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    F. Hollande suite au CN du 27 octobre Point Presse 29/10 : Le Foll


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    Conseil national du 27 octobre - François Hollande : “Nicolas Sarkozy est en difficulté et nous devons le souligner”

    François HollandeÀ l’occasion du conseil national du 27 octobre, François Hollande est revenu devant ce parlement du parti sur les premières pistes de rénovation abordées durant les première semaines du processus de rénovation. Les graves difficultés que rencontre Nicolas Sarkozy dans la mise en place de sa politique et la préparation des élections municipales ont également été abordées par le Premier secrétaire du PS.

    Chers Camarades,

    Nous devons relever trois grands défis qui nous sont posés et pas simplement au terme d’une consultation électorale qui s’est dénouée comme chacun le sait, mais pour affronter les échéances qui viennent.

    Le premier défi est de savoir qui nous sommes, nous les socialistes, face à l’enjeu national qui, finalement, décide de beaucoup. Décide de notre rapport au monde, décide de notre engagement européen et décide aussi du contrat social que nous voulons promouvoir.

    Le second défi est celui de la mondialisation ; non pas simplement de savoir comment on la domine à l’échelle internationale –nous avons déjà nos réponses-, mais de savoir comment, justement en France et en Europe, nous l’appréhendons, nous la gagnons. Et non pas de la juger –nous l’avons fait entre nous à de nombreuses reprises : une ouverture au monde qui offre des retombées économiques, mais aussi qui déstructure des territoires et creuse des inégalités. Donc, c’est de savoir comment nous la dominons économiquement, comment nous pouvons être plus compétitifs en France et en Europe.

    Le troisième défi est celui de l’individu, en sachant bien que nous sommes le parti de l’émancipation personnelle, individuelle, que le but même du socialisme est de faire de chacune et de chacun un être en tant que tel, un citoyen pouvant à la fois connaître son bonheur privé et participer par son action à la solidarité qui fonde aussi sa propre réussite.

    Si nous parvenons à non seulement poser des questions mais à apporter des réponses sur ces trois sujets-là, je pense que notre rénovation aura été utile et n’aura pas été simplement la préparation de notre congrès.

    Trois textes peuvent ne sortir :

    -    Le premier, c’est une charte de citoyens du XXIè Siècle ; c’est une bonne issue pour le premier thème.
    -    Le deuxième, c’est la déclaration de principes du Parti socialiste, dont la dernière mouture remonte à un congrès, celui de Rennes –je ne crois pas que l’on ait gardé du congrès de Rennes ce résultat. C’est dommage car cela peut servir pour d’autres échéances de congrès. Tous les socialistes avaient été d’accord pour adopter la déclaration de principes, mais n’avaient pas pu trouver au moment du congrès un Premier secrétaire. Il est vraiment, en même temps, que lorsque nous sommes d’accord nous ne le disons pas suffisamment. Déclaration de principes, cela veut dire qu’il va nous falloir revisiter celle que nous avions adoptée il y a maintenant plus de quinze ans et définir ce que l’engagement socialiste veut dire, le fondement même du socialisme aujourd’hui et demain.
    -    Le troisième, c’est le programme fondamental. C’est une idée d’Alain Bergounioux. Au-delà même de la déclaration de principes, quelles sont les grandes orientations, les grands objectifs que nous nous assignons et pas simplement pour les 5 ans qui viennent, mais pour les dix ou les vingt ans et qui donne de la cohérence, de la force à notre action politique. Si nous pouvons le faire, nous aurons bien travailler. Et cela n’empêchera pas les différences d’approche, les sensibilités ; nous avons à préparer un congrès et un congrès devra forcément, sur la base des motions, déterminer les orientations, les stratégies et le leadership ; mais, nous aurons préparé le socle commun.

    L’actualité récente nous sert pour mener à bien ce travail. Je prends trois illustrations :

    1 – Le déficit commercial de la France

    Il atteint un niveau historique. S’il n’y avait pas l’euro aujourd’hui, le franc aurait été sans doute dévalué à plusieurs reprises depuis 5 ans et assurément depuis 6 mois. Mais, comme il n’y a plus cette contrainte-là, nous accusons un record historique quant à nos échanges extérieurs sans qu’il y ait de débat public là-dessus.

    Le projet de loi de finances pour l’année prochaine prévoit 35 milliards d’euros de déficit du commerce extérieur. C’est 30 milliards –et c’est déjà considérable- pour l’année 2007. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que la place de la France dans la mondialisation aujourd’hui n’est pas assurée. Cela veut dire que notre compétitivité, celle des entreprises, malgré tout ce qui a été accordé en termes d’avantages fiscaux, de baisses de cotisations sociales, de modération salariale, ne peut prendre toute sa place dans les échanges, dans la division internationale du travail.

    Très différente est la situation allemande ; particulière est la situation espagnole… Bref, nous avons, nous les socialistes, à régler cette question de la compétitivité de l’économie française.

    2 – Les polémiques sur l’immigration

    Elles sont justifiées et elles tirent leurs origines du fait de la 4ème loi sur ce sujet en à peine 5 ans. Elles renvoient aussi à une conception de l’identité nationale. Qu’est-ce qu’une Nation, si ce n’est de forger ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, ce qui fonde l’identité, ce qui fonde aussi une conception de la République, des principes –la laïcité. Nous en avons une illustration brûlante avec les tests ADN, et pas simplement ces tests, et le fichier ethnique. Nous avons donc le devoir de définir une politique d’immigration à partir de la conception que nous devons faire prévaloir de la Nation et de la République. L’immigration devient une conséquence d’un choix lié à une politique de la Nation et de la République.

    3 – La protection sociale

    Son avenir est de nouveau posé. Le déficit de la Sécurité Sociale, c’est 12 ou 13 milliards d’euros, la moitié pour l’assurance maladie, l’autre moitié pour les retraites. Ces problèmes sont devant nous. Comment les réglons-nous ? A partir de quelle participation individuelle ? De quelle responsabilité ? A partir de quelle solidarité ?

    Si nous n’avons pas cette discussion sur à la fois de ce qui relève des comportements de chacun et de ce qui relève de la solidarité –et donc de l’impôt et de la contribution publique-, nous serons toujours mal à l’aise. Et nous n’aurons pas, à ce moment-là, de discours compréhensible pour la société qui, à un moment et c’est ce qui s’est produit lors de l’élection présidentielle, pense qu’il est possible de s’en sortir individuellement. Et ne croyons pas que cette idée d’en sortir individuellement touche simplement les catégories supérieures ; ce serait trop simple même si, en définitive, cela a été le message que Nicolas Sarkozy leur a adressé une fois élu. Mais, quand on sait que la moitié des salariés de notre pays gagne moins de 1500 euros net par mois, quand on sait aussi le creusement des inégalités depuis au moins 5 ans, et pas simplement entre les revenus du capital et ceux du travail, mais au sein même des revenus du travail, il faut comprendre que nous avons le devoir de dire à ceux qui sont les plus nombreux qu’ils peuvent certes attendre beaucoup de la Nation, beaucoup de la Nation, mais qu’ils doivent s’en sortir aussi individuellement par le travail. Et si on devait donner une identité au Parti socialiste : nous sommes le parti du travail, nous sommes le parti qui rémunère le travail, nous sommes le parti qui donne ou qui permet de donner du travail, nous sommes le parti qui réhabilite le travail, nous sommes le parti qui évite l’exploitation du travail. Voilà le sens aussi que nous devons donner à notre rénovation.

    LES ELECTIONS MUNICIPALES ET NOS ALLIANCES

    Nous sommes le parti dominant de la gauche et point besoin de faire le rappel chiffré. Près de 30 %, mais il se trouve que la gauche elle-même n’est pas majoritaire. C’est un problème. Et, même à 30 %, nous ne pouvons pas l’être seuls.

    Je demande donc que nous ne cédions pas –y compris à la veille de ces élections municipales où la tentation est grande- au vertige du parti unique qui pourrait faire ses listes seul, s’organiser seul –ce qui d’ailleurs ne nous prémunirait pas de quelques divisions entre nous. La tentative de gagner seuls peut vouloir dire le risque de perdre seuls.

    Il n’y aura de rénovation du Parti socialiste que si elle s’inscrit dans une refondation de la gauche elle-même. Cette question nous est posée : avec qui voulons-nous une bonne fois travailler ? Il faut le dire clairement. Et avec qui nous ne voulons pas travailler, cela va de soi.

    Il faut aussi dire à qui nous voulons nous ouvrir. D’abord aux citoyens, c’est mieux ; et aux adhérents plus nombreux, c’est encore davantage pour nous de force pour nous soutenir.

    Troisième question : quelle coalition, voir quel parti voulons-nous construire ensemble.

    Mais, ces interrogations doivent être également posées aux autres. Quelle union organiser au moment des élections, mais surtout au lendemain des élections ? Quelle structure bâtir ensemble ? Serait-ce simplement des rencontres, une fédération, une confédération. Il faut que nos partenaires répondent eux aussi à cette question. Et quel avenir pour chacune des formations politiques de la gauche.

    Au stade où nous en sommes, nous avons fait l’expérience du « comité riposte » ; il a riposté et s’est éteint. Nous avons maintenant l’obligation de réussir le « comité de liaison » ; il peut s’appeler autrement, mais qu’importe, il faut bien que régulièrement les forces de la gauche se parlent et travaillent. Et c’est à partir de cette relation régulière, respectueuse, confiante, qu’il faut aller plus loin et présenter le plus rapidement possible une alternative commune et déjà au moment des élections municipales.

    Pour les élections municipales, la stratégie c’est le rassemblement de la gauche et d’ailleurs nous aurons plus de listes d’union de toute la gauche qu’en 2001. Les Verts ont des démarches locales dans la moitié des villes de plus de 50 000 habitants –et peut-être y en aura-t-il davantage. Dans la moitié de ces villes, là où nous sommes présents, connaîtront des listes d’union de la gauche. Et nous aurons finalement limité le nombre de primaires.
    Avec le Parti communiste, nous devons avoir la même attitude : ouvrir largement nos listes, respecter le suffrage –lorsque les communistes sont en tête c’est normal, lorsque nous sommes très largement en tête depuis longtemps, c’est aussi normal.

    Je souhaite qu’il y ait donc pour ces élections municipales –et nous sommes aujourd’hui bien engagés dans ce sens- le plus de liste d’union possible.

    Reste la question qui revient : que faisons-nous avec le Centre ? Nous répondons toujours la même chose : nous avons posé des conditions, elles sont très simples : nous ne refusons jamais les concours lorsque l’on présente les mêmes contrats politiques, que l’on accepte nos alliés et que l’on est dans l’opposition à Nicolas Sarkozy. Chacun doit se déterminer. On me dit que le Modem n’est pas dans cette stratégie. J’en prends acte. Il nous arrive de pouvoir nous retrouver quelques fois, au-delà de la gauche. Je l’ai relevé sur les institutions et on en reparlera. Je ne me suis pas plains, sur l’immigration, qu’au-delà même de la gauche, il y ait eu au Centre ou même à l’UMP des hommes et des femmes qui refusaient les tests ADN ou le fichage ethnique. Et sur le financement des partis, le spectacle qui nous a été offert, livré gratuitement –enfin, jusqu’à nouvel ordre, faudra vérifier- de savoir qui allait vraiment payer la séparation entre le Nouveau Centre et François Bayrou, à travers un changement des règles qui sont celles du financement des partis, nous étions effectivement plus du côté de ceux qui disaient qu’on ne pouvait pas faire la rétroactivité de la loi et qu’on ne pouvait pas non plus changer les règles au prétexte d’arranger le pacte majoritaire ou ce qu’il en reste.

    Nous sommes lucides cependant ce qu’est la stratégie du Modem ou de François Bayrou. Il n’est pas dans une stratégie d’alliance avec nous ; il est dans une stratégie de préparation –et il en a bien le droit- de la prochaine élection présidentielle où il veut être candidat et si possible au second tour. Nous n’avons pas affaire à un partenaire, mais à un concurrent qui parfois peut se retrouver sur les mêmes positions que nous. Sans nous en plaindre, faisons attention néanmoins que ce ne soit pas à notre détriment.

    Les élections municipales sont le premier grand rendez-vous démocratique de l’après présidentiel. Cela ne peut pas être un troisième tour, ni même une revanche ou un rattrapage, parce que les élections municipales et cantonales constituent un scrutin avec des enjeux territoriaux que l’on ne peut pas transformer. Il faut donc accorder à ces élections leur signification, leur portée, leur singularité. C’est pour élire des maires et des présidents de conseils généraux ainsi que les conseillers municipaux et généraux qui vont avec.

    Il faut pourtant considérer qu’il y aura aussi une portée nationale, ne serait-ce que parce que Nicolas Sarkozy lui-même leur donner cette signification. Nous avons bien compris qu’il est en campagne. On peut dire qu’il l’est toujours, mais là nous devons considérer qu’il est redevenu car cette première élection de son quinquennat va déterminer la suite de son quinquennat et peut-être même le rythme de ses réformes ou de ce qu’il appelle ses réformes et la marche politique qui sera la sienne.

    C’est donc un enjeu majeur. Elle nous offre l’occasion d’être utiles à nos concitoyens. C’est comme cela qu’il faut se présenter aux suffrages. Nous ne sommes pas là uniquement pour recueillir une contestation. Nous sommes là pour exercer des responsabilités dans nos villes, dans nos départements, avec l’appui des régions que nous dirigeons (20 sur 22) pour changer une partie de la vie de nos concitoyens et améliorer leur sort.

    Nous présenterons donc avec le concours de la FNESR un projet national pour les élections locales. Ce texte sera adopté lors de notre convention du mois de décembre en même temps que nos listes.

    A cet égard, pour les listes, je tiens à vous rappeler qu’une commission électorale travaille, le conseil national aura aussi à se déterminer dans le débat qui va s’ouvrir. Nos listes respecterons bien sûr la parité pour les élections municipales, c’est la loi. Pour les élections cantonales, je souhaite que la parité soit dans le sens titulaire/suppléant mais que les titulaires ne soient pas seulement des hommes et des suppléants suppléantes. Sur ce sujet, alors que c’est de la responsabilité des fédérations, il va falloir exercer un peu plus de vigilance et d’autorité.

    Quant à la diversité, je ne ferai la leçon à personne ; mais j’en entends tellement demander qu’elle soit partout présente –et elle l’est plus souvent qu’on ne le dit. Cessons tout de même de nous battre la coulpe. Nous sommes le parti qui a présenté le plus de candidats issus de la diversité aux dernières élections régionales et aux dernières élections législatives. Pas assez, mais disons-le quand même. Sinon personne ne le dira à notre place. C’est pourquoi, le premier devoir des socialistes, si c’est possible, est de dire du bien d’eux-mêmes. Si toute la presse en disait tellement de nous, je préconiserais que l’on se retienne. Mais, comme ce n’est pas toujours le cas, dites du bien de ce que vous faites, de ce que vous pensez, de ce que vous engagez, de ce que vous réalisez et ne commencez pas par parler de vous comme vous n’oseriez pas parfois parler de la droite.

    Nous avons fait, sur la diversité, un certain nombre d’étapes utiles et il va falloir en faire d’autres et ce sera une obligation et une volonté que nous aurons à exprimer.

    LES DIFFICULTES DU POUVOIR

    Nicolas Sarkozy est en difficulté et nous devons le souligner. Difficultés sérieuses, profondes et qui viennent assez tôt, à peine six mois après l’élection présidentielle.

    La première difficulté est économique. La croissance sera inférieure à 2 % en 2007 et encore davantage en 2008.

    La difficulté est financière : les déficits sont records, l’endettement progresse et il y a un moment où cela s’arrête.

    La difficulté est sociale, et pas simplement avec les salariés des régimes spéciaux, mais avec les fonctionnaires, les avocats, les médecins. Il y a un climat social qui devient lourd car des promesses ont été faites et les résultats ne sont pas là.

    La difficulté est politique : on l’a vu à travers des débats qui n’ont pas été faciles pour la majorité sur l’immigration ; on le voit aujourd’hui avec les franchises médicales. Des camarades qui ont participé au débat à l’Assemblée nationale me disaient qu’il y avait des expressions au sein de la majorité qui était sûrement silencieuse, mais surtout qui étaient celles de l’absence. Pas facile quand on est député d’aller voter un impôt sur les malades pour financer d’autres malades ! Là aussi, il ne sera pas commode pour le Président de la République de faire voter ainsi son groupe dans un contexte aussi impopulaire.

    L’épreuve de vérité arrive donc fatalement. Même si la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy est d’en repousser l’échéance, en espérant que la magie des mots empêchera la fatalité de se produire, comme s’il pouvait retenir ce qui inévitablement va se produire, la réalité elle-même ne peut être façonnée par le verbe ou dissoute par le discours quand elle lui est contrainte ou contraire.

    La faute majeure qu’il a commise et elle le poursuivra tout au long de ses 5 ans, c’est le paquet fiscal qu’il a fait voter en juillet de cette année. Ce sera un boulet budgétaire (15 milliards d’euros pour 2009, 9 milliards pour 2008). C’est aussi un fardeau économique. Chacun sait que les heures supplémentaires telles qu’elles ont été défiscalisées, déchargées, est une usine à gaz pour les entreprises et aucun pouvoir d’achat supplémentaire pour ceux qui, hélas pour eux, ne travailleront pas forcément davantage et même pour ceux qui travailleront plus.

    C’est enfin une faute sociale. Comment, après avoir fait des cadeaux qui consistent pour 2500 contribuables à pouvoir recevoir un chèque de 100 000 euros –il y a même des relances pour retrouver les contribuables qui ne se seraient pas présentés. Quand on est dans cette situation où l’on fait des cadeaux aux plus favorisés et qu’on demande à tous les Français, quelle que soit leur condition sociale, de participer à l’effort, cela devient plus difficile.

    La question majeure en cette rentrée –et elle le sera aussi au moment des élections municipales- c’est le pouvoir d’achat. Les prix sont en hausse (prix alimentaires, prix des carburants, prix des loyers) et les salaires sont en berne. Tous les conflits qui se produiront dans les prochaines semaines seront des conflits sur le pouvoir d’achat. Et cela demeurera en 2008, car il n’a aucune marge de manœuvre pour réaliser les promesses que Nicolas Sarkozy à faites.

    Et tout l’enjeu des élections municipales est de savoir si le plan de rigueur qui a finalement été occulté, masqué, dissimulé, va finalement apparaître.

    A nous d’en prévenir les Français, à nous aussi de faire en sorte que nos réussites à l’occasion de ces élections permettent d’en atténuer le coût.

    CONCLUSION

    Le pouvoir a organisé des contre-feux. Le premier contre-feu à son impopularité sont les réformes liées aux régimes spéciaux. Bien sûr qu’il faut les réformer, bien sûr qu’il faut assurer pour tous les Français des conditions identiques pour les départs à la retraite ; en tenant compte néanmoins de deux principes : la négociation et la pénibilité, c’est-à-dire les différences d’espérance de vie comme critère.

    Mais ce que veut faire Nicolas Sarkozy, en passant jusqu’à l’épreuve de force comme hier en allant voir des cheminots pour exciter leur mobilisation, c’est créer une épreuve de force dans le pays pour, à ce moment-là, écraser, dominer, dire qu’il aura au moins réussi une de ces réformes tant vantées à travers la fin de ces régimes spéciaux, et nous mettre en difficulté.
    Cela ne nous met pas en difficulté. Etre clair sur les principes, oui ; sur les réformes quand elles sont justes et efficaces, oui à des règles simples, oui aussi au principe de pénibilité, oui considérons que l’égalité ce n’est pas l’uniformité.
    Et disons aussi qu’il faut que la négociation s’engage car je crois qu’il n’y a rien à espérer d’une épreuve de force ni pour les salariés ni pour les usagers qui auront à supporter ces conflits.

    Le deuxième contre-feu, c’est le grenelle de l’environnement. Il faut saluer la mobilisation des ONG, l’effort de dialogue. Il était nécessaire de le faire. Il faut regarder les intentions pour ce qu’elles sont, louables. C’est louable de vouloir lutter contre le réchauffement climatique ; c’est louable de vouloir plus de transports publics ; c’est louable de vouloir faire des isolations thermiques dans les logements ; c’est louable de vouloir limiter les émissions de CO2.

    Le problème, c’est qu’il y a du flou sur les sujets les plus sensibles :

    -    les pesticides, parce que l’on ne veut pas fâcher la principale organisation agricole ;
    -    les OGM, parce que l’on veut attendre la période des semences ;
    -    l’énergie, parce que l’on ne veut pas toucher au lobby routier

    Et, quand on regarde les moyens, on constate qu’ils ne sont pas au rendez-vous. Ni sur la politique des transports : rappelons que cette majorité qui a supprimé les crédits publics au transport collectif. Ni sur le bâtiment, les offices HLM demandent qu’effectivement on puisse soutenir leurs efforts d’isolation thermique, mais rien n’est prévu.
    Les manques sont aussi la fiscalité écologique : on dit que l’on va étudier la taxe carbone. Il faut là-dessus être sans illusion, quand le gouvernement dit qu’il va étudier, c’est comme quand il crée une commission. On reparlera donc de la taxe carbone et on sera là pour rappeler chacun à ses responsabilités.

    Ce qui est en cause, et notamment la veille des élections municipales, c’est de renvoyer vers les communes, les départements et les régions l’essentiel de l’effort. « Vous êtes pour le développement durable, très bien. C’est nous qui décidons, c’est vous qui payez ». Et bien, non ! Nous ferons notre devoir ; nous prendrons des engagements en matière écologique, de développement durable, de transport collectif ; mais nous ne pouvons pas mener une politique à la place de l’Etat.

    Notre opposition doit être triple :

    •    Une opposition à la méthode de Nicolas Sarkozy, faite d’escamotage, d’excuses, d’esbroufe ; ce n’est jamais de sa faute, c’est toujours de celle des autres.

    •    Une opposition fondée sur des résultats ; néanmoins, n’oublions pas que cette majorité est en place depuis 5 ans. La continuité est la règle entre la politique économique et sociale menée par le Président de la République et celle qui avait été menée avant lui par JP Raffarin et D. De Villepin sous l’autorité de Jacques Chirac.

    •    Une opposition sur le sens même de la politique : nous sommes le parti de la réforme, de la réforme juste, de la réforme efficace et il y avait une manière d’être efficace au lendemain de l’élection présidentielle : c’était de soutenir l’effort d’investissement, d’innovation et de recherche des entreprises pour créer de la richesse. Il y avait une politique de réformes à mener pour maîtriser les déficits, indispensable si l’on veut écarter la spirale de l’endettement. Il y avait une politique en termes de pouvoir d’achat : plutôt que de gaspiller 15 milliards d’euros, offrir et pas simplement aux catégories populaires mais aussi aux classes moyennes une politique qui parle pour eux, qui agisse pour les faire bénéficier d’une retombée de l’action collective.

    Nous avons à évoquer aussi deux sujets :

    -    La question de la ratification du traité européen : nous devons être responsables et collectifs. C’est mon attitude. Responsables, parce que nous avons des engagements à faire vis-à-vis de l’Europe. Collectifs, parce que nous avons à chercher une solution ensemble, si elle est possible. Si elle ne l’est pas, il y a une règle dans ce parti, celle de la majorité.

    -    Les institutions : nous venons d’être saisis des conclusions de la commission Balladur. Il y a quelques avancées, souvent d’ailleurs sur nos propositions (maîtrise de l’ordre du jour du Parlement, limitation du 49/3, saisine du Conseil constitutionnel par les citoyens). Mais beaucoup moins nombreuses que celles que nous avions nous-mêmes évoquées lorsque nous sommes allés devant la commission Balladur. Très timides sur la proportionnelle : ils sont tombés à 20 ; bientôt ce ne sera plus qu’un !Timides sur la réforme du Sénat : on en parle pas. Pas davantage d’ailleurs du mode de scrutin. Timides aussi sur les nominations : ce serait simplement les commissions qui donneraient un avis, mais en aucune manière partager ce choix avec le Président de la République. Rien sur l’indépendance de la Justice, si ce n’est que l’on supprime le Conseil Supérieur de la Magistrature, pour le remplacer par une autre instance. Ce n’est pas cela qui fonde une politique d’indépendance de la Justice ; c’est comme pour le CSA, ils le suppriment pour établir un comité du pluralisme ! Cela ne suffira pas. Tout cela pour mieux faire passer le seul objet de la réforme pour Nicolas Sarkozy : SON omniprésidence, y compris d’aller venir devant le Parlement, pas simplement une fois par an en Congrès, mais quand il voudra devant l’Assemblée nationale et devant le Sénat. Il faut dire qu’on le comprend : il n’arrive pas à s’exprimer sans venir devant l’Assemblée nationale et le Sénat ! On ne l’a d’ailleurs pas entendu depuis six mois ; jamais à la télévision, jamais dans les journaux, jamais dans les déplacements ! Nous regardons cette réforme uniquement à l’aune des avancées des droits du Parlement et à aucun moment nous n’accepterons quelque renforcement du pouvoir présidentiel qui est déjà à son paroxysme.

    Nous avons beaucoup de travail à mener ensemble. Beaucoup de travail sur notre pensée et nous n’avons pas de temps à perdre là-dessus. Beaucoup de travail pour faire des élections municipales et cantonales, finalement, un rebond et bien plus, une espérance pour nos concitoyens. Et nous avons beaucoup de travail à faire au lendemain même des élections municipales pour refonder la gauche. Nous ne le ferons que si nous sommes ensemble, responsables de notre parti, fier de notre Parti socialiste, si nous le servons avec le seul souci de contribuer non pas à l’intérêt particulier de ce parti mais à l’intérêt général du pays.


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    Lettre de Ségolène Royal depuis Buenos Aires

    Amigas, Amigos,

    Je vous écris de Buenos Aires où je suis arrivée vendredi et où j’ai rencontré Cristina Kirchner, candidate favorite de l’élection présidentielle argentine. Ne soyez pas surpris par la graphie de cette petite lettre depuis l’hémisphère sud : je l’ai tapée pour partie sur un clavier espagnol qui ne comporte pas les mêmes signes et, après transfert sur un “azerty” francophone, les corrections laissent certainement à désirer ¡

    Vendredi, donc, arrivée dans cette ville qui est vraiment l’une des plus belles du monde. Les valises sont restées à l’escale de Sao Paulo mais qu’importe ¡ Il faut savoir voyager léger...

    J’ai rendez-vous à 17 heures avec Cristina, dans sa résidence privée. Son avance sur les autres candidats est telle que tout le monde la donne gagnante, la seule question étant de savoir si ce sera dès le premier tour ou a l’issue du second.

    La campagne s’arrêtant le vendredi, Cristina a prévu de partir jusqu’à dimanche, jour du vote, en Patagonie, la région dont elle a été longtemps l’élue et dont son mari, Nestor Kirchner, a été le gouverneur avant d’être Président de la République argentine. Là-bas, dans la ville de Calafete, a 3.500 km de Buenos Aires, elle a sa maison, ses bases.

    Elle a repoussé son départ pour me recevoir et j’en suis très touchée.

    Nous nous étions vues en février à Paris lorsque j’étais en campagne, nous avions surtout parlé de la France, je suis heureuse de lui rendre, dans son pays, cette politesse amicale. Cette fois-ci, nous avons surtout parlé de l’Argentine dont je trouve le redressement économique spectaculaire et l’expérience politique de ces dernières années très intéressante dans un monde en pleine recomposition.

    Je suis curieuse de voir de plus près comment un pays plein de potentiel mais acculé à la faillite par le dogme du “consensus de Washington” a repris ses affaires en mains en s’affranchissant de cette idéologie ultra-libérale et en redonnant à l’Etat un rôle d’impulsion et de régulation.

    C’est un débat qui traverse aujourd'hui toute l'Amérique latine, majoritairement gouvernée à gauche. Des gauches différentes, bien sûr, qui sont loin d'être d’accord sur tout. Mais des gauches qui, pour beaucoup, savant bien que si le marché est un bon serviteur, il est un mauvais maître… Des gauches qui ont tiré les leçons des tentatives de passage en force des années 70 et des coups d Etat qui, sur fond de guerre froide, les ont noyées dans le sang. Des gauches qui ont montré qu’elles sont, plus que la droite, capable d’entraîner l’électorat centriste et de nouer des alliances à vocation majoritaire.

    Ces questions, des pays comme l’Argentine, le Chili où je serai demain, le Brésil et bien d’autres se les posent dans ce vaste sous-continent qui est un des laboratoires de notre modernité. Elles nous intéressent directement car ce que nous vivons n’est pas simplement une époque de changements : c’est un changement d'époque. Le monde entier est à la recherche d’un modèle de développement qui conjugue croissance économique, responsabilité et même investissement environnemental, réduction des inégalités et, à l'échelle de la planète, partage plus équitable du pouvoir dans une perspective forcement multipolaire.

    J’ajoute que l’Amérique latine s’illustre aussi, ces derniers temps, par l’accès au pouvoir de catégories qui en furent longtemps bannies : les femmes, les Indiens, les syndicalistes, les militants de la “génération sacrifiée” victime de la répression des dictatures militaires. Et se pose, elle aussi, la question des formes que pourrait prendre son intégration régionale et la question du rééquilibrage de sa relation avec les Etats-Unis.

    Raison de plus pour aller y voir de près et retrouver Cristina à un moment privilégié où l’histoire est en train de se faire et où nous pouvons parler très librement.

    Nous nous embrassons chaleureusement et nous installons côte à côte sur un divan. Je la retrouve comme dans mon souvenir : élégante et déterminée. Je la questionne sur la situation économique de son pays. Nous évoquons la croissance très dynamique de l’Argentine alors qu il y a 5 ans à peine, elle connaissait une crise économique, financière et sociale qui s’était traduite par un effondrement de plus de 11% de son produit intérieur brut, par un endettement record (111 milliards d’euros) sans capacité de remboursement, par une paupérisation massive des couches moyennes et un basculement de 50% de la population en dessous du seuil de pauvreté. Aujourd’hui, la croissance tourne autour de 8%, 2,5 à 3 millions d’emplois ont été recréés, la dette de l’Etat a été restructurée par des mesures rigoureuses qui portent leurs fruits, le prêt jadis accordé par le FMI a été remboursé par anticipation en même temps que le gouvernement de Nestor Kirchner s’affranchissait de cette désastreuse tutelle. La devaluation du peso naa pas debouché sur l’adoption du dollar et, si douloureuse qu’elle ait initialement été, a fouetté l’essor de l’industrie nationale et des investissements en renchérissant le coût des importations.

    Bien sûr, Cristina en est très consciente, tout n’est pas réglé. L inflation est forte, les inégalités se sont creusées même si le taux de pauvreté et le chômage ont beaucoup reculé, l’insecurité énergetique reste une faiblesse de l’économie argentine. Comme me l’explique Cristina, le rationnement de l’énergie qu il a fallu imposer aux entreprises après un hiver tres froid, “nous a coûté un point de croissance”. Elle souligne l’importance de cette “équation énergétique” pour l’avenir du pays et ironise sur ceux qui diabolisent Hugo Chavez, le president d’un Venezuela gros producteur de pétrole avec lequel l’Argentine a passé des accords de fourniture : “il faut, me dit-elle en riant, être intelligents ¡” plutôt que dogmatiques, coopérer n’est pas s’aligner et, clin d’oeil aux Européens qui courtisent la Russie, “sur le plan énergetique, Chávez n’est pas pire que Poutine ¡”. Elle souhaite aussi approfondir la cooperation avec le Brésil, premier partenaire énergtique de l’Argentine, et faire valoir aux investisseurs brésiliens que le taux de change leur est favorable.

    Quand je l’interroge sur l’inflation, elle reconnait que c’est un vrai problème mais, ajoute-t-elle, “il ne faut pas confondre une inflation sans croissance et une inflation avec croissance, ce n’est pas la même chose”, point de vue certes hétérodoxe pour les adeptes des monnaies fortes a tout prix, y compris au détriment de la croissance et de l’emploi, mais choix politique assumé, même si le gouvernement argentin a gelé les tarifs publics et imposé un contrôle des prix dans la grande distribution. L'évaluation du niveau d’inflation est aujourd'hui vivement débattue en Argentine où certains accusent les statistiques officielles de la sous-estimer. Pour Cristina, le chiffre de 11% d inflation correspond à la réalité. Elle souligne que le chiffre du FMI n’est supérieur que d’un point (12%) et que, “si l’inflation atteignait 20% ou 25%, comme certains l’ont dit pendant la campagne électorale, les gens seraient déjà descendus dans la rue ¡”.

    Elle m’explique aussi comment elle souhaite promouvoir, par une négociation tripartite entre l’Etat, les entreprises et les représentants des salaries, ce qu’elle appelle “un nouveau modèle d’accumulation” qui englobe, au delà des salaires et des prix, toutes les dimensions d’une croissance plus équitablement partagée. J y vois des points communs avec ce que, durant ma campagne, j’ai appelé “un nouveau modèle de croissance”.

    Visiblement, Cristina n’accepte pas que les grands bailleurs de fonds internationaux ramènent l’Argentine à une situation dont elle s’est arrachée. Elle me dit qu’il n’est pas question, pour elle, d’accepter les conditions mises par le Club de Paris à la renégociation de la dette argentine : l’avis du FMI, c’est à dire le retour sous la tutelle dont l’Argentine n’a eu de cesse de s’affranchir ¡ Ce n’est, me dit-elle, pas admissible économiquement et pas admissible politiquement. L’Argentine a fait de gros efforts de désendettement pour assainir sa situation et récupérer la maitrise de son destin, pas question que le Club de Paris la tire en arrière. Cristina me dit qu elle n’a pas l’intention de se laisser faire, qu’elle est allée discuter avec les Allemand et les Japonais, principaux créanciers de son pays. Elle me dit en riant espérer que Dominique Strauss-Kahn, désormais à la tête du FMI, aura à cœur d’en changer les mœurs et les pratiques impérieuses et ravageuses, son pays en sait quelque chose, pour ceux qui se conforment à ses diktats. Je lui dis que, compte tenu de la personnalité et de l’expérience de DSK, cet espoir me parait fondé.

    Nous évoquons également ce préjugé tenace, sous toutes les latitudes, qui veut qu’en matière économique, les femmes politiques soient toujours soupçonnées de moins s y connaitre que leurs homologues masculins. Je lui raconte que c’est arrivé à Angela Merkel jusqu’à ce que les milieux économiques s’aperçoivent qu’elle était fort compétente. Cristina me dit avoir multiplié les contacts avec les chefs d entreprise parce qu’elle sentait bien qu’ils s’inquiétaient de savoir quelle était, sur ces sujets, sa vision des choses. Elle entend poursuivre la bataille pour le redressement économique de l’Argentine que Nestor Kirchner a engagée avec détermination et succès. “Nous avons, me dit-elle, parfaitement intégré les règles macro-économiques de base, cela va de soi. Mais qu’on ne vienne pas me raconter que l’économie est une science exacte, c’est une science sociale et humaine ¡”. Nous nous accordons sur cette idée qu’il n’y a pas de loi d’airain qui priverait la politique de toute marge de manœuvre.

    Nous évoquons aussi les perspectives de la croissance mondiale, les déséquilibres de l’économie américaine, les errements du système financier globalisé dont la récente crise des “subprimes” a montré les dangers. Cristina estime que le système a atteint un tel degré de sophistication qu’il échappe a tout contrôle. Les fonds d’investissement, parce qu’ils se soustraient à toute régulation, deviennent un facteur d’instabilité économique, sociale et même politique. Or que se passe-t-il quand une crise se propage ¿ C est l’Etat qui doit limiter les dégâts comme l’a fait, me dit Cristina, le gouvernement anglais en volant au secours d’une de ses grandes banques en perdition. Nous sommes l’une et l’autre bien d’accord que la crise financière de l’été est un avertissement. Il y a urgence à bâtir des mécanismes de régulation. Pour elle comme pour moi, c’est clair : la mondialisation, loin de disqualifier les Etats, appelle de nouvelles formes d’intervention de la puissance publique pour en saisir toutes les opportunités et, en même temps, se protéger des risques d’une financiarisation aveugle et livrée a elle-même.

    Au fil de la conversation, nous abordons aussi les questions agricoles, très importantes pour l’Argentine dont les exportations alimentaires (soja, riz, maïs, vin, viande) tirent la croissance, sur fond d’explosion des cours mondiaux et de besoins croissants des marchés émergents de Chine et d’Inde. Cristina a l’habitude de souligner que ces marchés sont une chance pour son pays car il est impossible de ne compter que sur l’Occident “qui exige que nous payons nos dettes mais bloque nos importations en subventionnant sa propre agriculture”.

    C’est une question que je me suis souvent posée, je la pose à Cristina : qu’as-tu appris de ton pays au fil de cette campagne ¿ “Je l’ai, me dit-elle, vraiment sillonné dans tous les sens et j’ai découvert en lui, malgré toutes les difficultés qu’il a affrontées et affronte encore, une réserve d’optimisme et une formidable capacité de changement. Un changement qui prend appui sur les résultats de ces quatre dernières années et qui nous pousse à inventer un autre modèle que celui qui a dévasté nos régions et ruiné notre compétitivité. Quand je suis allée, par exemple, dans la région viticole de Mendoza, j’ai été frappée par la rapidité de sa métamorphose : une zone jadis sinistrée par un taux de change peu favorable pour nos exportations et qui est aujourd’hui entièrement reverdie, couverte de vignes qui produisent et exportent un excellent vin”. Pour elle, c’est un exemple parmi d’autres du dynamisme des Argentins et de leur capacité à remonter la pente dès lors que l’Etat lève les obstacles à la croissance.

    Nous parlons aussi des questions relatives à la sécurité, qui deviennent, là-bas comme ici, une préoccupation plus forte. Cristina me dit que l’Argentine, comme le Chili et l’Uruguay, jouissent d’un niveau de sécurité appréciable par rapport à des pays comme le Brésil ou le Mexique. Cependant, la société argentine éprouve un sentiment d’insécurité qu’il faut prendre au sérieux et qui a à voir avec l’extrême insécurité sociale des années de crise et avec le trafic de drogue, en particulier d’un sous-produit particulièrement meurtrier de la cocaïne. Je me retrouve dans sa manière d’aborder ces sujets. Sa conviction est qu’on ne peut isoler le traitement de la sécurité du règlement des autres problèmes qui inquiètent les Argentins : “il n y aura pas de sécurité, me dit-elle avec conviction, sans résoudre les problèmes d’emploi, d’éducation, de santé, de justice, de corruption”. Comme moi, elle pense que tout se tient.

    Nous parlons de nos expériences respectives de campagne et je lui demande son pronostic. Prudente, elle me répond : “j’ai mené beaucoup de campagnes électorales et je sais qu’on n a jamais gagné une élection avant six heures du soir ¡ Il faut d'abord compter et recompter tous les bulletins de vote avec humilit酔.

    Nous plaisantons des remarques machistes que nous avons, l’une et l’autre, essuyées en campagne. Nous nous souvenons d’Angela Merkel et de Michelle Bachelet qui, elles non plus, n'avaient pas été épargnées. Cristina me dit que tout cela l’atteint peu, qu’elle a déjà une longue expérience politique, qu’elle a été élue députée et sénatrice bien avant que son mari soit Président de la République. Elle me dit qu'elle a décidé une fois pour toutes d'être elle-même : une femme politique à part entière, qui assume et sa féminité et sa combativité. Nous tombons d’accord sur le fait que, face à ces combats d’arrière-garde, mieux vaut ne pas s’abaisser à répondre aux attaques.

    Je ne peux pas tout vous raconter ici par le menu car, en une heure d’entretien, nous avons parlé de bien des choses : des droits des femmes, en particulier de l’accès à la contraception, du fait que l’Argentine n’est pas un Etat laique au sens où, en France, nous l’entendons, des droits de l’homme et de tout le travail mémoire et de justice accompli sur les années de dictature. De choses plus personnelles aussi, comme la façon dont nos enfants ont vécu nos campagnes. Cela m’a amusée car ce que son fils a demandé une fois à Cristina – “est ce qu’un jour on sera enfin seuls ¿2 -, un de mes fils ou une de mes filles aurait pu me le dire dans les mêmes termes¡

    Cristina m’a aussi interrogée sur la France et sur les perspectives de la gauche. Nous avons plaisanté sur l’étrange fascination que semble exercer M. Bush sur un certain type d’hommes politiques européens : Aznar, Berlusconi, auxquels cela n a pas porté bonheur. Un autre aussi, peut-être, plus près de nous... J’ai été frappée de ce qu’elle m’a dit sur la violence du rejet dont les Etats-Unis font aujourd’hui l’objet dans toute l’Amérique latine. Un rejet, selon elle, plus fort encore que celui des années 60 ou 70. C’est le triste résultat de l’administration américaine, alors même que Bill Clinton avait réussi à redresser l’image de son pays.

    C’était un échange franc, amical. Je l’ai remerciée d’avoir, dans la dernière ligne droite de sa campagne, pris le temps de cette conversation. Nous nous sommes embrassées et souhaité bonne chance.

    J’ai repensé, en la quittant, à cette phrase de Borgès, immense écrivain argentin, dont j’avais emporté un livre et qui exprime “la conviction que le combat peut être une fête”. Cela me va.

    J’ai eu, depuis, d’autres passionnantes rencontres que je vous raconterai, notamment avec la Centrale des Travailleurs Argentins, une organisation syndicale indépendante, pluraliste, combative, dont j’ai rencontré la direction nationale, aguerrie dans les années de lutte contre la dictature. Leur démarche d’affiliation individuelle des travailleurs précaires et de ceux de l’économie informelle, très développée en Argentine, m’a paru extrêmement intéressante mais je vous raconterai tout ça un eu plus tard car là, j’ai rendez-vous avec les Mères de la Place de Mai.

    Hasta luego ¡



    Ségolène Royal

    Buenos Aires

    Signature Ségolène Royal


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    Le Congo et la France signent un accord sur la gestion concertée des flux migratoires

    Un accord de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement a été signé le 25 octobre à Brazzaville entre la République du Congo et la France. Cet accord prévoit la mise en place des stratégies communes susceptibles de réduire les migrations incontrôlées entre Brazzaville et Paris. Les deux parties étaient représentées par Basile Ikouébé et Brice Hortefeux, respectivement ministre congolais des Affaires étrangères et ministre français de l'Immigration, de l'Identité nationale et du Co-développement.

    csa du 26/10/2007

    Le Congo est le troisième pays africain à signer un accord relatif à la gestion concertée des flux migratoires avec la France, après le Sénégal en septembre 2006 et le Gabon en juillet 2007. Cet accord vise à instaurer un véritable partenariat avec les pays d'origine des flux migratoires.

    A l'instar des deux précédents, l'accord franco-congolais est conçu selon une approche comprenant trois volets indissociables à savoir l'organisation de la migration légale (circulation, visas, immigration de travail, accueil et séjour des étudiants), la lutte contre l'immigration illégale (réadmission des ressortissants en situation irrégulière, coopération policière en vue de la surveillance des frontières, démantèlement des filières de passeurs et la lutte contre la fraude documentaire), et le co-développement.

    Le texte prévoit la facilitation pour les personnes participant activement au développement des relations bilatérales (hommes d'affaires, artistes, intellectuels, sportifs), notamment en ce qui concerne la délivrance de visas de courts séjours à entrées multiples dits de ’’circulation’’.

    «C’est un outil essentiel au service du partenariat, du nouvel accord de gestion des flux migratoires que la France souhaite instaurer de manière concertée avec les pays d’origine. Les personnes qui contribuent par leur fonction au développement des relations franco congolaises disposeront des facilités recrues en leur accordant des visas de circulation valables jusqu’à 5 ans pour les voyages qu’elles seront à mener à effectuer de manière régulière entre Brazzaville et Paris. Les diplomates bénéficieront pour leur part d’une liberté totale de circulation pour une durée de 2 ans dans un premier temps qui pourra évoluer à l’avenir», a expliqué M. Hortefeux.

    Pour ce qui est des étudiants et l'immigration de travail, les autorités françaises s'engagent concernant la première catégorie, à créer au Congo en 2008, un Espace Campus France et à offrir aux étudiants congolais la possibilité de parfaire leur formation par une première expérience professionnelle dans leur pays.

    A propos de la deuxième catégorie, l'accord prévoit, pour les jeunes professionnels âgés de dix-huit à trente-cinq ans, la possibilité d'améliorer leurs perspectives de carrière en leur offrant une expérience de travail salarié en entreprise en France pour une période n'excédant pas les dix-huit mois. Les problèmes ayant trait à la réadmission des ressortissants en situation irrégulière, aussi bien des nationaux que ceux des pays tiers ayant transité par le territoire de l'une ou l'autre partie, à la coopération policière entre les deux pays et à l'aide au développement, sont également abordés dans cet accord.

    Abordant les problèmes de développement et de co-développement, M. Hortefeux a fait savoir que son pays s'est proposé de mettre en place un projet d'appui à la création des Très petites entreprises (TPE) par des migrants congolais pour aider les jeunes entrepreneurs à se former et à s'installer au pays après leur expatriation. Une enveloppe d'un montant de 1,2 million d'euros a été consacrée par la France pour ce type d'actions et couvrira la période 2008-2010.

    Sur l'aide au développement, le Gouvernement français a retenu deux secteurs prioritaires : l'appui au secteur de la santé et le développement de la formation professionnelle et technique. En ce qui concerne la question des tests ADN, M. Hortefeux a signifié qu’il n y a aucun point sur une disposition de ces tests ADN sur l’accord qui vient d’être signé.

    De son côté, le ministre congolais des Affaires étrangères a indiqué que la portée du document allait au-delà du cadre bilatéral, ajoutant que des dispositions sont en train d’être prises pour le contrôle des flux migratoires. «Les autorités congolaises sont en train d’élaborer de nouveaux passeports de service, diplomatique et ordinaire qui seront sécurisés. Nous allons disposer des documents fiables pouvant nous permettre de gérer cette situation des flux migratoires. D’ici la fin de l’année, ces documents seront mis en circulation», a-t-il indiqué.

    Selon M. Ikouébé, cet accord répond aux préoccupations des deux Gouvernements concernant la circulation des personnes, l'admission au séjour, la réadmission des personnes en situation irrégulière, la coopération policière, le co-développement et l'aide au développement. «L’accord relatif à la gestion concertée des flux migratoires et au co-développement vient, à point nommé, ajouter une pierre à l’architecture déjà riche des relations de coopération et d’amitié qui lient nos deux pays», a-t-il renchéri.

    Le document a été paraphé en présence du ministre à la présidence chargé de la Coopération, de l'Action humanitaire et de la Solidarité, Charles Zacharie Bowao, du ministre de la Sécurité et de l'Ordre public, Paul Mbot, et des ambassadeurs du Congo en France, Henri Lopes et de France au Congo, Nicolas Normand.

    Source: Congo-site.

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    Mise au Point de Ségolène Royal sur son déplacement en Amérique du Sud suite à l'article du Nouvel observateur.

    Ségolène Royal

    Vous avez publié un extrait du blog de Jean Luc Mélenchon et je souhaiterais porter à la connaissance de vos lecteurs que les affirmations qu’il y tient sont totalement mensongères.

    Je ne participe à aucune conférence payante organisée par le patronat contrairement à ce qui a été publié.

    Mon déplacement en Argentine et au Chili fait suite à des contacts amicaux et réguliers . J’ai rencontré Cristina Kirchner en Argentine qui m’avait invitée lors de sa visite pendant la campagne présidentielle française, avant sa probable élection dimanche à la Présidence de la République. J’ai également rencontré une des principales organisations syndicales la CTA ainsi que les Mères de la Place de Mai. La presse argentine a d’ailleurs largement rendu compte de ces contacts.

    Au Chili, je rencontrerai Michelle Bachelet, Isabelle Allende et Carlos Umonami ainsi que plusieurs ONG.

    L’importance politique de ces déplacements et la qualité de l’accueil que je reçois renforcent l’amitié de ces pays avec la France et mérite mieux que de grossiers commentaires mensongers qui n’honorent pas leur auteur, membre du Parlement français dont on attendrait un comportement un peu plus éthique.
     
    Signature Ségolène Royal


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