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Une rentrée politique réussie pour Ségolène Royal. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
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La Fête de la Rose de ce samedi 25 août qui a concidée avec la rentrée politique de Ségolène Royal a été un succès. Avec plus de trois milles personnes, lon a retrouvé la ferveur populaire de la campagne présidentielle. Cétait un rassemblement amical pour les socialistes, les sympathisants de la gauche, et bien sûr Désirs d'Avenir. Il y avait au programme, outre la partie politique, un grand pique-nique, un marché de produits locaux et des concerts. Des navettes en car ont été organisées au départ de la gare TGV de Poitiers toute la matinée et dans bien dautres villes de France.
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Après plusieures interventions des militants associatifs et des députés socialistes, parmi les quels : Jean Louis Bianco, Michelle Delaunay, Gilles Savary . Lon a pu constater que le discours de tous convergeait vers la rénovation. Cest en ce sens que Ségolène Royal a terminé par un discours denviron 1h30 avec comme postulat de départ une auto critique concernant sa défaite à la présidentielle et a prôner pour une gauche unie et rassemblée avec un programme tenant compte de léconomie de marché pour les échéances électorales à venir, et une opposition constructive. Elle ne tient dailleurs pas rigueur à ceux qui ont rejoint la majorité présidentielle, en disant que la porte leur était toujours ouverte. La gauche a en effet besoin de tout le monde pour sa rénovation et même les centristes. Elle a insisté sur le fait quelle nétait en compétition avec personne, mais que les socialistes pouvaient compter sur elle pour la rénovation du parti avec un socialisme du 21è siècle.
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Ségolène Royal a enfin terminé par limmense désir davancer des français, en signifiant que le pays était prêt pour les réformes qui à ses yeux sont indispensables pour éviter la régression à léchelle planétaire, et a insisté sur le fait que la mission historique de la gauche et des socialistes était de moderniser la France à la lumière de la justice et du progrès en étant la voix des sans voix.
bertrand Kissangou.
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Discours de Ségolène Royal à Melle "Une nouvelle étape dans la façon de penser et dagir"
Merci pour ces retrouvailles, pour votre confiance, votre fidélité, votre engagement intact.
Certains se demandent pourquoi je prends la parole aujourdhui à quelques jours de luniversité dété du parti socialiste. Jai lu certains commentaires : lorsque que les socialistes se taisent, ils nont rien à dire, lorsquils parlent, ils sont en compétition. Je vais vous faire une confidence : jai quelque chose à vous dire et je ne suis en compétition avec personne et ne recherche rien dautre que dassumer mes responsabilités dans le débat didées. De toute façon, cest un travail collectif de longue haleine qui commence. Et, même, ce que je vais vous dire aujourdhui est le fruit dun travail collectif, cest le début dun processus au long cours.Comme je my étais engagée et forte ce que jai compris durant cette campagne, je commence aujourdhui, comme viennent de le faire tous les amis qui se sont exprimés, à mettre ce que jai appris au service de tous les socialistes, simplement et sérieusement et, au-delà, de laction au service de la France. Je souhaite aussi faire monter les nouvelles générations, renouveler celles et ceux qui participent au débat.
Je ne vais pas vous faire un grand discours grandiloquent, un discours de campagne, mais vous présenter quelques idées fortes en complément de ce qui a été dit tout à lheure. Jai retrouvé ici une ambiance de travail propice à la réflexion.
Cette réflexion devra déboucher sur une rénovation profonde de nos méthodes et de certaines de nos idées dans la fidélité à nos valeurs.
Je me sens entièrement mobilisée et animée dune volonté très solide et du bonheur qui nous rassemble. Contrairement à ce que je lis ici ou là, je nai aucun esprit de rancune, de revanche, aucune amertume, y compris envers ceux dont la chaude affection littéraire mentoure dans cette rentrée. Je ne suis animée que par une énergie positive, plus renforcée par les épreuves et les bonheurs vécus au cours de cette année écoulée.
Le renouveau, ce sera aussi une nouvelle manière pour nous les socialistes de travailler ensemble entre nous et une nouvelle manière de dialoguer avec les autres forces politiques parce que les besoins sont urgents et que les solutions ne peuvent pas attendre, que les Français sont impatients. Nous sommes aujourdhui dans lopposition mais ce quattendent de nous des millions de gens cest que nous nous comportions comme si nous étions en responsabilité pour nous mettre, là où nous sommes, parti, parlement, syndicats, laboratoires, entreprises, associations, régions, départements communes, au service de la nécessaire transformation des structures économiques et sociales du pays en agissant pour que ces mutations indispensables et difficiles ne se fassent pas au profit de quelques-uns uns et aux dépends du plus grand nombre.
Nous devons avoir la même attitude intellectuelle que celle dun chercheur devant un problème nouveau : modestie mais obstination, esprit de curiosité et dinventivité, rassemblement des intelligences, invention de nouvelles façons de faire, de se parler et de réfléchir.
Quelques leçons de lélection présidentielle
Lélection présidentielle nous a fourni des leçons précieuses. Je ne serai pas exhaustive ici, bien sûr, ce serait trop long.
Tout dabord, quelle année riche dexpériences, de rencontres, despérances, avec ses joies et bien sûr ses peines, sa déception dans le résultat mais quelle année formatrice pour les prochaines batailles et nos prochaines victoires !
Quavons-nous fait ensemble ?
A la fin de ces campagnes présidentielle et législative, nous avons commencé à inventer le socialisme du 21ème siècle, nous avons fait vivre à une échelle inédite et avec intensité, cette démocratie qui rend aux Français la parole et, avec elle, le pouvoir de proposer et de peser.
Nous avons redonné à nos concitoyens le goût de la chose publique et du débat politique, et notamment aux jeunes.
Nous navons abandonné à la droite aucun terrain, car il ny a pas des sujets de gauche et des sujets de droite mais des problèmes que vivent les Français, notamment la baisse du pouvoir dachat en cette rentrée. Par contre, il y a des manières de gauche et des manières de droite dapporter des réponses à ces problèmes et aussi des dépassements et des convergences au-delà de laffrontement bloc contre bloc.
Nous avons rencontré tant de gens dans tout le pays qui ont soif de progrès.
Tant de gens qui refusent lassistanat mais veulent des solidarités vraies, efficaces, respectueuses de la dignité due à chacun.
Et pourtant, nous avons perdu.
Pourquoi ?
Il y a, en effet, parmi dautres raisons, deux chantiers essentiels que nous navons pas eu le temps de conduire à leur terme et pour lesquels il faut reprendre louvrage :
* actualiser complètement nos réponses, nos propositions pour quelles soient en prise directe sur la société et les attentes daujourdhui. Il nous faut voir le monde tel quil est et moi-même je lavoue, jai parfois improvisé à cause du temps qui était compté.Mais regarder les choses en face ne suffit pas : il nous faut aussi être inventifs, créatifs, ne pas déplorer ce qui nest plus : repérer et comprendre les prémisses dautres possibles, penser les menaces mais aussi les opportunités nouvelles du monde daujourdhui, pour mieux protéger de ses risques et se saisir de ses chances.
* le temps nous a aussi manqué collectivement pour nous organiser en un grand parti moderne, portes et fenêtres largement ouvertes sur la société, efficace, tirant dans le même sens, mobilisant au mieux les réserves dintelligence collective et dengagement de ses militants et de ses sympathisants dont jai pris la mesure pendant cette campagne. Un grand parti moderne qui prenne pleinement appui sur cette force de propositions dont les milliers de contributions ont montré la richesse, de lentreprise à lécole en passant par lexcellence écologique, le logement, les retraites et tous ces grands chantiers que nous allons prendre à bras le corps en partant dune analyse sans illères des choses telles quelles sont et des attentes fondamentales que partagent les Français quels quaient été leurs votes.
La bonne nouvelle = ce temps qui nous a manqué, nous allons le prendre.
Je vous en fais la promesse.
Et nous achèverons le travail.
Collectivement. Fraternellement. Obstinément. Et surtout, tous ensemble.
Mais ce que nous avons été nombreux, dans les étapes, à voir cest quil faut se méfier des faux débats qui déconcertent nos électeurs. Je prendrai deux exemples. Le marché et la place de lindividu dans notre société.
Est-on pour ou contre le marché ? Question singulière pour un parti qui ne professe plus depuis bien longtemps létatisation des moyens de production.
Le marché nous est aussi naturel que lair que lon respire ou que leau que lon boit. Il sagit là dun jeu denfoncement de portes ouvertes. Mais leau peut être polluée et lair vicié et cest là que le débat politique trouve sa pertinence.
Nous inscrivons bien évidement notre action dans le cadre des économies de marché et sil faut lécrire, écrivons-le une fois pour toutes. Mais nous ne faisons pas confiance au marché pour assurer la justice sociale et la cohésion démocratique des sociétés, et sil faut le dire disons-le. Le marché se dirige spontanément vers là où il y a du pouvoir dachat. Il nest pas, contrairement à une gentille comptine des théoriciens libéraux, lucides sur les nouvelles demandes sociales, les souffrances, les carences. Il sy engouffrera quand laction politique et les évolutions de la société auront créé le mouvement et le mouvement, le besoin. Par exemple, lindustrie pharmaceutique et lindustrie du tourisme ont connu hier un boom grâce aux lois sur les congés payés et la sécurité sociale. Cette même logique se vérifiera demain avec la sécurité environnementale. Le marché doit avoir sa place, toute sa place, rien que sa place. Les socialistes allemands ont une devise, le marché chaque fois que cela est possible, lEtat chaque fois que cela est nécessaire. Nous, socialistes français, nous pouvons y ajouter la juste place des services publics.
Je suis convaincue quun Etat et des collectivités locales en symbiose avec la société sont la canne daveugle du marché. Ce qui veut dire des pouvoirs publics performants et une société agissante, participative, et par-dessus le marché une économie dynamique.
Seconde leçon et autre faux débat,lindividualisme.
Nous, socialistes, ne serions pas au clair quant à la place de lindividu. Je suis assez sidérée que nous ayons peur de laffirmation de lindividu qui est dans nos textes juridiques fondateurs celle de la personne humaine. Depuis lHabeas corpus, la déclaration des droits de lhomme et du citoyen, la convention européenne des droits de lhomme, la liberté de conscience et dexpression de chaque être humain, et je noublie pas les droits de la femme et de lenfant, tout le progrès de la civilisation fut dattribuer des droits nouveaux à chaque humain : le droit à un travail, à une famille à un logement, au savoir, à la santé. Le rôle éminent de lindividu a commencé là et soyons en fiers dy avoir contribué.
Notre objectif est donc de favoriser le plein épanouissement de chacun et nous sommes de gauche précisément en ce que nous affirmons que chacun recèle des talents propres et que chaque être humain est singulier dans lhumanité plurielle.
La confusion réside ailleurs. Cette charge contre lindividualisme révèle notre difficulté à élaborer des formes nouvelles et adaptées de délibération collective.
Nos concitoyens sont informés et ils demandent encore plus dinformation, ils cherchent les lieux de confrontation, comment prétendre le contraire après ce que nous avons vécu durant la campagne présidentielle ?
La Parti Socialiste du 21ème siècle doit être à la fois un lieu de connaissance, un lieu de délibération, délaboration, enfin un outil de combat collectif. Il ne peut lêtre que sil vit en osmose avec les citoyens dont il est une des représentations.
Ses réunions doivent être ouvertes, les mouvements de société doivent lui être associés, les forums doivent nourrir ses propositions en amont, lusage dInternet doivent lui permettre dêtre en contact quotidien avec ses millions délecteurs.
Nos congrès doivent obéir à cette nouvelle logique. Plutôt que dêtre le camp clos daffrontements parfois obscurs, les positions des uns et des autres doivent avoir été validées par des débats qui leur donneront leur légitimité. Il faut que notre fonctionnement favorise les vrais débats et pas la prolifération des motions qui donnent souvent lieu à des règlements de compte inutilement brutaux suivis de synthèse parfaitement illisibles. Les Français se détournent de cette manière de faire de la politique. Ils sont au-delà et pas en deçà, Ne nous y trompons pas ce malentendu sera fatal au Ps sil nest pas levé, et vite.
Enfin, si nous sommes ensemble, cest pour ne pas se désunir à la première contrariété dambitions. Notre nouveau fonctionnement devra être clair là dessus aussi.
Ceci signifie que la vie interne doit tenir compte des échéances institutionnelles. Le programme ne doit pas être un programme de tactique interne mais un programme pour convaincre et gagner et pour faire progresser notre pays en réhabilitant justice et efficacité.
Le Parti socialiste est un grand parti, mais cest aussi aujourdhui un parti qui doute. Cest fructueux, le doute, cest se poser des questions sur ce que lon est, sur ce que lon pense. Cest un mouvement nécessaire, je dirai même salutaire : car jy vois la marque de ceux qui savent se mettre en question pour avancer.
On nous dit que la gauche dans son ensemble est aujourdhui affaiblie par une accusation à laquelle elle na pas répondu avec suffisamment de force.
La gauche est suspectée de faire du collectif la mesure de toute chose. Accusée de faire des situations individuelles le seul résultat dinerties sociales, de reproductions.
Suspectée de déresponsabiliser nos concitoyens, aussi, et de ne parler que de droits, quand il faudrait parler de devoirs et de contreparties.
Accusée doublier la flamme qui anime tous ceux qui, chaque matin, se rendent à leur travail pour nourrir leur famille et se bâtir une vie digne.
Nous ne devons pas seulement répondre à cette suspicion, mais reprendre loffensive parce que cest seule une bonne articulation de lindividuel et du collectif qui permettra daffronter les mutations du monde et les légitimes aspirations à la réussite individuelle.
Etre socialiste, cest penser en effet que le collectif vient en soutien de chaque foyer, de chaque personne insuffisamment armée pour affronter les difficultés de la vie.
Etre socialiste, ce nest donc pas nier le potentiel de lindividu mais comprendre que lindividu isolé est faible, que sa volonté, aussi forte soit-elle est parfois insuffisante.
Etre socialiste, cest faire en sorte que chacun bénéficie de garanties collectives pour retremper ses ambitions et se créer de nouvelles opportunités.
Etre socialiste, finalement, cest penser la complémentarité profonde qui existe entre lindividu et la société et refuser lopposition caricaturale que certains en font.
Une sécurité sociale efficace, des services collectifs dans tous les territoires, une école et une formation dignes de ce nom, un accompagnement personnalisé vers lemploi, cest cela qui, pour nous à gauche, permet aux individus daffirmer leurs choix et leur liberté, de saffranchir dun destin tracé davance.
Aujourdhui, cest lidéal socialiste qui est au service du progrès de chaque personne, de toutes les femmes et de tous les hommes de ce pays. Et cest la droite, qui tout en mettant en avant la responsabilité et la liberté de chacun, dissimule son engagement au côté des réseaux, des rentiers, des gens de pouvoir et dinfluence.
La complémentarité entre le collectif et lindividuel me permet de dire avec force quil ny a pas de droits sans devoirs. Parce que chacun dentre nous est comptable des moyens collectifs mis à sa disposition. Cet équilibre, la gauche a donné le sentiment quelle loubliait. Cela ne doit plus jamais arriver.
Je pense également que la notion de responsabilité est fondamentale. Et nous autres, socialistes, ne devons pas avoir peur de le dire car cette éthique de la responsabilité est ancrée au plus profond de notre patrimoine, chez Jean Jaurès comme chez Léon Blum.
La responsabilité de chacun vient du fait que nous vivons dans une communauté de citoyens. Lorsque je suis soigné, dautres contribuent aux soins que je reçois. Alors il est normal que je rende des comptes, il est normal que je ne dise pas simplement « cest mon droit ».
Cest cette conviction aussi qui nous conduit à souhaiter un Etat performant, capable de faire une juste utilisation des deniers publics. LEtat ne peut pas se permettre de dilapider largent des impôts de manière inconsidérée ; lEtat a le devoir à chaque instant dévaluer son action.
Vous lavez compris, équilibre des droits et des devoirs, éthique de la responsabilité, efficacité de laction publique, autant de valeurs que la gauche et le Parti socialiste doivent à nouveau faire entendre, approfondir, et accompagner de propositions innovantes. Cette liste nest pas exhaustive, car il y aurait plein dautres sujets à évoquer à léchelle nationale comme internationale. A commencer bien sûr par celle, majeure à mes yeux, de lexcellence écologique, que jaborderai dans quelques jours, notamment à lUniversité dété de La Rochelle.
Et que dire aujourdhui de la politique conduite dans le pays sans caricaturer le pouvoir. Je crois que la nouvelle politique à gauche doit reconnaître quil y a dans ce nouveau pouvoir une sincère volonté de réforme, un mouvement même frénétique, une réactivité du chef de lEtat et quaujourdhui la majorité de nos concitoyens le reconnaissent.
Mais annoncer la réforme, ce nest pas laccomplir et cest ce que là que la critique est légitime et que pour aider à faire avancer la France, nous devons dire ce qui ne va pas et proposer les réformes de bon sens, dans le parti, à lAssemblée nationale et au Sénat.
Et paradoxalement, face à ce mouvement perpétuel, ce qui menace la France aujourdhui, en plus des injustices fiscales, du nouvel impôt en préparation, cest limmobilisme. De vieilles méthodes ressurgissent : empilement de lois, mis en place de commissions tous azimuts. La dernière en date, la commission Attali sur les freins à la croissance, fait suite à une commission Camdessus sur le même sujet de 2004 qui proposait au ministre des finances de lépoque Nicolas Sarkozy, 110 propositions pour lever les freins à la croissance.
Ce nest pas une bonne gouvernance. Notre pays prend du retard.
Prenons trois exemples : sur la justice on aggrave les peines sur les récidives. On froisse au passage quelques principes mais surtout on ne donne pas plus de moyens au juge pour suivre lapplication des peines et surtout on na pas les moyens daugmenter la place et les conditions de dignité humaine dans les prisons. Le nombre de personnels soignants est notoirement insuffisant en prison.
Nous en sommes au moins à six lois, peu ou pas évaluées. Et toutes vouées à léchec par défaut de moyens.
Il est temps de rompre avec ce cycle infernal de lois sans moyens qui ne protègent pas les victimes et qui à la fin décrédibilise et ignore tous les rapports déjà rendus sur ce sujet dont le dernier en acte, celui de la commission Robert, recommande des moyens humains nouveaux et surtout pas de lois nouvelles.
Autre exemple, un premier pas a été fait sur lautonomie des universités qui est une bonne chose en soi. Seulement cette autonomie ne peut marcher quà deux conditions. Première condition cest que les décisions des présidents duniversités ne soient pas discrétionnaires.
Mais surtout, lautonomie ne conduit à lexcellence que si elle en a des moyens. La loi est muette sur ce point. Le problème des 40% déchec en premier cycle na pas été pris à bras le corps. On est au milieu du gué.
Autre exemple encore, au lieu de polémiquer sur la question du service minimum, il faudrait soccuper des retards dans les transports qui constituent les principales nuisances pour le quotidien des usagers et des familles.
Au lieu de faire, allons, disons-le, une loi sans effet pour faire plaisir à son électorat, on aurait pu utilement sinspirer de la RATP où les syndicats et la direction ont trouvé une forme tout à fait moderne et adapté danticipation des conflits.
Se trouve posée la question de la morale de laction politique : ne plus faire croire par des annonces ou des lois que les problèmes sont réglés, car lexaspération populaire pourrait venir plus vite que prévu.
La croissance ne sera pas au rendez-vous sans les réformes indispensables qui permettraient de muscler notre appareil productif. Sans ces réformes, les facilités fiscales daujourdhui seront lourdement compensées demain. Et les plus fragiles daujourdhui seront plus exposés demain et les familles à revenu moyen seront ceux qui paieront la facture de la croissance non retrouvée.
Nos inquiétudes sur la mauvaise utilisation des fonds publics sont attisées par la crise boursière et les mauvaises performances de croissance du mois dernier. Dailleurs le gouvernement est en train détudier la création dun nouvel impôt, qui nétait pas au programme la TVA sociale. Finalement ce paquet fiscal, qui est déjà incompris de nos partenaires européens, le sera encore moins demain des Français. Je demande, et cest bien le minimum, que le gouvernement procède à une évaluation loyale et transparente devant les Français, du double impact de la crise financière et du paquet fiscal.
Quel est le bilan aujourdhui de la politique conduite ? On donne beaucoup à ceux qui ont beaucoup, un peu à ceux qui ont un peu et rien à ceux qui nont rien. Surtout, c'est une politique qui, pour linstant, ne prépare pas la France et les Français à relever le défi de la croissance et de la mondialisation.
- Quelle est la réalité de notre situation économique? Nous sommes lourdement endettés: plus de 20 000 par Français. Et en même temps nous devrions investir dans l'avenir, justement pour générer la croissance qui nous permettra entre autre de rétablir l'équilibre de nos comptes.
La France doit investir en priorité dans l'enseignement supérieur et la recherche. En dépit de nombreux atouts (un excellent système de formation primaire et secondaire, une sécurité sociale que le monde nous envie), la France est en effet mal préparée pour affronter les défis de l'économie de la connaissance et de la mondialisation. Un chiffre seulement résume tout: nous investissons chaque année moins de 1% du PIB dans l'enseignement supérieur, alors que les pays d'Europe du Nord et les Etats-Unis investissent près de trois points de PIB, soit trois fois plus!
Ensuite, la France doit investir dans les réformes structurelles : ouvrir les professions fermées, libéraliser le secteur de la distribution, établir un véritable « Small business act » pour les PME, mettre en place une véritable flexsécurité à la française avec un service de l'emploi efficace disposant des moyens nécessaires en matière de formation professionnelle: ces réformes sont coûteuses dans le court terme, on le sait, et pourtant indispensables pour générer une croissance forte et durable.
- Dans ces conditions, les responsables politiques doivent fixer des priorités, et expliquer aux Français qu'il n'est pas possible de tout faire en même temps. En tant que femme politique responsable, je veux dire qu'il n'est pas raisonnable de promettre aujourd'hui des baisses massives de prélèvements obligatoires. Tant quon na pas dit comment on allait régler le problème de la dette et surtout quand on sait que le gouvernement met à létude un nouvel impôt, la TVA sociale.
Surtout, on le sait, il faut affecter l'intégralité des ressources à ce qui relance la croissance en dynamisant tous les secteurs de l'économie. Croissance par l'investissement dans l'enseignement supérieur, la formation professionnelle, la recherche et l'innovation. Pour préparer les salariés et les nouvelles générations à relever les défis de la mondialisation, je veux que les salariés français soient les mieux formés et les plus productifs du monde. Et pour cela il faut tenir au pays un discours de vérité.
La croissance, comme le disent tous les économistes, les experts et les chefs dentreprises, cela nécessite le pilotage sérieux de réformes sérieuses. Il faut préparer un véritable agenda des reformes, avec un calendrier précis des dépenses sur les différents secteurs. Il faut être très clair sur ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas financer à chaque étape. C'est cela qui redonnera à la France sa crédibilité économique auprès de ses partenaires européens, crédibilité qui nous fait cruellement défaut. Cest cela aussi respecter les Français.
- Or, le pouvoir actuel na t-il pas fait tout le contraire d'une politique sérieuse ? Il a distribué sans compter des cadeaux fiscaux pour des montants considérables: au total plus de 15 milliards d'euros en année pleine pour le paquet fiscal, soit l'équivalent d'une hausse de deux points de TVA sans avouer qu'en l'absence de croissance forte ces décisions vont conduire inexorablement à des dépenses injustes : de nouvelles franchises médicales, le projet de création dune TVA dite sociale, un alourdissement de la dette, et l'impossibilité de financer des réformes de croissance véritables, celles que plusieurs de nos voisins européens ont entreprises. Un système dangereux est à luvre pour notre économie. Surtout, les nouvelles dépenses de 15 milliards ne sont pas des investissements davenir. Croit-on vraiment préparer les Français à relever les défis de la mondialisation en dépensant des sommes importantes uniquement sur les heures supplémentaires ?
En revanche, et comme nous lavions proposé, le renforcement du crédit dimpôt recherche annoncé hier va dans la bonne direction.
La politique étrangère soulève aujourdhui beaucoup de questions.
La France se distinguait par une certaine cohérence de sa diplomatie. Quel spectacle donne-t-elle depuis deux mois ? En Afrique celle dun président qui donne au Sénégal des leçons de gouvernance à lAfrique et qui ose tenir des propos humiliants « lhomme africain qui aurait manqué son rendez-vous avec lhistoire » et qui, le lendemain, saffiche au Gabon avec un chef dEtat, archétype dune vieille histoire. Où est la cohérence, où est le message, où est la dignité ?
Les Etats-Unis. Voilà un pays qui est touché par une crise didentité, qui se cherche un rôle dans laprès guerre froide. LAmérique est impliquée dans une remise en cause profonde de sa politique étrangère et nul ne peut ignorer le remarquable rapport James Baker, qui prône une nouvelle approche basée sur le dialogue plutôt que sur le rapport de force militaire. Le doute traverse le parti républicain lui-même et le peuple américain a validé cette nouvelle approche lors des élections au congrès et la présidence de Nancy Pelosi dont chacun se souvient des positions fermes et courageuses. A contre-courant de ce formidable mouvement, pourquoi le président de la République française sest-il cru obligé de rencontrer le seul Georges bush et ensuite de dépêcher son ministre des affaires Etrangères dans une visite en Irak, si peu préparée, quelle na été saluée que par George Bush et que la proposition de conférence a été sèchement refusée par le gouvernement irakien. Où est la cohérence, où est le message, où est la dignité ?
Au même moment, nous constatons que Gordon Brown se démarque habilement et sans esbroufe de la politique néo-conservatrice de ladministration Bush.
Le monde attend autre chose de la France et je suis sûre que tôt ou tard les Français demanderont autre chose à leurs gouvernants. Cela mamène naturellement à parler du renouveau de la gauche et de notre idéal socialiste.
Nous avons un travail politique passionnant à accomplir, parce que nous croyons à notre mission et que nous devons comprendre la France et le monde.
Le parti socialiste est à la fois un lieu de connaissance, de délibération, un laboratoire didées, enfin un outil de combats collectifs. Il le sera complètement sil vit en osmose avec les citoyens dont il procède. Ses réunions doivent être ouvertes, les mouvements de société doivent être associés aux solutions quil élabore, les débats doivent nourrir ses propositions en amont, lusage dinternet doivent lui permettre dêtre au contact quotidien avec des millions de citoyens, pour faire partager son travail et ses valeurs. La participation massive de jeunes citoyens à lélection présidentielle ou délecteurs qui sen étaient détournés constitue une injonction à changer à laquelle nous ne pouvons plus dorénavant nous dérober. Cest par centaines de milliers que ces électeurs qui ont partagé notre espérance doivent nous rejoindre car nous avons besoin deux pour accomplir la transformation nécessaire.
A ceux qui y verraient une utopie, je rappellerai que des centaines de milliers dadhérents, cest le droit commun des grands partis socialistes et socio-démocrates en Europe. Un parti rénové devra le permettre. Cest le défi de la rénovation. Au-delà de toutes les qualités du parti socialiste où nous nous sentons bien, de ses militants et de ses cadres, de ses dirigeants, dont je veux ici une nouvelle fois souligner avec force, lincroyable, lexceptionnelle, la fabuleuse mobilisation pendant la campagne.
Au-delà de toutes ces qualités, quest-ce qui ne peut plus durer au parti socialiste ?
* les champs clos daffrontements obscurs
* des règlements de compte inutilement brutaux
* une violence verbale incompatible avec lidéal socialiste
* parfois de la désinvolture alors que le vote des militants devrait être respecté par tous
* des luttes de place et de courants qui étouffent le débat didées et qui assèchent les sections.
On pourrait continuer longtemps la liste de ce dont nous sommes collectivement responsables. Constatons le gâchis de talent qui nest plus possible face à une alternance. Le renouveau du parti socialiste doit aussi conjuguer efficacité politique, éthique du débat et des comportements.
Je nhésite pas à le dire : il faut un parti réuni, amical et discipliné. Les phrases désobligeantes, outre leur vulgarité, font un mal terrible à luvre collective. Changer de méthode, cest ce qui fera aussi la crédibilité des propositions des socialistes car les Français sauront sur quoi ils peuvent compter.
De la qualité de notre rénovation dépendra celle de notre inscription dans la vie politique nationale.
Je vous appelle tous et toutes à vous emparer de ces débats qui souvrent. Jappelle le plus grand nombre de citoyens à nous rejoindre et à tous les adhérents de Désirs dAvenir à venir au PS. Je souhaite que tous les mouvements et sensibilités de progrès y soient associés le plus tôt possible. Les socialistes ne doivent pas rester entre eux. Nous avons vocation par la dynamique des débats au service des problèmes des gens que nous impulseront à favoriser les convergences de toute la gauche, des communistes, des radicaux, des écologistes et, sil le souhaite, avec le Modem. Notre stratégie de projets municipaux doit être cohérente et éclairée par nos débats didées nationaux. Sinon, nos alliances seront indéchiffrables et il y aurait un risque évident de dispersion du parti.
Il y a une urgence de réforme. Oui, à droite, il y a non seulement des injustices qui se creusent, il y a un risque dimmobilisme. Nicolas Sarkozy et son gouvernement, au-delà des annonces et des lois sans moyens, doivent maintenant prendre leurs responsabilités et réformer en profondeur pour faire revenir la croissance. Le rôle de la gauche cest de pousser à agir et dans le bon sens sans tarder. Doù lurgence de définir une stratégie, de mettre en oeuvre de nouvelles formes dorganisation et daction et dimposer nos idées et nos propositions dans le débat public. Elles simposeront par leur excellence dautant plus naturellement quauront été mobilisées les plus grandes compétences et quelles auront été validées par le plus grand nombre.
Nous avons tous été témoins de limmense désir davancer des Français. Ce pays est prêt pour les réformes mais sans celles-ci, il régressera très rapidement à léchelle planétaire car dautres pays et dautres continents vont de lavant et nous dépassent. La mission historique de la gauche et des socialistes, cest de moderniser la France à la lumière de la justice et du progrès et dêtre la voix de ceux qui nont pas de voix.
Cest pour cela quil faut être debout, être le lieu où convergent, avec bonheur et fraternité, toutes les intelligences collectives et continuer à se battre ensemble.Intervention de Ségolène Royal sur France 2
http://videos.desirsdavenir.org/index.php?groupe=4&video=571
Intervention de Ségolène Royal sur France 3
http://videos.desirsdavenir.org/index.php?groupe=4&video=570
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Rupture il y aurait ! Promettait Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle.
En mai 2006, le candidat avait donné à Cotonou quelques gages prometteurs, en sengageant à promouvoir « la bonne gouvernance», ou encore « la démocratie [qui], ne se résume pas à des élections, à « bâtir un état de droit, où ladministration est neutre, les circuits financiers transparents, où la presse est à la fois responsable et indépendante, où lautorité judiciaire est libre de travailler sans influence extérieure ». On ne pouvait alors que se réjouir de lengagement du candidat à refuser « de transiger sur ses valeurs. Ces valeurs de démocratie, de respect des droits de lhomme, de bonne gouvernance ( ), ces principes [qui] ne sarrêtent pas aux portes du continent ! »
On attendait avec une impatience non dissimulée la fermeture de lanachronique ère chiraquienne. Nicolas Sarkozy les a déjà déçus. En dehors des avancées sur laffaire Borrel, quil faut saluer, la présidence Sarkozy sest pour lessentiel inscrite dans la « droite ligne » de la présidence Chirac, parvenant même à régresser encore sur plusieurs aspects. Dabord, les 0,7% daide au développement promis par la majorité UMP sortante attendront 2015, a-t-on appris. Autant dire les calendes grecques. Pendant ce temps là, leffort français de solidarité baisse ! Et puisquil faut bien faire diversion, le Président Sarkozy prolonge la méthode adoptée par son prédécesseur, en privilégiant les annulations de dette à dautres formes daide au développement. Par générosité ? Pas si sûr. Cette technique permet surtout à la France de déclarer à lOCDE des chiffres daide au développement supérieurs à leur coût budgétaire, par des jeux décriture comptables contestables. Cest la politique du « Annuler plus pour afficher plus ». Evidemment, on se réjouirait de la poursuite des annulations de dette si celles-ci étaient additionnelles à une hausse de laide. Mais dans la mesure où celle-ci régresse, cest bien dun écran de fumée quil sagit là. Le Gabon, pays phare de la diplomatie sarkozienne, devrait être le premier à bénéficier des largesses de lElysée, à des conditions qui rendront jaloux bien des pays en développement.
Bref, les réseaux chiraquiens se portent bien. Omar Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Idriss Déby Itno restent les interlocuteurs privilégiés de lElysée, au grand dam de ceux qui auraient aimé voir la France intensifier ses relations avec des Etats incarnant mieux lesdites valeurs de « transparence, de démocratie et de bonne gouvernance » Nicolas Sarkozy avait pourtant donné un bref signal de modernisation en accordant à Ellen Johnson Sirleaf lhonneur dêtre le premier chef dEtat africain reçu à lElysée ! Le rappel à lordre des habitués de la Françafrique fut rapide, et fidèlement exécuté Instamment prié de modifier sa tournée africaine pour sarrêter au Gabon, notre Président se plia aux injonctions du doyen des chefs dEtats. Il nous promettait des surprises, on ne peut pas dire quen sarrêtant au Sénégal et au Gabon il nous ait retournés détonnement.
Puis vint le discours de Dakar, qui a tant heurté en Afrique. Cest dabord cette insistance lourde sur la nature et la souffrance de lhomme noir. Invoqué six fois. Puis ces généralités, dabord gênantes, choquantes ensuite, sur lhomme africain. Citons Sarkozy « le drame de lAfrique, cest que lhomme africain nest pas assez entré dans lhistoire. ( ) Le paysan africain, qui depuis des millénaires, ( ) ne connaît que léternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. » Lhomme africain pas entré dans lhistoire ? Dire cela dans les murs de luniversité Cheikh Anta Diop ne manque pas de sel. Surtout dans une déclaration qui fleure bon le XIXème siècle, semblant paraphraser Hugo, Hegel, voire Jules Ferry, pour leurs écrits les moins mémorables. Dans le même ordre de généralités avilissantes, on apprend aussi que « lhomme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier avec la nature a beaucoup à apprendre de lhomme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires». Faut-il aussi en conclure que lhomme africain nest pas moderne ? Cest bien ce que laisse entendre le discours de Dakar. Puis, cest le summum, avec ces mots qui gravent dans le marbre linfantilisme ou lirrationalité supposés de lhomme africain : «LAfrique a réveillé ( ) ce besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner ». Pauvre Afrique, terre des sentiments, à défaut de raison.
Enfin, car cela aurait manqué, il fallait un couplet sur le colonisateur, dont le président Sarkozy nous dit que certes « il a pris » mais « quil a aussi donné. » Ainsi, « il y avait parmi [les colonisateurs] des hommes mauvais mais il y avait aussi des hommes de bonne volonté( ). Ils se trompaient mais certains étaient sincères. » Plus loin : « La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, au-delà des crimes et des fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les curs et les mentalités africaines à luniversel et à lhistoire. » Pauvres hommes noirs vivant avant la colonisation et lesclavage, ignorants et refermés sur eux-mêmes
Le plus grave, cest que le Président Sarkozy, ségarant dans des considérations dégradantes, esquive les sujets prioritaires. Que pense-t-il des Accords de partenariat économique, qui redéfiniront les modalités de la coopération européenne avec les pays ACP ? La situation est grave : leur négociation à marche forcée provoque déjà la colère et lincompréhension dune majorité de pays africains, soutenus par nombre dorganisations de la société civile du Nord comme du Sud. Un effort budgétaire sera-t-il fait pour permettre à laide au développement française de ne pas chuter, dans un contexte de finances publiques dégradées par le coût inconsidéré du paquet fiscal ? Que compte faire le Président de la République des bases militaires françaises en Afrique, ou encore des accords de défense et de coopération militaire ? Il est pour le moins surprenant que, traversant deux pays dans lesquels la France possède des bases, cette question nest même été évoquée. Attend-il la prochaine crise pour se poser cette question, que lon ne peut pourtant traiter sérieusement que par temps calme ? Faut-il vraiment axer notre politique de coopération sur la gestion des migrations, en généralisant à grande échelle des programmes qui nont donné jusquici que de très modestes résultats ? Est-il raisonnable denvisager délever encore la prime de retour, qui sélève déjà à sept mille euros par migrant candidat, pour parvenir à se débarrasser absolument dAfricains jugés encombrants ?
En matière de politique africaine, Nicolas Sarkozy a déjà commis un grave un faux départ. Deux, et cest lélimination dans la course à linfluence. Les diplomaties américaine, chinoise, britannique ou indienne nont jamais connu de tels dérapages. Les échéances sont désormais rapprochées. Le vote du budget en dira long sur la sincérité des fragments humanistes qui subsistent dans les discours présidentiels. La négociation des Accords de partenariat économiques aussi. Les pays en développement ont besoin dun délai, déquilibre et de concessions. Lidée dune ouverture commerciale asymétrique doit être défendue, alors que les quelques acquis (accords « Tous sauf les armes », AGOA américain) sont menacés par lérosion des préférences accordées aux pays ACP. On en attend aussi davantage sur laccompagnement des processus électoraux : la France devra faire preuve de modestie et de doigté au Togo et en Côte dIvoire, pays où la diplomatie chiraquienne sest déconsidérée, mettant en danger les ressortissants français dans ces pays. Enfin, on souhaiterait que la politique française en Afrique soit plus transparente, débattue à lAssemblée nationale, offerte aux citoyens Est-il normal que nombre de clauses des accords de défense et de coopération militaire soient encore inaccessibles mêmes aux membres des commissions des affaires étrangères et de la défense des assemblées? Les socialistes sont prêts à participer à leur examen et plus généralement à la normalisation de la politique africaine de la France. LAfrique ne peut plus être le seul jouet du Président et de sa cellule rapprochée. On en a déjà mesuré les conséquences avec le discours de Dakar et cette situation devient de plus en plus difficile à tolérer.
par Thomas Mélonio
Délégué national du parti socialiste pour lAfrique
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Lapsus de Sarkozy : "ce que je propose, c'est pire"
Lapsus prémonitoire ?
Lapsus de Le Pen au 20h, 19 avril 2007
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Maxppp/JDD[21/08/07] "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue".
Entretien de Ségolène Royal avec le Journal du DimancheDélivrée de toute amertume, l'ex-candidate à l'élection présidentielle va se battre pour rénover le Parti socialiste. Pour le JDD, Ségolène Royal évoque sa famille, ses vacances, fait son autocritique sur la présidentielle et parle de ses projets pour le PS. "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue", dit-elle. Confidences...
C'est une Ségolène Royal "requinquée", "ressourcée", "apaisée" qui fera sa rentrée politique samedi prochain à Melle dans les Deux-Sèvres, endroit "tranquille et symbolique" où elle se sent protégée. Comme chez elle. L'ex-candidate du PS à l'élection présidentielle a volontairement peu donné de ses nouvelles pendant l'été. Elle a profité de cette coupure indispensable pour se remettre physiquement et psychologiquement de la dureté de la campagne, de l'épreuve du résultat du second tour, et de ce qu'elle qualifie pudiquement de "reconstructions personnelles".
Expression qu'elle utilise pour évoquer, sans la nommer, sa séparation, intervenue avant l'été, d'avec François Hollande, le père de ses quatre enfants, avec lesquels elle a tenu à passer toutes ses vacances. Comme soudée à ses petits devenus grands (la dernière, Flora, est largement adolescente), elle coule, en ce moment, ses derniers jours de vacances dans la maison familiale de Mougins où elle prend plaisir à cuisiner, recevoir des amis à déjeuner et profiter sans retenue de ces heures d'intimité.
Des "reconstructions" qui, confie-t-elle, lors des rares occasions où elle accepte d'abandonner le masque du sourire et de la maîtrise de soi, lui ont permis, à elle comme à ses enfants, de crever un abcès formé depuis de trop longs mois et de repartir sur des bases claires. "Nous avons beaucoup parlé entre nous. L'équilibre familial s'est réorganisé autrement, et s'est peut-être même renforcé." La trêve estivale l'a "définitivement délivrée de l'amertume". Elle admet avoir souvent pensé à cette phrase de Nietzsche: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts."
"Le temps n'est plus aux règlements de compte"
Beaucoup plus prolixe en revanche sur sa vie publique, la présidente de la région Poitou-Charentes a choisi avec soin la date du 25 août pour sa première intervention publique, qui se fera à l'issue d'un pique-nique informel, une semaine exactement avant les universités d'été de La Rochelle. Elle sait qu'elle y est très attendue. En décidant de parler avant le traditionnel rendez-vous de La Rochelle devenu l'an dernier, par sa seule présence, un véritable "barnum", elle sait que l'attention ne se focalisera pas, cette fois, sur sa seule personne. La présidente de région interviendra à ces universités, en tant que puissance invitante, dès l'ouverture des travaux, le vendredi 31 août, entourée des cinq nouveaux députés socialistes de Poitou-Charentes. Elle a prévenu ses proches qu'ensuite elle se ferait discrète.
Des proches qu'elle n'a cessé de consulter, le plus souvent au téléphone, tout au long de l'été. Jean-Louis Bianco, Julien Dray, Sophie Bouchet-Petersen, François Rebsamen bien sûr, mais aussi Gaëtan Gorce ou Aurélie Filippetti. Débarrassée, délivrée même de la campagne présidentielle, un carcan qu'elle avoue ne pas avoir toujours bien « maîtrisé », faute de recul et d'expérience, Ségolène Royal a l'intention, désormais, de maîtriser son calendrier. "Entre la campagne interne du PS et la vraie campagne, j'ai été sur la brèche pendant presque un an, comme à marche forcée. J'ai dû gérer, parfois à la hâte, les déséquilibres. Il y a eu des dysfonctionnements et des erreurs sur lesquels j'ai pu réfléchir. C'était une expérience à la fois merveilleuse, exaltante, et épuisante. Aujourd'hui, j'ai le temps, je choisis, je contrôle."
Si elle se rendra à l'étranger où elle est beaucoup demandée, ses voyages seront comptés: à ce jour, un déplacement est prévu, le 9 septembre, en Italie, à l'occasion de la fête du quotidien de gauche, L'Unità ; un autre suivra au Québec au milieu du mois ; peut-être un troisième encore aux Etats-Unis, en octobre. Totalement prête à "réinvestir" pleinement le champ politique, Ségolène Royal n'est, pour autant, pas pressée. Persuadée que rien ne peut se faire ni sans elle ni contre elle, elle compte jouer un rôle "important" dans le processus de rénovation du PS qu'elle imagine "forcément long". Elle acceptera, prévient-elle, toutes les responsabilités qui lui seront confiées par ceux qu'elle nomme toujours ses "camarades". Son entourage est prévenu: "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Les comportements passés appartiennent au passé. Ressasser, c'est de l'énergie perdue."
"Une ligne moderniste, éclairée et rassembleuse"
L'ouvrage, à paraître cet automne aux éditions Grasset (dont le titre - encore provisoire - pourrait être Une étrange défaite), ne sera surtout pas un livre revanchard ou amer. Bien au contraire. Mais une réflexion qu'elle espère "honnête" sur les points forts et les points faibles de sa campagne. "J'ai attendu pour faire mon autocritique, mais je la fais. Pour mieux rebondir, pour redémarrer." Parce qu'elle a le sentiment d'avoir vécu une aventure exceptionnelle avec les Français, une aventure qui lui a apporté de la densité, de la maturité et le cadeau si précieux qu'a été "leur espoir et leur confiance", l'ex-candidate à l'élection présidentielle regarde le futur congrès du PS, dans un an, avec détachement.
Se projette-t-elle comme future patronne du PS ? La question lui semble absurde. "Je ne suis pas du tout dans ces stratégies." Même chose pour les courants. Créera-t-elle le sien ? Elle n'en a aucune idée et, pour l'instant, aucune envie. "J'ai été candidate au nom de tous les socialistes. Pourquoi devrais-je m'enfermer dans un courant?", a-t-elle laissé échapper, récemment, devant un de ses interlocuteurs. Le mot courant lui semble presque obsolète. Tout juste pense-t-elle que les militants de Désirs d'avenir devraient "naturellement" adhérer au PS. Le site internet de l'association sera réactivé afin de garder un contact permanent avec les Français.
D'ici au congrès socialiste - un horizon encore "lointain" pour elle -, elle compte, en tout cas, travailler dur. Entourée de sa petite équipe d'experts économiques et internationaux: Pierre Moscovici, le banquier Matthieu Pigasse, l'économiste Thomas Piketty, Bruno Rebelle pour les questions écologiques auxquelles elle s'intéresse tout particulièrement. Sur tous ces sujets, elle s'emploiera à proposer des idées neuves. En phase avec l'évolution de la société, des idées qui constitueront progressivement un corpus idéologique, une ligne politique "moderniste, éclairée et rassembleuse". Pas question que se reproduise le flottement idéologique qui a prévalu pendant la campagne sur des questions aussi importantes que les 35 heures, le temps de travail, la sécurité, ou le besoin de protection des citoyens.
Convaincue que les nouveaux adhérents du PS gagnés en 2007 attendent autre chose que des vieux sujets mille fois ressassés, Ségolène Royal ne regrette pas le départ de ceux qui n'ont pas résisté aux sirènes de l'ouverture sarkozyste. "Au contraire, cela crée un appel d'air." Un appel d'air qu'elle a bien l'intention d'utiliser à son profit. Foi de Ségolène. "Lorsque j'étais à la Guadeloupe, tous ceux que je croisais m'appelaient 'la femme debout'. Comme au temps de la campagne. Rien ne m'a fait plus plaisir. Rien ne correspond plus à la réalité qui est la mienne aujourd'hui."
Par Virginie LE GUAY
http://www.lejdd.fr
Le Journal du Dimanche
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