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    Leur quotidien, expulser les clandestins

    «Ce n'est pas pire que de se faire caillasser»

    Il avait donné rendez-vous près de la place Beauvau. Finalement, Bernard*, agent de l’Unesi depuis six ans, préfère un café loin de là «pour être sûr que des agents de l’Intérieur n’écoutent pas».

    L’escorteur de sans-papiers, la trentaine, a l’allure frêle et le regard bleu. La conversation s’engage, libre. Pourquoi avoir choisi comme métier d’expulser les clandestins? «Pour l’attrait du voyage surtout, répond-il sans rougir, même si au final on ne voit souvent que les aéroports.» Il effectue entre trois et dix vols par mois: Paris-Irak, Tchétchénie ou Mali, sur Air France comme sur Royal Air Maroc. «Ce travail n’est pas pire que de se faire caillasser dans les manifs en tant que policier antiémeute», assure-t-il.

    D’après lui, les trois-quarts des voyages se passent bien - «à l’arrivée, certains m’ont même invité à dîner dans leur famille, comme à Istanbul»! - mais le stress est «systématique».

    «Garder son sang-froid»

    Concrètement, le policier rencontre l’étranger illégal à l’unité d’éloignement de Roissy ou d’Orly, deux heures avant le décollage. «Dans 70 % des cas, on le menotte.» Bernard et son collègue chargés de l’expulser lui expliquent les démarches à suivre pour revenir en France de manière régulière.

    Puis, «on passe par les pistes, on monte à l’arrière de l’appareil, avant l’embarquement des passagers. On prévient le commandant de bord, qui peut nous refuser pour raisons de sécurité ou sanitaires. On place la personne entre nous deux.» Et voilà.

    Sauf que près d’une expulsion par voie aérienne sur quatre, au minimum, se passe mal, reconnaît-il. «Il arrive que le clandestin crie, crache, pleure ou hurle "je veux mourir".» Jusqu’en 2000, les agents étaient séparés des passagers par un rideau : «les gens se demandaient si on le frappait». Le dispositif individuel de protection les autorise à attacher les poignets, genoux et chevilles de l’expulsé avec des bandes velcro.

    Et les insultes racistes, les coups ? «On n’a pas le droit à l’erreur. La hiérarchie nous met souvent en cause. Il faut garder au maximum son sang-froid». En six ans, il assure n’avoir jamais assisté à de tels gestes.

    «Les relation avec les passagers se sont dégradées»

    Mais depuis que les expulsions se multiplient - objectif : 25.000 cette année - «le métier est de plus en plus dur» confie-t-il. «La cadence a augmenté, à effectifs constants. A Bamako, je ne reste que deux heures avant de redécoller.» Les escales sont plus nombreuses selon lui, faute de vols directs, très chers.

    Et les relations avec les passagers se sont dégradées. «Ils sont de plus en plus virulents envers nous, et n’hésitent plus à nous insulter.» N’a-t-il pas l’impression de faire le sale boulot de la République? «Je n’ai pas à exprimer un avis sur la politique d’immigration: je l’exécute. J’ai parfois des états d’âme, mais je les garde pour moi. Ce travail doit être fait, autant que ce soit moi qui m’en charge : ce sera carré.»

    * Le prénom a été modifié

     
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    Laure de Charette


    20Minutes.fr, éditions du 22/10/2007 - 22h35


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    Royal:«Je ne suis pas en hibernation»

    Dans une interview à «Libération», l’ex-candidate se dit déterminéeà mener la bataille de la rénovation du PS et à prendre la tête de l’opposition.
     

    Très silencieuse ces dernières semaines, Ségolène Royal confirme à Libération que sa détermination reste intacte pour mener la rénovation du PS. Depuis Rome où elle a rencontré Walter Veltroni, le nouveau leader du Parti démocrate italien, elle ajoute qu’elle jouera son rôle de première opposante à la politique de Nicolas Sarkozy.

    Où en êtes-vous de votre réflexion? Serez-vous candidate au premier secrétariat?

    Je n’ai pas pris ma décision. Cela viendra le moment venu. A partir du moment où je ne quitte pas la politique, on ne peut pas faire de la politique sans parti. J’observe ce qui se passe, mais je ne veux pas me placer dans des logiques de conflits internes.

    Cette indécision n’a-t-elle pas désorienté vos proches?

    C’est vrai que c’est un peu déstabilisant pour mon entourage, qui se demande pourquoi je ne repars pas sabre au clair. Certains se sont inquiétés, ont demandé des consignes. Je leur explique que la politique est faite d’étapes. Et qu’il ne faut pas que je me laisse happer par le système. Le jour où je leur dirai: «On y va», nous irons vraiment.

    Combien de temps durera votre réflexion?

    Rassurez-vous, je ne suis pas en hibernation. Je travaille avec d’autres, j’accepte les invitations à l’international et je me bats pour ma région. C’est essentiel. Et je mettrai ce travail au service du collectif.

    Comment allez-vous désormais participer à la vie du parti?

    J’ai rassemblé 17 millions de voix, après avoir été désignée par 60% des adhérents du parti. J’ai des responsabilités à l’égard de tous et toutes. Je ne peux donc pas me laisser attirer dans je ne sais quel piège de tactique interne. Rassembler, expliquer, fédérer, voilà le seul rôle que je me donne. Et mettre au service de la gauche et des Français le potentiel de l’élection présidentielle.

    La rentrée politique a été marquée par une profusion de livres très sévères à votre égard. Vous ont-ils affecté?

    Oui. Ça laisse toujours des traces, on est toujours touché. D’ailleurs, c’est bien l’objectif. Mais c’est passé. L’important est que les gens se disent et me disent que je me suis bien battue.

    Irez-vous au conseil national de samedi?

    Je serai probablement en Argentine pour l’élection de Cristina Kirchner, puis au Chili. Sinon, j’y serais allée.

    Vous venez de rencontrer Walter Veltroni. L’exemple de la primaire italienne est-il envisageable en France?

    Tous les dirigeants italiens ont accepté l’émergence parmi eux d’un leader, avec trois millions et demi d’électeurs qui ont payé un euro pour participer. Au PS, les militants à 20 euros ont été parfois contestés. Mais la réflexion doit se poursuivre. Je sais que ce n’est pas facile, car nous héritons d’un système sécurisant pour les courants, avec ce que cela signifie de contrôle des fédérations et de positions verrouillées. Mais au PS, nous avons tous compris, certes à des degrés divers, que ce système devait changer. L’exemple italien doit nous faire réfléchir.

    Comment faire évoluer le PS?

    Il faut rendre la parole aux militants. Mais aussi faire voter des gens qui ne sont pas adhérents du parti, comme en Italie. La préoccupation de l’organisation ne doit pas être l’organisation elle-même.

    Cela ne semble pas être la tendance actuelle au sein du PS…

    Il existe toujours dans le parti cette ligne élitiste sur la crainte d’une transformation en «parti de supporters». Mais qu’est-ce que ça veut dire? Cette conception condescendante me choque. Pourquoi considérer les gens comme des écervelés, qui choisissent à la tête du client? Peut-être qu’ils adhèrent aussi à des idées…

    La fusion à l’italienne entre socialistes et centristes vous inspire-t-elle?

    Ce qui se passe en Italie montre bien que des recompositions sont nécessaires. L’alliance, contre la droite, entre un parti issu du parti communiste et un parti du centre, d’inspiration chrétienne, est très intéressante. Il y aura forcément, en France aussi, des recompositions entre centre et PS. Et ce ne sera pas en laissant de côté les militants venus de l’extrême gauche ou du PC.

    Avez-vous poursuivi vos contacts avec François Bayrou?

    Non. Je ne suis pas encore dans cette phase. Je la poursuivrai quand j’aurai achevé la précédente, celle de la réflexion et de la reconstruction. Mais nous sommes à un tournant. L’électorat a évolué, avec de nouvelles générations qui n’ont pas connu l’histoire du PS et du PC, et qui ont d’autres comportements électoraux. Et parmi les centristes, il y a des démocrates qui peuvent se reconnaître dans un projet politique qui ne sacrifierait pas pour autant l’identité de la gauche. On m’a critiquée pour ma démarche d’entre les deux tours, mais soyons réalistes: dans de nombreuses villes, aux municipales, cette convergence devra s’opérer.

    Est-il réaliste d’envisager un tel rapprochement en France?

    On doit se poser la question d’un rassemblement du camp de la gauche et de tous ceux qui ont une conception exigeante de la démocratie, destiné à passer la barre des 30% au premier tour d’une élection nationale et qui aurait vocation à être leader au niveau de la gauche européenne – laquelle, reconnaissons-le, tangue un peu. Depuis Tony Blair, même si certains aspects de son leadership étaient discutables, la gauche n’a plus de leader capable d’entraîner les mouvements progressistes en Europe.

    Quelle est votre position sur le mini-traité?

    A partir du moment où le peuple a refusé le précédent, il serait logique de le consulter à nouveau. Mais je crois que ce traité, même imparfait, peut remettre l’Europe en marche. J’aurais préféré un texte avec moins de dérogations. Mais mieux vaut un compromis que rien. L’intégration de la Charte européenne des droits fondamentaux est une avancée très importante. C’est pourquoi nous devons faire bloc avec les socialistes portugais, espagnols, allemands et les autres, et adopter ce texte le plus vite possible pour passer à l’étape suivante : la préparation du traité social. La question de la procédure d’adoption, référendaire ou parlementaire, n’est plus une question de principe. Nous n’avons pas de temps à perdre à nous diviser.

    Pourquoi vous êtes-vous montrée si discrète, ces derniers temps, sur la politique gouvernementale?

    Ce n’est pas exact. Mais je n’ai pas l’intention de commenter le moindre fait et geste du Président. Il faudrait pour cela passer toute la journée devant la télévision, ou presque ! A ce propos, le CSA, qui refuse de comptabiliser le temps de parole de Nicolas Sarkozy, manifeste une piètre conception de la démocratie. Mais rassurez-vous, l’opposition est bien là.

    Comment définissez-vous aujourd’hui votre rôle d’opposante?

    Je dois utiliser ma voix avec circonspection, quand je la sens utile au débat démocratique. Mais cela ne sert à rien de mener une opposition frontale, à tout propos.

    Quel regard portez-vous sur la pratique sarkozyste du pouvoir?

    Ce qui me frappe, c’est le contraste entre le discours, le changement de style et, au fond, un grand archaïsme dans la façon de procéder. Le pouvoir actuel est très proche des puissances d’argent, du Medef. On ne parle ni d’éducation, ni d’innovation, ni de PME, ni de modernisation économique. Sur les mesures fiscales, on a un pays endetté qui se prive de marges de manœuvres au profit des plus privilégiés, suivant en cela les réflexes les plus éculés de la droite traditionaliste et rentière.

    Que dit selon vous le mouvement social de la semaine dernière?

    Nicolas Sarkozy, pendant la campagne, avait expliqué que tout était prêt… Or, on est dans l’improvisation totale. On aurait pu penser qu’on allait échapper à l’affrontement social, à la grève des transports. Mais à l’arrivée, on a un pouvoir qui ressemble piteusement à tout ce qu’il y a de plus archaïque. Les oppositions sociales se cristallisent, même si elles sont partiellement occultées par une opération d’ouverture médiatiquement réussie. Mais conduire un pays moderne à la grève est la marque d’un pays mal gouverné.

    Quel regard portez-vous sur le divorce de Cécilia et Nicolas Sarkozy?

    Les grands événements de ces derniers jours, c’est malheureusement la journée de la misère et les mouvements d’inquiétude justifiée sur le front social.


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    Les socialistes unis pour la diversité

    Longtemps ignorée, la nécessité d’une représentation démocratique qui tienne compte de la pluralité des origines est entrée peu à peu dans les moeurs de la vie politique française. Après l’ultramarin Roger Bambuck, François Mitterrand confirma cette orientation en permettant à une personnalité politique d’origine africaine,Kofi Yamgnane, d’accéder au pouvoir exécutif.Avant que d’autres au Parti socialiste ne le suivent sur cette voie.

    «Les hommes construisent trop de murs et pas suffisamment de ponts », notait avec à-propos Isaac Newton. Le constat vaut pour la question identitaire, passée longtemps sous silence, avant d’investir peu à peu la sphère politique. Pas au point, toutefois, de rompre radicalement avec nos vieilles habitudes, même si 1981 apporta son lot d’espérance, en encourageant de nouvelles pratiques. C’est d’ailleurs François Mitterrand qui, le premier, porta ce message, en apparaissant ainsi comme l’homme du futur. Après avoir nommé le plus jeune Premier ministre de l’histoire, en la personne de Laurent Fabius, et la première chef de gouvernement – Édith Cresson –, il soutint le choix de Kofi Yamgnane, personnalité d’origine togolaise, au poste de secrétaire d’État. Une brèche était ouverte.

    Intégration

    Le 17 mai 1991, l’élu breton fut nommé Secrétaire d’État aux Affaires sociales et à l’Intégration dans le gouvernement d’Édith Cresson. Avant d’être nommé, en mars 1992, Secrétaire d’État à l’Intégration au sein du gouvernement Bérégovoy. Celui « dont le nom signifie « vive le savoir » est devenu le symbole d’une intégration réussie à force d’intelligence, de patience, de tolérance, de générosité et de constante détermination à remplir les tâches pour lesquelles on s’estime être fait,dit de lui l’écrivain Pierre-Jakez Hélias. Mais l’histoire des hommes est-elle autre chose qu’une série d’intégrations successives ? » En 1993, l’élu breton de Saint- Coulitz,maire de couleur plébiscité par une population blanche, fut élu conseiller général du canton de Châteaulin (Finistère). Député de 1997 à 2002, il siège de nouveau à l’assemblée départementale depuis 2001, où il occupe le poste de vice-président, en charge de la politique de l’eau. Peu de temps avant lui, Roger Bambuck avait hérité du secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports, de 1988 à 1991, au sein du gouvernement Rocard. Une véritable consécration pour ce champion d’Europe du 200 m, médaillé de bronze du relais 4 x 100 m aux Jeux olympique de Mexico en 1968. Originaire de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), l’ex-étudiant en médecine compte sans aucun doute parmi ceux qui ont le plus oeuvré pour le processus d’intégration. Il s’est également employé à mettre le sport à la portée de tous,en privilégiant une démarche éducative, tout en participant activement à la lutte antidopage. La star du sprint français ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Après avoir exercé les fonctions d’inspecteur général de l’éducation nationale, il est entré à l’Unesco où il exerce aujourd’hui d’importantes responsabilités, tout en dirigeant un groupe de recherche sur le sport au CNRS. Il est également membre de l’Académie des sports et directeur de la délégation outre-mer à l’Institut de recherche pour le développement.

    Oxygénation

    Bel exemple de réussite auquel il convient d’ajouter Harlem Désir, cofondateur de SOS Racisme, qu’il a présidé entre 1984 et 1992, vice-président du groupe socialiste au Parlement européen, en charge des dossiers économiques et sociaux et du commerce international, et par ailleurs secrétaire national du PS à la mondialisation. D’autres noms évoquent les principes d’ouverture et de diversité qui entrent peu à peu dans les moeurs. Citons l’avocate George Pau-Langevin, députée de la 21e circonscription de Paris ; Bariza Khiari, sénatrice de Paris ; Safia Otokoré, secrétaire nationale (SN) au sport, conseillère régionale de Bourgogne ; Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme, SN aux questions de société ; Victorin Lurel, SN à l’outre-mer, député et président du conseil régional de Guadeloupe ; Kader Arif, SN aux fédérations, eurodéputé ; Razzye Hammadi, président du MJS ; Faouzi Lamdaoui, SN à l’égalité, à la diversité et à la promotion sociale, ou bien encore Najat Belkacem, conseillère régionale de Rhône- Alpes. Exemples, parmi d’autres, d’une oxygénation de la vie politique, indispensable à la cohésion sociale du pays.

    Bruno Tranchant


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    Benoît Hamon, le 21 avril 2005.

    Point presse de Benoît HAMON, Secrétaire national au Projet européen

    • L’attentat au Pakistan
    • Bilan du mouvement social du 18 octobre
    • Manifestation de Lisbonne
    • La signature du mini traité de Lisbonne

    Un renoncement
    Ce que prévoit ce texte ?
    Bilan du sommet de Lisbonne
    Le travail du PS sur cette question

    • L’épisode privé du couple Sarkozy


    • L’attentat au Pakistan

    Benazir BHUTTO après 8 années d’exil, revient en déclarant qu’elle ne voulait pas se laisser intimider par les terroristes quels qu’ils soient. Après l’attentat contre elle qui la visait directement et qui au dernier compte a touché environ 150 personnes, ses dernières déclarations sur sa volonté de continuer le combat, et de ne pas renoncer, sont admirables.
    Nous voulons donc au nom du Parti socialiste saluer le courage de cette femme qui ne renonce pas à mener un combat démocratique dans un climat d’extraordinaire violence, face à l’obscurantisme le plus absolu.

    Bilan du mouvement social du 18 octobre

    Le Parti socialiste se félicite de la réussite de cette journée de grève. Le seul divorce que nous constatons désormais est celui de Nicolas SARKOZY avec les salariés qui ont bien compris que derrière cette volonté de prétendue réforme des régimes spéciaux, il y a surtout une volonté de démanteler les principes de solidarité qui régissent les systèmes de retraite. On voit bien que ce qui commence avec les régimes spéciaux se poursuivra par le démantèlement de l’ensemble du système des retraites par répartition. A ce titre, c’est une journée d’alerte utile. Nous espérons qu’elle inspire le gouvernement pour qu’il sorte de cette logique de durcissement, de conflit et de blocage qu’il a choisie lui-même d’engager avec les salariés. Il faut qu’il revienne à la table des négociations, y compris sur la question des régimes spéciaux qui doit être intégrée au régime général des retraites et ne pas être singularisée.

    Manifestation de Lisbonne

    Un événement passé sous silence dans la presse française aujourd’hui, est la manifestation de Lisbonne hier qui a réuni pas moins de 150 000 personnes qui ont défilé contre la flexsécurité. Il faut être extrêmement attentif pour en trouver une trace dans les commentaires de ce matin. On s’attarde beaucoup évidemment sur la question du mini traité qui faisait l’objet de la réunion des dirigeants européens hier, mais peu sur le fait que des salariés européens manifestent contre cette flexsécurité. Que signifie ce mouvement ? Qu’il y a aujourd’hui une grande inquiétude chez les salariés européens vis-à-vis d’une construction européenne qui se fait de plus en plus au détriment des droits des salariés. Ils sont de plus en plus vulnérables et là où on leur vante un modèle de sécurité, les salariés des différents états membres voient beaucoup de flexsécurité, beaucoup de remises en question de leurs droits et peu de droits et de protections supplémentaires qui se nichaient derrière le vocable sécurité.
    Ceux qui ont manifesté sont en faveur d’un maintien ou d’un développement des droits du travail. Il est invraisemblable que pour nombre de dirigeants européens, le progrès soit forcément synonyme de remise en cause des droits sociaux et d’allongement des cotisations ou de la durée du travail et pas d’épanouissement pour les salariés.

    La signature du mini traité de Lisbonne

    • Un renoncement

    Le mini traité signé hier à Lisbonne relève davantage du règlement intérieur de l’Union européenne que d’un nouveau traité fondateur pour l’Union. Les caractéristiques de ce texte en un mot. Ce traité renonce à la constitutionnalisation des politiques de l’Union européenne. L énumération limitative d’un nouveau traité constitutionnel européen gênait autant les partisans du oui que ceux du non, en France, car elle limitait les objectifs de l’Union européenne. Le fait que ces politiques ne soient plus constitutionnalisées constitue une différence avec le traité constitutionnel européen préalable.
    Ce nouveau traité ne s’inscrit cependant dans aucune perspective historique.

    S’il répond à l’impasse institutionnelle en raison de ses différentes vagues d’élargissement, s’il permet à l’Union de mieux fonctionner à 27 qu’elle ne fonctionnait jusqu’ici, ce traité ne prend pas du tout la mesure de nouvelles vagues d’adhésions possibles à l’Union et ne prend pas non plus en compte la nécessité de se doter de réels instruments politiques, dans des domaines comme l’immigration ou l’énergie. Ce sont des outils nécessaires à la construction européenne qui ne trouvent aucune forme de réponse dans ce mini traité.

    • Ce que prévoit ce texte ?

    J’observe que l’équilibre entre les principaux états est modifié, puisque la pondération des votes se fera sur une base démographique au Conseil et que le maintien du caractère rotatif de la Commission donne une place extrêmement importante aux petits états. On peut se poser la question de savoir si ce nouvel équilibre va faciliter le fonctionnement l’Union européenne ou si au contraire il va lui permettre d’avoir des politiques structurantes fortes, ce dont on peut douter.

    Les coopérations renforcées sont toujours aussi difficiles à mettre en œuvre, car elles requièrent un seuil plancher de 9 états pour être mises en œuvre et ce plancher rend difficile la capacité d’aller plus loin pour certains états, s’ils le souhaitent. C’est un des regrets que nous avons aujourd’hui. Constatons que sur ce point, que Nicolas SARKOZY a échoué à trouver un point d’équilibre avec le précédent traité entre les partisans du oui et les partisans du non.

    Enfin les grands absents de ce mini traité, sont la politique fiscale, sociale, budgétaire et monétaire, autant de sujets sur lesquels le mini traité n’avance absolument pas. Sur ces sujets lourds, les socialistes européens avaient insisté pour qu’il y ait une modification du cours des politiques européennes. Aucun de ces sujets ne fait l’objet d’une quelconque évolution et c’est pour nous un réel sujet d’inquiétude pour l’avenir.

    • Bilan du sommet de Lisbonne

    Au résultat, le bilan est assez médiocre. Nous n’avons pas d’instrument qui permette de relancer la construction, mais un outil qui permet tout juste de fonctionner à 27. C’était le mandat minimum qu’on pouvait attendre des chefs d’États de l’Union européenne. Cela ne permettra pas de relancer l’Union européenne, contrairement à ce que prétend le président de la République. C’est pour nous l’objet d’un regret, car nous pensons qu’il était possible de faire davantage en ce sens, notamment sur la question des services publics, de la fiscalité ou de la politique monétaire. La fenêtre de tir utilisée par Nicolas SARKOZY était davantage de faire de la communication pour dire que ce mini traité permettait un déblocage du fonctionnement des institutions européennes, plutôt que d’inscrire l’Europe dans une perspective historique

    • Le travail du PS sur cette question

    Le Parti socialiste maintient sa position sur ce mini traité. Là où les Français ont dit non par référendum à un traité, il paraît essentiel que la ratification de ce nouveau traité ne se fasse pas dans le dos des peuples. Nous sommes toujours favorables à ce que sur la question de transfert de souveraineté supplémentaire contenu dans le traité, la voie référendaire soit privilégiée. Un groupe de travail a été mis en place par le Bureau national du Parti socialiste. Il y aura une délibération collective des socialistes sur ce texte, tant sur la méthode de ratification que sur son contenu. Dans les semaines qui viennent, le Parti socialiste s’exprimera sur ce texte comme sur sa propre vision de la relance de la construction européenne et sur ce qui nous paraît nécessaire de faire lors de la présidence française de l’Union européenne pour le second semestre 2008.

    L’épisode privé du couple Sarkozy

    Nous n’avons pas de complémentaire à faire sur cet épisode, sauf si cet épisode devenait l’objet d’une communication politique de la part du président de la République lui-même ou s’il devait passer de la sphère privée à la sphère politique. Nous dénoncerions à ce moment-là ce qui est cette course folle à la pipolisation de la vie politique française, à laquelle nous voulons nous soustraire.


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    France, Allemagne : les nouveaux défis de la gauche

    Dans le cadre de la rénovation du Parti, les socialistes français souhaitent ouvrir leurs réflexions aux expériences de leurs homologues européens. Les 11, 12 et 13 octobre, une mission s’est rendue en Allemagne pour mieux comprendre la situation du pays et confronter ses difficultés à celles de son voisin. Alors que le Parti social-démocrate allemand (SPD) connaît aussi une phase d’interrogations et de doutes, cette rencontre a permis de souligner l’importance du rapport à la mondialisation dans la refonte du socialisme européen.


    La démarche des socialistes français ne vise pas à rapporter d’Allemagne des solutions toutes faites pour rénover le Parti socialiste. Il s’agit avant tout de partager des points de vue sur les difficultés que rencontrent la France et l’Allemagne. Et de soulever des questions communes aux deux pays, tout en observant avec attention les pistes de réponses possibles. Une démarche déjà entreprise en Suède, et renouvelée début octobre à Berlin.

    Les socialistes Henri Weber, Harlem désir, Élisabeth Guigou, Laurent Baumel et Monique Saliou étaient du déplacement. Devant les universitaires, les députés et responsables du SPD, et les syndicats, ils se sont interrogés sur la crise de la social-démocratie allemande, et sur sa capacité à répondre aux nouveaux défis nés de la mondialisation.

    Un contexte encore marqué par la réunification
    Ce dialogue a d’abord été un éclairage sur la situation actuelle de l’Allemagne. Tous les interlocuteurs ont fait référence à la réunification. Le contexte économique, social et politique allemand reste profondément marqué par la séparation historique entre l’Est et l’Ouest. Le revenu moyen allemand est au plus bas depuis près de vingt ans. Une donnée difficile à comprendre sans savoir, par exemple, que les salaires sont inférieurs de près de 30 % à l’Est. En 2005, le chômage touchait 12 % de la population : 8 % à l’Ouest, 16 % à l’Est.
    Malgré tout, la croissance allemande a fait un bond en 2006 pour s’établir à 2,7 %, et le chômage tourne aujourd’hui autour de 9 %.
    Il existe aussi une nette différenciation entre les secteurs d’activité. L’industrie reste le fleuron de l’économie allemande. Elle représente 25,4 % du PIB national contre 14,4 % en France. Une dynamique qui vaut à l’Allemagne d’être le premier exportateur de biens. « Les entreprises ont compris depuis longtemps qu’elles devaient investir dans la recherche, pour avoir deux ans d’avance sur les Chinois », explique Mathieu Pouydesseau, secrétaire de la section socialiste française de Berlin. En revanche, les services peinent à décoller. Et les salaires y sont dramatiquement bas. Une coiffeuse, par exemple, est payée entre deux et trois euros de l’heure. Un constat amer pour un pays moderne.

    Le SPD s’interroge sur son identité
    Politiquement, la situation allemande connaît des changements d’envergure. « Pour la première fois depuis 1948, le SPD est confronté à un autre parti de gauche », souligne Detlev Albers, membre du comité directeur du SPD. En 2004, l’ancien parti communiste de l’Est et des dissidents du SPD ont créé le parti Die Linke (La Gauche). Principale raison : l’opposition aux réformes entreprises par le gouvernement SPD-Verts de Gerhard Schröder dans le cadre de « l’agenda 2010 ».

    Ces réformes concentrent aujourd’hui toute l’attention du SPD qui s’interroge sur leur efficacité. Le plan Hartz lancé en 2003 a laissé des traces persistantes au sein du Parti social-démocrate allemand. Voté sans concertation préalable avec les acteurs sociaux, il a notamment établi le passage brutal des indemnités chômage de 32 à 12 mois. Il s’agissait d’inciter au retour à l’emploi, en créant par ailleurs une agence fédérale pour l’emploi. Mais selon les observateurs nationaux, la baisse globale du chômage est davantage due à la reprise de la croissance qu’à la mise en œuvre de cette mesure. De plus, le chômage de longue durée et celui des plus de 55 ans restent dramatiquement élevés.

    Aujourd’hui, le SPD fait partie du gouvernement de coalition avec le parti de droite CDU. Mais la création de Die Linke ainsi que le départ de plus de 150 000 adhérents obligent le SPD à une remise en question.
    Le 26 octobre prochain, au congrès de Hambourg, le SPD présentera un nouveau programme fondamental. Ce programme n’est pas une critique acerbe de ce qui a été réalisé sous Schröder. Il s’agit avant tout de se repositionner dans le contexte de la mondialisation. Les sondages sont unanimes : la population réclame plus de justice sociale. Pour y répondre, le SPD propose de mettre en œuvre « un État providence prévoyant » pour prévenir les situations de détresse sociale plutôt que de les prendre en charge ensuite. Le nouveau programme met aussi en avant le concept de « bon travail » ou travail de qualité. L’emploi pour tous oui, mais pas à n’importe quel prix. Rémunération prenant en compte les tâches à accomplir, participation aux bénéfices de l’entreprise, opportunités d’évolution : le SPD souhaite clarifier son rapport au travail. Actuellement, les sociaux-démocrates demandent la mise en place d’un salaire minimum, mais la droite s’y oppose.

    Un diagnostic commun
    Si les contextes nationaux sont différents, les socialistes français et allemands ont toutefois en commun un certain nombre d’interrogations et de constats. Résoudre le problème de la durabilité du modèle social reste le principal défi. Individualisation des comportements, capitalisme financier, l’économie est dérégulée et ne profite pas à tous de la même façon. En 2004, 58 % des Français et près de 40 % des Allemands ressentaient ce phénomène comme une menace. Les socialistes voient dans l’Europe le meilleur vecteur pour contrôler la mondialisation. Le principe d’ « Europe sociale » est plus que jamais d’actualité.
    Autre constat commun aux deux partis : l’électorat est volatile. Il n’y a plus de « base » acquise. Dans leur programme fondamental, les Allemands considèrent donc qu’il faut s’attacher à convaincre une « majorité solidaire ». Les partis doivent s’adresser à toute la population, et en particulier aux classes moyennes.
    Par ailleurs, Français et Allemands s’interrogent sur la façon de gérer le vieillissement de la population et le problème concomitant des retraites. L’allongement de la durée de cotisation est une actualité brûlante. Ainsi, en Allemagne, l’âge de départ à la retraite va passer de 65 à 67 ans, entre 2012 et 2029.

    Fanny Costes (L’hebdo n°462)


    L’Allemagne taxe les plus riches
    Alors que Nicolas Sarkozy s’emploie à réduire la participation des plus riches au budget français, l’Allemagne fait l’inverse. Pour consolider le budget fédéral allemand, le SPD, membre de la coalition de gouvernement, a convaincu de la nécessité d’une contribution des plus riches. Un impôt sur la richesse a été voté et devrait rapporter 1,9 milliards d’euros par an. L’impôt sur le revenu des tranches les plus aisées (250 000 euros par an ou plus) a également été augmenté. Le taux d’imposition passe de 42 % à 45 %.


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