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F. Hollande suite au CN du 27 octobre Point Presse 29/10 : Le Foll
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Conseil national du 27 octobre - François Hollande : Nicolas Sarkozy est en difficulté et nous devons le souligner
À loccasion du conseil national du 27 octobre, François Hollande est revenu devant ce parlement du parti sur les premières pistes de rénovation abordées durant les première semaines du processus de rénovation. Les graves difficultés que rencontre Nicolas Sarkozy dans la mise en place de sa politique et la préparation des élections municipales ont également été abordées par le Premier secrétaire du PS.
Chers Camarades,
Nous devons relever trois grands défis qui nous sont posés et pas simplement au terme dune consultation électorale qui sest dénouée comme chacun le sait, mais pour affronter les échéances qui viennent.
Le premier défi est de savoir qui nous sommes, nous les socialistes, face à lenjeu national qui, finalement, décide de beaucoup. Décide de notre rapport au monde, décide de notre engagement européen et décide aussi du contrat social que nous voulons promouvoir.
Le second défi est celui de la mondialisation ; non pas simplement de savoir comment on la domine à léchelle internationale nous avons déjà nos réponses-, mais de savoir comment, justement en France et en Europe, nous lappréhendons, nous la gagnons. Et non pas de la juger nous lavons fait entre nous à de nombreuses reprises : une ouverture au monde qui offre des retombées économiques, mais aussi qui déstructure des territoires et creuse des inégalités. Donc, cest de savoir comment nous la dominons économiquement, comment nous pouvons être plus compétitifs en France et en Europe.
Le troisième défi est celui de lindividu, en sachant bien que nous sommes le parti de lémancipation personnelle, individuelle, que le but même du socialisme est de faire de chacune et de chacun un être en tant que tel, un citoyen pouvant à la fois connaître son bonheur privé et participer par son action à la solidarité qui fonde aussi sa propre réussite.
Si nous parvenons à non seulement poser des questions mais à apporter des réponses sur ces trois sujets-là, je pense que notre rénovation aura été utile et naura pas été simplement la préparation de notre congrès.
Trois textes peuvent ne sortir :
- Le premier, cest une charte de citoyens du XXIè Siècle ; cest une bonne issue pour le premier thème.
- Le deuxième, cest la déclaration de principes du Parti socialiste, dont la dernière mouture remonte à un congrès, celui de Rennes je ne crois pas que lon ait gardé du congrès de Rennes ce résultat. Cest dommage car cela peut servir pour dautres échéances de congrès. Tous les socialistes avaient été daccord pour adopter la déclaration de principes, mais navaient pas pu trouver au moment du congrès un Premier secrétaire. Il est vraiment, en même temps, que lorsque nous sommes daccord nous ne le disons pas suffisamment. Déclaration de principes, cela veut dire quil va nous falloir revisiter celle que nous avions adoptée il y a maintenant plus de quinze ans et définir ce que lengagement socialiste veut dire, le fondement même du socialisme aujourdhui et demain.
- Le troisième, cest le programme fondamental. Cest une idée dAlain Bergounioux. Au-delà même de la déclaration de principes, quelles sont les grandes orientations, les grands objectifs que nous nous assignons et pas simplement pour les 5 ans qui viennent, mais pour les dix ou les vingt ans et qui donne de la cohérence, de la force à notre action politique. Si nous pouvons le faire, nous aurons bien travailler. Et cela nempêchera pas les différences dapproche, les sensibilités ; nous avons à préparer un congrès et un congrès devra forcément, sur la base des motions, déterminer les orientations, les stratégies et le leadership ; mais, nous aurons préparé le socle commun.Lactualité récente nous sert pour mener à bien ce travail. Je prends trois illustrations :
1 Le déficit commercial de la France
Il atteint un niveau historique. Sil ny avait pas leuro aujourdhui, le franc aurait été sans doute dévalué à plusieurs reprises depuis 5 ans et assurément depuis 6 mois. Mais, comme il ny a plus cette contrainte-là, nous accusons un record historique quant à nos échanges extérieurs sans quil y ait de débat public là-dessus.
Le projet de loi de finances pour lannée prochaine prévoit 35 milliards deuros de déficit du commerce extérieur. Cest 30 milliards et cest déjà considérable- pour lannée 2007. Quest-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que la place de la France dans la mondialisation aujourdhui nest pas assurée. Cela veut dire que notre compétitivité, celle des entreprises, malgré tout ce qui a été accordé en termes davantages fiscaux, de baisses de cotisations sociales, de modération salariale, ne peut prendre toute sa place dans les échanges, dans la division internationale du travail.
Très différente est la situation allemande ; particulière est la situation espagnole Bref, nous avons, nous les socialistes, à régler cette question de la compétitivité de léconomie française.
2 Les polémiques sur limmigration
Elles sont justifiées et elles tirent leurs origines du fait de la 4ème loi sur ce sujet en à peine 5 ans. Elles renvoient aussi à une conception de lidentité nationale. Quest-ce quune Nation, si ce nest de forger ce qui est possible et ce qui ne lest pas, ce qui fonde lidentité, ce qui fonde aussi une conception de la République, des principes la laïcité. Nous en avons une illustration brûlante avec les tests ADN, et pas simplement ces tests, et le fichier ethnique. Nous avons donc le devoir de définir une politique dimmigration à partir de la conception que nous devons faire prévaloir de la Nation et de la République. Limmigration devient une conséquence dun choix lié à une politique de la Nation et de la République.
3 La protection sociale
Son avenir est de nouveau posé. Le déficit de la Sécurité Sociale, cest 12 ou 13 milliards deuros, la moitié pour lassurance maladie, lautre moitié pour les retraites. Ces problèmes sont devant nous. Comment les réglons-nous ? A partir de quelle participation individuelle ? De quelle responsabilité ? A partir de quelle solidarité ?
Si nous navons pas cette discussion sur à la fois de ce qui relève des comportements de chacun et de ce qui relève de la solidarité et donc de limpôt et de la contribution publique-, nous serons toujours mal à laise. Et nous naurons pas, à ce moment-là, de discours compréhensible pour la société qui, à un moment et cest ce qui sest produit lors de lélection présidentielle, pense quil est possible de sen sortir individuellement. Et ne croyons pas que cette idée den sortir individuellement touche simplement les catégories supérieures ; ce serait trop simple même si, en définitive, cela a été le message que Nicolas Sarkozy leur a adressé une fois élu. Mais, quand on sait que la moitié des salariés de notre pays gagne moins de 1500 euros net par mois, quand on sait aussi le creusement des inégalités depuis au moins 5 ans, et pas simplement entre les revenus du capital et ceux du travail, mais au sein même des revenus du travail, il faut comprendre que nous avons le devoir de dire à ceux qui sont les plus nombreux quils peuvent certes attendre beaucoup de la Nation, beaucoup de la Nation, mais quils doivent sen sortir aussi individuellement par le travail. Et si on devait donner une identité au Parti socialiste : nous sommes le parti du travail, nous sommes le parti qui rémunère le travail, nous sommes le parti qui donne ou qui permet de donner du travail, nous sommes le parti qui réhabilite le travail, nous sommes le parti qui évite lexploitation du travail. Voilà le sens aussi que nous devons donner à notre rénovation.
LES ELECTIONS MUNICIPALES ET NOS ALLIANCES
Nous sommes le parti dominant de la gauche et point besoin de faire le rappel chiffré. Près de 30 %, mais il se trouve que la gauche elle-même nest pas majoritaire. Cest un problème. Et, même à 30 %, nous ne pouvons pas lêtre seuls.
Je demande donc que nous ne cédions pas y compris à la veille de ces élections municipales où la tentation est grande- au vertige du parti unique qui pourrait faire ses listes seul, sorganiser seul ce qui dailleurs ne nous prémunirait pas de quelques divisions entre nous. La tentative de gagner seuls peut vouloir dire le risque de perdre seuls.
Il ny aura de rénovation du Parti socialiste que si elle sinscrit dans une refondation de la gauche elle-même. Cette question nous est posée : avec qui voulons-nous une bonne fois travailler ? Il faut le dire clairement. Et avec qui nous ne voulons pas travailler, cela va de soi.
Il faut aussi dire à qui nous voulons nous ouvrir. Dabord aux citoyens, cest mieux ; et aux adhérents plus nombreux, cest encore davantage pour nous de force pour nous soutenir.
Troisième question : quelle coalition, voir quel parti voulons-nous construire ensemble.
Mais, ces interrogations doivent être également posées aux autres. Quelle union organiser au moment des élections, mais surtout au lendemain des élections ? Quelle structure bâtir ensemble ? Serait-ce simplement des rencontres, une fédération, une confédération. Il faut que nos partenaires répondent eux aussi à cette question. Et quel avenir pour chacune des formations politiques de la gauche.
Au stade où nous en sommes, nous avons fait lexpérience du « comité riposte » ; il a riposté et sest éteint. Nous avons maintenant lobligation de réussir le « comité de liaison » ; il peut sappeler autrement, mais quimporte, il faut bien que régulièrement les forces de la gauche se parlent et travaillent. Et cest à partir de cette relation régulière, respectueuse, confiante, quil faut aller plus loin et présenter le plus rapidement possible une alternative commune et déjà au moment des élections municipales.
Pour les élections municipales, la stratégie cest le rassemblement de la gauche et dailleurs nous aurons plus de listes dunion de toute la gauche quen 2001. Les Verts ont des démarches locales dans la moitié des villes de plus de 50 000 habitants et peut-être y en aura-t-il davantage. Dans la moitié de ces villes, là où nous sommes présents, connaîtront des listes dunion de la gauche. Et nous aurons finalement limité le nombre de primaires.
Avec le Parti communiste, nous devons avoir la même attitude : ouvrir largement nos listes, respecter le suffrage lorsque les communistes sont en tête cest normal, lorsque nous sommes très largement en tête depuis longtemps, cest aussi normal.Je souhaite quil y ait donc pour ces élections municipales et nous sommes aujourdhui bien engagés dans ce sens- le plus de liste dunion possible.
Reste la question qui revient : que faisons-nous avec le Centre ? Nous répondons toujours la même chose : nous avons posé des conditions, elles sont très simples : nous ne refusons jamais les concours lorsque lon présente les mêmes contrats politiques, que lon accepte nos alliés et que lon est dans lopposition à Nicolas Sarkozy. Chacun doit se déterminer. On me dit que le Modem nest pas dans cette stratégie. Jen prends acte. Il nous arrive de pouvoir nous retrouver quelques fois, au-delà de la gauche. Je lai relevé sur les institutions et on en reparlera. Je ne me suis pas plains, sur limmigration, quau-delà même de la gauche, il y ait eu au Centre ou même à lUMP des hommes et des femmes qui refusaient les tests ADN ou le fichage ethnique. Et sur le financement des partis, le spectacle qui nous a été offert, livré gratuitement enfin, jusquà nouvel ordre, faudra vérifier- de savoir qui allait vraiment payer la séparation entre le Nouveau Centre et François Bayrou, à travers un changement des règles qui sont celles du financement des partis, nous étions effectivement plus du côté de ceux qui disaient quon ne pouvait pas faire la rétroactivité de la loi et quon ne pouvait pas non plus changer les règles au prétexte darranger le pacte majoritaire ou ce quil en reste.
Nous sommes lucides cependant ce quest la stratégie du Modem ou de François Bayrou. Il nest pas dans une stratégie dalliance avec nous ; il est dans une stratégie de préparation et il en a bien le droit- de la prochaine élection présidentielle où il veut être candidat et si possible au second tour. Nous navons pas affaire à un partenaire, mais à un concurrent qui parfois peut se retrouver sur les mêmes positions que nous. Sans nous en plaindre, faisons attention néanmoins que ce ne soit pas à notre détriment.
Les élections municipales sont le premier grand rendez-vous démocratique de laprès présidentiel. Cela ne peut pas être un troisième tour, ni même une revanche ou un rattrapage, parce que les élections municipales et cantonales constituent un scrutin avec des enjeux territoriaux que lon ne peut pas transformer. Il faut donc accorder à ces élections leur signification, leur portée, leur singularité. Cest pour élire des maires et des présidents de conseils généraux ainsi que les conseillers municipaux et généraux qui vont avec.
Il faut pourtant considérer quil y aura aussi une portée nationale, ne serait-ce que parce que Nicolas Sarkozy lui-même leur donner cette signification. Nous avons bien compris quil est en campagne. On peut dire quil lest toujours, mais là nous devons considérer quil est redevenu car cette première élection de son quinquennat va déterminer la suite de son quinquennat et peut-être même le rythme de ses réformes ou de ce quil appelle ses réformes et la marche politique qui sera la sienne.
Cest donc un enjeu majeur. Elle nous offre loccasion dêtre utiles à nos concitoyens. Cest comme cela quil faut se présenter aux suffrages. Nous ne sommes pas là uniquement pour recueillir une contestation. Nous sommes là pour exercer des responsabilités dans nos villes, dans nos départements, avec lappui des régions que nous dirigeons (20 sur 22) pour changer une partie de la vie de nos concitoyens et améliorer leur sort.
Nous présenterons donc avec le concours de la FNESR un projet national pour les élections locales. Ce texte sera adopté lors de notre convention du mois de décembre en même temps que nos listes.
A cet égard, pour les listes, je tiens à vous rappeler quune commission électorale travaille, le conseil national aura aussi à se déterminer dans le débat qui va souvrir. Nos listes respecterons bien sûr la parité pour les élections municipales, cest la loi. Pour les élections cantonales, je souhaite que la parité soit dans le sens titulaire/suppléant mais que les titulaires ne soient pas seulement des hommes et des suppléants suppléantes. Sur ce sujet, alors que cest de la responsabilité des fédérations, il va falloir exercer un peu plus de vigilance et dautorité.
Quant à la diversité, je ne ferai la leçon à personne ; mais jen entends tellement demander quelle soit partout présente et elle lest plus souvent quon ne le dit. Cessons tout de même de nous battre la coulpe. Nous sommes le parti qui a présenté le plus de candidats issus de la diversité aux dernières élections régionales et aux dernières élections législatives. Pas assez, mais disons-le quand même. Sinon personne ne le dira à notre place. Cest pourquoi, le premier devoir des socialistes, si cest possible, est de dire du bien deux-mêmes. Si toute la presse en disait tellement de nous, je préconiserais que lon se retienne. Mais, comme ce nest pas toujours le cas, dites du bien de ce que vous faites, de ce que vous pensez, de ce que vous engagez, de ce que vous réalisez et ne commencez pas par parler de vous comme vous noseriez pas parfois parler de la droite.
Nous avons fait, sur la diversité, un certain nombre détapes utiles et il va falloir en faire dautres et ce sera une obligation et une volonté que nous aurons à exprimer.
LES DIFFICULTES DU POUVOIR
Nicolas Sarkozy est en difficulté et nous devons le souligner. Difficultés sérieuses, profondes et qui viennent assez tôt, à peine six mois après lélection présidentielle.
La première difficulté est économique. La croissance sera inférieure à 2 % en 2007 et encore davantage en 2008.
La difficulté est financière : les déficits sont records, lendettement progresse et il y a un moment où cela sarrête.
La difficulté est sociale, et pas simplement avec les salariés des régimes spéciaux, mais avec les fonctionnaires, les avocats, les médecins. Il y a un climat social qui devient lourd car des promesses ont été faites et les résultats ne sont pas là.
La difficulté est politique : on la vu à travers des débats qui nont pas été faciles pour la majorité sur limmigration ; on le voit aujourdhui avec les franchises médicales. Des camarades qui ont participé au débat à lAssemblée nationale me disaient quil y avait des expressions au sein de la majorité qui était sûrement silencieuse, mais surtout qui étaient celles de labsence. Pas facile quand on est député daller voter un impôt sur les malades pour financer dautres malades ! Là aussi, il ne sera pas commode pour le Président de la République de faire voter ainsi son groupe dans un contexte aussi impopulaire.
Lépreuve de vérité arrive donc fatalement. Même si la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy est den repousser léchéance, en espérant que la magie des mots empêchera la fatalité de se produire, comme sil pouvait retenir ce qui inévitablement va se produire, la réalité elle-même ne peut être façonnée par le verbe ou dissoute par le discours quand elle lui est contrainte ou contraire.
La faute majeure quil a commise et elle le poursuivra tout au long de ses 5 ans, cest le paquet fiscal quil a fait voter en juillet de cette année. Ce sera un boulet budgétaire (15 milliards deuros pour 2009, 9 milliards pour 2008). Cest aussi un fardeau économique. Chacun sait que les heures supplémentaires telles quelles ont été défiscalisées, déchargées, est une usine à gaz pour les entreprises et aucun pouvoir dachat supplémentaire pour ceux qui, hélas pour eux, ne travailleront pas forcément davantage et même pour ceux qui travailleront plus.
Cest enfin une faute sociale. Comment, après avoir fait des cadeaux qui consistent pour 2500 contribuables à pouvoir recevoir un chèque de 100 000 euros il y a même des relances pour retrouver les contribuables qui ne se seraient pas présentés. Quand on est dans cette situation où lon fait des cadeaux aux plus favorisés et quon demande à tous les Français, quelle que soit leur condition sociale, de participer à leffort, cela devient plus difficile.
La question majeure en cette rentrée et elle le sera aussi au moment des élections municipales- cest le pouvoir dachat. Les prix sont en hausse (prix alimentaires, prix des carburants, prix des loyers) et les salaires sont en berne. Tous les conflits qui se produiront dans les prochaines semaines seront des conflits sur le pouvoir dachat. Et cela demeurera en 2008, car il na aucune marge de manuvre pour réaliser les promesses que Nicolas Sarkozy à faites.
Et tout lenjeu des élections municipales est de savoir si le plan de rigueur qui a finalement été occulté, masqué, dissimulé, va finalement apparaître.
A nous den prévenir les Français, à nous aussi de faire en sorte que nos réussites à loccasion de ces élections permettent den atténuer le coût.
CONCLUSION
Le pouvoir a organisé des contre-feux. Le premier contre-feu à son impopularité sont les réformes liées aux régimes spéciaux. Bien sûr quil faut les réformer, bien sûr quil faut assurer pour tous les Français des conditions identiques pour les départs à la retraite ; en tenant compte néanmoins de deux principes : la négociation et la pénibilité, cest-à-dire les différences despérance de vie comme critère.
Mais ce que veut faire Nicolas Sarkozy, en passant jusquà lépreuve de force comme hier en allant voir des cheminots pour exciter leur mobilisation, cest créer une épreuve de force dans le pays pour, à ce moment-là, écraser, dominer, dire quil aura au moins réussi une de ces réformes tant vantées à travers la fin de ces régimes spéciaux, et nous mettre en difficulté.
Cela ne nous met pas en difficulté. Etre clair sur les principes, oui ; sur les réformes quand elles sont justes et efficaces, oui à des règles simples, oui aussi au principe de pénibilité, oui considérons que légalité ce nest pas luniformité.
Et disons aussi quil faut que la négociation sengage car je crois quil ny a rien à espérer dune épreuve de force ni pour les salariés ni pour les usagers qui auront à supporter ces conflits.Le deuxième contre-feu, cest le grenelle de lenvironnement. Il faut saluer la mobilisation des ONG, leffort de dialogue. Il était nécessaire de le faire. Il faut regarder les intentions pour ce quelles sont, louables. Cest louable de vouloir lutter contre le réchauffement climatique ; cest louable de vouloir plus de transports publics ; cest louable de vouloir faire des isolations thermiques dans les logements ; cest louable de vouloir limiter les émissions de CO2.
Le problème, cest quil y a du flou sur les sujets les plus sensibles :
- les pesticides, parce que lon ne veut pas fâcher la principale organisation agricole ;
- les OGM, parce que lon veut attendre la période des semences ;
- lénergie, parce que lon ne veut pas toucher au lobby routierEt, quand on regarde les moyens, on constate quils ne sont pas au rendez-vous. Ni sur la politique des transports : rappelons que cette majorité qui a supprimé les crédits publics au transport collectif. Ni sur le bâtiment, les offices HLM demandent queffectivement on puisse soutenir leurs efforts disolation thermique, mais rien nest prévu.
Les manques sont aussi la fiscalité écologique : on dit que lon va étudier la taxe carbone. Il faut là-dessus être sans illusion, quand le gouvernement dit quil va étudier, cest comme quand il crée une commission. On reparlera donc de la taxe carbone et on sera là pour rappeler chacun à ses responsabilités.Ce qui est en cause, et notamment la veille des élections municipales, cest de renvoyer vers les communes, les départements et les régions lessentiel de leffort. « Vous êtes pour le développement durable, très bien. Cest nous qui décidons, cest vous qui payez ». Et bien, non ! Nous ferons notre devoir ; nous prendrons des engagements en matière écologique, de développement durable, de transport collectif ; mais nous ne pouvons pas mener une politique à la place de lEtat.
Notre opposition doit être triple :
Une opposition à la méthode de Nicolas Sarkozy, faite descamotage, dexcuses, desbroufe ; ce nest jamais de sa faute, cest toujours de celle des autres.
Une opposition fondée sur des résultats ; néanmoins, noublions pas que cette majorité est en place depuis 5 ans. La continuité est la règle entre la politique économique et sociale menée par le Président de la République et celle qui avait été menée avant lui par JP Raffarin et D. De Villepin sous lautorité de Jacques Chirac.
Une opposition sur le sens même de la politique : nous sommes le parti de la réforme, de la réforme juste, de la réforme efficace et il y avait une manière dêtre efficace au lendemain de lélection présidentielle : cétait de soutenir leffort dinvestissement, dinnovation et de recherche des entreprises pour créer de la richesse. Il y avait une politique de réformes à mener pour maîtriser les déficits, indispensable si lon veut écarter la spirale de lendettement. Il y avait une politique en termes de pouvoir dachat : plutôt que de gaspiller 15 milliards deuros, offrir et pas simplement aux catégories populaires mais aussi aux classes moyennes une politique qui parle pour eux, qui agisse pour les faire bénéficier dune retombée de laction collective.
Nous avons à évoquer aussi deux sujets :
- La question de la ratification du traité européen : nous devons être responsables et collectifs. Cest mon attitude. Responsables, parce que nous avons des engagements à faire vis-à-vis de lEurope. Collectifs, parce que nous avons à chercher une solution ensemble, si elle est possible. Si elle ne lest pas, il y a une règle dans ce parti, celle de la majorité.
- Les institutions : nous venons dêtre saisis des conclusions de la commission Balladur. Il y a quelques avancées, souvent dailleurs sur nos propositions (maîtrise de lordre du jour du Parlement, limitation du 49/3, saisine du Conseil constitutionnel par les citoyens). Mais beaucoup moins nombreuses que celles que nous avions nous-mêmes évoquées lorsque nous sommes allés devant la commission Balladur. Très timides sur la proportionnelle : ils sont tombés à 20 ; bientôt ce ne sera plus quun !Timides sur la réforme du Sénat : on en parle pas. Pas davantage dailleurs du mode de scrutin. Timides aussi sur les nominations : ce serait simplement les commissions qui donneraient un avis, mais en aucune manière partager ce choix avec le Président de la République. Rien sur lindépendance de la Justice, si ce nest que lon supprime le Conseil Supérieur de la Magistrature, pour le remplacer par une autre instance. Ce nest pas cela qui fonde une politique dindépendance de la Justice ; cest comme pour le CSA, ils le suppriment pour établir un comité du pluralisme ! Cela ne suffira pas. Tout cela pour mieux faire passer le seul objet de la réforme pour Nicolas Sarkozy : SON omniprésidence, y compris daller venir devant le Parlement, pas simplement une fois par an en Congrès, mais quand il voudra devant lAssemblée nationale et devant le Sénat. Il faut dire quon le comprend : il narrive pas à sexprimer sans venir devant lAssemblée nationale et le Sénat ! On ne la dailleurs pas entendu depuis six mois ; jamais à la télévision, jamais dans les journaux, jamais dans les déplacements ! Nous regardons cette réforme uniquement à laune des avancées des droits du Parlement et à aucun moment nous naccepterons quelque renforcement du pouvoir présidentiel qui est déjà à son paroxysme.
Nous avons beaucoup de travail à mener ensemble. Beaucoup de travail sur notre pensée et nous navons pas de temps à perdre là-dessus. Beaucoup de travail pour faire des élections municipales et cantonales, finalement, un rebond et bien plus, une espérance pour nos concitoyens. Et nous avons beaucoup de travail à faire au lendemain même des élections municipales pour refonder la gauche. Nous ne le ferons que si nous sommes ensemble, responsables de notre parti, fier de notre Parti socialiste, si nous le servons avec le seul souci de contribuer non pas à lintérêt particulier de ce parti mais à lintérêt général du pays.
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Lettre de Ségolène Royal depuis Buenos Aires
Amigas, Amigos,
Je vous écris de Buenos Aires où je suis arrivée vendredi et où jai rencontré Cristina Kirchner, candidate favorite de lélection présidentielle argentine. Ne soyez pas surpris par la graphie de cette petite lettre depuis lhémisphère sud : je lai tapée pour partie sur un clavier espagnol qui ne comporte pas les mêmes signes et, après transfert sur un azerty francophone, les corrections laissent certainement à désirer ¡
Vendredi, donc, arrivée dans cette ville qui est vraiment lune des plus belles du monde. Les valises sont restées à lescale de Sao Paulo mais quimporte ¡ Il faut savoir voyager léger...
Jai rendez-vous à 17 heures avec Cristina, dans sa résidence privée. Son avance sur les autres candidats est telle que tout le monde la donne gagnante, la seule question étant de savoir si ce sera dès le premier tour ou a lissue du second.
La campagne sarrêtant le vendredi, Cristina a prévu de partir jusquà dimanche, jour du vote, en Patagonie, la région dont elle a été longtemps lélue et dont son mari, Nestor Kirchner, a été le gouverneur avant dêtre Président de la République argentine. Là-bas, dans la ville de Calafete, a 3.500 km de Buenos Aires, elle a sa maison, ses bases.
Elle a repoussé son départ pour me recevoir et jen suis très touchée.
Nous nous étions vues en février à Paris lorsque jétais en campagne, nous avions surtout parlé de la France, je suis heureuse de lui rendre, dans son pays, cette politesse amicale. Cette fois-ci, nous avons surtout parlé de lArgentine dont je trouve le redressement économique spectaculaire et lexpérience politique de ces dernières années très intéressante dans un monde en pleine recomposition.
Je suis curieuse de voir de plus près comment un pays plein de potentiel mais acculé à la faillite par le dogme du consensus de Washington a repris ses affaires en mains en saffranchissant de cette idéologie ultra-libérale et en redonnant à lEtat un rôle dimpulsion et de régulation.
Cest un débat qui traverse aujourd'hui toute l'Amérique latine, majoritairement gouvernée à gauche. Des gauches différentes, bien sûr, qui sont loin d'être daccord sur tout. Mais des gauches qui, pour beaucoup, savant bien que si le marché est un bon serviteur, il est un mauvais maître Des gauches qui ont tiré les leçons des tentatives de passage en force des années 70 et des coups d Etat qui, sur fond de guerre froide, les ont noyées dans le sang. Des gauches qui ont montré quelles sont, plus que la droite, capable dentraîner lélectorat centriste et de nouer des alliances à vocation majoritaire.
Ces questions, des pays comme lArgentine, le Chili où je serai demain, le Brésil et bien dautres se les posent dans ce vaste sous-continent qui est un des laboratoires de notre modernité. Elles nous intéressent directement car ce que nous vivons nest pas simplement une époque de changements : cest un changement d'époque. Le monde entier est à la recherche dun modèle de développement qui conjugue croissance économique, responsabilité et même investissement environnemental, réduction des inégalités et, à l'échelle de la planète, partage plus équitable du pouvoir dans une perspective forcement multipolaire.
Jajoute que lAmérique latine sillustre aussi, ces derniers temps, par laccès au pouvoir de catégories qui en furent longtemps bannies : les femmes, les Indiens, les syndicalistes, les militants de la génération sacrifiée victime de la répression des dictatures militaires. Et se pose, elle aussi, la question des formes que pourrait prendre son intégration régionale et la question du rééquilibrage de sa relation avec les Etats-Unis.
Raison de plus pour aller y voir de près et retrouver Cristina à un moment privilégié où lhistoire est en train de se faire et où nous pouvons parler très librement.
Nous nous embrassons chaleureusement et nous installons côte à côte sur un divan. Je la retrouve comme dans mon souvenir : élégante et déterminée. Je la questionne sur la situation économique de son pays. Nous évoquons la croissance très dynamique de lArgentine alors qu il y a 5 ans à peine, elle connaissait une crise économique, financière et sociale qui sétait traduite par un effondrement de plus de 11% de son produit intérieur brut, par un endettement record (111 milliards deuros) sans capacité de remboursement, par une paupérisation massive des couches moyennes et un basculement de 50% de la population en dessous du seuil de pauvreté. Aujourdhui, la croissance tourne autour de 8%, 2,5 à 3 millions demplois ont été recréés, la dette de lEtat a été restructurée par des mesures rigoureuses qui portent leurs fruits, le prêt jadis accordé par le FMI a été remboursé par anticipation en même temps que le gouvernement de Nestor Kirchner saffranchissait de cette désastreuse tutelle. La devaluation du peso naa pas debouché sur ladoption du dollar et, si douloureuse quelle ait initialement été, a fouetté lessor de lindustrie nationale et des investissements en renchérissant le coût des importations.
Bien sûr, Cristina en est très consciente, tout nest pas réglé. L inflation est forte, les inégalités se sont creusées même si le taux de pauvreté et le chômage ont beaucoup reculé, linsecurité énergetique reste une faiblesse de léconomie argentine. Comme me lexplique Cristina, le rationnement de lénergie qu il a fallu imposer aux entreprises après un hiver tres froid, nous a coûté un point de croissance. Elle souligne limportance de cette équation énergétique pour lavenir du pays et ironise sur ceux qui diabolisent Hugo Chavez, le president dun Venezuela gros producteur de pétrole avec lequel lArgentine a passé des accords de fourniture : il faut, me dit-elle en riant, être intelligents ¡ plutôt que dogmatiques, coopérer nest pas saligner et, clin doeil aux Européens qui courtisent la Russie, sur le plan énergetique, Chávez nest pas pire que Poutine ¡. Elle souhaite aussi approfondir la cooperation avec le Brésil, premier partenaire énergtique de lArgentine, et faire valoir aux investisseurs brésiliens que le taux de change leur est favorable.
Quand je linterroge sur linflation, elle reconnait que cest un vrai problème mais, ajoute-t-elle, il ne faut pas confondre une inflation sans croissance et une inflation avec croissance, ce nest pas la même chose, point de vue certes hétérodoxe pour les adeptes des monnaies fortes a tout prix, y compris au détriment de la croissance et de lemploi, mais choix politique assumé, même si le gouvernement argentin a gelé les tarifs publics et imposé un contrôle des prix dans la grande distribution. L'évaluation du niveau dinflation est aujourd'hui vivement débattue en Argentine où certains accusent les statistiques officielles de la sous-estimer. Pour Cristina, le chiffre de 11% d inflation correspond à la réalité. Elle souligne que le chiffre du FMI nest supérieur que dun point (12%) et que, si linflation atteignait 20% ou 25%, comme certains lont dit pendant la campagne électorale, les gens seraient déjà descendus dans la rue ¡.
Elle mexplique aussi comment elle souhaite promouvoir, par une négociation tripartite entre lEtat, les entreprises et les représentants des salaries, ce quelle appelle un nouveau modèle daccumulation qui englobe, au delà des salaires et des prix, toutes les dimensions dune croissance plus équitablement partagée. J y vois des points communs avec ce que, durant ma campagne, jai appelé un nouveau modèle de croissance.
Visiblement, Cristina naccepte pas que les grands bailleurs de fonds internationaux ramènent lArgentine à une situation dont elle sest arrachée. Elle me dit quil nest pas question, pour elle, daccepter les conditions mises par le Club de Paris à la renégociation de la dette argentine : lavis du FMI, cest à dire le retour sous la tutelle dont lArgentine na eu de cesse de saffranchir ¡ Ce nest, me dit-elle, pas admissible économiquement et pas admissible politiquement. LArgentine a fait de gros efforts de désendettement pour assainir sa situation et récupérer la maitrise de son destin, pas question que le Club de Paris la tire en arrière. Cristina me dit qu elle na pas lintention de se laisser faire, quelle est allée discuter avec les Allemand et les Japonais, principaux créanciers de son pays. Elle me dit en riant espérer que Dominique Strauss-Kahn, désormais à la tête du FMI, aura à cur den changer les murs et les pratiques impérieuses et ravageuses, son pays en sait quelque chose, pour ceux qui se conforment à ses diktats. Je lui dis que, compte tenu de la personnalité et de lexpérience de DSK, cet espoir me parait fondé.
Nous évoquons également ce préjugé tenace, sous toutes les latitudes, qui veut quen matière économique, les femmes politiques soient toujours soupçonnées de moins s y connaitre que leurs homologues masculins. Je lui raconte que cest arrivé à Angela Merkel jusquà ce que les milieux économiques saperçoivent quelle était fort compétente. Cristina me dit avoir multiplié les contacts avec les chefs d entreprise parce quelle sentait bien quils sinquiétaient de savoir quelle était, sur ces sujets, sa vision des choses. Elle entend poursuivre la bataille pour le redressement économique de lArgentine que Nestor Kirchner a engagée avec détermination et succès. Nous avons, me dit-elle, parfaitement intégré les règles macro-économiques de base, cela va de soi. Mais quon ne vienne pas me raconter que léconomie est une science exacte, cest une science sociale et humaine ¡. Nous nous accordons sur cette idée quil ny a pas de loi dairain qui priverait la politique de toute marge de manuvre.
Nous évoquons aussi les perspectives de la croissance mondiale, les déséquilibres de léconomie américaine, les errements du système financier globalisé dont la récente crise des subprimes a montré les dangers. Cristina estime que le système a atteint un tel degré de sophistication quil échappe a tout contrôle. Les fonds dinvestissement, parce quils se soustraient à toute régulation, deviennent un facteur dinstabilité économique, sociale et même politique. Or que se passe-t-il quand une crise se propage ¿ C est lEtat qui doit limiter les dégâts comme la fait, me dit Cristina, le gouvernement anglais en volant au secours dune de ses grandes banques en perdition. Nous sommes lune et lautre bien daccord que la crise financière de lété est un avertissement. Il y a urgence à bâtir des mécanismes de régulation. Pour elle comme pour moi, cest clair : la mondialisation, loin de disqualifier les Etats, appelle de nouvelles formes dintervention de la puissance publique pour en saisir toutes les opportunités et, en même temps, se protéger des risques dune financiarisation aveugle et livrée a elle-même.
Au fil de la conversation, nous abordons aussi les questions agricoles, très importantes pour lArgentine dont les exportations alimentaires (soja, riz, maïs, vin, viande) tirent la croissance, sur fond dexplosion des cours mondiaux et de besoins croissants des marchés émergents de Chine et dInde. Cristina a lhabitude de souligner que ces marchés sont une chance pour son pays car il est impossible de ne compter que sur lOccident qui exige que nous payons nos dettes mais bloque nos importations en subventionnant sa propre agriculture.
Cest une question que je me suis souvent posée, je la pose à Cristina : quas-tu appris de ton pays au fil de cette campagne ¿ Je lai, me dit-elle, vraiment sillonné dans tous les sens et jai découvert en lui, malgré toutes les difficultés quil a affrontées et affronte encore, une réserve doptimisme et une formidable capacité de changement. Un changement qui prend appui sur les résultats de ces quatre dernières années et qui nous pousse à inventer un autre modèle que celui qui a dévasté nos régions et ruiné notre compétitivité. Quand je suis allée, par exemple, dans la région viticole de Mendoza, jai été frappée par la rapidité de sa métamorphose : une zone jadis sinistrée par un taux de change peu favorable pour nos exportations et qui est aujourdhui entièrement reverdie, couverte de vignes qui produisent et exportent un excellent vin. Pour elle, cest un exemple parmi dautres du dynamisme des Argentins et de leur capacité à remonter la pente dès lors que lEtat lève les obstacles à la croissance.
Nous parlons aussi des questions relatives à la sécurité, qui deviennent, là-bas comme ici, une préoccupation plus forte. Cristina me dit que lArgentine, comme le Chili et lUruguay, jouissent dun niveau de sécurité appréciable par rapport à des pays comme le Brésil ou le Mexique. Cependant, la société argentine éprouve un sentiment dinsécurité quil faut prendre au sérieux et qui a à voir avec lextrême insécurité sociale des années de crise et avec le trafic de drogue, en particulier dun sous-produit particulièrement meurtrier de la cocaïne. Je me retrouve dans sa manière daborder ces sujets. Sa conviction est quon ne peut isoler le traitement de la sécurité du règlement des autres problèmes qui inquiètent les Argentins : il n y aura pas de sécurité, me dit-elle avec conviction, sans résoudre les problèmes demploi, déducation, de santé, de justice, de corruption. Comme moi, elle pense que tout se tient.
Nous parlons de nos expériences respectives de campagne et je lui demande son pronostic. Prudente, elle me répond : jai mené beaucoup de campagnes électorales et je sais quon n a jamais gagné une élection avant six heures du soir ¡ Il faut d'abord compter et recompter tous les bulletins de vote avec humilité .
Nous plaisantons des remarques machistes que nous avons, lune et lautre, essuyées en campagne. Nous nous souvenons dAngela Merkel et de Michelle Bachelet qui, elles non plus, n'avaient pas été épargnées. Cristina me dit que tout cela latteint peu, quelle a déjà une longue expérience politique, quelle a été élue députée et sénatrice bien avant que son mari soit Président de la République. Elle me dit qu'elle a décidé une fois pour toutes d'être elle-même : une femme politique à part entière, qui assume et sa féminité et sa combativité. Nous tombons daccord sur le fait que, face à ces combats darrière-garde, mieux vaut ne pas sabaisser à répondre aux attaques.
Je ne peux pas tout vous raconter ici par le menu car, en une heure dentretien, nous avons parlé de bien des choses : des droits des femmes, en particulier de laccès à la contraception, du fait que lArgentine nest pas un Etat laique au sens où, en France, nous lentendons, des droits de lhomme et de tout le travail mémoire et de justice accompli sur les années de dictature. De choses plus personnelles aussi, comme la façon dont nos enfants ont vécu nos campagnes. Cela ma amusée car ce que son fils a demandé une fois à Cristina est ce quun jour on sera enfin seuls ¿2 -, un de mes fils ou une de mes filles aurait pu me le dire dans les mêmes termes¡
Cristina ma aussi interrogée sur la France et sur les perspectives de la gauche. Nous avons plaisanté sur létrange fascination que semble exercer M. Bush sur un certain type dhommes politiques européens : Aznar, Berlusconi, auxquels cela n a pas porté bonheur. Un autre aussi, peut-être, plus près de nous... Jai été frappée de ce quelle ma dit sur la violence du rejet dont les Etats-Unis font aujourdhui lobjet dans toute lAmérique latine. Un rejet, selon elle, plus fort encore que celui des années 60 ou 70. Cest le triste résultat de ladministration américaine, alors même que Bill Clinton avait réussi à redresser limage de son pays.
Cétait un échange franc, amical. Je lai remerciée davoir, dans la dernière ligne droite de sa campagne, pris le temps de cette conversation. Nous nous sommes embrassées et souhaité bonne chance.
Jai repensé, en la quittant, à cette phrase de Borgès, immense écrivain argentin, dont javais emporté un livre et qui exprime la conviction que le combat peut être une fête. Cela me va.
Jai eu, depuis, dautres passionnantes rencontres que je vous raconterai, notamment avec la Centrale des Travailleurs Argentins, une organisation syndicale indépendante, pluraliste, combative, dont jai rencontré la direction nationale, aguerrie dans les années de lutte contre la dictature. Leur démarche daffiliation individuelle des travailleurs précaires et de ceux de léconomie informelle, très développée en Argentine, ma paru extrêmement intéressante mais je vous raconterai tout ça un eu plus tard car là, jai rendez-vous avec les Mères de la Place de Mai.
Hasta luego ¡
Ségolène Royal
Buenos Aires
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Le Congo et la France signent un accord sur la gestion concertée des flux migratoires
Un accord de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement a été signé le 25 octobre à Brazzaville entre la République du Congo et la France. Cet accord prévoit la mise en place des stratégies communes susceptibles de réduire les migrations incontrôlées entre Brazzaville et Paris. Les deux parties étaient représentées par Basile Ikouébé et Brice Hortefeux, respectivement ministre congolais des Affaires étrangères et ministre français de l'Immigration, de l'Identité nationale et du Co-développement.
csa du 26/10/2007
Le Congo est le troisième pays africain à signer un accord relatif à la gestion concertée des flux migratoires avec la France, après le Sénégal en septembre 2006 et le Gabon en juillet 2007. Cet accord vise à instaurer un véritable partenariat avec les pays d'origine des flux migratoires.
A l'instar des deux précédents, l'accord franco-congolais est conçu selon une approche comprenant trois volets indissociables à savoir l'organisation de la migration légale (circulation, visas, immigration de travail, accueil et séjour des étudiants), la lutte contre l'immigration illégale (réadmission des ressortissants en situation irrégulière, coopération policière en vue de la surveillance des frontières, démantèlement des filières de passeurs et la lutte contre la fraude documentaire), et le co-développement.
Le texte prévoit la facilitation pour les personnes participant activement au développement des relations bilatérales (hommes d'affaires, artistes, intellectuels, sportifs), notamment en ce qui concerne la délivrance de visas de courts séjours à entrées multiples dits de circulation.
«Cest un outil essentiel au service du partenariat, du nouvel accord de gestion des flux migratoires que la France souhaite instaurer de manière concertée avec les pays dorigine. Les personnes qui contribuent par leur fonction au développement des relations franco congolaises disposeront des facilités recrues en leur accordant des visas de circulation valables jusquà 5 ans pour les voyages quelles seront à mener à effectuer de manière régulière entre Brazzaville et Paris. Les diplomates bénéficieront pour leur part dune liberté totale de circulation pour une durée de 2 ans dans un premier temps qui pourra évoluer à lavenir», a expliqué M. Hortefeux.
Pour ce qui est des étudiants et l'immigration de travail, les autorités françaises s'engagent concernant la première catégorie, à créer au Congo en 2008, un Espace Campus France et à offrir aux étudiants congolais la possibilité de parfaire leur formation par une première expérience professionnelle dans leur pays.
A propos de la deuxième catégorie, l'accord prévoit, pour les jeunes professionnels âgés de dix-huit à trente-cinq ans, la possibilité d'améliorer leurs perspectives de carrière en leur offrant une expérience de travail salarié en entreprise en France pour une période n'excédant pas les dix-huit mois. Les problèmes ayant trait à la réadmission des ressortissants en situation irrégulière, aussi bien des nationaux que ceux des pays tiers ayant transité par le territoire de l'une ou l'autre partie, à la coopération policière entre les deux pays et à l'aide au développement, sont également abordés dans cet accord.
Abordant les problèmes de développement et de co-développement, M. Hortefeux a fait savoir que son pays s'est proposé de mettre en place un projet d'appui à la création des Très petites entreprises (TPE) par des migrants congolais pour aider les jeunes entrepreneurs à se former et à s'installer au pays après leur expatriation. Une enveloppe d'un montant de 1,2 million d'euros a été consacrée par la France pour ce type d'actions et couvrira la période 2008-2010.
Sur l'aide au développement, le Gouvernement français a retenu deux secteurs prioritaires : l'appui au secteur de la santé et le développement de la formation professionnelle et technique. En ce qui concerne la question des tests ADN, M. Hortefeux a signifié quil n y a aucun point sur une disposition de ces tests ADN sur laccord qui vient dêtre signé.
De son côté, le ministre congolais des Affaires étrangères a indiqué que la portée du document allait au-delà du cadre bilatéral, ajoutant que des dispositions sont en train dêtre prises pour le contrôle des flux migratoires. «Les autorités congolaises sont en train délaborer de nouveaux passeports de service, diplomatique et ordinaire qui seront sécurisés. Nous allons disposer des documents fiables pouvant nous permettre de gérer cette situation des flux migratoires. Dici la fin de lannée, ces documents seront mis en circulation», a-t-il indiqué.
Selon M. Ikouébé, cet accord répond aux préoccupations des deux Gouvernements concernant la circulation des personnes, l'admission au séjour, la réadmission des personnes en situation irrégulière, la coopération policière, le co-développement et l'aide au développement. «Laccord relatif à la gestion concertée des flux migratoires et au co-développement vient, à point nommé, ajouter une pierre à larchitecture déjà riche des relations de coopération et damitié qui lient nos deux pays», a-t-il renchéri.
Le document a été paraphé en présence du ministre à la présidence chargé de la Coopération, de l'Action humanitaire et de la Solidarité, Charles Zacharie Bowao, du ministre de la Sécurité et de l'Ordre public, Paul Mbot, et des ambassadeurs du Congo en France, Henri Lopes et de France au Congo, Nicolas Normand.Source: Congo-site.
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Mise au Point de Ségolène Royal sur son déplacement en Amérique du Sud suite à l'article du Nouvel observateur.
Vous avez publié un extrait du blog de Jean Luc Mélenchon et je souhaiterais porter à la connaissance de vos lecteurs que les affirmations quil y tient sont totalement mensongères.
Je ne participe à aucune conférence payante organisée par le patronat contrairement à ce qui a été publié.
Mon déplacement en Argentine et au Chili fait suite à des contacts amicaux et réguliers . Jai rencontré Cristina Kirchner en Argentine qui mavait invitée lors de sa visite pendant la campagne présidentielle française, avant sa probable élection dimanche à la Présidence de la République. Jai également rencontré une des principales organisations syndicales la CTA ainsi que les Mères de la Place de Mai. La presse argentine a dailleurs largement rendu compte de ces contacts.
Au Chili, je rencontrerai Michelle Bachelet, Isabelle Allende et Carlos Umonami ainsi que plusieurs ONG.
Limportance politique de ces déplacements et la qualité de laccueil que je reçois renforcent lamitié de ces pays avec la France et mérite mieux que de grossiers commentaires mensongers qui nhonorent pas leur auteur, membre du Parlement français dont on attendrait un comportement un peu plus éthique.
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