• Les yeux dans Thomas Hollande

    Thomas Hollande en campagne électorale pour sa mère Ségolène Royal, le 14 mars 2007 à Lyon

    «Vous savez qu'il y a un carré jeune devant?» Avec son T-shirt blanc floqué Ségosphère, le groupe qu'il a créé pour soutenir la candidate socialiste, Thomas Hollande rameute les jeunes au Zénith de Toulouse, le 19 avril 2007. C'est le point de départ du documentaire «Un fils en campagne» publié sur Internet par Natalia Gallois, journaliste, avec deux réalisateurs, Audrey Najar et Frédéric Perrot.

    «Nous voulions faire une série sur les fils de candidats. Finalement, ça a été compliqué pour les autres, et puis Thomas Hollande était le seul à avoir une vraie implication dans la campagne», explique-t-elle.

    «C'est avant tout le rapport à sa mère qui est important»

    Le film, d'une durée de vingt minutes, est finalement diffusé sur le Web et sur Dailymotion: «Nous avons contacté quelques chaînes, mais le format est court, et Internet était donc un canal idéal».

    Le documentaire montre la relation politique étroite qui l'unit à sa candidate de mère, qui l'appelle après le meeting toulousain pour lui demander son avis. C'est d'ailleurs un engagement plus affectif que politique, selon Natalia Gallois: «Même s'il se considère de gauche, c'est avant tout le rapport à sa mère qui est important. Je ne suis pas certaine qu'il soit pétri de convictions politiques.»

    «Dire les choses comme on les sent»


    Un décalage qui se ressent lors de la discussion avec François Hollande sur la proposition de Nicolas Sarkozy concernant les heures supplémentaires, qui prend la forme d'un cours de politique économique: «Comment veux-tu que ça relance la croissance? Les gens ne font pas des heures supplémentaires pour faire des heures supplémentaires. Il faut qu'il y ait un début d'activité.» Silence attentif du fiston.

    La préparation du Grand Jury de Canal + avec Ségolène Royal est plus détendue, plus «participative»: «Il faut que tu dises ce que tu as envie de dire, il n'y a pas de secret. Faut dire les choses comme on les sent. Avec vérité, avec authenticité.» Ou quand la gestion de l'engagement politique du fils fait transparaître les différentes approches politiques des parents.

    «C'est un novice en politique. Il y avait beaucoup d'improvisation dans ce qu'il faisait», observe Nathalia Gallois. Et c'est vrai que Thomas Hollande apparaît plus comme un électron libre dans la campagne que comme un garçon à la tête d'une machine de guerre politique. Comme le résume Natalia Gallois, «il n'a pas une grande culture ni une grande expérience politiques, mais l'envie, il l'avait». Mais pas au delà de la campagne, où il a décidé de prendre du recul par rapport à son engagement, et de laisser passer les années. Certains attendent déjà son retour: «Prenez note… Cet homme ira loin», avertit un internaute sur le forum du site.

    Le documentaire




    Fred Dufour AFP ¦ Thomas Hollande en campagne électorale pour sa mère Ségolène Royal, le 14 mars 2007 à Lyon

     
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    Emile Josselin


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  • Une journaliste de Libération s'engage chez Montebourg

    e député PS Arnaud Montebourg, le 25 mars 2008, à Paris
    INFO 20MINUTES.FR - Deux de suite, série en cours: dix jours après le départ du correspondant du «Nouvel Obs» à Lyon vers le cabinet du maire PS Gérard Collomb, c'est «Libération» qui voit une de ses journalistes se lancer en politique: Muriel Gremillet, rédactrice au service politique du quotidien, va devenir la directrice de cabinet du socialiste Arnaud Montebourg, président du conseil général de Saône-et-Loire.

    Interrogé par 20minutes.fr, Arnaud Montebourg se félicite de la venue d'une «pointure», depuis longtemps «proche» de ses idées en matière institutionnelles - mais sceptique à l'époque sur son l'alliance avec Ségolène Royal: «cet article a été un sujet assez comique, voire compliqué entre nous», s'amuse la bientôt ancienne journaliste: elle commence lundi, après neuf années à Libération.

    «La presse aujourd'hui, c'est la sidérurgie»

    La situation de la presse a compté dans sa décision. «Aujourd'hui, la presse, c'est la sidérurgie: on enchaîne les crises, mais on ne voit pas la sortie. Je ne peux plus travailler dans la survie permanente», analyse l'ancienne élue du comité d'entreprise de «Libé».

    Arnaud Montebourg entend aussi bénéficier d'un «regard extérieur sur la Saône-et-Loire» pour l'aider dans le projet qui a selon lui motivé sa candidature puis son élection au conseil général. A savoir, «articuler le national et le local»: «ce qu'on va faire en Saône-et -Loire sera regardé en France», dit-il avec optimisme.

    Sans doute pour devancer les critiques sur l'arrivée d'une journaliste de Paris en Saône-et-Loire, il précise qu'elle est «d'origine vosgienne, elle a commencé sa carrière à la Liberté de l'Est».

    «Un boulot politique»

    La journaliste de Libé sera-t-elle l'interface nationale de l'assemblée départementale? Interrogé sur le rôle qu'entend jouer Muriel Gremillet à ce poste, il précise qu'elle «sera une vraie directrice de cabinet. Elle a décidé de se lancer en politique». Jointe mardi soir au téléphone, la journaliste confirme à 20minutes.fr la conception de son rôle, loin de l'image du «techno», issu de l'administration. Celle d'un «boulot politique, avec des décisions à prendre, une majorité et une opposition dont il faut s'occuper».

    Alors, ce passage en politique ressemble-t-il à celui - critiqués par la presse de gauche - de Catherine Pégard, passée du «Point» à l'Elysée? Muriel Gremillet réfute cette comparaison: «D'abord, je n'ai pas traité ces sujets pendant la campagne. Et puis je ne vais pas faire de la communication, mais de la politique. Je n'aurais pas vu l'intérêt autrement. Là, je vais être les mains dans le cambouis», explique-t-elle.

    Tchalakoff, chez Dati pendant cinq mois


    Outre Catherine Pégard , devenue conseillère de Nicolas Sarkozy, Gaël Tchalakoff du Nouvel Economiste, était devenue conseillère politique de Rachida Dati... pendant cinq petits mois, avant de démissionner. Myriam Lévy, du «Figaro», a intégré l'équipe de François Fillon. Et Jean-Marc Plantade a quitté «Le Parisien» pour Bercy.

    Jacques Demarthon AFP/Archives ¦ e député PS Arnaud Montebourg, le 25 mars 2008, à Paris

     
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    Emile Josselin


    20Minutes.fr, éditions du 27/05/2008 - 15h53


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  • Photo Ségolène Royal - Ségolène Royal, présidentielles 2007

    Contribution de Ségolène Royal aux 4èmes rencontres Europe-Amériques sur la démocratie participative"


    4èmes Rencontres Europe-Amériques sur la démocratie participative 23 mai 2008 Maison de la Région Poitou-Charentes

    Bonjour à toutes et à tous.

    Et merci à vous, Richard Descoings, d'être fidèle à ce rendez-vous annuel pour lequel, une fois encore, les équipes de Sciences Po et de la Région se sont mobilisées ensemble. Je suis heureuse de vous souhaiter la bienvenue en Poitou-Charentes pour ces 4èmes Rencontres sur la démocratie participative qui, cette année, s'ouvrent à des chercheurs des 3 Amériques : celles du Sud, du Centre et, pour la première fois, du Nord. Merci aux scientifiques de nos deux continents de nous apporter l'éclairage de leurs travaux. Et merci aux élus et aux responsables gouvernementaux venus de Suède, de République dominicaine et de Catalogne de verser à la réflexion commune les démarches de démocratie participative qu'ils conduisent dans leurs pays respectifs.

    S'il est une mondialisation féconde et toujours heureuse, c'est celle de la circulation des idées et des initiatives qui visent à associer plus directement nos concitoyens aux choix qui les concernent. Permettez-moi de remercier aussi deux fidèles de ce rendez-vous annuel, dont les analyses nous empêchent, au cas où nous en aurions la tentation, de nous endormir sur nos modestes lauriers participatifs : Yves Sintomer, qui nous rejoindra cet après-midi, et Loïc Blondiaux qui, lui, est déjà parmi nous. Leurs réflexions nous accompagnent depuis longtemps.

    1) 1ères Rencontres 2005 : le Budget Participatif des Lycées

    Je me souviens de nos 1ères Rencontres, en juin 2005. La nouvelle majorité régionale était élue depuis moins d'un an.

    Nous avions pris devant les électeurs l'engagement de mettre la démocratie participative en pratique, non pas comme un petit supplément d'âme sur des sujets périphériques mais comme une démarche permanente appliquée aux priorités de l'action régionale.

    Nous avons présenté, dans cet hémicycle, le Budget Participatif des Lycées créé quelques mois plus tôt et le choix qui était le nôtre: commencer par le coeur de métier historique des Régions françaises, les lycées, et un domaine qui engage, en Poitou-Charentes, presque le quart du budget régional.

    Notre conviction était que la participation des citoyens ou des usagers d'un service public ne doit pas être une vague consultation aux règles floues et aux conséquences opérationnelles incertaines. Cette forme de démocratie doit donner à ceux qui acceptent de s'y engager un vrai pouvoir d'influer sur les politiques conduites en leur nom et, dans le cas des Budgets Participatifs, d'orienter la dépense publique.

    Ce n'est pas la même chose, en effet, de concéder à la marge une petite enveloppe ou de permettre de peser sur les orientations budgétaires d'une collectivité. C'est pourquoi nous avons décidé d'affecter chaque année à notre Budget Participatif la somme globale de 10 millions d'euros.

    Ce processus est expliqué dans le petit dossier qui vous a été remis. J'en soulignerai simplement 3 caractéristiques, à mes yeux essentielles :

    – Premièrement, sa dimension doublement « inclusive », comme disent les chercheurs : dans chaque établissement, les Assemblées du budget participatif sont ouvertes à tous (élèves, personnels, parents) et, sur l'ensemble du territoire régional, toutes les filières d'enseignement (général, technologique, professionnel, agricole et adapté), tous les milieux sociaux, toutes les zones d'habitation (urbaines, péri-urbaines et rurales) sont concernées.

    – Deuxièmement, l'attention portée à ce qui est le plus difficile : la qualité de la délibération, en petits groupes (propices à l'expression de chacun, même les moins habitués à prendre la parole) et en séances plénières (moment d'échange des arguments et de mutualisation des préoccupations dans une perspective de construction de l'intérêt général) ;

    – Troisièmement, le pouvoir effectivement partagé de décider puisqu'au terme du processus, les participants votent sur les projets qu'ils ont eux-mêmes proposés et estiment prioritaires (chacun dispose de 10 bulletins qu'il peut répartir à son gré) ; la Région s'engage à financer non pas toutes leurs propositions mais celles arrivées en tête, ce qui correspond en général aux 3 premiers projets qui ont recueilli le maximum de suffrages dans chaque lycée.

    Aujourd'hui, ce Budget participatif, généralisé à tous les établissements de la région, est entré dans les moeurs. L'expérience concrète a eu raison des craintes, des réticences et des résistances qu'il a suscitées lors de sa création.

    La participation augmente régulièrement, preuve sans doute que l'appétit participatif vient... en participant et au vu des résultats.

    2) 4èmes Rencontres 2008 : Ateliers Participatifs et Jurys Citoyens

    Je sais que l'expression « jury citoyen» est souvent mal comprise, en France, à cause de son rapport avec les jurys d'Assises et peut laisser croire qu'il y a là un pouvoir de condamnation. C'est pourquoi nous les appellerons Ateliers Participatifs d'évaluation citoyenne.

    Nous voilà maintenant en 2008 et je suis heureuse, à l'occasion de ces 4èmes Rencontres, de vous annoncer que nous venons de franchir un nouveau pas en mettant en place ces Ateliers Participatifs tirés au sort et chargés d'évaluer l'efficacité des politiques régionales dans différents domaines où la Région intervient.

    C'est, là aussi, un engagement que nous avions pris devant les électeurs.

    Nous avons tenu parole avec le souci d'avancer sans précipitation mais avec détermination, de l'amont (les décisions) à l'aval (leur évaluation). En prenant le temps de caler à chaque fois une méthodologie qui tire les leçons d'expériences menées ailleurs (c'est pourquoi ces Rencontres annuelles nous sont si précieuses) et s'efforce de répondre aux attentes des citoyens dans le contexte qui est le nôtre, en liant étroitement ces deux préoccupations pour moi indissociables : l'approfondissement politique de la démocratie et l'efficacité de l'action publique.

    3) L a remise en cause de nos façons de travailler

    Cela suppose d'accepter l'impact en retour de la démocratie participative sur nos façons de travailler. Ce choc-là n'est pas le moindre ! Pour les élus comme pour les fonctionnaires. Il a bousculé l'idée que chacun se faisait de l'exercice de son mandat ou de son métier.

    Nous avons été confrontés à une obligation de transparence et de reddition des comptes que je crois salutaire mais qui constitue une petite révolution culturelle, parfois vécue comme déstabilisante. Chacun, cependant, s'est peu à peu aperçu de l'intérêt qu'il y avait à pouvoir s'appuyer sur l'intelligence collective des citoyens. Les préjugés et les préventions ont battu en retraite. Et c'est pour moi une grande satisfaction de découvrir que, de lui-même, tel ou tel service de la Région prend aujourd'hui l'initiative d'une démarche participative qui lui semble aller de soi.

    Ces citoyens que certains disaient trop ignorants pour juger en connaissance de cause, trop égoïstes pour se hisser au niveau de l'intérêt collectif, trop naturellement dépensiers pour optimiser la dépense publique, trop ceci ou pas assez cela,

    eh bien ils se sont révélés à l'usage fort sensés, fort responsables, capables de poser des questions très pertinentes et d'effectuer des choix judicieux.

    Mieux : nous leur devons une véritable « opération vérité » sur nos procédures et le chiffrage des opérations qui nous incombent. Je ne réduis bien sûr pas la démocratie participative à une simple technique managériale mais elle nous aide beaucoup à faire qu'« un euro dépensé soit un euro utile ». L'argent public, fruit de l'impôt, est celui des citoyens. Ce n'est donc que justice qu'ils puissent participer plus directement aux choix et aux évaluations concernant son utilisation.

    4) Légitimité politique et expertise d'usage des citoyens

    Budget Participatif ou Atelier Participatif d'évaluation citoyenne, c'est la même conviction qui nous anime : les citoyens ont une légitimité politique à s'occuper des affaires communes non seulement lors des rendez-vous électoraux mais pendant toute la durée d'une mandature. Ils ont en outre une expérience concrète de ce qu'ils vivent quotidiennement, une expertise d'usage que des traditions politiques jacobines, un certain tropisme technocratique et une conception souvent frileuse de la démocratie nous ont, en France, trop longtemps dissuadés de mobiliser.

    Lorsque les citoyens sont placés dans les conditions d'une délibération de qualité (c'est le point central et l'objet de vos travaux d'aujourd'hui), lorsqu'on ne cherche pas à les transformer en tenants d'une expertise savante, lorsqu'on leur donne les moyens de produire un avis éclairé, leur apport est un formidable enrichissement de l'action publique.

    5) Pour des politiques publiques réactives

    Au fil d'une assez longue expérience politique, j'ai souvent constaté que des politiques publiques animées des meilleures intentions pouvaient rater leur objectif, ne pas atteindre ceux auxquels elles étaient destinés ou les enferrer dans la situation dont elles devraient les aider à sortir ou encore s'accompagner d'effets pervers non pris en compte à l'origine. Les signaux d'alerte ne fonctionnent pas toujours et elles continuent sur leur lancée jusqu'à la prochaine échéance électorale comme s'il s'agissait de tankers trop lourds à manier pour qu'on rectifie le cap en cours de traversée.

    Ma conception de l'action publique est à l'inverse. Il faut, bien sûr, fixer un cap et des objectifs auxquels mesurer les résultats. Mais, de nos jours, les politiques publiques doivent être plus réactives. Elles doivent pouvoir être ajustées, chemin faisant, aux attentes des citoyens et être rectifiées dans une temporalité plus brève que l'écart entre deux mandats.

    L'expertise technique est nécessaire mais elle doit pouvoir être croisée avec l'expertise citoyenne. La modernisation de l'action publique comme la revitalisation de la démocratie sont à ce prix. C'est pour cela que nous mettons en place des Ateliers Participatifs Citoyens qui évaluent nos politiques dans différents domaines : les bourses d'aide à la création d'activités et d'emplois, la lutte contre le changement climatique, les actions variées mises en place dans les lycées, le micro-crédit régional, l'installation des jeunes agriculteurs, etc.

    6) Un faux procès en populisme

    Je me souviens d'avoir parlé pour la première fois des Jurys Citoyens en 2002, à la tribune de l'Assemblée nationale. Dans l'indifférence générale. En 2004, nous avons intégré ce projet dans notre programme régional pour la mandature. Mais lorsqu'en 2006, je les ai à nouveau évoqués, quel tollé !

    Je vous fais grâce de tous les noms d'oiseaux dont on m'afffubla alors mais je ne résiste pas au plaisir de vous citer cet extrait d'une des charges les plus virulentes : « Depuis plusieurs années, on cherche par tous les moyens à donner le pouvoir à des non élus pour éviter et contourner le suffrage uninversel. Des peureux et des battus, des riches, des prétentieux, certains intellectuels, des ratés et j'en passe, veulent gouverner sans l'onction du peuple. C'est contraire aux principes fondamentaux de la République. On sait bien que tout cela déborde très vite sous la pression des petits justiciers de chef-lieu de canton qui crient plus fort que les autres. Pourquoi aussi ne pas embarquer les élus sur un cheval et les emmener dans la pampa pour les pendre haut et court, comme au bon vieux temps du Far West ? Trêve de plaisanteries : la démocratie est fragile et doit rester à l'abri des gadgets ».

    Sur tous les tons, on instruisit contre moi un féroce procès en populisme (mais les Français, eux, trouvèrent majoritairement l'idée intéressante). Pourtant, le meilleur moyen de contrer le populisme qui instrumente les peurs et les ressentiments de ceux qui se sentent délaissés et méprisés, c'est justement d'ouvrir plus largement les portes de la démocratie en donnant aux citoyens un pouvoir accru de contrer le désordre des choses et d'influer sur le destin collectif.

    Le populisme se méfie comme de la peste des citoyens informés et éclairés, capables de confronter leurs arguments dans le respect mutuel. C'est le sentiment d'impuissance qui alimente le populisme. Et c'est le sentiment d'appartenance constructive à une collectivité qui tient compte de leur avis qui renforce l'attachement des citoyens à la démocratie et désamorce la peur de l'autre.

    Le lieu de la politique, c'est la société. Dans l'espace politique doivent s'articuler le particulier et l'universel. Alors oui, le meilleur antidote à la démagogie populiste, cette promesse fallacieuse de fusion au rabais, c'est une démocratie participative bien pensée et loyalement mise en pratique, qui redonne du poids à la parole de ceux qui peuvent la prendre et de ceux qu'on invite à la prendre.

    7) Démocratie participative et démocratie représentative : mieux exercer son mandat

    J'entends dire, parfois, que la démocratie participative nierait la compétence et ferait bon marché de la responsabilité élective. Quel contre-sens ! La démocratie participative n'est pas l'ennemie de la démocratie représentative mais son renfort, son complément, son aiguillon indispensable.

    Ici, en Poitou-Charentes, ces confusions nous font sourire car les élus régionaux savent bien, d'expérience, que, loin de les dessaisir, le Budget Participatif et les Ateliers Participatifs d'évaluation citoyenne les aident à mieux exercer leur mandat et à agir plus juste.

    Je ne crois pas, chers amis venus de Suède, de République dominicaine et de Catalogne, que vous viviez la démocratie participative que vous mettez en pratique comme un amoindrissement de vos responsabilités. Chez vous comme chez nous, les élus qui s'engagent dans ces démarches ne sont pas masochistes mais soucieux de renouer avec la force originelle de la démocratie : le droit égal de tous à prendre part aux affaires communes.

    8) Tirage au sort : mieux refléter la diversité sociale

    J'ajoute que mon expérience personnelle de responsable politique m'a très tôt convaincue de ce que nombre d'enquêtes de terrain mettent également en évidence : les dispositifs participatifs fondés sur le volontariat tendent à rassembler en priorité ceux qui ont l'habitude de s'exprimer, ceux sont assurés de leur compétence culturelle, technique ou civique, ceux qui ont le temps. Généralement sous-représentés : les femmes salariées qui ont de jeunes enfants (du fait de la double journée qui pèse prioritairement sur leurs épaules), les salariés de toutes origines qui sont les moins qualifiés, les jeunes aussi.

    J'en ai tiré deux leçons :

    – la plupart des gens n'ont pas de temps à perdre dans des réunions sans enjeux ou des simulacres de participation où ils ne peuvent peser sur rien d'essentiel ;

    – le tirage au sort permet, s'il est bien fait, de corriger cette sous-représentation structurelle de catégories entières de la population, à commencer par les milieux populaires.

    Je suis donc très heureuse que, dans l'Atelier Participatif Citoyen chargé d'évaluer nos politiques régionales de lutte contre le changement climatique, se soient mêlés (grâce à un tirage au sort appuyé sur les données socio-démographiques régionales de l'INSEE) des actifs et des chômeurs, des retraités et des mères au foyer, des salariés du public et du privé, des ouvriers et des cadres, des enseignants et des artisans, venus de nos différents territoires urbains et ruraux.

    9) L 'espoir que ce ne soit pas pour rien

    J'ignore, à ce stade, ce qu'il nous en dira dans l'Avis qui sera remis publiquement aux élus régionaux le 23 juin et les propositions qu'il formulera. Car la Région, initiatrice et organisatrice de cet Atelier Citoyen, a pris soin de ne pas assister à ses discussions et à ses délibérations pour ne pas les influencer.

    Ce que je sais c'est ce que les participants nous ont dit de l'expérience qu'ils ont vécue : leur étonnement d'avoir été contactés et d'être pris au sérieux, l'envie suscitée lorsqu'ils en ont parlé autour d'eux, leur prise de conscience de problèmes dont ils n'étaient pas familiers, l'effort fait par chacun pour s'approprier un sujet complexe et tenir un rythme de travail intensif, leur volonté d'élaborer ensemble un Avis motivé et sérieux, dans une ambiance où la parole de chacun était respectée.

    Leur espoir, surtout, que ce ne soit pas pour rien : que la Région tienne parole en leur donnant clairement les raisons pour lesquelles, le cas échéant, elle refuse certaines de leurs propositions et en leur indiquant précisément les conséquences concrètes qu'elle tire des propositions qu'elle retient pour améliorer ou réorienter ses politiques.

    La démocratie participative est exigeante. Elle ne s'accommode pas de faux-semblants. Si l'on ne tient pas compte du travail demandé aux citoyens, non seulement on ne les y reprendra plus mais l'effet boomerang de leur déception peut saper durablement les bases de leur adhésion démocratique.

    Qu'on ne s'étonne pas, alors, que l'abstention augmente car, comme le disait Albert Hirschmann, quand la prise de parole est réputée inutile, la défection devient l'attitude rationnelle.

    Quand je vois nos amis brésiliens qui, dans leur Constitution de 1988 et le Statut de la Ville adopté en 2001, ont donné force de loi à la gestion participative, quand je vois l'élaboration participative du projet de statut de la Catalogne ou la loi sur la démocratie participative adoptée par la Toscane, je me dis qu'il nous reste, en France, bien du chemin à parcourir.

    10) 2002 : 1ère occasion manquée

    C'est pourquoi je voudrais élargir mon propos à ce que je tiens pour quelques rendez-vous manqués de mon pays avec la démocratie participative. Et cela malgré les expériences qui, depuis quelques années, se développent à l'initiative d'élus motivés. Depuis un quart de siècle, nous avons décentralisé, hardiment au début des années 80, plus confusément au début des années 2000. Il le fallait. Cela n'a pas toujours été fait dans l'équité financière ni avec un grand souci de cohérence et de solidarité territoriale. Et cela n'a que très peu contribué à démocratiser le fonctionnement de nos institutions.

    Les espaces ouverts à la participation des citoyens ont toujours été des plus modestes et des plus encadrés. Rien de décisionnel, que du consultatif, du facultatif et, souvent, du cosmétique.

    Lors de la discussion parlementaire de la loi de 2002 qui a institué les conseils de quartier, l'expression « démocratie participative » a très vite cédé la place à celle, minimaliste, de « démocratie de proximité ».

    Les conseils de quartier, dont la création devait initialement concerner toutes les communes de plus de 20.000 habitants, n'ont finalement été rendu obligatoires que pour celles de plus de 80.000 habitants.

    Cantonnés à un échelon de moindre pouvoir, ces conseils de quartier n'ont la libre de disposition que de petites enveloppes sur de petits sujets. Ce n'est pas rien mais ce n'est pas beaucoup. Résultat : quelle que soit la bonne volonté des élus qui les ont mis en place et des habitants qui ne les désertent pas, ils s'essoufflent et, souvent, finissent par ne rassembler que ceux qu'on appelle les « habitants professionnels », toujours partants pour une réunion.

    Je ne le dis pas de gaieté de coeur car cette loi était portée par un gouvernement de gauche auquel j'appartenais. Elle s'est heurtée, si timide qu'elle ait été, à de fortes résistances d'élus de droite et de gauche. Pourtant, historiquement, c'est la gauche qui fut, en France, la plus encline à ouvrir de nouveaux droits. L'honnêteté m'oblige pourtant à dire que cette loi sur la « démocratie de proximité » ne fut ni l'Acte II attendu de la décentralisation ni l'Acte I d'une démocratie plus participative, pourtant largement expérimentée à la même époque dans bien d'autres pays.

    11) 2003 : 2ème occasion manquée

    En 2003, cette fois sous un gouvernement de droite, nouveau rendez-vous manqué à l'occasion d'une réforme qui inscrit dans notre Constitution la décentralisation mais toujours pas la démocratie participative.

    Je m'en tiens ici à ce qui concerne la participation des citoyens (il y aurait beaucoup à dire du reste !) : tout juste a-t-on concédé, au titre de ce que le Premier Ministre de l'époque avait pompeusement baptisé « République des proximités », un modeste droit de pétition qui permet aux citoyens de solliciter l'inscription d'un sujet à l'ordre du jour d'une collectivité. Et encore ce droit mineur était-il encadré par de strictes conditions pour ne pas, comme l'a dit alors un sénateur, donner lieu « à des demandes répétées ou abusives ».

    Le referendum d'initiative locale qui a, lui, une portée décisionnelle fut réservé aux exécutifs des collectivités territoriales. Démocratie fort descendante et bien peu ascendante.

    Comme l'a écrit Cécile Blatrix, ici présente, il s'agissait « de donner le change plus que de changer la donne ». J'avais à l'époque opposé une démocratie participative ouvrant aux citoyens de nouveaux espaces de délibération et d'intervention à cette démocratie de proximité timorée et méfiante.

    12) Participer : une injonction paradoxale

    Depuis ces deux rendez-vous manqués, nous sommes toujours sous le règne de l'injonction paradoxale : participez, répète-t-on aux citoyens sur tous les tons, mais si vous parlez trop fort, on vous coupera la parole, si vous sortez des clous, on vous tapera sur les doigts et, de toute façon, les choses importantes se passent ailleurs.

    Quand j'entends stigmatiser à tort et à travers l'égoïsme, l'individualisme, la fixation sur les intérêts particuliers, le désintérêt pour la chose publique et autres défauts sempiternellement imputés à nos concitoyens, je me dis qu'en démocratie, on récolte ce qu'on sème.

    Rémi Lefebvre évoque, dans un ouvrage collectif sur « La démobilisation politique », quelque chose qui nous ramène directement au sujet d'aujourd'hui : quelle délibération pour quelle participation ? Il raconte comment, après avoir effectué un consciencieux porte à porte, certains élus s'effarent que les gens chez qui ils sonnent ne leur parlent que de problèmes très particuliers et s'inscrivent, d'emblée, dans une relation de type clientéliste. Ils y voient la confirmation de cet individualisme auto-centré qui rendrait le peuple de plus en plus incivique. Ils ne semblent pas s'être avisés que la situation même du porte à porte, cette forme de rencontre individualisée et impromptue, pouvait induire le comportement qu'ils déplorent.

    Les mêmes habitants, dans un Atelier Participatif d'évaluation citoyenne prenant le temps et les moyens d'une délibération collective et informée, auraient, j'en suis sûre, adopté une tout autre posture. Car ce ne sont pas « les gens » qui sont d'abord en cause mais, souvent, les conditions dans lesquelles la parole des citoyens est sollicitée.

    13) 2008 : 3ème occasion manquée

    Aujourd'hui, voilà qu'à nouveau on s'apprête à modifier notre Constitution (le tiers de ses articles) et que l'occasion n'est, une fois encore, pas saisie d'y faire entrer la démocratie participative. On modifie quelques équilibres entre l'exécutif et le législatif, encore que, dans l'exercice effectif du pouvoir, les choses risquent d'être moins radieuses que ce qui est annoncé.

    Mais, pour les citoyens, on n'a quasiment rien prévu si ce n'est la possibilité de saisir le Conseil Constitutionnel dans le cadre d'une procédure juridique que le justiciable considérerait comme contraire aux droits fondamentaux constitutionnellement garantis et la création d'un Défenseur des Droits du Citoyen qui réunit trois Autorités indépendantes jusque là distinctes. Je n'ai rien contre mais le compte n'y est pas !

    Pas de garantie claire, non plus, sur l'éventualité d'introduire enfin le référendum d'initiative populaire que nombre de pays voisins pratiquent depuis belle lurette.

    Et pas un mot de ce qui constitue depuis toujours le frein majeur à toute démocratisation de la démocratie française : le Sénat et son mode d'élection archaïque, injuste, qui garantit depuis un demi-siècle l'inamovibilité d'une majorité de droite quelles que soient, dans le pays, les alternances politiques.

    Tout se tient : une démocratie représentative verrouillée et la mise à distance obstinée de quelque forme que ce soit de démocratie participative.

    Et l'on s'étonne que les citoyens ne se passionnent pas pour ce débat !

    Encore une occasion manquée. Encore du temps perdu. Et un système replié sur lui-même.

    Bien sûr, dans les territoires, des élus innovent et ouvrent grandes les fenêtres. Mais ce mouvement est privé de l'effet de levier que représenterait la constitutionnalisation d'une démocratie réellement participative, la reconnaissance de sa légitimité par notre loi fondamentale. Sans entrer dans le détail des outils mais en affirmant un principe fort.

    14) La démocratie participative pour réussir des réformes justes

    Je ne commenterai pas ici l'exercice très particulier du pouvoir qui se donne aujourd'hui à voir à la tête de l'Etat. J'observe simplement qu'une fois encore, on traite avec bien peu d'égards ce tiers encombrant, ce tiers intempestif, ce tiers sans lequel, en démocratie, rien n'est possible : le citoyen. On le harcèle de sondages, on convoite périodiquement ses suffrages, mais on n'attend pas de lui qu'il s'implique, réfléchisse et propose avec d'autres.

    J'observe également qu'à surjouer la toute-puissance du chef solitaire, on récolte l'inefficacité, la déception, les conflits.

    Je ne crois pas aux « réformes » qui s'abattent sur les citoyens comme un oukase. Même quand elles sont animées de principes de justice, elles doivent être débattues et, le cas échéant, amodiées par une discussion démocratique qui, de nos jours, doit associer bien plus largement et plus directement élus et citoyens.

    On ne pilote plus comme avant les sociétés complexes qui sont les nôtres.

    On ne décide plus comme avant dans les situations d'incertitude qui sont désormais notre lot.

    On ne consent pas d'efforts sans avoir débattu de leur bien-fondé et pu arbitrer entre les priorités. La concertation avec les corps intermédiaires (associations, syndicats) est nécessaire. La consultation directe des citoyens l'est aussi.

    15) De l'importance des questions pour des réponses efficaces et une démocratie forte

    J'entends dire, parfois, que poser des questions prouve qu'on n'a rien à dire.

    Je crois, tout au contraire, qu'interroger les citoyens sur leurs attentes et sur les effets des politiques publiques, leur permettre de peser effectivement sur leur définition et leur conduite, cela enrichit l'action dont on a la charge, renforce la légitimité des décisions politiques, aide à mieux assumer ses responsabilités électives et, au bout du compte, ce que je ne crains pas d'appeler le leadership politique.

    La démocratie participative n'est pas le risque d'une démocratie faible mais la condition d'une démocratie forte, capable d'empoigner son temps et de vaincre pire que la peur de l'avenir : la peur de ne pas avoir d'avenir.

    J'entends dire, parfois, que les gens n'ont que faire des questions et se moquent bien qu'on les interroge : ce qu'ils veulent, ce sont des réponses.

    Bien sûr, les Français veulent des réponses aux difficultés qui les assaillent mais pas n'importe quelles réponses : des réponses efficaces parce que construites avec eux, témoignant d'une juste perception de leurs craintes et de leurs espérances, attentives aussi à ce qu'ils sont capables de proposer.

    Les bonnes réponses procèdent des questions bien partagées et bien posées.

    Le temps passé à y réfléchir avec celles et ceux qu'elles concernent directement n'est pas du temps perdu : c'est du temps gagné pour l'action.

    A tous ceux qui croient pouvoir sauter directement aux réponses sans prendre le temps des questions, je dédie cette phrase de Saul Alinski, dans le sillage duquel Barak Obama fit jadis ses classes d'organisateur de quartier à Chicago : « Ce n'est pas un hasard, écrivait Saul Alinski, si le point d'interrogation ressemble à une charrue renversée qui retourne la terre dure des vieilles croyances et la prépare pour de nouvelles semailles »...

    16) Pas une affaire de « pédagogie » ou de « communication » !

    J'entends aussi dire, parfois, que la démocratie participative doit se borner à une « pédagogie » des élus à destination des électeurs. Mais cela se saurait si les dysfonctionnements actuels de notre démocratie se limitaient à un banal problème de « communication » ou de « pédagogie » !

    Cette conception verticale, paternaliste, d'une parole qui circule à sens unique : de ceux qui savent (élus, experts) à ceux réputés ne pas savoir ou ne pas comprendre (citoyens, usagers), cette conception-là est totalement dépassée.

    Tout comme ce véritable déni de citoyenneté : l'oubli par le gouvernement des « actions de groupes » (class actions) qui permettraient aux consommateurs d'agir ensemble, par exemple, contre l'hégémonie des grands distributeurs, fortement responsable de la dégradation actuelle du pouvoir d'achat des Français. C'est aussi cela, pour moi, une démocratie plus participative et des contre-pouvoirs utiles.

    De plus en plus instruits, de plus en plus informés, de plus en plus attentifs à leurs droits, les citoyens supportent de moins en moins d'être exclus du jeu.

    Voilà pourquoi le pouvoir ne peut plus s'exercer comme avant et c'est, au fond, une excellente nouvelle.

    17) Des règles formalisées pour un contrat participatif loyal

    Pour ne pas être un leurre ou une promesse mal tenue, la participation citoyenne suppose quelques règles du jeu claires et formalisées car elles sont la base d'un engagement réciproque, d'un contrat participatif loyal. Les procédures n'ont pas besoin d'être sophistiquées à l'extrême car je crois qu'en matière de démocratie participative, le mieux, s'il débouche sur des usines à gaz, devient vite l'ennemi du bien. Elles doivent garantir que les conditions de la délibération citoyenne ne sont pas biaisées, instrumentalisées, manipulées car, comme l'a écrit Bernard Manin, « la décision légitime n'est pas la volonté de tous mais celle qui résulte de la délibération de tous ». Cela suppose une information contradictoire, l'égalité de traitement des participants et, en contre-partie de leur engagement, le pouvoir d'influer effectivement sur tout ou partie de la décision.

    Telles sont, à mes yeux, quelques conditions à respecter, ce qui, je vous l'accorde, n'épuise pas la question du : comment faire ?

    Mais vous allez, là-dessus, nous éclairer.

    18) Des nos Rencontres annuelles à quelques coopérations européennes

    Ces Rencontres annuelles, ce sont aussi des amitiés et des complicités qui débouchent sur des coopérations au long cours. Je pense aux projets européens qui associent aujourd'hui le Poitou- Charentes, la Catalogne et la Toscane.

    Je pense en particulier à celui qui nous permettra d'organiser, en novembre prochain, une Assemblée participative électronique qui se déroulera simultanément dans nos trois Régions sur le thème du changement climatique.

    Je pense aussi au Réseau Européen pour la Démocratie participative dont avons jeté ensemble les fondations pour mettre en commun les bonnes pratiques et favoriser la construction d'un savoir commun accessible à tous.

    Merci à toutes et à tous, encore une fois, d'avoir fait le voyage jusqu'à notre Maison de la Région.

    Merci aux étudiants de Sciences Po Poitiers pour leur mobilisation.

    Je ne pourrai pas rester avec vous toute cette journée car je dois retourner auprès des pêcheurs qui, dans le port de La Rochelle, protestent contre l'envol du prix du carburant qu'ils subissent de plein fouet.

    Je vous laisse mon équipe d'ardents promoteurs de la démocratie participative : ils me rendront compte de vos échanges car ils savent le prix que j'y attache et tout le parti que nous en tirons pour l'action que nous menons en Poitou-Charentes.

    Je vous remercie et vous souhaitent d'excellents travaux.


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  • Ségolène Royal qualifie de «totalement incompatible» le credo de Bertrand Delanoë

    Ségolène Royal discutent avec des pêcheurs, le 23 mai 2008 à La Rochelle.
    C'est officiel: les hostilités sont lancées en vue de la bataille pour le leadership au PS. Ségolène Royal a qualifié samedi de «totalement incompatible» le credo à la fois «libéral et socialiste» développé par Bertrand Delanoë dans son livre «De l'audace».

    «Bertrand Delanoë a déclaré “je n'ai pas envie de pouvoir“», a dit l'ex-candidate à la présidentielle, interrogée par l'AFP alors que le maire de Paris et ses amis s'étaient réunis à la Mutualité pour une journée de travail. «Ca tombe rudement bien, parce que moi, si», a dit Mme Royal. «J'ai envie de pouvoir agir, avec beaucoup d'autres, pour produire et distribuer autrement les richesses, pour garantir à chacun un avenir meilleur, pour lutter contre les excès insupportables du capitalisme et tout ceci n'a rien de libéral».

    «Ma conviction, c'est qu'au XXIème siècle, être libéral et socialiste, c'est totalement incompatible», a asséné la présidente de Poitou-Charentes. Ségolène Royal s'est dite le 16 mai candidate à la succession de François Hollande, poste que pourrait lui aussi briguer Delanoë, même s'il ne s'est pas ouvertement déclaré samedi.

    «Il va y avoir tentative de caricature, ça c'est sûr»

    Soutien de Delanoë, Elisabeth Guigou a réagi à la déclaration de Mme Royal, en estimant que «le libéralisme politique, c'est notre histoire. On doit s'inscrire dans notre histoire et notre civilisation. On ne peut pas bâtir un nouveau Parti socialiste, si on ne se considère pas comme les maillons d'une chaîne». «En même temps, on ne veut pas tout marchandiser. Je fais la part des choses», a-t-elle estimé.

    «Il va y avoir tentative de caricature, ça c'est sûr», a poursuivi l'ex-ministre de Lionel Jospin. Ségolène Royal «a le droit de ne pas assumer l'héritage du libéralisme politique. C'est son droit absolu, mais au moins discutons-en», a conclu Mme Guigou.

    Xavier Leoty AFP ¦ Ségolène Royal discutent avec des pêcheurs, le 23 mai 2008 à La Rochelle.

     
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    Avec agence


    20Minutes.fr


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  • Vos questions sur la Chinafrique

    Serge Michel et Michel Beuret, auteurs de «Chinafrique»
     
     
    Il y aurait déjà 900 entreprises chinoises sur sol africain. Des milliers de Chinois arrivent en Afrique pour investir, travailler, construire et vendre. C'est ce que montre «La Chinafrique», une enquête au long cours de Serge Michel et Michel Beuret, deux des journalistes fondateurs du Bondy Blog.

    Les reporters vous ont répondu en direct:

    Leurs dernières réponses:

    tomdom | 23.05.2008 - 09h42
    La remise en cause du lien privilégié de la France avec l'Afrique peut-elle permettre, paradoxalement, une purge et une régénération de cette relation souvent pollué par la «Françafrique»?
    Super question pour conclure ce chat! En écrivant le livre, nous le pensions, en entendant Nicolasd Sarkozy en campagne, nous le pensions encore, mais ces derniers mois la tendance s'est inversée. Par exemple Bockel renvoyé pour avoir voulu signer l'arrêt de mort de la Françafrique. Sarkozy est en Angola aujourd'hui, voyons s'il parvient à renouveler l'approche française ou va maintenir un cap cynique.

    Pat | 23.05.2008 - 11h31
    Chinafrique, en qui peut-on faire le parallèle avec le concept de Françafrique développé par FX Vershave? Cela veut-il dire que la Chine utilise les mêmes outils que la France dans son entreprise de pénétration en Afrique (soutien aux dictatures, prédation des matières premières)? Dans ce cas là, la Chinafrique est un concurrent direct de la Françafrique, pas mieux, pas pire... Tout aussi détestable...
    La formule Françafrique vient, dit-on, de feu le président Houphouët-Boigny. Et remonte au début des années soixante. Dans son esprit, le sens était alors positif. Au fil du temps, bien sûr, son sens a bien changé et la plupart du temps, on le donne aujourd'hui le sens que lui a donné Vershave. A raison. Mais dans les deux cas, la Françafrique recouvre une réalité semblable: l'interpénétration politico-affairiste entre les élites africaines et les milieux français intéressés (Elysée, grandes entreprises, armée). La formule Chinafrique renvoie à la même idée, la création d'un monde incestueux et souvent corrompu.

    ramuncho | 23.05.2008 - 08h25
    La chine en pleine évolution technique a acheté à prix d'or toutes les matières premières à des pays, principalement d'Afrique, sans tenir compte de l'enrichissement des dirigeants au détriment des masses qui meurent de faim. Ce n'est pas pour rien que la Chine refuse de signer les accords de Quioto en ce qui concerne la pollution. Quant au prix du baril de pétrole, ne cherchons pas bien loin.
    Elle n'a pas racheté à prix d'or, elle a le plus souvent payé le prix du marché. Et sa forte demande a fait monté le prix du marché donc elle a payé de plus en plus cher. Les masses ne meurent pas de faim, elles ont besoin de routes et d'électricité pour faire comme l'Europe au XIXe, comme la Chine fin du XXe, se développer. Qui peut y contribuer, jaune rouge ou blanc, égoïste ou altruiste, sera bienvenu.

    alcofibrasnasier | 23.05.2008 - 10h50
    Des chinois viennent-ils s'installer durablement, avec leurs familles par exemple, ou s'agit-il le plus souvent de travailleurs temporaires? Quelles sont les régions les plus concernées?
    Il y a les deux. Des ouvriers qui ont des contrats de 2 ou 3 ans pour faire un barrage, un pont, une route, et qui repartent ensuite. Il y a aussi des aventuriers, pionniers de ce far west africain (pour la Chine, l'Afrique c'est l'ouest) qui tentent leur chance dans cet immense espace encore en friche, bien souvent, et réussissent à force de persévérance. Ceux-là font alors venir leur famille. Ou en fondent une sur place, sur leur nouvelle terre d'accueil. Les mariages mixtes sont rares, car les préjugés réciproques demeurent, mais nous avons tout de même rencontré plusieurs couples/familles mixtes.

    Jojolafrite | 23.05.2008 - 12h05
    Vous parlez de «pillages» de la part des ex-puissances coloniales. Moi je parlerais plutôt de mise en valeur des ressources naturelles pour les besoins de la civilisation occidentale. En effet, au début du XXème siècle, les tributs africaines ne retiraient aucune utilité de ces ressources. N'est-ce pas un peu facile de faire encore culpabiliser l'occident au travers de vos réponses simplistes?
    Il est indéniable que la course aux richesses africaines a déstructuré les sociétés africaines traditionnelles. Mais ce n'est pas le sujet de notre livre. Maintenant que c'est fait et que l'Afrique n'est plus constituées de tribus qui vivent à l'état de nature, mais de 900 millions de personnes qui ont des besoins d'éducation, d'emploi, d'accès aux technologie et qui constituent la zone de plus forte croissance mondiale actuelle, on fait quoi? On continue de prendre les ressources mais il serait bon qu'elles soient transformées sur place, et que l'Afrique exporte aussi des biens transformés pas seulement des matières premières. Les Chinois ont quelques projets intéressants dans ce domaine.

    lulu | 23.05.2008 - 08h49
    Est-ce un danger pour l'Europe, la présence chinoise en Afrique? Et que vont-ils y chercher?
    Ils vont y chercher des matières premières, bien sûr, tout le monde ne parle que de ça. Mais ce n'est pas tout. La Chine, dans son bras de fer avec les démocraties à l'ONU, cherche à renforcer ses appuis politiques aussi. Enfin, l'évolution démographique de la Chine et sa polarisation sociale croissante pousse aujourd'hui Pékin à opter pour une politique d'exportation de sa main d'oeuvre. Sous employée, mal employée en Chine elle représente à terme une classe dangereuse.

    macmady | 23.05.2008 - 12h10 envoyé de son mobile
    Pourquoi éviter le terme de pillage puisque selon vos propres dires, ces ressources étaient utilisées par l'Occident? l'Afrique a assez souffert de ces actes! On ne cherche pas à rejeter la faute sur l'Europe, mais on ne cautionne toujours pas le fait que des pays comme le Zaïre ont été dévastés par des guerres qui reposaient sur le «vol» de leurs richesses locales.
    On n'évite pas le terme de pillage. Mais il faut bien avoir conscience que la Chine est arrivée bonne dernière en Afrique et que tous les jolis morceaux étaient déjà pris. Dès lors, son «pillage» est forcément plus modeste. Je suis d'accord sur le drame du Congo belge ou Zaïre. Les chinois viennent d'arriver sur place, au Katanga, donnons leur quelques années pour voir s'ils font aussi mal que leurs prédécesseurs.

    zazoult | 23.05.2008 - 10h27 Un ami africain m'a dit que les Chinois cultivait du riz en Afrique, mais que les africain n'en profitait pas?
    Pour le riz, on ne sait pas, mais ce qui est sûr c'est qu'il y a des milliers d'agriculteurs et de techniciens agricoles chinois sur le continent. Parfois pour former les Africains à de nouvelles techniques de production, parfois pour produire des légumes chinois à destination d'un marché local formé par l'afflux massif de chinois.

    JMBern | 23.05.2008 - 11h44
    Dans l'intitulé du débat sur 20minutes.fr on peut lire «900 entreprises chinoise sur le territoire africain». Mais répartie sur 57 pays/territoires de l'Afrique, ça semble peu, soit environ 15 par pays. En comparaison combien y a-t-il d'entreprises françaises sur le territoire africain? Pour avoir une meilleure perspective, savez-vous combien d'entreprise chinoise sont sur le sol Européen? Bientôt une «Chine-Europe»? Quels sont les revenus des travailleurs chinois sur le sol africain par rapport aux travailleurs locaux? Sont-ils des migrants pauvres?
    Bonjour JMBern! Les 900 entreprises ne se répartissent pas dans tous les pays. Il faut dire aussi comme dans question précédente que ce sont des entreprises parfois géantes 100'000 ou 200'000 employés en Chine.
    Oui, rien qu'au Maroc, il y a 800 entreprises françaises mais surtout des PME. On n'a pas les statistiques pour tout le continent. Souvent, ce sont toujours les mêmes sur place, Bouygues, Alcatel, Bolloré, Axa, Société Générale. Mais ces entreprises sont en recul par rapport aux concurrents chinois, qui gagnent à tous les coups lors des appels d'offre.
    Les ouvriers chinois qui travaillent en Afrique pour une grosse entreprise sont payés entre 300 et 500 dollars par mois. C'est deux à trois fois ce qu'ils auraient en Chine.

    macmady | 23.05.2008 - 11h48 envoyé de son mobile
    900 entreprises chinoises, d'accord cela peut sembler peu par rapport au nombre de sociétés françaises installées en Afrique. Mais il est nécessaire d'engager le débat sur la présence chinoise, qui au détriment des droits de l'homme, soutient le conflit du Darfour. Est-elle créatrice d'emplois pour les travailleurs locaux? Quel est son véritable apport dans l'économie africaine?
    Oui cela semble peu, mais ces entreprises sont souvent immenses! Dans la construction surtout. La construction d'infrastructure aidera les entreprises africaines, à terme. Dans l'immédiat, certains pays ont rendu obligatoire aux entreprises chinoises d'employer 50 à 70 pour cent de locaux et c'est bien. Plus les Africains seront exigeants, plus ils obtiendront d'effets positifs des Chinois.

    agno2008 | 23.05.2008 - 07h15
    A-t-on essayé de vous corrompre lors de vos investigations? Votre vie a-t-elle était mise en danger à certains moments, endroits?
    Les Chinois sont si difficiles d'accès, qu'une fois la confiance gagnée, c'est plutôt nous qui avions envie de leur faire plaisir pour ne pas être mis à la porte tout de suite, pouvoir visiter leurs usines, circuler dans leur voiture et finalement voir l'Afrique avec leurs yeux, pour ne pas juste les décrire de l'extérieur. Ce qui nous a pas empêché d'aller voir juste après les ouvriers africains travaillant pour les Chinois et qui nous en ont dit pis que pendre.
    Pour la seconde partie de la question, oui... un épisode pénible dans les mains de la police secrète à Port-Soudan, parce que nous avions visité le terminal pétrolier en secret. Quelques courses poursuites aussi en Angola avec une troupe de gangsters, mais plus de peur que de mal. Quant au Nigéria, se déplacer sans escorte est un risque mais nous sommes passés entre les gouttes.

    SARKOOL | 23.05.2008 - 09h18
    Ne pensez vous pas qu'en soutenant militairement des dictatures en Afrique pendant des siècles, et en instaurant, le pillage systématique des économies( lire la Francafrique, les réseaux foccard) la France a perdu définitivement, sa crédibilité et son influence en Afrique, au profit de la Chine, et de l'Inde?
    Oui la France a perdu de sa crédibilité pour les raisons que vous dites, mais il ne tient qu'à elle de changer. On trouve rarement des gens vraiment fâchés contre la France en Afrique. Juste un peu amers. Personne n'a envie de renoncer au français pour le chinois... les chefs d'Etat vont pas troquer leurs villas de la cote d'azur pour une résidence sur la mer jaune!

    snopie | 23.05.2008 - 07h27
    Achats de matières 1ères (minerais , bois...), les Chinois pillent l'Afrique comme l'on fait les Européens à partir du XIXème siècle. L'appât de l'argent facile pour les Africains , et tant pis pour les sols et forêts dévastés... Les «Droits de l'Homme», n'en parlons pas... Pourquoi l'Afrique , qui a chassé les Européens , accepte-t-elle de nouveaux colonisateurs? Peut-être parce que les Chinois leur laissent leur «indépendance» , du point de vue politique?
    Oui, absolument, la non ingérence est une des raisons de leur succès politique. Mais il n'y a pas que ça. La Chine aide aujourd'hui efficacement l'Afrique à se développer, à lui construire l'infrastructure indispensable à son développement ce que les Européens n'ont jamais été fichu de faire. Alors aujourd'hui, pour la première fois une sorte de développement sud-sud est à l'oeuvre.

    bastet 17 | 23.05.2008 - 08h00
    Ne pensez-vous pas que l'ethnocentrisme, héritier du colonialisme, est responsable de la désaffection du l'Afrique pour la France et favorise la Chine?
    Les Chinois sont aussi assez ethnocentrés. Je pense plutôt que c'est le manque de perspicacité: la France s'est lassée de l'Afrique fin des années 90 au moment où celle-ci commençait à donner des signes positifs. Mais maintenant que la Chine y est, regardez comme la France se mord les doigts! A l'instant où je vous réponds, Nicolas Sarkozy est à Luanda...

    agno2008 | 23.05.2008 - 07h15 D'un point de vue personnel et éthique cautionnez vous l'appât du gain des dirigeants chinois dans le «business africain»? Doivent ils penser $ ou droit de l'homme?
    D'un point de vue personnel et éthique, je me demande qui n'est pas motivé par l'appât du gain. Je pense que la bonne volonté et l'aide humanitaire ne sont pas forcément ce qui fera le plus de bien en Afrique. L'aide est une phénomène pervers où celui qui donne attend la reconnaissance et reste finalement au dessus de celui qui est aidé. On entend beaucoup d'Africains dire en ce moment "on en a marre de l'aide, venez plutôt faire du business avec nous". Et en matière de droits de l'homme, je ne suis pas certain que l'Occident ait beaucoup de leçons à donner. Omar Bongo fête ses 40 ans au pouvoir et ce n'est pas la Chine qui l'a mis en place et soutenu les 30 premières années.

    panchito | 21.05.2008 - 13h20
    Chine, France, Inde voire Brésil, qui pillera le mieux les richesses africaines?

    Disons qu'elles ont déjà été largement pillées à l'époque ou une seule puissance, souvent ex-coloniale, était l'acteur principal dans chacun des pays d'Afrique. Je pense que la concurrence Chine Inde Brésil France Russie peut au contraire aider les Africains à prendre conscience de la valeur de leurs ressources et à faire monter les enchères, pas seulement en termes d'argent mais aussi retombées socio-economiques des projets miniers et autres.


    Le chat est fini…

    ¦ Serge Michel et Michel Beuret, auteurs de «Chinafrique»

     
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