussi.

    Ceci signifie que la vie interne doit tenir compte des échéances institutionnelles. Le programme ne doit pas être un programme de tactique interne mais un programme pour convaincre et gagner et pour faire progresser notre pays en réhabilitant justice et efficacité.

    Le Parti socialiste est un grand parti, mais c’est aussi aujourd’hui un parti qui doute. C’est fructueux, le doute, c’est se poser des questions sur ce que l’on est, sur ce que l’on pense. C’est un mouvement nécessaire, je dirai même salutaire : car j’y vois la marque de ceux qui savent se mettre en question pour avancer.

    On nous dit que la gauche dans son ensemble est aujourd’hui affaiblie par une accusation à laquelle elle n’a pas répondu avec suffisamment de force.

    La gauche est suspectée de faire du collectif la mesure de toute chose. Accusée de faire des situations individuelles le seul résultat d’inerties sociales, de reproductions.

    Suspectée de déresponsabiliser nos concitoyens, aussi, et de ne parler que de droits, quand il faudrait parler de devoirs et de contreparties.

    Accusée d’oublier la flamme qui anime tous ceux qui, chaque matin, se rendent à leur travail pour nourrir leur famille et se bâtir une vie digne.

    Nous ne devons pas seulement répondre à cette suspicion, mais reprendre l’offensive parce que c’est seule une bonne articulation de l’individuel et du collectif qui permettra d’affronter les mutations du monde et les légitimes aspirations à la réussite individuelle.

    Etre socialiste, c’est penser en effet que le collectif vient en soutien de chaque foyer, de chaque personne insuffisamment armée pour affronter les difficultés de la vie.

    Etre socialiste, ce n’est donc pas nier le potentiel de l’individu mais comprendre que l’individu isolé est faible, que sa volonté, aussi forte soit-elle est parfois insuffisante.

    Etre socialiste, c’est faire en sorte que chacun bénéficie de garanties collectives pour retremper ses ambitions et se créer de nouvelles opportunités.

    Etre socialiste, finalement, c’est penser la complémentarité profonde qui existe entre l’individu et la société et refuser l’opposition caricaturale que certains en font.

    Une sécurité sociale efficace, des services collectifs dans tous les territoires, une école et une formation dignes de ce nom, un accompagnement personnalisé vers l’emploi, c’est cela qui, pour nous à gauche, permet aux individus d’affirmer leurs choix et leur liberté, de s’affranchir d’un destin tracé d’avance.

    Aujourd’hui, c’est l’idéal socialiste qui est au service du progrès de chaque personne, de toutes les femmes et de tous les hommes de ce pays. Et c’est la droite, qui tout en mettant en avant la responsabilité et la liberté de chacun, dissimule son engagement au côté des réseaux, des rentiers, des gens de pouvoir et d’influence.

    La complémentarité entre le collectif et l’individuel me permet de dire avec force qu’il n’y a pas de droits sans devoirs. Parce que chacun d’entre nous est comptable des moyens collectifs mis à sa disposition. Cet équilibre, la gauche a donné le sentiment qu’elle l’oubliait. Cela ne doit plus jamais arriver.

    Je pense également que la notion de responsabilité est fondamentale. Et nous autres, socialistes, ne devons pas avoir peur de le dire car cette éthique de la responsabilité est ancrée au plus profond de notre patrimoine, chez Jean Jaurès comme chez Léon Blum.

    La responsabilité de chacun vient du fait que nous vivons dans une communauté de citoyens. Lorsque je suis soigné, d’autres contribuent aux soins que je reçois. Alors il est normal que je rende des comptes, il est normal que je ne dise pas simplement « c’est mon droit ».

    C’est cette conviction aussi qui nous conduit à souhaiter un Etat performant, capable de faire une juste utilisation des deniers publics. L’Etat ne peut pas se permettre de dilapider l’argent des impôts de manière inconsidérée ; l’Etat a le devoir à chaque instant d’évaluer son action.

    Vous l’avez compris, équilibre des droits et des devoirs, éthique de la responsabilité, efficacité de l’action publique, autant de valeurs que la gauche et le Parti socialiste doivent à nouveau faire entendre, approfondir, et accompagner de propositions innovantes. Cette liste n’est pas exhaustive, car il y aurait plein d’autres sujets à évoquer à l’échelle nationale comme internationale. A commencer bien sûr par celle, majeure à mes yeux, de l’excellence écologique, que j’aborderai dans quelques jours, notamment à l’Université d’été de La Rochelle.

    Et que dire aujourd’hui de la politique conduite dans le pays sans caricaturer le pouvoir. Je crois que la nouvelle politique à gauche doit reconnaître qu’il y a dans ce nouveau pouvoir une sincère volonté de réforme, un mouvement même frénétique, une réactivité du chef de l’Etat et qu’aujourd’hui la majorité de nos concitoyens le reconnaissent.

    Mais annoncer la réforme, ce n’est pas l’accomplir et c’est ce que là que la critique est légitime et que pour aider à faire avancer la France, nous devons dire ce qui ne va pas et proposer les réformes de bon sens, dans le parti, à l’Assemblée nationale et au Sénat.

    Et paradoxalement, face à ce mouvement perpétuel, ce qui menace la France aujourd’hui, en plus des injustices fiscales, du nouvel impôt en préparation, c’est l’immobilisme. De vieilles méthodes ressurgissent : empilement de lois, mis en place de commissions tous azimuts. La dernière en date, la commission Attali sur les freins à la croissance, fait suite à une commission Camdessus sur le même sujet de 2004 qui proposait au ministre des finances de l’époque Nicolas Sarkozy, 110 propositions pour lever les freins à la croissance.

    Ce n’est pas une bonne gouvernance. Notre pays prend du retard.

    Prenons trois exemples : sur la justice on aggrave les peines sur les récidives. On froisse au passage quelques principes mais surtout on ne donne pas plus de moyens au juge pour suivre l’application des peines et surtout on n’a pas les moyens d’augmenter la place et les conditions de dignité humaine dans les prisons. Le nombre de personnels soignants est notoirement insuffisant en prison.

    Nous en sommes au moins à six lois, peu ou pas évaluées. Et toutes vouées à l’échec par défaut de moyens.

    Il est temps de rompre avec ce cycle infernal de lois sans moyens qui ne protègent pas les victimes et qui à la fin décrédibilise et ignore tous les rapports déjà rendus sur ce sujet dont le dernier en acte, celui de la commission Robert, recommande des moyens humains nouveaux et surtout pas de lois nouvelles.

    Autre exemple, un premier pas a été fait sur l’autonomie des universités qui est une bonne chose en soi. Seulement cette autonomie ne peut marcher qu’à deux conditions. Première condition c’est que les décisions des présidents d’universités ne soient pas discrétionnaires.

    Mais surtout, l’autonomie ne conduit à l’excellence que si elle en a des moyens. La loi est muette sur ce point. Le problème des 40% d’échec en premier cycle n’a pas été pris à bras le corps. On est au milieu du gué.

    Autre exemple encore, au lieu de polémiquer sur la question du service minimum, il faudrait s’occuper des retards dans les transports qui constituent les principales nuisances pour le quotidien des usagers et des familles.

    Au lieu de faire, allons, disons-le, une loi sans effet pour faire plaisir à son électorat, on aurait pu utilement s’inspirer de la RATP où les syndicats et la direction ont trouvé une forme tout à fait moderne et adapté d’anticipation des conflits.

    Se trouve posée la question de la morale de l’action politique : ne plus faire croire par des annonces ou des lois que les problèmes sont réglés, car l’exaspération populaire pourrait venir plus vite que prévu.

    La croissance ne sera pas au rendez-vous sans les réformes indispensables qui permettraient de muscler notre appareil productif. Sans ces réformes, les facilités fiscales d’aujourd’hui seront lourdement compensées demain. Et les plus fragiles d’aujourd’hui seront plus exposés demain et les familles à revenu moyen seront ceux qui paieront la facture de la croissance non retrouvée.

    Nos inquiétudes sur la mauvaise utilisation des fonds publics sont attisées par la crise boursière et les mauvaises performances de croissance du mois dernier. D’ailleurs le gouvernement est en train d’étudier la création d’un nouvel impôt, qui n’était pas au programme la TVA sociale. Finalement ce paquet fiscal, qui est déjà incompris de nos partenaires européens, le sera encore moins demain des Français. Je demande, et c’est bien le minimum, que le gouvernement procède à une évaluation loyale et transparente devant les Français, du double impact de la crise financière et du paquet fiscal.

    Quel est le bilan aujourd’hui de la politique conduite ? On donne beaucoup à ceux qui ont beaucoup, un peu à ceux qui ont un peu et rien à ceux qui n’ont rien. Surtout, c'est une politique qui, pour l’instant, ne prépare pas la France et les Français à relever le défi de la croissance et de la mondialisation.

    - Quelle est la réalité de notre situation économique? Nous sommes lourdement endettés: plus de 20 000€ par Français. Et en même temps nous devrions investir dans l'avenir, justement pour générer la croissance qui nous permettra entre autre de rétablir l'équilibre de nos comptes.

    La France doit investir en priorité dans l'enseignement supérieur et la recherche. En dépit de nombreux atouts (un excellent système de formation primaire et secondaire, une sécurité sociale que le monde nous envie), la France est en effet mal préparée pour affronter les défis de l'économie de la connaissance et de la mondialisation. Un chiffre seulement résume tout: nous investissons chaque année moins de 1% du PIB dans l'enseignement supérieur, alors que les pays d'Europe du Nord et les Etats-Unis investissent près de trois points de PIB, soit trois fois plus!

    Ensuite, la France doit investir dans les réformes structurelles : ouvrir les professions fermées, libéraliser le secteur de la distribution, établir un véritable « Small business act » pour les PME, mettre en place une véritable flexsécurité à la française avec un service de l'emploi efficace disposant des moyens nécessaires en matière de formation professionnelle: ces réformes sont coûteuses dans le court terme, on le sait, et pourtant indispensables pour générer une croissance forte et durable.

    - Dans ces conditions, les responsables politiques doivent fixer des priorités, et expliquer aux Français qu'il n'est pas possible de tout faire en même temps. En tant que femme politique responsable, je veux dire qu'il n'est pas raisonnable de promettre aujourd'hui des baisses massives de prélèvements obligatoires. Tant qu’on n’a pas dit comment on allait régler le problème de la dette et surtout quand on sait que le gouvernement met à l’étude un nouvel impôt, la TVA sociale.

    Surtout, on le sait, il faut affecter l'intégralité des ressources à ce qui relance la croissance en dynamisant tous les secteurs de l'économie. Croissance par l'investissement dans l'enseignement supérieur, la formation professionnelle, la recherche et l'innovation. Pour préparer les salariés et les nouvelles générations à relever les défis de la mondialisation, je veux que les salariés français soient les mieux formés et les plus productifs du monde. Et pour cela il faut tenir au pays un discours de vérité.

    La croissance, comme le disent tous les économistes, les experts et les chefs d’entreprises, cela nécessite le pilotage sérieux de réformes sérieuses. Il faut préparer un véritable agenda des reformes, avec un calendrier précis des dépenses sur les différents secteurs. Il faut être très clair sur ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas financer à chaque étape. C'est cela qui redonnera à la France sa crédibilité économique auprès de ses partenaires européens, crédibilité qui nous fait cruellement défaut. C’est cela aussi respecter les Français.

    - Or, le pouvoir actuel n’a t-il pas fait tout le contraire d'une politique sérieuse ? Il a distribué sans compter des cadeaux fiscaux pour des montants considérables: au total plus de 15 milliards d'euros en année pleine pour le paquet fiscal, soit l'équivalent d'une hausse de deux points de TVA sans avouer qu'en l'absence de croissance forte ces décisions vont conduire inexorablement à des dépenses injustes : de nouvelles franchises médicales, le projet de création d’une TVA dite sociale, un alourdissement de la dette, et l'impossibilité de financer des réformes de croissance véritables, celles que plusieurs de nos voisins européens ont entreprises. Un système dangereux est à l’œuvre pour notre économie. Surtout, les nouvelles dépenses de 15 milliards ne sont pas des investissements d’avenir. Croit-on vraiment préparer les Français à relever les défis de la mondialisation en dépensant des sommes importantes uniquement sur les heures supplémentaires ?

    En revanche, et comme nous l’avions proposé, le renforcement du crédit d’impôt recherche annoncé hier va dans la bonne direction.

    La politique étrangère soulève aujourd’hui beaucoup de questions.

    La France se distinguait par une certaine cohérence de sa diplomatie. Quel spectacle donne-t-elle depuis deux mois ? En Afrique celle d’un président qui donne au Sénégal des leçons de gouvernance à l’Afrique et qui ose tenir des propos humiliants « l’homme africain qui aurait manqué son rendez-vous avec l’histoire » et qui, le lendemain, s’affiche au Gabon avec un chef d’Etat, archétype d’une vieille histoire. Où est la cohérence, où est le message, où est la dignité ?

    Les Etats-Unis. Voilà un pays qui est touché par une crise d’identité, qui se cherche un rôle dans l’après guerre froide. L’Amérique est impliquée dans une remise en cause profonde de sa politique étrangère et nul ne peut ignorer le remarquable rapport James Baker, qui prône une nouvelle approche basée sur le dialogue plutôt que sur le rapport de force militaire. Le doute traverse le parti républicain lui-même et le peuple américain a validé cette nouvelle approche lors des élections au congrès et la présidence de Nancy Pelosi dont chacun se souvient des positions fermes et courageuses. A contre-courant de ce formidable mouvement, pourquoi le président de la République française s’est-il cru obligé de rencontrer le seul Georges bush et ensuite de dépêcher son ministre des affaires Etrangères dans une visite en Irak, si peu préparée, qu’elle n’a été saluée que par George Bush et que la proposition de conférence a été sèchement refusée par le gouvernement irakien. Où est la cohérence, où est le message, où est la dignité ?

    Au même moment, nous constatons que Gordon Brown se démarque habilement et sans esbroufe de la politique néo-conservatrice de l’administration Bush.

    Le monde attend autre chose de la France et je suis sûre que tôt ou tard les Français demanderont autre chose à leurs gouvernants. Cela m’amène naturellement à parler du renouveau de la gauche et de notre idéal socialiste.

    Nous avons un travail politique passionnant à accomplir, parce que nous croyons à notre mission et que nous devons comprendre la France et le monde.

    Le parti socialiste est à la fois un lieu de connaissance, de délibération, un laboratoire d’idées, enfin un outil de combats collectifs. Il le sera complètement s’il vit en osmose avec les citoyens dont il procède. Ses réunions doivent être ouvertes, les mouvements de société doivent être associés aux solutions qu’il élabore, les débats doivent nourrir ses propositions en amont, l’usage d’internet doivent lui permettre d’être au contact quotidien avec des millions de citoyens, pour faire partager son travail et ses valeurs. La participation massive de jeunes citoyens à l’élection présidentielle ou d’électeurs qui s’en étaient détournés constitue une injonction à changer à laquelle nous ne pouvons plus dorénavant nous dérober. C’est par centaines de milliers que ces électeurs qui ont partagé notre espérance doivent nous rejoindre car nous avons besoin d’eux pour accomplir la transformation nécessaire.

    A ceux qui y verraient une utopie, je rappellerai que des centaines de milliers d’adhérents, c’est le droit commun des grands partis socialistes et socio-démocrates en Europe. Un parti rénové devra le permettre. C’est le défi de la rénovation. Au-delà de toutes les qualités du parti socialiste où nous nous sentons bien, de ses militants et de ses cadres, de ses dirigeants, dont je veux ici une nouvelle fois souligner avec force, l’incroyable, l’exceptionnelle, la fabuleuse mobilisation pendant la campagne.

    Au-delà de toutes ces qualités, qu’est-ce qui ne peut plus durer au parti socialiste ?

    * les champs clos d’affrontements obscurs

    * des règlements de compte inutilement brutaux

    * une violence verbale incompatible avec l’idéal socialiste

    * parfois de la désinvolture alors que le vote des militants devrait être respecté par tous

    * des luttes de place et de courants qui étouffent le débat d’idées et qui assèchent les sections.

    On pourrait continuer longtemps la liste de ce dont nous sommes collectivement responsables. Constatons le gâchis de talent qui n’est plus possible face à une alternance. Le renouveau du parti socialiste doit aussi conjuguer efficacité politique, éthique du débat et des comportements.

    Je n’hésite pas à le dire : il faut un parti réuni, amical et discipliné. Les phrases désobligeantes, outre leur vulgarité, font un mal terrible à l’œuvre collective. Changer de méthode, c’est ce qui fera aussi la crédibilité des propositions des socialistes car les Français sauront sur quoi ils peuvent compter.

    De la qualité de notre rénovation dépendra celle de notre inscription dans la vie politique nationale.

    Je vous appelle tous et toutes à vous emparer de ces débats qui s’ouvrent. J’appelle le plus grand nombre de citoyens à nous rejoindre et à tous les adhérents de Désirs d’Avenir à venir au PS. Je souhaite que tous les mouvements et sensibilités de progrès y soient associés le plus tôt possible. Les socialistes ne doivent pas rester entre eux. Nous avons vocation par la dynamique des débats au service des problèmes des gens que nous impulseront à favoriser les convergences de toute la gauche, des communistes, des radicaux, des écologistes et, s’il le souhaite, avec le Modem. Notre stratégie de projets municipaux doit être cohérente et éclairée par nos débats d’idées nationaux. Sinon, nos alliances seront indéchiffrables et il y aurait un risque évident de dispersion du parti.

    Il y a une urgence de réforme. Oui, à droite, il y a non seulement des injustices qui se creusent, il y a un risque d’immobilisme. Nicolas Sarkozy et son gouvernement, au-delà des annonces et des lois sans moyens, doivent maintenant prendre leurs responsabilités et réformer en profondeur pour faire revenir la croissance. Le rôle de la gauche c’est de pousser à agir et dans le bon sens sans tarder. D’où l’urgence de définir une stratégie, de mettre en oeuvre de nouvelles formes d’organisation et d‘action et d’imposer nos idées et nos propositions dans le débat public. Elles s’imposeront par leur excellence d’autant plus naturellement qu’auront été mobilisées les plus grandes compétences et qu’elles auront été validées par le plus grand nombre.

    Nous avons tous été témoins de l’immense désir d’avancer des Français. Ce pays est prêt pour les réformes mais sans celles-ci, il régressera très rapidement à l’échelle planétaire car d’autres pays et d’autres continents vont de l’avant et nous dépassent. La mission historique de la gauche et des socialistes, c’est de moderniser la France à la lumière de la justice et du progrès et d’être la voix de ceux qui n’ont pas de voix.

    C’est pour cela qu’il faut être debout, être le lieu où convergent, avec bonheur et fraternité, toutes les intelligences collectives et continuer à se battre ensemble.

    Intervention de Ségolène Royal sur France 2

    http://videos.desirsdavenir.org/index.php?groupe=4&video=571

    Intervention de Ségolène Royal sur France 3

    http://videos.desirsdavenir.org/index.php?groupe=4&video=570


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  • Rupture il y aurait ! Promettait Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle.

    En mai 2006, le candidat avait donné à Cotonou quelques gages prometteurs, en s’engageant à promouvoir « la bonne gouvernance», ou encore « la démocratie [qui], ne se résume pas à des élections, à « bâtir un état de droit, où l’administration est neutre, les circuits financiers transparents, où la presse est à la fois responsable et indépendante, où l’autorité judiciaire est libre de travailler sans influence extérieure ». On ne pouvait alors que se réjouir de l’engagement du candidat à refuser « de transiger sur ses valeurs. Ces valeurs de démocratie, de respect des droits de l’homme, de bonne gouvernance (…), ces principes [qui] ne s’arrêtent pas aux portes du continent ! »

    On attendait avec une impatience non dissimulée la fermeture de l’anachronique ère chiraquienne. Nicolas Sarkozy les a déjà déçus. En dehors des avancées sur l’affaire Borrel, qu’il faut saluer, la présidence Sarkozy s’est pour l’essentiel inscrite dans la « droite ligne » de la présidence Chirac, parvenant même à régresser encore sur plusieurs aspects. D’abord, les 0,7% d’aide au développement promis par la majorité UMP sortante attendront 2015, a-t-on appris. Autant dire les calendes grecques. Pendant ce temps là, l’effort français de solidarité baisse ! Et puisqu’il faut bien faire diversion, le Président Sarkozy prolonge la méthode adoptée par son prédécesseur, en privilégiant les annulations de dette à d’autres formes d’aide au développement. Par générosité ? Pas si sûr. Cette technique permet surtout à la France de déclarer à l’OCDE des chiffres d’aide au développement supérieurs à leur coût budgétaire, par des jeux d’écriture comptables contestables. C’est la politique du « Annuler plus pour afficher plus ». Evidemment, on se réjouirait de la poursuite des annulations de dette si celles-ci étaient additionnelles à une hausse de l’aide. Mais dans la mesure où celle-ci régresse, c’est bien d’un écran de fumée qu’il s’agit là. Le Gabon, pays phare de la diplomatie sarkozienne, devrait être le premier à bénéficier des largesses de l’Elysée, à des conditions qui rendront jaloux bien des pays en développement.

    Bref, les réseaux chiraquiens se portent bien. Omar Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Idriss Déby Itno restent les interlocuteurs privilégiés de l’Elysée, au grand dam de ceux qui auraient aimé voir la France intensifier ses relations avec des Etats incarnant mieux lesdites valeurs de « transparence, de démocratie et de bonne gouvernance… » Nicolas Sarkozy avait pourtant donné un bref signal de modernisation en accordant à Ellen Johnson Sirleaf l’honneur d’être le premier chef d’Etat africain reçu à l’Elysée ! Le rappel à l’ordre des habitués de la Françafrique fut rapide, et fidèlement exécuté… Instamment prié de modifier sa tournée africaine pour s’arrêter au Gabon, notre Président se plia aux injonctions du doyen des chefs d’Etats. Il nous promettait des surprises, on ne peut pas dire qu’en s’arrêtant au Sénégal et au Gabon il nous ait retournés d’étonnement.

    Puis vint le discours de Dakar, qui a tant heurté en Afrique. C’est d’abord cette insistance lourde sur la nature et la souffrance de l’homme noir. Invoqué six fois. Puis ces généralités, d’abord gênantes, choquantes ensuite, sur l’homme africain. Citons Sarkozy « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. (…) Le paysan africain, qui depuis des millénaires, (…) ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. » L’homme africain pas entré dans l’histoire ? Dire cela dans les murs de l’université Cheikh Anta Diop ne manque pas de sel. Surtout dans une déclaration qui fleure bon le XIXème siècle, semblant paraphraser Hugo, Hegel, voire Jules Ferry, pour leurs écrits les moins mémorables. Dans le même ordre de généralités avilissantes, on apprend aussi que « l’homme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier avec la nature a beaucoup à apprendre de l’homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires». Faut-il aussi en conclure que l’homme africain n’est pas moderne ? C’est bien ce que laisse entendre le discours de Dakar. Puis, c’est le summum, avec ces mots qui gravent dans le marbre l’infantilisme ou l’irrationalité supposés de l’homme africain : «L’Afrique a réveillé (…) ce besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner ». Pauvre Afrique, terre des sentiments, à défaut de raison.

    Enfin, car cela aurait manqué, il fallait un couplet sur le colonisateur, dont le président Sarkozy nous dit que certes « il a pris » mais « qu’il a aussi donné. » Ainsi, « il y avait parmi [les colonisateurs] des hommes mauvais mais il y avait aussi des hommes de bonne volonté(…). Ils se trompaient mais certains étaient sincères. » Plus loin : « La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, au-delà des crimes et des fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’histoire. » Pauvres hommes noirs vivant avant la colonisation et l’esclavage, ignorants et refermés sur eux-mêmes…

    Le plus grave, c’est que le Président Sarkozy, s’égarant dans des considérations dégradantes, esquive les sujets prioritaires. Que pense-t-il des Accords de partenariat économique, qui redéfiniront les modalités de la coopération européenne avec les pays ACP ? La situation est grave : leur négociation à marche forcée provoque déjà la colère et l’incompréhension d’une majorité de pays africains, soutenus par nombre d’organisations de la société civile du Nord comme du Sud. Un effort budgétaire sera-t-il fait pour permettre à l’aide au développement française de ne pas chuter, dans un contexte de finances publiques dégradées par le coût inconsidéré du paquet fiscal ? Que compte faire le Président de la République des bases militaires françaises en Afrique, ou encore des accords de défense et de coopération militaire ? Il est pour le moins surprenant que, traversant deux pays dans lesquels la France possède des bases, cette question n’est même été évoquée. Attend-il la prochaine crise pour se poser cette question, que l’on ne peut pourtant traiter sérieusement que par temps calme ? Faut-il vraiment axer notre politique de coopération sur la gestion des migrations, en généralisant à grande échelle des programmes qui n’ont donné jusqu’ici que de très modestes résultats ? Est-il raisonnable d’envisager d’élever encore la prime de retour, qui s’élève déjà à sept mille euros par migrant candidat, pour parvenir à se débarrasser absolument d’Africains jugés encombrants ?

    En matière de politique africaine, Nicolas Sarkozy a déjà commis un grave un faux départ. Deux, et c’est l’élimination dans la course à l’influence. Les diplomaties américaine, chinoise, britannique ou indienne n’ont jamais connu de tels dérapages. Les échéances sont désormais rapprochées. Le vote du budget en dira long sur la sincérité des fragments humanistes qui subsistent dans les discours présidentiels. La négociation des Accords de partenariat économiques aussi. Les pays en développement ont besoin d’un délai, d’équilibre et de concessions. L’idée d’une ouverture commerciale asymétrique doit être défendue, alors que les quelques acquis (accords « Tous sauf les armes », AGOA américain) sont menacés par l’érosion des préférences accordées aux pays ACP. On en attend aussi davantage sur l’accompagnement des processus électoraux : la France devra faire preuve de modestie et de doigté au Togo et en Côte d’Ivoire, pays où la diplomatie chiraquienne s’est déconsidérée, mettant en danger les ressortissants français dans ces pays. Enfin, on souhaiterait que la politique française en Afrique soit plus transparente, débattue à l’Assemblée nationale, offerte aux citoyens… Est-il normal que nombre de clauses des accords de défense et de coopération militaire soient encore inaccessibles mêmes aux membres des commissions des affaires étrangères et de la défense des assemblées? Les socialistes sont prêts à participer à leur examen et plus généralement à la normalisation de la politique africaine de la France. L’Afrique ne peut plus être le seul jouet du Président et de sa cellule rapprochée. On en a déjà mesuré les conséquences avec le discours de Dakar et cette situation devient de plus en plus difficile à tolérer.

     

    par Thomas Mélonio

    Délégué national du parti socialiste pour l’Afrique


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  • Lapsus de Sarkozy : "ce que je propose, c'est pire"

    Lapsus prémonitoire ?

    Lapsus de Le Pen au 20h, 19 avril 2007


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  • DDA A la une
    Maxppp/JDD
    [21/08/07]

    "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue".


    Entretien de Ségolène Royal avec le Journal du Dimanche
    Délivrée de toute amertume, l'ex-candidate à l'élection présidentielle va se battre pour rénover le Parti socialiste. Pour le JDD, Ségolène Royal évoque sa famille, ses vacances, fait son autocritique sur la présidentielle et parle de ses projets pour le PS. "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue", dit-elle. Confidences...

    C'est une Ségolène Royal "requinquée", "ressourcée", "apaisée" qui fera sa rentrée politique samedi prochain à Melle dans les Deux-Sèvres, endroit "tranquille et symbolique" où elle se sent protégée. Comme chez elle. L'ex-candidate du PS à l'élection présidentielle a volontairement peu donné de ses nouvelles pendant l'été. Elle a profité de cette coupure indispensable pour se remettre physiquement et psychologiquement de la dureté de la campagne, de l'épreuve du résultat du second tour, et de ce qu'elle qualifie pudiquement de "reconstructions personnelles".

    Expression qu'elle utilise pour évoquer, sans la nommer, sa séparation, intervenue avant l'été, d'avec François Hollande, le père de ses quatre enfants, avec lesquels elle a tenu à passer toutes ses vacances. Comme soudée à ses petits devenus grands (la dernière, Flora, est largement adolescente), elle coule, en ce moment, ses derniers jours de vacances dans la maison familiale de Mougins où elle prend plaisir à cuisiner, recevoir des amis à déjeuner et profiter sans retenue de ces heures d'intimité.

    Des "reconstructions" qui, confie-t-elle, lors des rares occasions où elle accepte d'abandonner le masque du sourire et de la maîtrise de soi, lui ont permis, à elle comme à ses enfants, de crever un abcès formé depuis de trop longs mois et de repartir sur des bases claires. "Nous avons beaucoup parlé entre nous. L'équilibre familial s'est réorganisé autrement, et s'est peut-être même renforcé." La trêve estivale l'a "définitivement délivrée de l'amertume". Elle admet avoir souvent pensé à cette phrase de Nietzsche: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts."

    "Le temps n'est plus aux règlements de compte"

    Beaucoup plus prolixe en revanche sur sa vie publique, la présidente de la région Poitou-Charentes a choisi avec soin la date du 25 août pour sa première intervention publique, qui se fera à l'issue d'un pique-nique informel, une semaine exactement avant les universités d'été de La Rochelle. Elle sait qu'elle y est très attendue. En décidant de parler avant le traditionnel rendez-vous de La Rochelle devenu l'an dernier, par sa seule présence, un véritable "barnum", elle sait que l'attention ne se focalisera pas, cette fois, sur sa seule personne. La présidente de région interviendra à ces universités, en tant que puissance invitante, dès l'ouverture des travaux, le vendredi 31 août, entourée des cinq nouveaux députés socialistes de Poitou-Charentes. Elle a prévenu ses proches qu'ensuite elle se ferait discrète.

    Des proches qu'elle n'a cessé de consulter, le plus souvent au téléphone, tout au long de l'été. Jean-Louis Bianco, Julien Dray, Sophie Bouchet-Petersen, François Rebsamen bien sûr, mais aussi Gaëtan Gorce ou Aurélie Filippetti. Débarrassée, délivrée même de la campagne présidentielle, un carcan qu'elle avoue ne pas avoir toujours bien « maîtrisé », faute de recul et d'expérience, Ségolène Royal a l'intention, désormais, de maîtriser son calendrier. "Entre la campagne interne du PS et la vraie campagne, j'ai été sur la brèche pendant presque un an, comme à marche forcée. J'ai dû gérer, parfois à la hâte, les déséquilibres. Il y a eu des dysfonctionnements et des erreurs sur lesquels j'ai pu réfléchir. C'était une expérience à la fois merveilleuse, exaltante, et épuisante. Aujourd'hui, j'ai le temps, je choisis, je contrôle."

    Si elle se rendra à l'étranger où elle est beaucoup demandée, ses voyages seront comptés: à ce jour, un déplacement est prévu, le 9 septembre, en Italie, à l'occasion de la fête du quotidien de gauche, L'Unità ; un autre suivra au Québec au milieu du mois ; peut-être un troisième encore aux Etats-Unis, en octobre. Totalement prête à "réinvestir" pleinement le champ politique, Ségolène Royal n'est, pour autant, pas pressée. Persuadée que rien ne peut se faire ni sans elle ni contre elle, elle compte jouer un rôle "important" dans le processus de rénovation du PS qu'elle imagine "forcément long". Elle acceptera, prévient-elle, toutes les responsabilités qui lui seront confiées par ceux qu'elle nomme toujours ses "camarades". Son entourage est prévenu: "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Les comportements passés appartiennent au passé. Ressasser, c'est de l'énergie perdue."

    "Une ligne moderniste, éclairée et rassembleuse"

    L'ouvrage, à paraître cet automne aux éditions Grasset (dont le titre - encore provisoire - pourrait être Une étrange défaite), ne sera surtout pas un livre revanchard ou amer. Bien au contraire. Mais une réflexion qu'elle espère "honnête" sur les points forts et les points faibles de sa campagne. "J'ai attendu pour faire mon autocritique, mais je la fais. Pour mieux rebondir, pour redémarrer." Parce qu'elle a le sentiment d'avoir vécu une aventure exceptionnelle avec les Français, une aventure qui lui a apporté de la densité, de la maturité et le cadeau si précieux qu'a été "leur espoir et leur confiance", l'ex-candidate à l'élection présidentielle regarde le futur congrès du PS, dans un an, avec détachement.

    Se projette-t-elle comme future patronne du PS ? La question lui semble absurde. "Je ne suis pas du tout dans ces stratégies." Même chose pour les courants. Créera-t-elle le sien ? Elle n'en a aucune idée et, pour l'instant, aucune envie. "J'ai été candidate au nom de tous les socialistes. Pourquoi devrais-je m'enfermer dans un courant?", a-t-elle laissé échapper, récemment, devant un de ses interlocuteurs. Le mot courant lui semble presque obsolète. Tout juste pense-t-elle que les militants de Désirs d'avenir devraient "naturellement" adhérer au PS. Le site internet de l'association sera réactivé afin de garder un contact permanent avec les Français.

    D'ici au congrès socialiste - un horizon encore "lointain" pour elle -, elle compte, en tout cas, travailler dur. Entourée de sa petite équipe d'experts économiques et internationaux: Pierre Moscovici, le banquier Matthieu Pigasse, l'économiste Thomas Piketty, Bruno Rebelle pour les questions écologiques auxquelles elle s'intéresse tout particulièrement. Sur tous ces sujets, elle s'emploiera à proposer des idées neuves. En phase avec l'évolution de la société, des idées qui constitueront progressivement un corpus idéologique, une ligne politique "moderniste, éclairée et rassembleuse". Pas question que se reproduise le flottement idéologique qui a prévalu pendant la campagne sur des questions aussi importantes que les 35 heures, le temps de travail, la sécurité, ou le besoin de protection des citoyens.

    Convaincue que les nouveaux adhérents du PS gagnés en 2007 attendent autre chose que des vieux sujets mille fois ressassés, Ségolène Royal ne regrette pas le départ de ceux qui n'ont pas résisté aux sirènes de l'ouverture sarkozyste. "Au contraire, cela crée un appel d'air." Un appel d'air qu'elle a bien l'intention d'utiliser à son profit. Foi de Ségolène. "Lorsque j'étais à la Guadeloupe, tous ceux que je croisais m'appelaient 'la femme debout'. Comme au temps de la campagne. Rien ne m'a fait plus plaisir. Rien ne correspond plus à la réalité qui est la mienne aujourd'hui."

    Par Virginie LE GUAY

    http://www.lejdd.fr

    Le Journal du Dimanche

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