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Intervention dAnne Hidalgo - Président de la commission Les socialistes et le marché
Anne Hidalgo, présidente de la commission de la rénovation sur Les socialistes et le marche présentait un point détape du travail de sa commission à loccasion du conseil national du 27 octobre à la Maison de la mutualité.
Chers camarades,
Merci, jai lhonneur de présider la commission qui sappelle « les socialistes et le marché : quel modèle de croissance, de redistribution juste et durable aujourdhui, une stratégie nationale et européenne pour un socialisme moderne », voilà lintitulé de notre commission et je remercie Harlem Désir et Guillaume Bachelay qui en sont les rapporteurs. Je remercie aussi tous les membres de cette commission.
Notre forum se situera le 15 décembre, donc nous avons un petit décalage par rapport au travail qua présenté Jean-Jacques et bien sûr, aujourdhui, je suis en mesure de présenter létat de notre questionnement, plus que létat dun texte qui serait validé par lensemble des membres de cette commission.Peut-être quelques mots en introduction avant de vous dire quelles sont les grandes problématiques et puis la méthode sur laquelle nous avançons.
Je pense que je ne choquerai personne, en tout cas, jen suis convaincue, en disant quil y a longtemps que nous, socialistes, avons pris en compte lexistence du marché comme une réalité, et que cette réalité, nous essayons de la modifier, de la bouleverser à travers des politiques publiques, lorsque nous sommes en situation de gouverner, ou à travers des propositions lorsque nous sommes dans lopposition.
Je pense aussi que je ne choquerai personne en rappelant que léchec de toutes les tentatives de substituer au marché une économie totalement administrée, quelle quen soit la forme, ne fait que nous confirmer dans cette idée et dans ce choix. Et dailleurs, si certains, lorsquon évoque ce thème, nous renvoient à lidée que, effectivement, les socialistes ne seraient pas clairs dans leur rapport au marché, ne soyons pas dupes. Ceux qui nous mettent en demeure daccepter le marché, ce qui nest pas notre débat, ont un autre objectif : cest sans doute nous faire accepter avec résignation des logiques économiques qui dominent aujourdhui le monde.Nous sommes aujourdhui dans une situation où le capitalisme circule partout à la recherche de rentabilité et du profit maximal à court terme, et met en concurrence, ce capitalisme financier, jy reviendrai tout à lheure, met en concurrence à léchelle mondiale, non seulement les systèmes fiscaux et sociaux mais aussi met en concurrence ou plutôt tente de mettre en échec les systèmes démocratiques. Puisque sa logique, sa volonté, à ce capitalisme financiarisé auquel nous sommes aujourdhui confrontés, cest de considérer que les démocraties nont pas de rôle et pas despace, que lessentiel doit se passer au niveau de ce marché mondialisé de la finance.
Nous ne sommes donc pas aujourdhui en présence dun marché en général, ni même dun capitalisme en général, mais bien dun capitalisme dominé par les marchés financiers dans un espace mondialisé et cette financiarisation qui déshumanise, qui cherche aussi à dépolitiser et ce sur quoi nous devons nous interroger, et nous interroger sur les politiques publiques à mettre en uvre, bien sûr à léchelle nationale, cest un des espaces de notre réflexion, mais aussi bien évidemment à léchelle européenne et à léchelle mondiale.Donc en gros, entre soumission béate et négation du marché, il y a place pour ce qui est notre combat politique, à nous socialistes français et socialistes européens, à se voir réguler, maîtriser, civiliser le marché par la mise en uvre de politiques de gauche, progressistes ; des politiques de justice sociale, mais des politiques qui rétablissent le fait démocratique comme le fait qui doit être le fait dominant dans nos sociétés en rapport au fait dominant des marchés financiers que certains essaient dopposer. Donc ceci est le combat moderne dans lequel nous devons nous situer.
Alors ce forum, il a bien sûr plusieurs enjeux : des enjeux lourds dabord caractérisés clairement de capitalisme contemporain, je lai dit, fondamentalement financiers dans une économie de marché mondialisée. Ce forum a aussi pour fonction de réfléchir aux régulations nécessaires à mettre en place au niveau microéconomique, niveau de lentreprise, niveau national, niveau européen et bien sûr, niveau mondial. Nous devons nous interroger et parler, dire, affirmer un certain nombre de principes quant au rôle des Etats, cela bien sûr nous amènera aussi à nous interroger et à faire des propositions sur le système productif et sur la participation de nos politiques à la réduction des inégalités au lieu de ce à quoi nous assistons aujourdhui.Nous devrons aussi mener une réflexion claire sur la question des services publics et sur le rapport entre secteur public et secteur privé. Dans ce domaine, il faut nettement poser des bases, ce que nous essaierons de faire, de ce qui doit être un modèle de développement socialiste, intégrant lefficacité économique, mais aussi la responsabilité écologique, et bien sûr le développement social.
Dailleurs, sur cette question, secteur public, secteur privé, on le verra, est-ce quil faut définir des frontières étanches ? Est-ce quil ny a pas sur plusieurs types de biens des espaces de secteur privé et des espaces de secteur plus protégé ? Ce sont des questions qui sont évoquées aujourdhui par un certain nombre de contributeurs dans notre commission.
Nous devrons bien sûr aussi intégrer la problématique de la répartition des rôles et notamment ce qui concerne les différents acteurs : les collectivités locales, lEtat, les partenaires sociaux.
Parallèlement à ces enjeux sur lesquels nous devons travailler, nous avons, nous, au sein de la commission, défini une méthode assez voisine dailleurs de celle que Jean-Jacques a évoquée tout à lheure, méthode qui a été dabord de procéder à des auditions, des auditions déconomistes mais nous espérons aussi pouvoir auditionner des partenaires sociaux et puis un temps de travail de cette commission sur un texte et nous voudrions que ce texte, qui serait le rendu de notre travail collectif, soit disponible aux alentours du 20 novembre pour quil nous laisse encore le temps darriver jusquau 15 décembre, lors de lorganisation de notre forum.Nous avons besoin aussi, et là, je fais appel aux Premiers fédéraux, nous avons aussi besoin des contributions des fédérations sur ce sujet, et bien sûr, nous sommes disponibles, les membres de la commission, pour soit animer - malgré les difficultés évoquées tout à lheure - soit en tous les cas, accueillir et recevoir un certain nombre de contributions sur ce sujet.
Nous nous sommes, dans cette méthode, entendus. Le mot « entendus » ne vaut pas une validation ferme et définitive, mais quand même, sur des éléments dun diagnostic. Nous nous sommes dit : partons de ce qui a changé depuis dix ou quinze ans. Dailleurs les derniers travaux du Parti socialiste, les dernières expressions du Parti sur ces questions-là datent dil y a une bonne dizaine dannées (les conventions sur lentreprise, conventions sur la mondialisation), donc nous nous sommes dit : que sest-il passé ? Quelles sont les évolutions marquantes de ces dix, quinze dernières années qui nous amènent à nous requestionner sur le sujet ?Dabord, le monde a changé, cest une évidence. Lorganisation planétaire de la production, la répartition des richesses, tout cela a profondément évolué. La financiarisation du capitalisme, je lai dit tout à lheure, mais aussi lémergence des émergents, je pense bien évidemment à la Chine et à lInde, qui ont explosé dans leur modèle de développement, sans pour autant à lintérieur de ces états, avoir profité dune croissance économique absolument record pour diminuer les inégalités sociales dans ces pays. Donc cela, cest un élément que nous devons absolument prendre en considération dans notre réflexion.
Autre élément également de profonde évolution du monde, cest quà côté de ces émergents qui émergent et qui réussissent au moins sur le plan économique parce que bien évidemment, sur le plan social et démocratique, les choses en vont autrement, il y a aussi des Etats, des continents qui senlisent. On pense bien évidemment à lAfrique qui ne profite pas non plus de cette croissance mondiale et de cette émergence.Alors par rapport à ces situations et ces bouleversements du monde, nous aurons bien sûr à nous interroger sur le rôle des institutions internationales, à formuler des propositions mais aussi, et surtout, à nous interroger sur nos stratégies par rapport aux émergents, je pense à la Chine et à lInde. Lidée, par exemple, que lEurope puisse être aussi un espace non seulement de coopération, mais aussi de protection par rapport à ce qui se passe provenant de ces pays, est une question que nous avons évoquée, et aussi, nous aurons à nous interroger : sur quelle aide au développement des autres, de ceux qui ne sont pas dans lémergence ?
LEurope aussi a changé, cest un deuxième élément de notre constat, il faut mieux partir de formulations simples sur lesquelles on sentend, elle sest élargie cette Europe, elle est passée de douze à vingt-sept, posant bien évidemment des problèmes de fonctionnement, mais de convergence, de solidarité, dintérêts communs, de moins en moins identifiés et dintérêts de chacun de plus en plus présents. Il y a eu la réunification allemande, il y a eu la réduction aussi des écarts de développement dun certain nombre de pays de lEurope du sud, je pense bien sûr à la situation de lEspagne, du Portugal ou de lIrlande ; le passage à leuro et lexistence désormais de leuro, qui à la fois sur le plan de nos rapports à lextérieur de lEurope peut pour certains poser problème, si lon considère le niveau de leuro par rapport notamment au dollar, mais on peut aussi considérer que le passage à leuro et le fait davoir une monnaie comme leuro aujourdhui constitue aussi un rempart à lévidence qui nous a protégés de la crise financière internationale.Et puis il y a cette panne, cette panne politique et sociale de la construction européenne qui est aussi un des éléments forts, marquants de ces dix, quinze dernières années et donc là aussi, question à se poser : nous avons reçu, notamment Stephan Collignon, qui est un économiste, camarade au SPD et qui travaille à Londres, à la London School of Economy je crois, qui a émis un certain nombre didées partant de lanalyse économique de la situation de lEurope pour arriver à des propositions qui relèvent de la construction dune Europe politique, passage obligé si nous voulons que lEurope soit effectivement un élément fort pour nos Etats et pour le modèle auquel nous sommes attachés dans cette compétition internationale.
Troisième élément très fort de ces changements intervenus ces dix, quinze dernières années, à lévidence, le choc écologique. Aujourdhui, on ne peut plus considérer quune politique de développement économique, de développement social ne doit pas en même temps prendre en cause la question écologique et la question de la planète que nous léguons aux générations futures.
A lévidence, la fin des énergies fossiles, à lévidence laccroissement de la population mondiale posent des questions sur le type de modèle de développement que nous voulons assumer et promouvoir.
Nous socialistes, nous considérons bien évidemment que la décroissance ne peut pas être une alternative. Ce nest pas cela, la piste, la voie vers laquelle nous devons aller. Cest un modèle de développement durable, fondé sur une croissance parce que sans croissance, il ny a pas de production de richesses et donc il ny a pas de possibilités de financer des systèmes sociaux qui permettent justement de prémunir, de rattraper ceux qui se trouvent être les laissés pour compte de la mondialisation.
Donc nous devons absolument intégrer cette donne dans les propositions de politique économique que nous aurons à faire, cest un élément aujourdhui clé.Face à ces changements sur lesquels nous nous sommes entendus pour les constater et quon devra analyser de façon un peu plus profonde, il y a des défis qui sont posés à la France et une des premières questions que lon peut se poser, cest : pourquoi dans ces mutations extrêmement fortes, dautres pays y compris en Europe, sen sortent beaucoup mieux que nous ?
On pourrait être amené, comme certains le pensent, à considérer que tout cela ne relève pas de la responsabilité des politiques et des politiques nationales, mais si lon regarde ce qui sest passé entre 1997 et 2002, une situation où la croissance mondiale, la croissance en Europe était forte, la France, sans doute grâce à des politiques économiques, des politiques de redistribution sociale à cette époque-là, a réussi à capter et à profiter de cette croissance internationale et na pas été dans les laissés pour compte.
Aujourdhui et depuis 2002, la situation est tout autre. Il y a une situation économique mondiale de croissance qui profite à beaucoup et dans laquelle la France narrive pas à sen sortir.
Bien sûr, la droite a des réponses très simples. Les réponses simples de la droite, cest : la rigidité du marché du travail. Bien évidemment, cette réponse ne peut pas nous satisfaire. Elle ne peut pas nous satisfaire, nous socialistes, parce que quest-ce qui est rigide sur le marché du travail ? Est-ce que cest le droit social, le droit du travail qui serait trop protecteur ? Ou est-ce que cest par exemple la faiblesse du taux demploi des plus de 50 ans qui ne constituerait pas la faiblesse majeure de notre marché du travail ? Nest-ce pas la faiblesse du niveau de qualification de la main-duvre française, je ne parle pas des jeunes qui sortent de plus en plus qualifiés mais parle des actifs, des gens qui ont aujourdhui entre 30 et 50 ans, qui sont engagés dans la vie professionnelle, et qui, pour en gros 35 % de cette classe dâge, nont pas pu accéder au niveau bac ?Est-ce que ce nest pas cela, une des faiblesses de notre marché du travail, plutôt que de pointer les rigidités comme le fait la droite ? La protection sociale, est-ce un haut niveau de protection sociale qui constitue un frein à la compétitivité française ? Là encore, bien évidemment, cela ne peut pas être notre réponse.
Nous sommes conscients, et je crois que là aussi, nous pouvons nous retrouver là-dessus, quil y a un besoin à réformer notre système de protection sociale et notamment à le financer en trouvant des ressources financières qui ne peuvent pas être uniquement fondées sur la taxation du travail, cela, je crois que nous le partageons, mais pour autant, il suffit daller voir le film de Michael Moore qui nest pas caricatural, contrairement à ce que certains disent, pour voir que lattractivité, je vais conclure, lattractivité de notre pays, cest aussi son système de protection sociale.
Politique fiscale au service de la redistribution, le rôle de lEtat et la pérennité des services publics, autant de sujets qui, sur les leviers que la France doit pouvoir trouver pour être engagée dans cette compétition internationale et que nous, socialistes, devons nous réapproprier avec une formulation de propositions fortes, voilà les sujets que nous aurons à évoquer.
Je marrête là, nous aurons à lévidence beaucoup de convergences de fond. Nous aurons sans doute aussi quelques divergences de fond, mais je pense quil y aura beaucoup de débats sémantiques. Alors mes camarades, à un moment donné, entre la sémantique et la politique, il faudra choisir.Je vous remercie.
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Qui vote quoi au PS sur lEurope
Laurent Lamacz AFP/Archives ¦ Laurent Fabius, Ségolène Royal, le maire de Lens Guy Delcourt, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande le 16 septembre 2006 à Lens
Ils ont voté oui, ils continuent.
Cest la position du premier secrétaire, François Hollande, qui «déplore» qu'il n'y ait pas de référendum, mais qui votera oui «personnellement».
Il ne sera pas seul. Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, ou Pierre Moscovici, partisan d'un «oui critique» ont déjà annoncé quils voteraient oui aussi.
Ils ont voté non, mais maintenant ils disent oui.
Une position un peu acrobatique expliquée par Vincent Peillon à 20minutes.fr. «Je crois que la bonne solution, et je le dis en tant que partisan du non, cest de dire oui, aux conditions du oui socialiste, qui nest pas le même que le oui de Sarkozy.»
Non cest non.
Jean-Luc Mélenchon nest pas du genre à changer davis. Il avait voté non, il va continuer. «Je voterai contre sa ratification et je ne serai pas le seul. Il faut respecter le Non exprimé le 29 mai 2005. Ce nouveau traité ne répond à aucune des préoccupations exprimées alors par les Français. Ce nouveau traité nest en effet ni simplifié, ni plus social, ni plus démocratique. Il conforte le cours libéral de la construction européenne rejeté par notre peuple.»
Ils ont voté non, et maintenant, ils ne veulent plus voter.
Laurent Fabius, ancien chef de file des nonistes, plaide maintenant pour une non participation au vote, expliquant que «c'est la solution la plus logique qui permettrait de rassembler les socialistes»: «Si le président décide que ce ne sont pas les Français qui seront consultés, ça me paraît un déni de démocratie et donc je refuserai de participer au vote».
Même position pour Henri Emmanuelli, qui refuse de participer au vote du Parlement, «un mauvais coup contre la démocratie». Il a rappelé que les socialistes avaient promis pendant la campagne, s'ils étaient élus, d'organiser un référendum sur un nouveau traité.
Au fait, quelle est la position officielle du parti?
Elle ne sera connue que le 6 novembre. Pour linstant, les socialistes ont surtout décidé de ne pas en parler. Seule indication de Stéphane Le Foll, bras droit du premier secrétaire François Hollande: le PS est «toujours favorable à un référendum» mais «ne s'opposera pas à l'adoption» lors du Congrès déjà prévu par Nicolas Sarkozy.Laurent Lamacz AFP/Archives ¦ Laurent Fabius, Ségolène Royal, le maire de Lens Guy Delcourt, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande le 16 septembre 2006 à Lens
Pierre Koetschet
20Minutes.fr, éditions du 30/10/2007 - 14h02
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rencontre au siège de la Centrale des Travailleurs Argentins
Derniers jours à Buenos Aires
Aujourdhui, je rencontre la direction nationale de la CTA, syndicat indépendant, pluraliste et combatif qui se bat pour sa reconnaissance légale. En Argentine, en effet, le syndicalisme a historiquement pris la forme dune organisation unique, pilier du régime péroniste. Après la fin de la dictature et durant les années ultra-libérales du gouvernement Menem, un mouvement syndical indépendant sest peu à eu affirmé et a donné naissance, en 1992, à la CTA. Ce syndicat se bat aujourdhui pour être habilité, lui aussi, à conclure des accords avec le patronat et lEtat. Leur priorité : la juste redistribution des fruits de la vigoureuse croissance argentine. Ses responsables mexpliquent sur quelles bases ils ont constitué leur organisation qui entretient des relations fraternelles avec les syndicats français et participe activement à la Confédération Internationale des Syndicats : autonomie par rapport aux partis et à lEtat, démocratie syndicale, recherche dun syndicalisme adapté aux formes actuelles du capitalisme globalisé.
Je leur fais part de ma conviction que la qualité du dialogue social et des relations dans lentreprise est un facteur de compétitivité et de mobilisation efficace de la richesse humaine. Au fil de nos échanges, je suis frappée de voir combien, malgré la différence des contextes, les problèmes se ressemblent : quelles sécurités face à la précarité grandissante ? Quel modèle de croissance profitant au plus grand nombre ? Quel rapport de force avec quel syndicalisme représentatif et de masse pour rééquilibrer les relations entre le capital et le travail ?
Ils me parlent aussi des spécificités de la société argentine et notamment de limportance de léconomie informelle qui les a conduits à ce parti-pris novateur : pour syndiquer celles et ceux qui nont que le travail au noir pour subvenir à leurs besoins (40% de la main duvre) ainsi que les salariés précaires, la CTA développe, à côté des sections dentreprise, laffiliation individuelle des salariés sans statut, des chômeurs et des handicapés, comme me lexplique un de leurs responsables lui-même handicapé.
Lun des dirigeants de la CTA parle français et se présente comme « un métallo CFDT » : exilé chez nous pendant les années de dictature, il a travaillé et milité chez Alstom. Alexandra, responsable du secteur femmes, me dit combien elles ont été actives dans la construction de la CTA car les salariées sont les plus assignées au travail précaire et aux salaires les plus bas : « derrière chaque enfant pauvre, il y a une femme pauvre » me dit-elle. Cest sous leur impulsion que la CTA a intégré dans ses revendications la nécessité déquipements daccueil de la petite enfance (crèches, maternelles) accessibles aux plus pauvres.
Ils me parlent aussi de leur combat contre ce quils appellent « la criminalisation de la protestation sociale » (3000 militants syndicaux actuellement concernés) et pour luniversalisation de la protection sociale, avec un salaire minimum garanti à tous alors quaujourdhui 5,8 millions de salariés sur 12 millions ny ont pas accès. Ils évoquent aussi le lourd tribut payé (67% des victimes) par les militants ouvriers et leur fierté dêtre aujourdhui parties civiles dans les procès intentés aux tortionnaires.
Cette rencontre a donné lieu à de nombreuses reprises dans la presse écrite et audiovisuelle et notamment à une pleine page dans « Clarin », lun des principaux journaux argentins. Le Ministre du Travail, que je rencontrerai le soir de lélection de Cristina, men parlera longuement.
Dimanche 28 octobre avec les Mères de la Place de Mai
Ce matin, jai rendez-vous avec Josefina « Pepa » de Noia, lune des fondatrices des mères de la place de mai, lune des 14 femmes qui, en pleine dictature, eurent les premières le courage dexiger la vérité sur les « disparus ». Alors que la terreur sabattait sur le peuple argentin, on les vit braver la répression avec leur fichu blanc sur lequel était brodé le nom de leurs enfants emprisonnés dont elles étaient sans nouvelles. Lors de ma campagne, lune delles était venue à Grenoble mapporter le soutien de ces femmes courageuses, hier résistantes et aujourdhui toujours militantes pour que justice soit faite. Les mères sont aussi des grands-mères qui recherchent inlassablement les enfants arrachés à la naissance à leur mère emprisonnée et assassinée.
Jai beaucoup dadmiration pour ces femmes debout qui ont défié un régime fondé sur la peur et sinvestissent aujourdhui dans la consolidation de la démocratie. En ce jour délection présidentielle, jaccompagne Pepa au bureau de vote et nous poursuivons en chemin notre conversation sur le combat de ces femmes auxquelles le président Kirchner a rendu lhommage quelles méritent. Le gouvernement argentin a dailleurs prouvé sa détermination à ne pas laisser impunis les crimes de cette sinistre période et défère les tortionnaires à la justice.Chez Anibal Ibarra
Jai rendez-vous chez Anibal Ibarra, lancien maire de Buenos Aires nouvellement élu député, pour un « asado », un barbecue traditionnel argentin. Il a réuni pour la circonstance quelques élus de gauche (Susanna Rinaldi, Gabriele Alegre, Raul Puy) et artistes amis. Il maccueille chaleureusement et déclare à la presse que, pour lui, ma visite témoigne du renforcement des liens entre les femmes politiques qui, en Argentine, au Chili et en France, « doivent batailler ferme pour tracer leur route dans des sociétés machistes ». Susanna Rinaldi déclare aux journalistes que jai eu « laudace dentamer une actualisation dun socialisme français qui, depuis François Mitterrand, sétait un peu assoupi ». Nous parlons de ce nouveau défi que lArgentine doit relever : un partage plus équitable des fruits de sa croissance et une politique volontaire de réduction des inégalités.
Cet après-midi, je visite avec Carlos Schwartz, qui y exerce comme chirurgien des enfants, lhôpital public Posadas, immense équipement qui accueille tous ceux qui nont pas les moyens de se soigner dans le secteur privé. Le paradoxe saute aux yeux : des personnels très qualifiés, un service de néonatologie très moderne mais des bâtiments mal entretenus et, en particulier, un service des urgences quil tient à me montrer et dont le délabrement est inimaginable avec des malades entassés sur des paillasses, un chien errant dans les couloirs Le combat de ce médecin socialiste pour que le service public fonctionne mérite dêtre salué.
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Résolution du conseil national - Les trois échecs du Président Sarkozy et les trois engagements que réclament les socialistes
Voté par le conseil national du PS du 27 octobre, cette résolution pointe du doigt les trois échecs du Président Sarkozy et les trois engagements que réclament les socialistes au Président de la République.
Nicolas Sarkozy, qui avait inscrit son élection dans le volontarisme politique et la rupture, mène sa politique dans la continuité de celle conduite par la droite depuis 5 ans, en servant les plus fortunés par des cadeaux fiscaux et en demandant à tous les autres Français des efforts douloureux.
Laustérité que nous avions dénoncée dès cet été est maintenant établie.
La politique conduite depuis six mois aboutit aujourdhui à trois échecs :
Echec économique dabord avec une croissance en berne et qui ne dépassera pas 1,8 % pour 2007, et dont les prévisions les plus réalistes pour 2008 oscillent autour de 1,5 %. La conséquence de cette faible croissance, après les 15 milliards de cadeaux faits au printemps, se traduit par le creusement du déficit public à 42 milliards deuros en 2008 et lexplosion de la dette de la France (plus de 32 milliards au cours du second semestre 2007). Echec social : dans le contexte daujourdhui, les Français subissent de plein fouet la baisse de leur pouvoir dachat, avec la conjugaison de deux facteurs majeurs : laugmentation de tous les prix de consommation courante alimentation, énergie, loyers- et la stagnation des salaires dans la fonction publique et pour lensemble des salariés. Aucun coup de pouce naura été donné au SMIC, aucune mesure naura été prise pour la rentrée scolaire ; rien nest fait pour maîtriser les prix de lénergie et rien nest prévu pour lencadrement de laugmentation des loyers qui pèsent de plus en plus lourd dans le budget des Français. Sajoutent à cela, les annonces faites sur la politique de la santé où lon demandera demain aux malades, avec les franchises, de financer les mesures prises pour dautres malades et de combler le déficit de la Sécurité Sociale qui sélève à 6 milliards deuros.
Echec sur lemploi : le taux de chômage, la précarité dans lemploi ne cessent de saccroître. Et la seule mesure évoquée est le fameux slogan « travailler plus pour gagner plus » qui vise à favoriser le recours aux heures supplémentaires. Dans un contexte de croissance faible, ce sera sans aucun effet dautant que la complexité des mesures rend impossible son application dans les entreprises. De plus, lobjectif affiché par le Medef de modifier le contrat de travail aura pour conséquence daccélérer la précarité dans lemploi qui est déjà, pourtant, extrêmement forte aujourdhui dans notre pays.
Face à ce constat, le gouvernement sengage dans une fuite en avant de plus en plus douloureuse pour les Français : diminution des crédits budgétaires pour linvestissement dans lentreprise, lEducation, lenvironnement, la santé ; diminution drastique du nombre de postes dans la fonction publique et en particulier dans lEducation nationale ce qui conduit dores et déjà à de grandes difficultés pour cette rentrée ; augmentation des prélèvements obligatoires, avec en perspective une hausse de la CRDS, des franchises médicales, de la redevance télé et un relèvement de la TVA.
Après les cadeaux pour les plus aisés, cest laustérité pour tous les Français.Devant cette situation, les Français se mobilisent pour leur pouvoir dachat et les appels unitaires se multiplient comme lappel dans la fonction publique du 20 novembre prochain. Preuve que les Français nacceptent ni la méthode ni les projets du gouvernement.
Les socialistes condamnent cette politique et en dénoncent les conséquences en termes économique et social.Pour les socialistes, il faut changer de politique en mettant laccent sur trois engagements clairs :
Le premier est de favoriser la croissance en soutenant les entreprises qui investissent et qui innovent en particulier en termes écologiques- au détriment de celles qui rémunèrent le capital financier.
Le deuxième est de conditionner les baisses de cotisations sociales accordées aux entreprises notamment aux PME/PMI- à la création demplois et à laugmentation des salaires.
Le troisième est de mettre en place une politique de justice sociale qui passe par un effort partagé sur la fiscalité (revenir sur les baisses dimpôts) et faire contribuer de manière plus large lensemble des revenus en particulier les revenus financiers- à la solidarité pour financer la santé et les retraites.
Le Parti socialiste, dès les élections municipales, cherchera à assurer le plus large rassemblement à gauche pour être utile aux Français pour une politique juste socialement, efficace économiquement et durable écologiquement.
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Victoire de Cristina Kirchner en Argentine, Réaction de Ségolène Royal.
Je suis heureuse de vivre en direct et de saluer la victoire de Cristina Kirchner dès le premier tour de cette élection présidentielle qui marque, je le crois, une date historique dans ce grand pays quest lArgentine, cher au coeur de beaucoup de Français.
Une femme volontaire, déterminée, y est aujourdhui élue à la magistrature suprême. Je salue son courage car je sais combien, sous toutes les latitudes, cest toujours plus dur pour les femmes. Elles sont, dans le monde, encore très peu nombreuses à exercer des fonctions de premier plan.
Les électeurs argentins, en accordant leur confiance à celle que tous, ici, appellent Cristina, confirment que leur pays est un des laboratoires de notre modernité.
Un pays qui a su reprendre ses affaires en main alors que les dogmes néo-libéraux lui avaient fait tant de mal.
Un pays qui a su retrouver par lui-même le chemin de la croissance, et qui saura, sil le veut, en partager équitablement les fruits.
Un pays qui, en élisant une femme, donne au monde une belle leçon dégalité.
Michelle au Chili, Cristina en Argentine: après lépreuve des dictatures et la consolidation de la démocratie, voici venu le temps dun partage plus égal des responsabilités gouvernementales entre les hommes et les femmes.
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