• «L'université d'été ? Un verrouillage unanimiste»

    Le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon, le 12 mai 2007 à Paris

    Jean Ayissi AFP/Archives ¦ Le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon, le 12 mai 2007 à Paris

     
    Entretien avec le sénateur socialiste de l'Essonne, Jean-Luc Mélenchon, auteur de «En quête de gauche» (éd. Balland)

    Vous avez décidé de ne pas vous rendre à l'université d'été du PS à La Rochelle. Pourquoi?


    Je n'accepte pas la façon dont la gauche du parti à laquelle j'appartiens a été écartée. Elle ne sera représentée que, dans une seule plénière, par Henri Emmanuelli, un proche de Hollande. Bien sûr, la direction va dire que l'on m'a proposé de participer. Mais on m'a dit qu'il serait impossible de m'héberger et que mon temps de parole – depuis la salle — serait très limité. C'est un traquenard.
     
    N'était-ce pas justement l'occasion de faire valoir votre vision de la rénovation?


    Auparavant, l'université d'été permettait de confronter des idées. Cela rendait l’exercice utile et sympathique. Mais la dimension échanges a progressivement disparu pour faire de cet événement un verrouillage unanimiste. C'est devenu un simple cadre de congratulations où la direction agit comme si chacun avait fait sa conversion idéologique. Qu'est-ce que j'irais donc y faire? Applaudir François Hollande? Si je ne dis rien, on dit que j'approuve la direction. Si je parle, on m'accuse de semer la zizanie.
     
    Ne craignez-vous pas que vos critiques virulentes n'affaiblissent le parti au profit de la droite?

    C’est un argument de terrorisme intellectuel : se taire ou être accusé de faire le jeu de l’adversaire. Comme si les ralliements d’anciens dirigeants socialistes et la critique molle des survivants ne lui suffisaient pas ! Mais pour dénoncer la présence de Sarkozy à l’université du MEDF, il n’y avait que moi. Ceux qui ont décidé d’écrire un livre— nous ne nous sommes pas concertés — veulent donner un certain niveau de débat intellectuel. Mais nous sommes méprisés comme des importuns par François Hollande, le chef des sophistes. Lorsque j'ai dit au premier secrétaire que j'étais contre le concept d'«ordre juste», il m'a simplement répondu : «tu préfères le désordre injuste?». Ces jeux de mots ne sont pas à la hauteur des pistes de réflexion que nous devons explorer pour rénover le parti. Je reste disponible pour les ateliers de la rénovation qui se tiendront à l'automne mais je ne me laisserai pas domestiquer. La méthode pour faire entendre ma voix, c'est moi qui la choisirai.

    Jean Ayissi AFP/Archives ¦ Le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon, le 12 mai 2007 à Paris

     
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    Propos recueillis par Alexandre Sulzer


    20Minutes.fr, éditions du 30/08/2007 - 19h23


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  • Nos quatre points cardinaux

    30 août 2007

    Tribune publiée par le journal Libération (version longue).

    Sans penser à mal, nous sommes en train de commettre collectivement un crime contre les générations de demain.

    Malgré tous les discours, l’avenir et sa préparation sont en effet les sacrifiés de la politique telle qu’elle va. L’agitation tient souvent lieu d’action. L’instantané médiatique sert de ligne d’horizon. L’émotion supplante la réflexion. Or la France et l’Europe ont besoin d’un cap pour le long terme. Et pour fixer un cap, il faut des points cardinaux.

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    Notre premier point cardinal, ce devrait être l’environnement. En dépit des cris d’alarme, la plupart des dirigeants politiques et économiques continuent de laisser polluer et saccager notre planète.

    Les conditions météorologiques extrêmes de cet été sont pourtant un nouveau signal. Pour prendre le seul problème du gaz carbonique largement responsable de l’effet de serre et des dérèglements climatiques, en supposant même que nous parvenions à stabiliser les émissions par habitant, celles-ci augmenteront pour des raisons démographiques de 40 % dans les 40 prochaines années. Cela s’appelle une catastrophe.

    Une stabilisation globale impliquerait de ramener en une décennie les émissions 40 ans en arrière, non seulement pour les Européens, qui s’y sont engagés, mais pour l’ensemble de la planète. On n’en prend pas le chemin !

    Nous colloquons, nous protestons, mais nous détruisons. Dans le palmarès de ce qu’il faut bien appeler les éco-criminels, les Etats-Unis viennent en tête. L’Europe commence seulement d’agir. Quant à la Chine - dont 2008 sera la grande année - lorsqu’elle « s’éveillera » au risque environnemental, que restera-t-il à sauver ?

    La conclusion est aveuglante, il existe un besoin urgent, vital au sens propre, d’actions politiques : économiser drastiquement l’énergie et en diversifier les sources ; encourager massivement la recherche et l’innovation ; respecter des normes sévères anti-pollution dans les domaines industriel et agricole ; révolutionner les transports, l’habitat et la fiscalité vers cet objectif ; adapter nos modes de consommation et d’alimentation ; mettre en place une Organisation mondiale de l’environnement. Aucune de ces tâches n’est compatible avec une approche traditionnelle, confiant au seul marché le soin d’agir. Nous avons besoin d’une régulation nationale et internationale forte, d’une priorité absolue reconnue au long terme, à la personne humaine et à la vie, thèmes qui doivent être précisément ceux de la gauche. A la France, en lien avec l’Europe, d’engager la rupture sur ce terrain-là.

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    Le deuxième point cardinal, c’est l’allongement de la durée de vie, le vieillissement. Là aussi, les données chiffrées sont à la fois négligées et implacables.

    Toujours dans les 40 ans qui viennent, la population mondiale dépassera 9 milliards d’habitants contre 6 aujourd’hui. Cet accroissement sera concentré à près de 40 % sur l’Afrique et à plus de 50 % sur l’Asie, ce qui redistribuera le jeu mondial. L’Inde, la Chine, le Brésil se renforceront, les États-Unis seront bien placés, l’Afrique pauvre risque de s’appauvrir encore plus, le Japon, la Russie et l’Europe vieilliront, avec une situation particulièrement critique pour l’Europe du Sud et pour l’Allemagne. Ces bouleversements soulèveront d’immenses problèmes d’environnement - toujours lui -, de croissance, de niveau de vie, de santé, de migrations, d’urbanisme, d’aménagement du territoire.

    La préoccupation du vieillissement recoupe notamment les questions de santé et de retraite. En France, elles n’ont pas été vraiment traitées pendant la campagne électorale. Il est impératif de le faire maintenant. Sur le premier point, l’instauration d’un « franchise médicale », qu’il vaudrait mieux appeler « taxation médicale », outre son caractère injuste, ne constitue pas une solution à la hauteur des défis : c’est d’abord sur l’offre de soins et sur la prévention qu’il faut agir. Sur les retraites, posons aux Français la question de fond, celle du degré de solidarité qu’ils souhaitent. Nous possédons un atout, notre excellente démographie, mais nous connaissons une faiblesse grave, le médiocre taux d’emploi des jeunes et des seniors. Là aussi, l’action est urgente, elle ne peut pas être différée.

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    L’exigence du développement partagé et de l’égalité réelle fournit le troisième point cardinal. Chacun constate que notre société se délite sous les coups de boutoir des affrontements entre quartiers, générations, ethnies, religions. Citoyenneté, laïcité, solidarité sont mises en cause alors qu’elles devraient être notre triangle magique.

    L’appartenance pleine à notre communauté nationale doit être assurée par et pour chaque citoyen. Quels que soient son habitation, sa confession, son âge, sa couleur de peau, chacun(e) a droit à une égalité réelle et pas seulement incantatoire. Pour cela, l’action publique doit être rendue plus ciblée et plus efficace. La lutte contre les discriminations doit être renforcée. La laïcité, valeur essentielle de la gauche, constitue un véritable trésor dans un monde miné par la confusion violente entre le domaine de César et celui de Dieu ; elle est probablement ce que la République française peut proposer de plus utile aux autres nations pour réduire les conflits. Dans l’hexagone, nous devons réaffirmer cette laïcité à l’école, pour l’État et plus largement pour toute la société. Elle sera convaincante si elle s’accompagne d’égalité en actes. C’est là qu’intervient la solidarité.

    X

    Précisément, le financement solidaire constitue notre quatrième point cardinal. Pour l’Union européenne, le vieillissement de la population et la mauvaise maîtrise de nos finances publiques aboutiraient, si aucune mesure correctrice n’est prise, à faire passer la part de la dette par rapport au produit intérieur brut de plus de 60 % aujourd’hui au chiffre faramineux de 250 % en quatre décennies. Dans un contexte où la répartition entre riches et pauvres est tragiquement inégalitaire, où le partage est déséquilibré entre capital et travail comme entre actifs et inactifs, et alors même que la marchandisation s’étend, cette question du financement solidaire est décisive.

    Je plaide pour que certains domaines soient « sanctuarisés » et pour un accès universel aux services essentiels : éducation, culture, santé, eau, assainissement. C’est une mission de la gauche d’agir en ce sens par tous les canaux disponibles, notamment l’édiction de normes internationales et la construction de services publics modernes, ainsi que par la généralisation la plus large des sciences et des techniques.

    Le rôle des entreprises et des entrepreneurs privés est crucial mais nous devons veiller aussi à assurer des moyens d’action efficaces à la puissance publique nationale, européenne et internationale. Ils sont indispensables au respect de l’intérêt général ; on vient encore de le constater avec la crise financière née des « subprimes » américaines. La gestion publique doit être profondément réformée. Les cas de maladministration doivent être sanctionnés. Ils ne doivent pas pouvoir être utilisés pour délégitimer l’intervention et les ressources publiques. Sinon, la crise ira de plus en plus à la crise, le déséquilibre au déséquilibre, et la pauvreté à la pauvreté !

    Cela vaut notamment pour la France. Nos comptes ont viré au rouge cramoisi, et il y a malheureusement lieu d’être interrogatif face aux choix économiques et fiscaux actuels. Attendons les premiers résultats pour juger ; mais consacrer plus de 10 milliards d’euros chaque année à des mesures fiscales qui ne muscleront vraiment ni la demande (plutôt l’épargne) ni l’offre (ce qui serait pourtant nécessaire) risque de procéder d’un contresens économique pour se terminer par de profonds contrechocs sociaux.

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    Ce que je veux dire, c’est ceci : que les responsables politiques, au lieu de de s’agiter médiatiquement et de polémiquer inutilement, veuillent plutôt considérer ces quatre points cardinaux, ces quatre problèmes de fond : environnement, vieillissement, développement, financement. Et qu’ils s’engagent sur leurs solutions. Le citoyen-électeur retrouvera peut-être alors le sentiment qui seul nourrit les projets, mobilise les pays et permet le progrès : la confiance.

    http://www.laurent-fabius.net/article966.html


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  • FMI: Strauss-Kahn n'a pas les qualités, selon le directeur du FMI pour la Russie

    Dominique Strauss-Kahn à Moscou, le 9 août 2007

     

    Maxim Marmur AFP/Archives ¦ Dominique Strauss-Kahn à Moscou, le 9 août 2007

     

    Le directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI) pour la Russie, Alexeï Mojine, a affirmé que le Français Dominique Strauss-Khan, candidat à la direction générale du FMI, n'a pas les qualités requises pour exercer la fonction, rapporte le Financial Times samedi.

    "Il n'y a rien dans le CV de M. Strauss-Khan qui montre clairement qu'il a les qualités techniques pour accomplir le travail", a estimé M. Mojine dans un entretien au quotidien économique.

    Il décrit l'ancien ministre français des Finances comme un "homme politique de métier" et doute que sa candidature, soutenue par l'Union européenne, soit la meilleure.

    Dominique Strauss-Khan est en compétition avec l'ancien président de la banque centrale tchèque Josef Tosovsky, dont la candidature a été présentée par la Russie.

    "Nous croyons fortement que M. Tosovsky est le meilleur candidat avec l'expérience la plus pertinente", a soutenu M. Mojine.

    "Le processus de désignation du directeur général du FMI est profondément défectueux", a-t-il estimé. "Nous pensons que le FMI fait face à une crise sévère de légitimité et l'on veut qu'il réponde aux besoins des pays en développement, nous devons sélectionner le meilleur candidat".

    "Si les pays en développement n'ont pas le sentiment qu'ils jouent un rôle dans le processus de désignation, alors ils se détourneront du FMI", plaide M. Mojine.

    La Russie s'est assurée du soutien de pays en développement siégeant au conseil d'administration à la candidature de Josef Tosovsky, selon M. Mojine, qui ne les a toutefois pas nommés, rapporte le FT.

    Selon lui, la candidature de l'ancien directeur de la banque centrale tchèque n'a pas simplement pour objectif de créer "l'apparence" d'une compétition pour la désignation du directeur général du Fonds.

    Aux termes d'une règle non écrite, l'Europe désigne le directeur général du FMI tandis que les Etats-Unis choisissent le président de la Banque mondiale.

    Les deux candidats, les seuls à s'être officiellement déclarés, doivent être auditionnés au siège du FMI après le 31 août, date limite pour le dépôt des candidatures.

    Maxim Marmur AFP/Archives ¦ Dominique Strauss-Kahn à Moscou, le 9 août 2007

     
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    © 2007 AFP


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  • DDA A la une
    Maxppp/JDD
    [21/08/07]

    "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue".


    Entretien de Ségolène Royal avec le Journal du Dimanche
    Délivrée de toute amertume, l'ex-candidate à l'élection présidentielle va se battre pour rénover le Parti socialiste. Pour le JDD, Ségolène Royal évoque sa famille, ses vacances, fait son autocritique sur la présidentielle et parle de ses projets pour le PS. "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Ressasser, c'est de l'énergie perdue", dit-elle. Confidences...

    C'est une Ségolène Royal "requinquée", "ressourcée", "apaisée" qui fera sa rentrée politique samedi prochain à Melle dans les Deux-Sèvres, endroit "tranquille et symbolique" où elle se sent protégée. Comme chez elle. L'ex-candidate du PS à l'élection présidentielle a volontairement peu donné de ses nouvelles pendant l'été. Elle a profité de cette coupure indispensable pour se remettre physiquement et psychologiquement de la dureté de la campagne, de l'épreuve du résultat du second tour, et de ce qu'elle qualifie pudiquement de "reconstructions personnelles".

    Expression qu'elle utilise pour évoquer, sans la nommer, sa séparation, intervenue avant l'été, d'avec François Hollande, le père de ses quatre enfants, avec lesquels elle a tenu à passer toutes ses vacances. Comme soudée à ses petits devenus grands (la dernière, Flora, est largement adolescente), elle coule, en ce moment, ses derniers jours de vacances dans la maison familiale de Mougins où elle prend plaisir à cuisiner, recevoir des amis à déjeuner et profiter sans retenue de ces heures d'intimité.

    Des "reconstructions" qui, confie-t-elle, lors des rares occasions où elle accepte d'abandonner le masque du sourire et de la maîtrise de soi, lui ont permis, à elle comme à ses enfants, de crever un abcès formé depuis de trop longs mois et de repartir sur des bases claires. "Nous avons beaucoup parlé entre nous. L'équilibre familial s'est réorganisé autrement, et s'est peut-être même renforcé." La trêve estivale l'a "définitivement délivrée de l'amertume". Elle admet avoir souvent pensé à cette phrase de Nietzsche: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts."

    "Le temps n'est plus aux règlements de compte"

    Beaucoup plus prolixe en revanche sur sa vie publique, la présidente de la région Poitou-Charentes a choisi avec soin la date du 25 août pour sa première intervention publique, qui se fera à l'issue d'un pique-nique informel, une semaine exactement avant les universités d'été de La Rochelle. Elle sait qu'elle y est très attendue. En décidant de parler avant le traditionnel rendez-vous de La Rochelle devenu l'an dernier, par sa seule présence, un véritable "barnum", elle sait que l'attention ne se focalisera pas, cette fois, sur sa seule personne. La présidente de région interviendra à ces universités, en tant que puissance invitante, dès l'ouverture des travaux, le vendredi 31 août, entourée des cinq nouveaux députés socialistes de Poitou-Charentes. Elle a prévenu ses proches qu'ensuite elle se ferait discrète.

    Des proches qu'elle n'a cessé de consulter, le plus souvent au téléphone, tout au long de l'été. Jean-Louis Bianco, Julien Dray, Sophie Bouchet-Petersen, François Rebsamen bien sûr, mais aussi Gaëtan Gorce ou Aurélie Filippetti. Débarrassée, délivrée même de la campagne présidentielle, un carcan qu'elle avoue ne pas avoir toujours bien « maîtrisé », faute de recul et d'expérience, Ségolène Royal a l'intention, désormais, de maîtriser son calendrier. "Entre la campagne interne du PS et la vraie campagne, j'ai été sur la brèche pendant presque un an, comme à marche forcée. J'ai dû gérer, parfois à la hâte, les déséquilibres. Il y a eu des dysfonctionnements et des erreurs sur lesquels j'ai pu réfléchir. C'était une expérience à la fois merveilleuse, exaltante, et épuisante. Aujourd'hui, j'ai le temps, je choisis, je contrôle."

    Si elle se rendra à l'étranger où elle est beaucoup demandée, ses voyages seront comptés: à ce jour, un déplacement est prévu, le 9 septembre, en Italie, à l'occasion de la fête du quotidien de gauche, L'Unità ; un autre suivra au Québec au milieu du mois ; peut-être un troisième encore aux Etats-Unis, en octobre. Totalement prête à "réinvestir" pleinement le champ politique, Ségolène Royal n'est, pour autant, pas pressée. Persuadée que rien ne peut se faire ni sans elle ni contre elle, elle compte jouer un rôle "important" dans le processus de rénovation du PS qu'elle imagine "forcément long". Elle acceptera, prévient-elle, toutes les responsabilités qui lui seront confiées par ceux qu'elle nomme toujours ses "camarades". Son entourage est prévenu: "Le temps n'est plus aux règlements de comptes. Les comportements passés appartiennent au passé. Ressasser, c'est de l'énergie perdue."

    "Une ligne moderniste, éclairée et rassembleuse"

    L'ouvrage, à paraître cet automne aux éditions Grasset (dont le titre - encore provisoire - pourrait être Une étrange défaite), ne sera surtout pas un livre revanchard ou amer. Bien au contraire. Mais une réflexion qu'elle espère "honnête" sur les points forts et les points faibles de sa campagne. "J'ai attendu pour faire mon autocritique, mais je la fais. Pour mieux rebondir, pour redémarrer." Parce qu'elle a le sentiment d'avoir vécu une aventure exceptionnelle avec les Français, une aventure qui lui a apporté de la densité, de la maturité et le cadeau si précieux qu'a été "leur espoir et leur confiance", l'ex-candidate à l'élection présidentielle regarde le futur congrès du PS, dans un an, avec détachement.

    Se projette-t-elle comme future patronne du PS ? La question lui semble absurde. "Je ne suis pas du tout dans ces stratégies." Même chose pour les courants. Créera-t-elle le sien ? Elle n'en a aucune idée et, pour l'instant, aucune envie. "J'ai été candidate au nom de tous les socialistes. Pourquoi devrais-je m'enfermer dans un courant?", a-t-elle laissé échapper, récemment, devant un de ses interlocuteurs. Le mot courant lui semble presque obsolète. Tout juste pense-t-elle que les militants de Désirs d'avenir devraient "naturellement" adhérer au PS. Le site internet de l'association sera réactivé afin de garder un contact permanent avec les Français.

    D'ici au congrès socialiste - un horizon encore "lointain" pour elle -, elle compte, en tout cas, travailler dur. Entourée de sa petite équipe d'experts économiques et internationaux: Pierre Moscovici, le banquier Matthieu Pigasse, l'économiste Thomas Piketty, Bruno Rebelle pour les questions écologiques auxquelles elle s'intéresse tout particulièrement. Sur tous ces sujets, elle s'emploiera à proposer des idées neuves. En phase avec l'évolution de la société, des idées qui constitueront progressivement un corpus idéologique, une ligne politique "moderniste, éclairée et rassembleuse". Pas question que se reproduise le flottement idéologique qui a prévalu pendant la campagne sur des questions aussi importantes que les 35 heures, le temps de travail, la sécurité, ou le besoin de protection des citoyens.

    Convaincue que les nouveaux adhérents du PS gagnés en 2007 attendent autre chose que des vieux sujets mille fois ressassés, Ségolène Royal ne regrette pas le départ de ceux qui n'ont pas résisté aux sirènes de l'ouverture sarkozyste. "Au contraire, cela crée un appel d'air." Un appel d'air qu'elle a bien l'intention d'utiliser à son profit. Foi de Ségolène. "Lorsque j'étais à la Guadeloupe, tous ceux que je croisais m'appelaient 'la femme debout'. Comme au temps de la campagne. Rien ne m'a fait plus plaisir. Rien ne correspond plus à la réalité qui est la mienne aujourd'hui."

    Par Virginie LE GUAY

    http://www.lejdd.fr

    Le Journal du Dimanche

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  • Sondage: DSK préféré pour diriger la gauche, Royal en baisse

    Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal déjeûnent ensemble, le 25 avril 2007 à Paris

     

    Eric Feferberg AFP/Archives ¦ Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal déjeûnent ensemble, le 25 avril 2007 à Paris

     

    Dominique Strauss-Kahn est jugé par une majorité de 30% de Français, comme "le meilleur leader pour la gauche au cours des années qui viennent", selon un sondage LH2 marquant un recul de popularité de Ségolène Royal, à paraître mercredi dans Libération.

    30% des personnes interrogées placent l'ex-ministre PS en tête de liste des personnalités à même de diriger la gauche dans l'avenir, soit un taux semblable au sondage LH2 de juin.

    Le député PS du Val-d'Oise, qui brigue aujourd'hui la direction du Fonds monétaire international (FMI) devance de loin l'ex-candidate à la présidentielle qui, à 15%, perd 6 points (21% en juin).

    Le dirigeant de la LCR Olivier Besancenot se glisse à la troisième place (8%) devançant d'un point le maire PS de Paris Bertrand Delanoë. Lors de la dernière vague LH2, tous deux étaient à égalité à 7%.

    Tous les autres (Laurent Fabius, François Hollande...) sont à 4% ou moins.

    Auprès des seuls sympathisants de gauche, DSK et Ségolène Royal font jeu égal à 24%, le premier gagnant 4 points et la seconde en perdant 5 par rapport à juin.

    En revanche, la présidente de Poitou-Charentes reste la préférée des sympathisants socialistes pour ce rôle de leader de la gauche avec 31% (-1) contre 27% (+4) à celui qui fut son rival malheureux dans les primaires socialistes pour l'investiture présidentielle.

    Interrogés sur les priorités de la gauche, l'ensemble des Français (36%) comme les sympathisants de gauche (36%) et les sympathisants socialistes (38%) placent en tête "élaborer des programmes clairs".

    Deuxième urgence, pour les Français : faire monter une nouvelle génération de responsables (30%).

    Les sympathisants socialistes sont à 37% d'accord avec cette nécessité, mais pas les sympathisants de gauche (31%) qui placent devant "être plus proche des gens en difficulté sociale" et "consulter davantage les gens".

    Sondage réalisé les 17 et 18 août par téléphone auprès de 1.007 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus (méthode des quotas). Notice détaillée disponible auprès de la commission des sondages.

    Eric Feferberg AFP/Archives ¦ Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal déjeûnent ensemble, le 25 avril 2007 à Paris

     
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    © 2007 AFP


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